À quoi sert le don des langues ? : Le don des langues dans 1 Corinthiens 13.8-14.40 (12/16)
9 mai 2018

Article d’un auteur invité, Calvinyps.


Partie 12 : Ce à quoi sert le don des langues – 1 Corinthiens 14.20-25

Quelle est la finalité du don des langues ? Dans l’article précédent, nous avons vu que le parler en langues n’avait pour finalité ni de signifier le baptême de l’Esprit, ni d’annoncer l’Evangile dans des langues étrangères, ni de s’édifier soi-même. Après avoir vu ce à quoi ne servait pas le don des langues, nous voyons aujourd’hui dans notre texte ce à quoi il sert.

I. L’importance secondaire du parler en langue (v.1-19).

II. La finalité du don des langues : être un signe (v.20-25).

1. Les finalités proposées.

2. La vraie finalité des langues (v.20-22).

a. Le problème des Corinthiens (v.20).

“Frères, ne soyez pas des enfants [lit. ‘arrêtez d’être des enfants] sous le rapport du jugement ; mais pour la malice [du grec : kakia, le mal], soyez enfants [lit. des bébés], et, à l’égard du jugement, soyez des hommes faits”.

Il s’agit d’une accusation assez véhémente, mais remarquons tout d’abord que Paul commence par les appeler “frères” parce que même s’il les critique, ce n’est pas pour ça qu’il ne le fait pas calmement et fraternellement. L’avertissement que donne Paul ici laisse penser que c’est par leur mauvaise utilisation des langues qu’ils pratiquaient ce qui est mal. Laissez moi vous montrer ce que je veux dire.

Les Corinthiens manquaient de jugement. Paul dit ici qu’ils n’étaient que “des enfants sous le rapport du jugement”. Autrement dit, ils n’avaient pas assez grandi spirituellement pour être assez solides dans leur doctrine. Ils étaient ce qu’il appelle ailleurs des “des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine” (Eph 4.14). Ils ne faisaient pas preuve de jugement. 1 Corinthiens 14.14 laisse en fait entendre que leur esprit était stérile. L’Ecriture qu’ils avaient premièrement reçue n’était plus au centre de leurs préoccupations. Par conséquent, ils étaient devenus des “des enfants sous le rapport du jugement” au lieu d’être des hommes faits qui saisissent la vérité. Mais ce n’est pas tout.

Les Corinthiens aimaient le mal. Ils auraient dû être des bébés en ce qui concerne la malice et le mal… mais ils ne l’étaient pas. Qu’est-ce que Paul veut dire en utilisant cette image ? Un petit bébé n’a pas de pensée mauvaise, de malice envers qui que ce soit. Un petit bébé est plein d’amour, de gentillesse, de bonté, de tendresse, d’attention et de sensibilité (les bébés sont aussi plein d’autres choses plus négatives, mais c’est pour le côté positif que Paul utilise cette illustration). Paul est donc en train de demander pourquoi les Corinthiens ne se traitent pas les uns les autres de cette façon, pourquoi ils ne sont pas comme des petits bébés dans leurs relations interpersonnelles, et pourquoi ils ne sont pas des hommes faits dans leur réflexions plutôt que d’être des bébés dans leur réflexions et des hommes faits dans le mal.

Parce qu’ils exerçaient leurs dons spirituels pour s’édifier eux-mêmes de façon égoïste, les Corinthiens ne se préoccupaient pas du reste de la famille de Dieu. Il n’y avait dans leur culte aucune place pour la proclamation de la Parole de Dieu à cause de la confusion totale qui caractérisait leurs réunions. Et non seulement les membres de l’Église ne pouvaient rien retirer de tels cultes, mais encore les personnes qui visitaient leur assemblée pensaient qu’ils étaient fous à cause du chaos absolu qu’il y avait dans cette Église, chacun ne se préoccupant que de faire sa petite chose dans son petit coin.

Le problème de lÉéglise de Corinthe peut donc vraiment se résumer à une posture anti-intellectuelle qui privilégie l’expérience existentielle – ce qui, fondamentalement, est ce qui se produit de nos jours. Au cours du XXè siècle, l’anti-intellectualisme a envahi nos Églises permettant au mouvement charismatique d’entrer rapidement dans l’Église et de se satisfaire de ce genre de posture.

