Irénée, Basilide et les apologètes musulmans
21 août 2017

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Certains apologètes musulmans affirment que Jésus a été remplacé par un autre homme à la croix ou qu’il a changé de visage pour qu’un autre soit crucifié à sa place. Ceux-ci affirment aussi que c’est ce que croyaient les premiers chrétiens.

Pourtant, Irénée nous livre un témoignage au sujet des premiers qui ont confessé cela : les disciples de Basilide, qui prenait Jésus pour une émanation incorporelle de Dieu, ne pouvant donc pas souffrir. Ce Basilide est un hérétique aux croyances gnostiques, héritier de Simon le Magicien et de Ménandre. Il est bien loin de la foi des premiers chrétiens et même de celle des musulmans. Les apologètes musulmans qui s’appuient sur sa secte pour affirmer que les premiers chrétiens avaient une foi similaire à la leur font donc preuve d’une malhonnêteté flagrante, ou d’une ignorance coupable.

 

Basilide, pour paraître avoir trouvé quelque chose de plus élevé et de plus persuasif, étendit à l’infini le développement de sa doctrine. D’après lui, du Père inengendré est né d’abord l’Intellect, puis de l’Intellect le Logos, puis du Logos la Prudence, puis de la Prudence la Sagesse et la Puissance, puis de la Puissance et de la Sagesse les Vertus, les Archontes et les Anges qu’il appelle premiers et par qui a été fait le premier ciel. Puis, par émanation à partir de ceux-ci, d’autres Anges sont venus à l’existence et ont fait un second ciel semblable au premier. De la même manière, d’autres Anges encore sont venus à l’existence par émanation à partir des précédents, comme réplique de ceux qui sont au-dessus d’eux, et ont fabriqué un troisième ciel. Puis, de cette troisième série d’Anges, une quatrième est sortie par dégradation, et ainsi de suite. De cette manière, assurent-ils, sont venues à l’existence des séries successives d’Archontes et d’Anges, et jusqu’à 365 cieux. Et c’est pour cette raison qu’il y a ce même nombre de jours dans l’année, conformément au nombre des cieux.

Les Anges qui occupent le ciel inférieur, celui que nous voyons, ont fait tout ce que renferme le monde et se sont partagé entre eux la terre et les nations qui s’y trouvent. Leur chef est celui qui passe pour être le Dieu des Juifs. Celui-ci ayant voulu soumettre les autres nations à ses hommes à lui, c’est-à-dire aux Juifs, les autres Archontes se dressèrent contre lui et le combattirent. Pour ce motif aussi les autres nations se dressèrent contre la sienne. Alors le Père inengendré et innommable, voyant la perversité des Archontes, envoya l’Intellect, son Fils premier-né — c’est lui qu’on appelle le Christ — pour libérer de la domination des Auteurs du monde ceux qui croiraient en lui. Celui-ci apparut aux nations de ces Archontes, sur terre, sous la forme d’un homme, et il accomplit des prodiges. Par conséquent, il ne souffrit pas lui-même la Passion, mais un certain Simon de Cyrène fut réquisitionné et porta sa croix à sa place. Et c’est ce Simon qui, par ignorance et erreur, fut crucifié, après avoir été métamorphosé par lui pour qu’on le prît pour Jésus ; quant à Jésus lui-même, il prit les traits de Simon et, se tenant là, se moqua des Archontes. Etant en effet une Puissance incorporelle et l’Intellect du Père inengendré, il se métamorphosa comme il voulut, et c’est ainsi qu’il remonta vers Celui qui l’avait envoyé, en se moquant d’eux, parce qu’il ne pouvait être retenu et qu’il était invisible à tous. Ceux donc qui « savent » cela ont été délivrés des Archontes auteurs du monde. Et l’on ne doit pas confesser celui qui a été crucifié, mais celui qui est venu sous une forme humaine, a paru crucifié, a été appelé Jésus et a été envoyé par le Père pour détruire, par cette « économie », les œuvres des Auteurs du monde. Si quelqu’un confesse le crucifié, dit Basilide, il est encore esclave et sous la domination de ceux qui ont fait les corps ; mais celui qui le renie est libéré de leur emprise et connaît l’« économie» du Père inengendré.

