Quel est le lien entre baptême et foi ?
30 janvier 2019

Ici, je ne pourrais pas faire beaucoup mieux que de reprendre les remarques de Donald Cobb dans le numéro 277 de la Revue Réformée. Il dit à ce sujet :

La deuxième précision concerne la place de la foi, dans ces versets (Colossiens 2 :10-12). Au verset 12ba, la foi est présentée comme corollaire du baptême. En Christ, dit Paul, nous avons reçu une circoncision « spirituelle », ce que représente notre baptême ; en Christ aussi nous avons été relevés (d’entre les morts) au moyen de la foi. Paul parle donc de la mort du Christ en lien avec le baptême ; et il évoque la résurrection du Christ à laquelle nous participons en lien avec la foi. Il s’ensuit que baptême et foi sont indissociables.

C’est, en fait, la même relation que nous voyons dans la circoncision : dans l’Ancien Testament, la repentance et l’attachement à Dieu sont intégralement liés à la circoncision, comme le contenu du signe est intégralement lié au signe lui-même. En ce qui concerne la circoncision, son caractère de signe renvoyant à la foi et à la repentance ne saurait être séparé de ce qu’est la circoncision. De même, en soulignant l’entière suffisance du Christ, Paul rappelle aux Colossiens qu’ils ont tout reçu en lui : la circoncision spirituelle, dans sa mort en rapport au baptême, et la résurrection spirituelle dans leur communion avec lui, en rapport avec la foi. On objecte parfois qu’en raison de ce lien entre baptême et foi, la foi serait nécessairement première pour que le baptême soit valable. C’est, à mon sens, confondre sens et chronologie : Paul évoque ici deux réalités qui sont interdépendantes logiquement, mais non nécessairement chronologiquement.

Pour illustrer cela en rapport avec la circoncision, prenons l’exemple classique d’Abraham. Comme le souligne Paul lui-même, Abraham eu foi en Dieu. Ce n’est que plusieurs années plus tard qu’il « […] reçut le signe de la circoncision comme sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi, quand il était incirconcis » (Rm 4 :11). La foi d’Abraham a précédé la circoncision (comme c’était le cas aussi, d’ailleurs, chaque fois qu’un prosélyte plaçait sa foi en le Dieu d’Abraham et devenait membre du peuple)[1]. Par contre, Isaac, son fils a été circoncis dès sa naissance ; sa confiance et sa foi en Dieu sont venues après, sans que le sens de la circoncision, pourtant en rapport avec la justice reçue par la foi, soit compromis. Or, il en est de même du baptême : si sa signification est liée de manière inséparable à la foi, ce lien s’établit d’abord au niveau du sens et non d’une nécessaire précédence de l’une par rapport à l’autre. C’est ce qui explique très vraisemblablement, d’ailleurs, les baptêmes de maisonnées que nous voyons à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament[2].

[1]Cf. Ex 12 :43-49.

[2]Cf. par exemple, D. Gibson, « ‘Fathers of Faith, My Fathers Now !’ : On Abraham, Covenant, and the Theology of Paedobaptism », Themelios 40/1 (2015), p. 22, et D. Cobb « Baptême », Dictionnaire de théologie biblique, Cléon-d’Andran, Excelsis, 2006, p. 459-461.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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