Paul dit dans notre texte d’arrêter d’être des enfants en traitant durement les autres et de commencer à réfléchir en adulte. Après avoir dit cela et capté ainsi l’attention des Corinthiens, Paul nous expose quelle est la finalité des langues.

b. La finalité des langues (v.21-22a).

“Il est écrit dans la loi : ‘C’est par des hommes d’une autre langue et par des lèvres d’étrangers que je parlerai à ce peuple, et ils ne m’écouteront pas même ainsi, dit le Seigneur’. Par conséquent, les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants”.

S’il n’y a qu’un seul enseignement clair dans la Bible à propos des langues, c’est celui-ci : “Les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants”. Cette affirmation est au centre de ce chapitre. Si quelqu’un pense aujourd’hui avoir le don des langues, tout ce qu’il a à faire c’est de s’attacher à la signification de cette affirmation, et il sera bien obligé de reconsidérer la nature de ce qu’il pense avoir. Ça ne pourrait pas être plus simple : les langues sont un signe pour ceux qui ne croient pas !

Fondamentalement, la finalité des langues comme signe est triple : c’est un signe de jugement, un signe d’inclusion et un signe apostolique. Considérons ces trois aspects.

C’est d’abord un signe de jugement. C’est d’après ces versets la finalité principale du don des langues. Relisons le v.21 : “Il est écrit [Paul va citer librement Esaïe 28.11-12] dans la loi [terme qui désigne le Pentateuque mais aussi l’ensemble de l’Ancien Testament] : ‘C’est par des hommes d’une autre langue et par des lèvres d’étrangers que je parlerai à ce peuple [Israël], et ils ne m’écouteront pas même ainsi, dit le Seigneur’”. Après avoir cité ce qu’Esaïe avait proclamé à propos d’Israël dans l’Ancien Testament, Paul applique cette parole à sa propre époque, montrant aux Corinthiens v.22 que si les langues étaient un signe au temps d’Esaïe, elles le sont toujours à leur époque : “Par conséquent, les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants”. Paul tire donc comme conclusion du texte de l’Ancien Testament que les langues ne sont pas pour les croyants mais pour les non-croyants. De quels non-croyants s’agit-il ? L’expression du v.21, “ce peuple”, faisait référence dans la prophétie d’Esaïe au peuple d’Israël. Nous pouvons donc conclure que les langues sont un signe envoyé par Dieu à l’Israël incroyant.

Arrêtons-nous ici un instant pour comprendre un peu mieux le contexte biblique.

Tout d’abord, considérons dans l’Ancien Testament quelques textes présentant des mises en garde concernant le jugement de Dieu.

Esaïe 28.7-12 : La prophétie d’Esaïe 28 concerne le royaume du sud, Juda, aux environs de 705 av. J.-C., pendant le règne d’Ezechias. En 722 av. J.-C., quelques dix-sept années plus tôt, le royaume du nord, Israël, avait été pris et détruit par l’envahisseur assyrien, Dieu jugeant ainsi l’incrédulité et l’apostasie d’Israël. Mais en 705 av. J.-C., le royaume du sud, Juda, se comportait également d’une manière terriblement désobéissante. Alors Dieu leur parla par le prophète Esaïe pour les mettre en garde contre son jugement imminent. C’est ce message que nous trouvons dans les 15 premiers versets d’Esaïe 28. Le prophète avertit le royaume du sud, Juda, que s’ils continuent dans leurs voies ils recevront de Dieu le même jugement que celui envoyé sur Israël.

Examinons maintenant le contenu de la prophétie. Au v.7, Esaïe trouve les conducteurs d’Israël, les prophètes et les prêtres, dans un état déplorable d’ébriété : “Mais eux aussi, ils chancellent dans le vin, et les boissons fortes leur donnent des vertiges”. Ils ont échoué dans leur mission de conducteurs parce que ce sont des ivrognes. Le v.7 continue ainsi : “Sacrificateurs et prophètes chancellent dans les boissons fortes, ils sont absorbés par le vin, ils ont des vertiges à cause des boissons fortes ; ils chancellent en prophétisant, ils vacillent en rendant la justice”.

