Les incroyants peuvent-ils faire des bonnes oeuvres ? – Jean Calvin
31 mars 2018

Calvin est connu pour enseigner qu’en dehors de Christ, nous ne pouvons rien faire de bon; mais ne croyons pas qu’il ne reconnaisse pour autant aucunes oeuvres bonnes chez les incroyants. Les incroyants peuvent faire des bonnes choses de façon relative mais de manière absolue, devant Dieu, cela ne vaut rien.

Tout d’abord, je ne conteste pas que les vertus dont témoigne la vie des incroyants et des idolâtres soient des dons de Dieu. Je ne differe pas tellement du jugement commun au point de dire que la justice, la modération et l’équité d’un Titus et d’un Trajan, qui ont été de bons empereurs romains, équivalent à la rage, l’intempérance et la cruauté de Caligula, Néron ou Domitien, qui ont régné à la manière de bêtes furieuses, ou que la grande débauche de Tibère ne se distingue pas de la modération de Vespasien et – afin de ne pas prolonger cette énumération de vices et de vertus- qu’il n’y a rien à dire sur l’observation des lois et leur mépris. Le bien et le mal sont si différents que cela se voit même en leurs effigies mortes. Car, quel ordre serait-il possible d’avoir, dans le monde, si les deux étaient confondus? Le Seigneur a non seulement imprimé dans le cœur de chacun la capacité de distinguer entre les œuvres honnêtes et méchantes, mais il l’a aussi souvent confirmée dans sa providence. Nous voyons comment il accorde des bénédictions, dans la vie présente, à ceux des êtres humains qui s’appliquent à la vertu. Non pas que cette ombre ou ce reflet de vertu mérite le moindre des bienfaits; mais il plaît à Dieu de manifester ainsi combien il aime la vraie vertu, en ne laissant pas sans quelque rémunéra- tion terrestre la vertu apparente et artificielle. Il s’ensuit ce que nous avons déjà reconnu, que ces vertus telles qu’elles sont, ou plutôt ces images de vertus, sont des dons qui viennent de Dieu, car tout ce qui est digne de louange vient du Seigneur.

Pourtant ce qu’écrit Augustin est vrai : ceux qui sont aliénés du seul vrai Dieu, même si on les admire pour leur probité, non seulement ne sont pas dignes de recevoir sa récompense, mais le sont de subir une punition, car ils contaminent les dons de Dieu par la pollution de leur cœur. En effet, bien qu’ils soient des instruments de Dieu pour maintenir et développer parmi les hommes la justice, la fidélité, l’amitié, la sagesse, la tempérance et la force, ils accomplissent mal ces œuvres bonnes de Dieu. Ils sont retenus de mal faire, non pas tant par un pur sentiment d’honnêteté ou de justice, que par ambition, par amour d’eux-mêmes ou par quelque autre considération obscure et perverse. Leurs œuvres sont corrompues par l’impureté de leur cœur, dès les origines; elles ne méritent donc pas plus d’être placées au nombre des vertus que les vices- étant donné leur ressemblance avec les vertus- car elles trompent les gens. En bref, comme le but unique et permanent de la justice et de la droiture est que Dieu soit honoré, tout ce qui tend à autre chose ne peut plus être considéré comme juste et droit. Ainsi, ces personnes ne se préoccupant pas du but fixé par la sagesse de Dieu, leurs actes, si bons qu’ils apparaissent, sont des péchés à cause de leur mauvaise intention. Augustin conclut que ceux qui ont été appréciés parmi les païens ont toujours péché malgré leur apparence de vertu, car n’ayant pas la clarté de la foi, ils n’ont pas accompli leurs œuvres, considérées louables, avec l’intention légitime qu’ils auraient dû avoir.

Institution, Excelsis, pages 701,702, citant Augustin Contre Julien et Réplique en quatre livres à deux lettres des pélagiens (Oui, quand on écrivait deux lettres à Augustin, il répondait par 4 livres).

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

2 Commentaires

  1. domydomi

    Sans être incroyant mais pas encore en Christ, Jesus rend témoignage à un homme sans fraude:
    “Jésus aperçut Nathanaël venir vers lui, et il dit de lui : voici vraiment un Israëlite en qui il n’y a point de fraude.”

    Réponse

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