Pourquoi cet interêt pour les Pères, Thomas et les Réformateurs ?
25 février 2020

Sur Par la foi, nous parlons souvent des Pères de l’Église, de Thomas d’Aquin (et des scolastiques) et des Réformateurs. Mais pourquoi cet intérêt pour ces trois groupes là précisément ? Qu’ont-ils de particulier qui les rend utiles (et nécessaires, à mon avis) pour l’Église aujourd’hui ?

En milieu hostile…

Puiser dans les écrits des Réformateurs ne suffira pas pour équiper l’Église d’aujourd’hui. En effet, le contexte dans lequel ils évoluaient était bien différent du nôtre. Les fondamentaux de la foi chrétienne étaient acquis dans leur culture. Nul n’était besoin d’insister sur l’existence de Dieu, la Trinité, l’Incarnation. Leurs ennemis de tous les jours avaient un autre visage que ceux de l’Église aujourd’hui. Par contre, il y a dans les trésors du passé des penseurs qui ont eu à affronter une situation qui ressemble à la nôtre : les Pères de l’Eglise. En particulier ceux des premiers siècles où l’Église était persécutée, critiquée pour son éthique et calomniée ou incomprise.

… et postmoderne…

Notre contexte n’est pas seulement post-chrétien mais aussi postmoderne. Cela signifie que plusieurs affirmations contraires sur la réalité et le monde cohabitent et que l’on trouve cela normal. Le relativisme est omniprésent et le flou règne. Les chrétiens ont plus que jamais besoin de penser avec clarté et Thomas est un guide unique pour les aider dans cette tâche. Que l’on soit d’accord ou non avec ses conclusions, Thomas forme comme nul autre l’intellect. Il apprend à toujours poser les questions “De quoi parle-t-on ?”, “Quel est le sens de ce terme ?”, “Quelle est la cause de ce que j’étudie ?”, “Quel est le but de ce que j’étudie ?”, “Quelles sont les différentes parties de ce sujet étudié ?”, “Quelle est la relation entre ce que j’étudie et telle autre chose ?”, etc. Avec lui, le chrétien peut apprendre à penser en profondeur et avec précision de sujets complexes. Il offre une méthodologie précise et efficace. Il est un précieux docteur pour moi, qui m’aide à ne pas me perdre dans la complexité des sujets mais à baliser chacun de mes pas par des démonstrations rigoureuses, des distinctions précises et des définitions exactes.

… réformons !

Les jeunes de notre génération sont en manque de repères, de racines et d’histoire. Les Pères, c’est bien. Thomas, c’est chouette. Mais comment faire le lien entre leurs époques et la nôtre. Notre époque est incompréhensible si l’on ne prend pas en compte la Réforme. Grâce aux réformés du passé, les évangéliques peuvent interagir avec des penseurs qui, avant eux, ont cherché à comprendre les Pères et Thomas et bien d’autres médiévaux encore. Les réformés sont les guides par excellence dans la grande tradition chrétienne. En bâtissant sur le sûr fondement de la Bible, cher aux évangéliques, ils naviguent dans cet immense héritage chrétien et ses richesses en tentant d’en retirer le meilleur. Les réformés sont donc nécessaires et utiles parce que les Pères et les médiévaux le sont.

Mais les réformés le sont aussi parce que l’Eglise aujourd’hui a oublié pourquoi elle était protestante et a bien besoin de réformes (en fait, elle a besoin de la Réforme). Bien des fausses doctrines se sont introduites et les principes et méthodes des Réformateurs seront là encore des balises pour nous dans cette oeuvre de Réforme.

En réalité, face à cette époque complexe dans l’histoire de l’Occident, nous avons besoin des ressources de toute l’histoire de l’Église, plus que jamais.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

1 Commentaire

  1. Sten

    – Croyez-vous en Dieu, docteur ? La question était encore posée naturellement.
    Mais cette fois, Rieux hésita.
    – Non, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Je suis dans la nuit, et j’essaie d’y voir clair. Il y a longtemps que j’ai cessé de trouver ça original.
    – N’est-ce pas ce qui vous sépare de Paneloux ?
    – Je ne crois pas. Paneloux est un homme d’études. Il n’a pas vu assez mourir et c’est pourquoi il parle au nom d’une vérité. Mais le moindre prêtre de campagne qui administre ses paroissiens et qui a entendu la respiration d’un mourant pense comme moi. Il soignerait la misère avant de vouloir en démontrer l’excellence.

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