Considérons un instant la laideur de la situation au v.8 : “Toutes les tables sont pleines de vomissements, d’ordures ; il n’y a plus de place”. Esaïe a trouvé ces mauvais conducteurs complètement hébétés par l’alcool et ayant vomi sur toutes les tables. C’est alors qu’il se décharge du message du jugement à venir qu’il leur apporte.

Quelle fut leur réaction au message d’Esaïe ? Ils se moquèrent de lui, le méprisèrent, le réprimandèrent et le ridiculisèrent. Nous trouvons en effet leur réponse au v.9 : “A qui veut-on enseigner la sagesse ? A qui veut-on donner des leçons ? Est-ce à des enfants qui viennent d’être sevrés, qui viennent de quitter la mamelle ?”. Autrement dit, ils se moquaient de l’enseignement d’Esaïe en lui disant que les seules personnes qu’il était capable d’enseigner étaient les bébés ! Pourquoi donc ? Parce que selon leur jugement, Esaïe ne faisait que répéter les mêmes choses : “Car c’est précepte sur précepte, précepte sur précepte, règle sur règle, règle sur règle, un peu ici, un peu là” (v.10) comme on parle à des bébés de choses élémentaires.

Ils se moquaient donc de lui. Ils n’appréciaient pas son attitude, alors ils raillaient le prophète en qualifiant son enseignement de simpliste et d’enfantin. Esaïe essaya encore et encore de leur enseigner la parole de Dieu, mais ils ne lui prêtèrent jamais l’attention qu’il méritait. C’est alors qu’Esaïe parle de la part de Dieu au v.11-12 en disant : “Hé bien ! C’est par des hommes aux lèvres balbutiantes et au langage barbare que l’Éternel parlera à ce peuple. Il lui disait : ‘Voici le repos, laissez reposer celui qui est fatigué ; voici le lieu du repos !’. Mais ils n’ont point voulu écouter”. Autrement dit, Dieu déclare ici que puisqu’ils ne veulent pas entendre le message simple, répété et enfantin d’Esaïe, alors il va désormais leur parler dans un langage qu’ils ne comprendront jamais. Il s’agissait là d’une référence aux babillements des Babyloniens qui entoureraient bientôt leur cité, qui les exileraient de leur terre, qui les détruiraient, les massacreraient et les brûleraient. Et lorsque les Juifs commenceraient à entendre le langage inintelligible de Babylone, alors ils sauraient que le jugement de Dieu était arrivé. En 588 av. J.-C., les Babyloniens envahirent Juda. A cause de l’incrédulité et de l’apostasie de Juda, Dieu avait envoyé un terrible jugement sur ce peuple.

Deutéronome 28.49
: Dieu avait déjà averti le peuple d’Israël avant l’époque d’Esaïe. Dès le XVè siècle av. J.-C., Moïse donna cette avertissement en Deutéronome 28.49 : “Le Seigneur fera partir de loin, des extrémités de la terre, une nation qui fondra sur toi d’un vol d’aigle, une nation dont tu n’entendras point la langue”.

Ainsi, Dieu avait déjà avertit Israël dès le XVè siècle av. J.-C. que lorsqu’ils entendraient des langues incompréhensibles, ce serait un signe de jugement. Et au VIIIè siècle avant J.-C., Dieu avait encore avertit Juda par l’intermédiaire du prophète Esaïe que lorsqu’ils entendraient des langues incompréhensibles, ce serait un signe de jugement. Et au VIè siècle av. J.-C., Dieu donna un nouvel avertissement semblable par l’intermédiaire du prophète Jérémie.

Jérémie 5.15
: le prophète connu pour ses jérémiades déclara : “Voici, je fais venir de loin une nation contre vous, maison d’Israël, dit l’Éternel ; c’est une nation forte, c’est une nation ancienne, une nation dont tu ne connais pas la langue, et dont tu ne comprendras point les paroles”.

Dans l’Ancien Testament, Dieu avait donc clairement montré au peuple d’Israël que lorsqu’ils seraient jugés il y aurait un signe, et que ce signe serait un langage incompréhensible pour eux.

