C’est par un souci commun que la vision actuelle de Par la foi s’est esquissée. Au fil des interactions, des échanges et des débats, une passion et une unité communes de pensée se sont formées entre des croyants en France, en Suisse et au Québec. Pour l’exprimer en quelques mots, nous dirions qu’elle consiste en une redécouverte, pour l’Église contemporaine, du protestantisme historique. Cela implique un intérêt à la fois pour l’Église actuelle et pour son histoire. Cette vision, nous avons voulu l’exprimer par un nom, un logo et un slogan sur lesquels nous nous arrêterons pour définir plus précisément en quoi consiste cette redécouverte de notre héritage théologique.
Une célèbre formule paulinienne qui en réalité remonte aux premiers pas de l’Église en ce monde : Abraham fut déclaré juste par la foi (Genèse 15,6, cf. aussi Hébreux 11). Ce nom vise à exprimer la centralité de l’Évangile du Christ dans notre mission. C’est sur la base des mérites du Christ et par le moyen de la foi seule en Christ que les contributeurs de Par la foi se savent justifiés et adoptés aux yeux de Dieu.
Cette formule a une histoire particulière, en lien avec la Réforme. En effet, tout dans la Réforme part de l’Évangile. Le sola fide est sans doute ce qu’elle a de plus singulier dans le christianisme.
Par ce nom, nous témoignons donc de notre attachement à l’Évangile et de notre loyauté à la tradition réformée dont nous confessons qu’elle est, selon les mots de Pierre Ch. Marcel, et en accord avec les confessions de foi historiques, « la seule qui fasse droit à l’ensemble des éléments révélés dans l’Écriture et les intègre harmonieusement en un tout coordonné » (« Le baptême, sacrement de l’alliance de grâce », La Revue Réformée N°2-3, oct. 1950, p. 198).
Ce symbole est à comprendre ainsi : le cœur de notre foi, transmise une fois pour toutes, est à chercher chez nos pères. Nous pensons que cette foi s’est transmise par l’intermédiaire du peuple de Dieu à travers les âges. La catholicité et l’irénisme sont les principes qui nous guident dans cette quête. Tout en reconnaissant l’importance majeure de la Réforme, c’est dans toute l’histoire de ce peuple que nous voulons plonger nos regards pour y discerner l’œuvre de Dieu et y puiser une sagesse véritable.
La sagesse est un trésor. Le livre des Proverbes dit qu’elle est plus précieuse que l’or (16,16). Parce qu’une lecture attentive de la Parole de Dieu nous empêche de limiter la sagesse à la seule théologie (pratique et théorique), nous abordons des sujets comme la politique, l’économie, l’art, la théologie, la philosophie ou le droit et nous pensons. Autrement dit, nous pensons qu’en tant que chrétiens nous avons un mandat particulier pour nous intéresser à ces domaines. Le chrétien est appelé à être sage, nous en conviendrons tous, mais regardons de plus près ce que la Bible entend par là.
En Exode 31,3, Dieu nous révèle qu’il a rempli, par son Esprit, plusieurs hommes de sagesse pour qu’ils confectionnent avec art le tabernacle et ses éléments. La sagesse inclut donc l’art. Au premier livre des Rois au chapitre 3, nous entendons le roi Salomon demander la sagesse à Dieu. Les chapitres suivants nous éclairent sur la nature de cette sagesse. Dès le chapitre 3, nous voyons Salomon rendre un jugement sage entre deux femmes, et tout Israël est frappé par la sagesse du roi (3,28). La sagesse inclut le droit. Nous voyons au chapitre 4 Salomon établir des fonctionnaires auprès de lui pour accomplir diverses missions. La sagesse inclut la politique. Au chapitre 5, la sagesse de Salomon est comparée à celle des sages des nations (5,10). Elle inclut la philosophie. Sa sagesse se manifeste dans ses chants et ses proverbes (5,12). Elle inclut la poésie et la sagesse proverbiale. Ses connaissances sur les plantes et les animaux montrent aussi sa sagesse (5,13). Elle inclut les sciences naturelles.
