23 avril 2020

« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. » (Luc 10 : 41b)

Habituellement, ce que nous tirons de ce passage (Luc 10 : 38-42), c’est que nous ne devrions pas nous charger et nous occuper au point de ne pas avoir le temps d’entendre les enseignements de Jésus. Des variantes seraient : « ton ministère particulier peut te faire perdre la vue d’ensemble », ou encore « Jésus veut ton amitié, pas ton travail ».

Toutefois, dans ce passage, Jésus utilise le verbe merimnô (μεριμνᾷς), qui se traduit par « être anxieux ». C’est le même mot qu’il emploie dans la parabole du Semeur (Mt 13 : 221 ; Mc 4 : 192), ainsi que le fameux passage de Luc 12 : 22 :

Jésus dit ensuite à ses disciples : « C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas (μὴ μεριμνᾶτε) pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus ».

Paul l’utilise également dans Philippiens 4:6 :

Ne vous inquiétez de rien (μηδὲν μεριμνᾶτε) ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.

Le problème n’est donc pas que Marthe est occupée (voir 1 Cor 15 : 583) ; ce sont plutôt ses priorités qui sont remises en question. Elle n’oriente pas bien son système de valeurs, et ceci fait écho dans son comportement : elle est « occupée à divers soins domestiques » (v. 40), elle s’inquiète et s’agite pour beaucoup de choses (v. 41). Enfin, elle accuse Jésus : « Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour servir ? » (v. 40).

Il n’y a pas de solution universelle pour déterminer le quantité « spirituellement saine » d’activités journalières. Nos vies diffèrent grandement. De surcroît, nous ne pouvons souvent que choisir une fraction de nos responsabilités.

Ce qui semble être central, c’est comment nous voyons notre occupation, comment nous l’organisons et pourquoi. Si nous ne la plaçons pas dans un cadre approprié, nous rencontrerons plus de difficultés dans notre vie spirituelle. Nous perdrons la vue d’ensemble. À l’instar de Marthe, nous oublierons ce qui est réellement important, nous canaliserons nos efforts dans des directions infertiles ; finalement, nous nous énerverons lorsque la futilité de nos buts sera manifeste et que personne ne voudra nous aider à y parvenir.

Je ne connais pas votre vie. J’ignore vos capacités mentales et physiques. Que votre emploi du temps puisse être allégé ou non, cela m’échappe. Ce que je sais, c’est que Jésus considère l’anxiété comme quelque chose d’anormal chez le chrétien, et que le connaître et connaître sa Parole est la seule chose nécessaire (v. 42) :

Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.

Ce n’est qu’une fois que nos priorités seront orientées vers le Christ et sa Parole, que notre occupation sera à la gloire de Dieu. Ainsi, 1 Cor 15 : 58 :

Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur.


  1. 22 Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis (ἡ μέριμνα) du siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse.[]
  2. 19 mais en qui les soucis du siècle, la séduction des richesses et l’invasion des autres convoitises, étouffent la parole, et la rendent infructueuse.[]
  3. 58 Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur.[]

Josué Isaac

Sauvé, mari, père, historien et passionné de théologie.

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