"Les réformés ne peuvent pas s'appuyer sur l'histoire de l'Église pour défendre le pédobaptême"
21 août 2018

J’avais prévu de poster tout d’abord les arguments en faveur du pédobaptême puis les réponses aux objections, mais puisque j’ai publié hier sur l’histoire de l’Église et le pédobaptême, je fais ici une exception.


Au sujet de notre argument tiré de l’histoire de l’Église, les baptistes pourraient répondre qu’il est invalide car les pères baptisaient en croyant sauver ainsi l’enfant.

Premièrement, il faut signaler qu’il y a une diversité de positions chez les pères. Si tous étaient en faveur du pédobaptême, tous ne donnaient pas les mêmes raisons. Il y a un écart important, par exemple, entre les positions des pères avant Augustin (comme Clément D’Alexandrie) et la position d’Augustin lui-même qui formule l’efficacité du baptême principalement en rapport avec sa doctrine du péché originel.

Deuxièmement, il est faux de nier toute continuité entre les positions réformées et les positions des pères. Ce n’est pas parce que les réformés rejettent une des explications avancées par une bonne partie des pères qu’ils rejettent toutes les autres raisons. Par exemple, le parallèle entre le baptême et la circoncision avancé par Justin Martyr et Cyprien reste valide. Dans un article à paraitre sur mon blog, j’analyserai aussi la pensée de John Davenant, Samuel Ward, Herman Witsius, Pierre Jurieu, James Packer et Jean Calvin pour montrer que la position réformée est plus en continuité avec les pères qu’il n’y parait au premier abord.

Dans tous les cas, cette objection passe à côté de l’argument : l’argument ne consiste pas à dire que la position réformée et la compréhension réformée est celle qui a été dès le début soutenue par tous les théologiens. L’argument consiste à faire remarquer que les pères étaient tous en faveur du pédobaptême. Je pense, comme le disent les pères eux-mêmes, qu’ils ont reçu cette pratique des apôtres et que, par la suite, ils ont cherché à l’expliquer. Il y a eu des divergences dans les explications données jusqu’à ce que Augustin apporte un relatif consensus. Mais le point à relever est que la pratique elle-même du pédobaptême était reçue par tous.

Ainsi, nous pouvons invoquer les pères, non pas pour dire « ils donnaient tous le même sens que nous au baptême donc nous avons raison » mais pour dire qu’il est très peu probable que le baptême des enfants n’ait pas été pratiqué par les apôtres, puisque tous les pères le considéraient comme acquis (j’ai déjà traité l’exception, Tertullien).

Par ailleurs, cet argument dépasse les seuls écrits des pères. L’historien J. Jeremias que j’ai déjà mentionné et d’autres s’intéressent aussi à ce que les tombeaux d’enfants et les mosaïques chrétiennes dans les catacombes nous apprennent sur le baptême dans les premiers siècles. Or, il semble là encore que le pédobaptême était couramment pratiqué (Cf. Infant Baptism in the First Four Centuries, Jeremias).

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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3 Commentaires

  1. Maxime Georgel

    Point du tout. Ma lecture des pères en arrive précisément à une conclusion inverse. Même pour le cas si souvent cité d’Irénée, je pense, avec Ligon Duncan, que celui-ci était tout d’abord amillénariste.

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  2. Maxime Georgel

    Non, non et non. Contre le consensus apparu au XIXème et questionné depuis.

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    • Maxime Georgel

      J’ai lu tous les écrits d’Irénée, Papias et Justin référencé chez Schaff. Il me semble que sous un article du Bon Combat cette conversation a déjà eu lieu où tu t’entêtais à maintenir ta thèse.

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  1. Pourquoi je suis devenu réformé confessant – Phileo-sophia - […] ultérieurs étaient valides, si la méthode théologique employée était bonne. Par exemple, découvrir que personne n’a défendu une vision…
  2. 10 bonnes raisons d’être pédobaptiste ! – PAR LA FOI - […] Les réformés peuvent-ils s’appuyer sur l’histoire de l’Église ? […]

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