Le parallèle entre la Pâque et la Cène
30 mars 2020

Lorsque Dieu s’apprêtait à délivrer Israël du pharaon, il institua un mémorial, par avance, pour que les Israélites se souviennent de leur rédemption. Des centaines d’années plus tard, Jésus était rassemblé avec ses disciples pour fêter la Pâque. Mais, à un moment du repas, il semble faire un écart à la liturgie juive et, en partageant le pain et la coupe, leur donner un sens sacramentel nouveau. Désormais, ce n’est plus du sang de l’agneau sur la porte dont il est question mais du sang de la nouvelle alliance.

Ces considérations ainsi que d’autres ont poussées les théologiens réformés à noter le parallèle qu’il existe entre ce repas-mémorial-sacrement de l’Ancienne Alliance et celui de la Nouvelle Alliance. Dressons, en quelques points, les éléments d’un tel parallèle :

  • La Cène est instituée au cours d’une célébration de la Pâque (Jn 13:1, Luc 22:7-16) .
  • La Pâque est instituée à la veille d’une grande délivrance pour le peuple de Dieu (Ex 12:12) ; la Cène est instituée à la veille de la délivrance ultime du peuple de Dieu (Luc 22:15).
  • La Pâque est un repas qui visait à être répété et célébré en communauté (Ex 12:14) ; la Cène est un repas qui vise aussi à être répété et célébré en communauté (Luc 22:19, 20).
  • La Pâque fut instituée dans le contexte de l’établissement de l’alliance avec Moïse, la Cène dans celui de l’établissement de la Nouvelle Alliance.
  • Lors de la première Pâque, Dieu a délivré son peuple et jugé les Égyptiens. Il était à la fois celui qui juge et manifeste sa colère et celui qui justifie et délivre (Ex 12 et 13); à la croix que la Cène remémore, Dieu a délivré son peuple et jugé le péché (Rom 3:25) et le diable (Jn 12:31, 16:11). C’est de Dieu (de sa colère) dont nous devons être sauvés et c’est Lui qui nous sauve.
  • Le sacrifice du Christ est appelé (en passant, comme si cela était évident pour ses lecteurs) “notre Pâque” par Paul (1 Cor 5:7). Il est l’agneau pascal dont la mort est célébrée lors de la Cène tout comme celle de l’agneau en Egypte était célébrée lors de la Pâque.
  • Alors que la circoncision marquait l’entrée dans le peuple de Dieu par un rite unique sous l’Ancienne Alliance (Gn 17:7) et la Pâque un rite célébrant sa rédemption et répété régulièrement (Ex 12:14); le baptême marque l’entrée du peuple de Dieu, par un rite unique , dans et sous la Nouvelle Alliance (Mt 28:19), alors que la Cène est répétée régulièrement et célèbre notre rédemption (1 Cor 11:25).
  • La Pâque était l’occasion d’instruire les enfants sur la signification du rite (Ex 12:26,27) ; les réformés établissent un lien entre la catéchèse et la Cène (faire ceci en mémoire du Christ et annoncer son retour implique de connaître les vérités principales du Credo, à savoir la mort du Christ et son retour prochain , cf. 1 Cor 11:25).
  • La Pâque est appelée “souvenir” (Ex 12:14), il est dit que la Cène est faite “en mémoire [du Christ]” (1 Cor 11:25).
  • La Cène, dont les éléments sont une communion au corps et au sang du Christ (1 Cor 10:16) est mentionnée parallèlement aux sacrifices juifs en termes de communion (1 Cor 10:18). La Pâque était un de ces sacrifices.

Quelques différences et nuances doivent être faites néanmoins :

  • La Bible semble aussi faire un parallèle entre la Cène et d’autres sacrifices juifs (1 Cor 10:18) et avec le rocher qui suivait les Israélites (1 Cor 10:3, 4). Notons en passant que dans le même chapitre on trouve également un parallèle explicite entre le baptême et la traversée de la mer et de la nuée (1 Cor 10:2).
  • La Pâque annonçait le Christ et la délivrance parfaite qui venait par un sacrifice imparfait, sans cesse répété, et qui ne pouvait pas ôter le péché. La Cène célèbre le sacrifice parfait déjà accompli une fois pour toute, par un sacrifice d’action de grâce qui doit être répété1.

>> Cet article peut vous intéresser : le parallèle entre baptême et circoncision

P.S.: Si vous vous demandez pourquoi je n’ai pas mis de s à Pâque, c’est parce que la fête juive ne porte pas de s tandis que Pâques fait référence à la fête chrétienne.


  1. Le mot eucharistie signifiant d’ailleurs action de grâce. Sur la Cène comme sacrifice de louange et de reconnaissance, voir BAVINCK Herman, The Sacrifice of Praise.[]

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

2 Commentaires

  1. Ted Van Raalte

    Bonjour Maxime,
    Les advocateurs de paedocommunion aiment ton article, parce qu’ils utilisent certains des même arguments. Je voudrais envoyer un essai du livre, “Children and the Church: ‘Do Not Hinder Them.'” https://www.amazon.com/Children-Church-Not-Hinder-Them/dp/0995065950. Peut-être vous voulez cet livre, pour le revoir sur votre blog? Si vous l’examinez, nous pouvons envoyer un copie.
    Please excuse my poor use of French! I read it much better than I write it. The book I mentioned just came out and one of the essays explains how the Lord’s Supper is not merely the fulfilment of the Passover and why the children are not admitted to the table. Anyway, please email me if you are interested and we can discuss this further.
    In Christ,
    Ted.

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