Illustres réformés (1) : Ambroise Paré (1510-1590)
29 novembre 2018

Ambroise Paré est considéré comme le père de la chirurgie moderne. En effet, à son époque, la généralisation des armes à feu confronte les médecins à des plaies d’une nouvelle nature. Paré étant le médecin du Roi et des armées, il s’est efforcé de trouver de meilleures manières de soigner les blessés.

La ligature des artères

Jusqu’alors, on soignait les blessés en cautérisant la plaie au fer rouge ou à l’huile bouillante, ce qui risquait de tuer le patient, en plus de le faire grandement souffrir. La révolution qu’apporta Paré fut d’inventer la technique de ligature des artères dans les amputations. Cela permit de se passer de l’huile et du fer rouge.

Les prothèses et instruments chirurgicaux

Il inventa et améliora aussi des prothèses notamment pour les jambes et proposa un modèle de main artificielle. Il inventa aussi plusieurs instruments chirurgicaux.

Apports généraux à la science

Il détruisit aussi plusieurs mythes de son époque. Par exemple, il démontra par l’expérimentation que le bézoard, que l’on croyait être un remède universel, ne pouvait pas tout guérir. Il argumenta en faveur de l’inexistence de la licorne et contre l’utilisation de chair momifiée en thérapeutique.

Le français, langue de science

Paré fut aussi pionnier en ce qu’il publia ses livres de médecine en français, alors que le latin était d’usage courant dans les sciences, ce qui lui valut de franches critiques de la part de la Faculté de médecine de Paris.

La médecine comme science expérimentale

Il est aussi remarquable pour son souci de faire de la médecine une science expérimentale et pratique. Il dira en effet en entrant comme chirurgien à l’Hôtel-Dieu : « Ce n’est rien de feuilleter les livres, de gazouiller, de caqueter en chaire de la chirurgie, si la main ne met en usage ce que la raison ordonne. »

Le soin pour les pauvres

Enfin, son intérêt pour les pauvres se résume bien dans l’échange légendaire qu’il aurait eu avec Charles IX :

« — J’espère bien que tu vas mieux soigner les rois que les pauvres ?
— Non Sire, c’est impossible.
— Et pourquoi ?
— Parce que je soigne les pauvres comme des rois. »

Un protestant véritable

Lors de la Saint-Barthélémy, il échappa en se réfugiant chez Charles IX qui le dissimula alors dans sa propre chambre. Plus d’une fois, le roi le supplia toutefois de devenir catholique, ce à quoi il aurait répondu : “Par la lumière de Dieu, Sire, je crois qu’il vous souvient m’avoir promis de ne me commander jamais quatre choses, savoir : de rentrer dans le ventre de ma mère, de me trouer à un jeu de bataille, de quitter votre service et d’aller à la messe 1”. Sa foi réformée, son adhésion à la Réforme calviniste n’étaient donc pas secrètes et le chapitre « De l’âme », au XVIIIe livre de ses Œuvres, contient un emprunt direct à Jean Calvin et un emprunt textuel au huguenot Philippe de Mornay.

Il est célèbre pour sa phrase :

« Je le pansay, Dieu le guarist. » (je le pansai, Dieu le guérit)

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  1. Les réformés n’utilisent pas le terme “Messe” pour parler de leurs célébrations.[]

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

1 Commentaire

  1. Tribonien Bracton

    Wow, une contribution huguenote supplémentaire à la civilisation chrétienne et sa médecine expérimentale. J’ai, au fil des ans, j’ai plusieurs fois croisé des mentions de savants réformés qui s’impliquèrent salutairement dans le domaine médical. Malheureusement, la seule référence précise à laquelle je peux penser en ce moment sont ces lignes fictives de la saga ‹ Fortune de France ›, où un médecin papiste, Antoine de Lascaux, visite le Château de Mespech (Périgord) pour y ausculter une dame atteinte de la peste bubonique Il recommande la saignée. Le châtelain calviniste, à savoir le baron Jean de Siorac, soutient que rien ne permet d’établir que la saignée soit un remède efficace suivant ce diagnostique. À court d’arguments, Antoine de Lascaux lui lance alors cette boutade : « Ah ! Monsieur le Baron, l’autorité des plus grands savants du royaume n’est donc rien à vos yeux ! Vous êtes un grand sceptique ! Vous ne croyez pas plus à la saignée qu’à la Vierge Marie, et vous êtes hérétiques en médecine comme en religion ! » (Fortune de France, Tome 1, p. 244-245).

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