Considérons maintenant dans le Nouveau Testament quelques textes présentant des mises en garde concernant le Jugement. Lorsque Paul cite Esaïe 28 en 1 Corinthiens 14, il est en train de dire que comme Moïse, Esaïe et Jérémie l’avait annoncé, ces langues sont un signe pour les incroyants que Dieu est sur le point de juger Israël. C’est ce que Paul est en train de dire. Qu’est-ce que cela signifie ? Que lorsque les apôtres se mirent à parler en toutes sortes de langues le jour de la Pentecôte, chaque Juif aurait dû se dire que le jugement de Dieu était imminent. Et cela a historiquement été vérifié : en 70 ap. J.-C., l’empereur romain entra dans Jérusalem et détruisit le temple. Le système sacrificiel du Judaïsme qui a cessé avec la destruction du temple ne devait plus jamais être restauré. Ils auraient dû savoir que le jugement de Dieu allait venir sur eux.

Si le jugement de Dieu était venu sur le royaume du nord en 722 av. J.-C. à cause de son incrédulité et de son apostasie, et si le jugement de Dieu était venu sur le royaume du sud en 586 av. J.-C. à cause de son apostasie, alors, à quoi d’autres pouvait-on s’attendre qu’au jugement de Dieu lorsque le peuple Juif duquel était issu le Messie rejeta celui-ci et le crucifia ? Dieu jugea bel et bien ce peuple. Et il me semble qu’une fois la destruction de Jérusalem accomplie en 70 ap. J.-C., le don des langues n’a plus de finalité. C’est pour cette raison que les langues devaient cesser, parce qu’il n’avait jamais été destiné à être quelque chose d’utile dans la vie chrétienne. La finalité du don des langues est celle que nous trouvons en 1 Corinthiens 14.22 : le don des langues était un signe pour les Juifs qui ne croyaient pas en Jésus afin qu’ils sachent que Dieu était sur le point de les juger.

Ce jugement fut annoncé par Jésus lui-même. En Luc 13.35, Jésus déclare : “Voici, votre maison vous sera laissée”. En Luc 21.20, il déclare même : “Lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez alors que sa désolation est proche”, et ajoute au v.24 : “Ils tomberont sous le tranchant de l’épée, ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplies”. Autrement dit, Jésus est en train d’annoncer la venue du jugement.

Le jugement fut annoncé par les Apôtres. La finalité du don des langues que nous trouvons dans notre texte concorde avec ce que nous trouvons dans le livre des Actes. En Actes 2, il y avait dans la foule un grand nombre de Juifs qui ne croyaient pas en Jésus. Et plus tard dans le livre des Actes lors des autres moments où il y eut parler en langues (chapitres 8, 10 et 19), même s’il n’est pas dit qu’il y avait là présent des Juifs qui ne croyaient pas en Jésus, le message de jugement était le même. La réapparition d’un phénomène identique à celui de la Pentecôte ne faisait que renforcer dans l’esprit des Juifs présents (et qui croyaient en Jésus) la certitude que Dieu était sur le point de juger le peuple d’Israël si bien que lorsque ces Juifs qui croyaient en Jésus parlaient de ce qu’ils avaient entendu à leurs compatriotes, ceux-ci sauraient que le jugement de Dieu étaient proche.

Avant tout, donc, et principalement, le don des langues est un signe de jugement sur l’Israël incroyant. La seconde finalité, qui est en fait un effet secondaire de la finalité principale, c’est que le don des langues est aussi un signe d’inclusion. Lorsque le phénomène des langues eut lieu le jour de la Pentecôte, ce que cela signifiait pour les Juifs c’est qu’ils n’étaient plus l’unique nation à laquelle Dieu parlait, et que désormais le peuple de Dieu comprendrait des personnes de toutes les nations.

Les langues servent donc d’abord de signe de jugement sur Israël, et l’effet secondaire de ce jugement est l’inclusion des païens au sein du peuple de Dieu. Les langues sont donc de façon secondaire un signe d’inclusion. C’est ce dont Paul parle en Romains 11.12 lorsqu’il dit des Juifs que “leur chute a été la richesse du monde”. Jérusalem fut détruit et l’Israël incroyant fut retranché afin que les païens soient au bénéfice de la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ.