Irénée, Contre les Hérésies, Livre I, sur Saturnin et Basilide.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

2 Commentaires

  1. Kader

    Salam,
    En tant que musulman, je tiens à apporter quelques précisions au sujet de votre article,
    Les érudits musulmans ne connaissent Basilide et ses enseignements qu’à travers les écrits de ses détracteurs, en particulier Irénée, Clément d’Alexandrie et Hippolyte de Rome , dont les récits de ses enseignements ne sont pas toujours en accord les uns avec les autres.
    Basilide aurait parlé d’un Dieu totalement transcendant au-delà même du concept d’être, à qui il donna le nom d’Abraxas. Selon lui, le Dieu Juif Créateur n’était pas identique à ce Père Inconnu, mais était un pouvoir angélique inférieur.
    Basilide a enseigné que Jésus était le sauveur, mais il n’est pas venu pour expier le péché en mourant sur la Croix. Au lieu de cela, il est venu élever les humains à leur état de félicité originel à travers le processus de la gnose et ne possédait pas un corps physique réel.
    Dans les écrits gnostiques mis au jour à Nag Hammadi on trouve de nombreuses idées similaires à celles décrites par Basilide. Plusieurs parallèles plus spécifiques existent également.
    Par exemple, en plus de l’Acte de Jean, le Deuxième Traité du Grand Seth confirme le fait que certains chrétiens gnostiques croyaient que c’était Simon de Cyrène et non Jésus qui est réellement mort sur la Croix.
    Ici, Jésus dit: “c’était un autre, Simon, qui portait la croix sur son épaule, c’était un autre sur lequel ils plaçaient la couronne d’épines … Et je riais de leur ignorance.”.
    En outre, l’Evangile récemment publié de Judas prend une position similaire à celle des Basilidiens et les Carpocratiens en dénigrant les chrétiens qui croyaient que le martyre les rapprochait de Jésus..
    De plus, plusieurs autres mansucrits témoigent de Jésus ne fut pas crucifié tel que l’Apocalypse Copte de Pierre. Il y a aussi Hébreu 5 7-8 qui témoigne que Jésus ne fut pas crucifié.
    Cher Ami, il faut arrêter avec des discours trop affectifs qui ne font pas avancer le débat. On peut être respectueux de l’Autre sans se sentir obligé d’entrer en empathie avec lui.
    Cordialement.

    PS/ Je me suis appliqué pour corriger les fautes et avoir une bon français !!!!

    Réponse
    • Maxime Georgel

      Bonjour,

      Merci pour vos efforts par contre vous commettez plusieurs erreurs graves :

      1) L’évangile de Judas est un écrit gnostique tardif et n’est donc pas un témoignage fiable.
      2) Hébreux témoigne partout que Jésus est mort crucifié, citons 2:14 par exemple.
      3) Vous semblez confondre Basilide et Marcion, ils ont des similitudes certes mais leurs doctrines différaient.
      4) L’Apocalypse Copte de Pierre est aussi un écrit gnostique tardif, idem pour les actes de Jean et tous les autres textes que vous citez. Les érudits sont désormais tous d’accord pour dire que ces écrits sont plus tardifs que les évangiles canoniques.

      Les gnostiques croyaient que Jésus était Dieu, donc ne vous appuyez pas sur comme s’ils s’accordaient avec vous. Par contre, il ne croyait pas qu’il était un homme car pour eux la matière est mauvaise, ainsi il n’a pas pu souffrir sur la croix selon eux puisque son corps était un fantôme.

      Voici une étude détaillée qui explique pourquoi les évangiles gnostiques ne sont pas fiables quand on les compare aux évangiles canoniques : https://www.youtube.com/watch?v=mwzS1tdYqaM

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