Make circumcision great again
6 novembre 2018

Bien souvent, la circoncision est quelque peu dénigrée dans les discussions théologiques, comme si elle n’était qu’un signe physique par opposition au sens spirituel du baptême. J’ai déjà dénoncé le présupposé philosophique anti-biblique derrière cette opposition physique-spirituel sur mon blog, je me contenterai ici surtout de rectifier cette erreur courante quand nous considérons la circoncision premièrement en expliquant rapidement le langage du Nouveau Testament puis en poursuivant par ce que dit l’Ancien Testament.

Le Nouveau Testament parle parfois négativement de la circoncision (Rm 2 :25-29, Ep 2 :11) ce qui pourrait nous laisser croire que Paul ne voyait aucune signification spirituelle dans celle-ci. En réalité, Paul ne s’oppose pas à la circoncision telle que Dieu la conçoit mais à ce que les Juifs en avaient fait : un privilège national qui les mettrait d’emblée dans une situation favorable vis-à-vis de Dieu et de son jugement (Rm 2 :12-13, 17-24). Ailleurs, Paul montre bien qu’il a une idée plus noble qu’eux de la circoncision (Rm 3 :1-2).

Cela dit, nous pouvons nous tourner vers l’Ancien Testament pour découvrir qu’elle était l’intention divine et le sens rattaché à la circoncision.

Il est clair que Dieu donne la circoncision à Abraham comme signe de la promesse de la descendance. C’est la raison pour laquelle ce gage divin se trouve sur l’organe qui produira cette progéniture. Toutefois, il ne faut pas en déduire que la circoncision ne symbolisait qu’une continuité biologique. En effet, Genèse 17 :3 nous signale déjà qu’elle est rattachée à l’ensemble de l’alliance. Le cœur de cette alliance est la relation avec Dieu : « Je confirmerai mon alliance entre toi et moi, et avec ta descendance après toi dans toutes leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de tes descendants après toi. » (Gn 17 :7). La circoncision est donc aussi un signe que Dieu s’attache à nous pour être notre Dieu et un signe d’inclusion dans le peuple de Dieu (Ex 12 :43-49).

Mais la circoncision est aussi le signe de la réponse qui est exigée des membres de l’alliance ainsi favorisés par Dieu. C’est-à-dire de la repentance, du renoncement au péché, etc. : « Soyez circoncis pour l’Éternel, circoncisez vos cœurs, hommes de Juda et habitants de Jérusalem, de peur que ma fureur n’éclate comme un feu et ne s’enflamme, sans qu’on puisse l’éteindre, à cause de la méchanceté de vos agissements » (Jr 4 :4 ; Cf. Dt 10 :16, Jr 9 :24-25). Pour Jérémie, il s’agit d’une contradiction inacceptable et méritant un jugement sévère que de se conduire en incirconcis de cœur quand on est circoncis de chair, au point qu’il nomme les Israélites « circoncis qui ne le sont pas vraiment » (9 :24-25). Nous le voyons donc, la circoncision est très fortement attachée à la repentance et, ici, même les femmes sont concernées par ce que symbolise la circoncision bien que seuls les hommes soient circoncis.

La circoncision, enfin, est le signe de la délivrance que Dieu va accorder à son peuple, en œuvrant spirituellement en eux, ce qui s’est accompli par la nouvelle alliance mais était promis dès l’alliance avec Moïse : « L’Éternel ton Dieu te circoncira le cœur, à toi et à ta descendance, pour que tu aimes l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, afin que tu vives. » (Dt 30 :6). Impossible, dès lors, de nier la portée spirituelle du signe, et c’est bien pour cette raison que Paul lui donne lui aussi un sens tout spirituel : elle est le sceau de la justice reçue par la foi (Rm 4 :11).

En résumé donc, la circoncision est (1) le signe de la promesse divine d’être notre Dieu et celui de notre descendance, (2) le signe de la réponse exigée chez tous les circoncis, c’est-à-dire la repentance et la foi, et (3) le signe de la promesse que c’est Dieu lui-même qui circoncira le cœur de son peuple.

Ainsi, encore une fois, la circoncision a avant tout un sens spirituel et non pas ethnique ou biologique. Ce dernier aspect est à l’arrière-plan et ce sont les Juifs qui ont déformé le sens de la circoncision pour en faire une fierté nationale.

Maintenant que nous avons ces éléments bien en tête, nous pouvons revenir à notre texte, Colossiens 2.

Ceci était un extrait de l’article “baptême et circoncision en Colossiens 2“, nous vous invitons à lire le reste de l’article.

 

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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