A la Pentecôte, les disciples se mirent tout d’un coup à annoncer les merveilles de Dieu dans toutes les langues des personnes présentes (Ac 2.9-11). C’était le signe d’un changement d’époque qui impliquait le jugement d’Israël comme nation et l’inclusion de païens dans le peuple de l’alliance, ce qui ne signifiait bien sûr pas qu’il n’y avait plus d’Israélites dans le peuple de Dieu puisque trois mille Juifs se firent baptisés en ce jour de Pentecôte (Ac 2.41).

Ainsi, dans un sens, alors que les langues étaient d’abord un signe de jugement, elles étaient aussi un signe d’inclusion. La troisième finalité du don des langues était d’être un signe apostolique. Ceux qui ont annoncé ce changement d’époque, ceux qui ont parlé de ce jugement d’Israël et de cette inclusion des païens, ce sont bien sûr les Apôtres et les Prophètes qui sont le fondement de l’Eglise. Il est donc tout naturel de penser que c’est à eux et à ceux qui travaillaient avec eux que Dieu donna la capacité miraculeuse de parler dans ces langues qu’ils ne connaissaient pas afin que cela leur serve de signe confirmant la vérité de leur message. Dans la mentalité juive, l’idée que Dieu puisse retrancher des Juifs et inclure des païens était tout simplement inconcevable. C’est pour cette raison qu’un don miraculeux confirmant leur message pouvait être particulièrement utile pour les assurer que ce qu’ils entendaient dire était véridique.

En 1 Corinthiens 14.18, Paul s’exclame : “Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langue plus que vous tous”. Et pour cause : lui, Paul, l’apôtre des païens qui, plus que tout autre, avait prêché le mystère de l’inclusion des païens avait certainement eu l’occasion d’exercer ce don des langues à maintes reprises. Il déclare ailleurs, en 2 Corinthiens 12.12, que “les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par […] des signes, des prodiges et des miracles” et le don surnaturel des langues faisaient partie de ces signes. Le don des langues avait donc pour fonction annexe d’être un signe apostolique confirmant l’autorité de ceux qui prêchait le message de l’inclusion des païens.

La triple finalité des langues n’est donc pas du tout de servir au culte personnel, à l’évangélisation ou d’être une preuve du Saint-Esprit. Au contraire, la finalité des langues était beaucoup plus spécifique que cela, et cela limitait l’utilité des langues dans le temps. Une fois que le changement d’époque eut lieu, que l’inclusion des païens fut accompli et que Jérusalem fut détruit, le signe qui signifiait ces choses n’avait plus de raison d’être.

Quand, en effet, un signe n’est-il plus nécessaire ?

Par exemple, si je prends ma voiture pour aller à Toulouse, je me fie aux panneaux pour savoir combien de kilomètres il me reste à parcourir. Le premier panneau que je rencontrerai m’indiquera peut-être qu’il me reste 500 km à parcourir. Plus tard, je verrai : “Toulouse 400 km”, “Toulouse 200 km” et puis “Toulouse 50 km”. Et puis, une fois que je serai arrivé à Toulouse, je ne trouverai plus de panneau de ce type. Pourquoi ? Parce que, puisque je suis arrivé à destination, ce genre de panneau indiquant le nombre de kilomètre qui me reste à parcourir n’a plus de raison d’être. Il en va de même pour les langues : les langues étaient un signe qui indiquait le jugement d’Israël et l’inclusion des païens. Lorsque ce qui était signifié fut accompli, le signe devait disparaître. Et c’est historiquement ce qu’il s’est passé.

c. L’utilité supérieure de la prophétie (v.22b).

“La prophétie, au contraire, est un signe, non pour les non-croyants, mais pour les croyants”.

A l’époque corinthienne, lorsque les Apôtres et les prophètes étaient encore en activité, la nouvelle doctrine, qui était nécessaire pour expliquer ce qu’accomplissait la vie, la mort et la résurrection de Christ, était révélée aux chrétiens par le moyen de la prophétie. Comme nous l’avons vu ailleurs, le don de prophétie a également progressivement cessé au fur et à mesure que les écrits du Nouveau Testament était rédigés et diffusés. La prophétie était par nature une révélation, c’est-à-dire qu’elle contenait des éléments de nouvelle doctrine, et son effet était d’enseigner l’assemblée dans les conséquences de la vie, de la mort et de la résurrection de Christ. Aujourd’hui nous n’avons plus rien qui corresponde à la nature de la prophétie, mais nous avons toujours quelque chose qui correspond à ses effets : par la prédication fidèle de la Parole de Dieu interprétée de manière christocentrique, le peuple est édifié et enseigné dans la connaissance de Jésus-Christ.

A l’époque corinthienne, la prophétie et les langues co-existaient. Pourtant, déjà, la prophétie était d’une utilité supérieure aux langues. En effet, les langues était un signe qui ne dirigeaient les yeux du peuple que vers l’époque bien précise du jugement d’Israël et de l’inclusion des païens. La prophétie, au contraire, était un signe qui dirigeait les yeux du peuple vers Jésus-Christ lui-même. Dès lors, la prophétie était un signe pour les croyants car elle dirige leur regard vers Jésus-Christ. La prophétie était donc un signe qui édifie. Aux v.3-4, nous lisons : “Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console […]. Celui qui prophétise édifie l’Église “. Le v.1 précise d’ailleurs : “Aspirez aussi aux dons spirituels, mais surtout à celui de prophétie”. Autrement dit, le don de prophétie était le don spirituel principal. Pourquoi ? Parce qu’il révélait la doctrine du Nouveau Testament, laquelle dirigeait les regards des croyants vers Jésus-Christ. Et la seule façon dont nous pouvons imiter ce résultat, avec bien du travail et de façon faillible, c’est en prêchant la Parole de Dieu le plus fidèlement possible en montrant ce qu’elle nous apprend sur Jésus-Christ.

L’église de Corinthe était remplie d’une confusion hystérique, égoïste et égocentrique. Paul les réprimande dans ce passage. Il leur montre que les langues ont une finalité et une signification bien précise et que, pour cette raison, au lieu de se réunir pour parler en langues et en charabia, il ferait mieux de chercher à prophétiser et à proclamer la vérité de la Parole de Dieu, car c’est ça qui est le plus important.

Dans la Bible tout entière, on ne trouve absolument retranscription de ce que quiconque a dit en langues. Pourquoi ? Certainement parce que les auteurs bibliques savaient qu’ils s’agissait d’un signe amené à disparaître. En revanche, l’apôtre Pierre appelle la Bible la “d’autant plus certaine parole prophétique” (2 P 1.19). La prophétie est infiniment supérieure aux langues parce que le signe des langues dirigeait les regards vers quelque chose de temporaire alors que le signe de la prophétie dirigeait vers Jésus-Christ lui-même.

Ainsi, les langues sont un signe pour les Juifs incrédules qui est irrémédiablement lié à une époque bien délimitée de l’histoire de la rédemption. Les langues servaient à montrer que le christianisme n’était pas destiné uniquement aux Juifs mais aussi à des personnes de toutes les nations. Les langues servaient à confirmer la véracité des paroles de ceux qui apportaient un message aussi étonnant au regard de la mentalité des Juifs de l’époque. Et les langues servaient à montrer à Israël qu’ils avaient à nouveau rejeté Dieu dans leur incrédulité et leur apostasie. Il n’y a aucune utilité à avoir le don des langues aujourd’hui. Si le don des langues avait persisté, il aurait toujours la même finalité maintenant qu’autrefois. Mais quel serait l’intérêt d’avoir aujourd’hui à sa disposition un signe qui indique que Dieu retranche l’Israël national et que des personnes de toutes les nations recevront l’Evangile ? C’est ce que Dieu a déjà signifié il y a XX siècle, et je ne crois pas qu’il soit utile que Dieu signifie à nouveau par les langues ce qu’il dit si clairement dans sa Parole et qui est, de toute façon, un fait avéré. Et pour cette raison, puisque les langues n’ont plus de finalité, ce que nous voyons aujourd’hui ne sont pas les langues bibliques.

Adapté de John MacArthur dans son guide d’étude The Truth about Tongues.

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Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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