Le livre des Proverbes, dont la sagesse est l’objet particulier, confirme cela. C’est par la sagesse que les rois gouvernent (8,16). Elle inclut la politique. C’est par elle que les juges ordonnent ce qui est juste (8,15). Elle inclut le droit. Tout au long du livre nous voyons qu’elle inclut encore un discernement particulier de ce qu’il convient de faire à chaque instant sous le regard de Dieu, coram Deo. Elle inclut ce que la philosophie classique appelle la prudence. C’est par elle que des foyers et des familles solides sont bâtis (24,3). La sagesse comprend la « science des saints » dont il est question aux versets 3 et 4 du chapitre 30. Elle inclut la théologie.
La sagesse prend du temps, elle nécessite un effort, elle englobe tous les aspects de la vie humaine. Nous nous retrouvons dans les mots de Bradford Littlejohn lorsqu’il dit que nous pourrions définir la sagesse comme étant « l’harmonisation de l’âme avec l’ordre de la réalité ». Transmise de génération en génération, elle consiste en des « principes glanés par l’expérience et la réflexion, et non des principes préfabriqués. La sagesse implique la connaissance intellectuelle et la compréhension de la relation entre les choses, mais elle est tout aussi souvent pratique et tacite, constituée et nourrie d’habitudes vertueuses […]. La crainte du Seigneur est en effet centrale à la sagesse, mais la sagesse n’est pas un système autonome propre aux chrétiens, elle est plutôt une harmonisation à une réalité commune, une réalité à laquelle les non-croyants sont parfois beaucoup plus attentifs que nous. »
Ainsi, les contributeurs de Par la foi se veulent attentifs à ce que les penseurs non-croyants, que ce soient les philosophes ou le bon sens populaire, peuvent nous apprendre dans tous les domaines que recouvre la sagesse. Nous croyons que la sagesse se trouve dans les livres, mais qu’elle crie aussi dans les rues (Proverbes 1,20). En ce sens, nous ne voulons pas non plus nous priver de ce que les penseurs catholiques romains, orthodoxes, luthériens, évangéliques ou de toute autre confession pourraient nous apprendre. La sagesse sait chérir la vérité, quelle que soit la bouche qui l’énonce.
Enfin, le chapitre 8 des Proverbes, à la lumière du Nouveau Testament, nous apprend que tous les « trésors de la sagesse » (cf. Colossiens 2,3) se trouvent personnifiés en Jésus-Christ. Et par cela, nous revenons à notre préoccupation première : la centralité de l’Évangile. Dans l’Évangile de Matthieu (12,42), Jésus dit, en parlant de la génération dans laquelle il se trouve : « La reine du Midi se lèvera, au jour du jugement, avec cette génération et la condamnera, parce qu’elle vint des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et voici, il y a ici plus que Salomon. »
L’Évangile est la manifestation de la sagesse de Dieu et l’homme sage saura le reconnaître. En effet, le sage se montre prévoyant et ne se jette pas dans le malheur. Or, le jour vient, nous dit le livre des Proverbes, où l’appel de la Sagesse cessera. Sa voix ne se fera plus entendre et ceux qui auront méprisé son appel, celui de l’Évangile, ne recevront pas non plus de réponse à leur appel angoissé (1,27, 28). Mais celui qui se sera confié dans la Sagesse, c’est-à-dire en Jésus-Christ, pourra demeurer « tranquille sans craindre le malheur » (1,33).
Notre ardent désir est que les échos de cette sagesse rédemptrice puissent se faire entendre dans tout ce que nous produirons et que sa voix parvienne à votre intelligence et votre cœur.
Maxime N. Georgel
Maxime est étudiant en médecine en 6e année à la Faculté de Médecine et Maïeutique de l’Université Catholique de Lille. Fondateur du blog parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l’histoire du dogme et la philosophie réaliste. Vous entendrez souvent dans sa bouche « Thomas D’Aquin », « Jean Calvin » et « Vive la scolastique ». Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde avec laquelle il vit sur Lille.
Laurent DV
Informaticien, époux et passionné par la théologie biblique (pour la beauté de l’histoire de la Bible), la philosophie analytique (pour son style rigoureux) et la philosophie thomiste (ou classique, plus généralement) pour ses riches apports en apologétique (théisme, Trinité, Incarnation…) et pour la vie de tous les jours (famille, travail, sexualité, politique…).
Arthur Laisis
Nathanaël Fis
Nathanaël est ancien en formation à l’Eglise Bonne Nouvelle à Paris où il vit avec sa merveilleuse épouse Nadia. Il étudie la théologie au Birmingham Theological Seminary.
Hadrien Ledanseur
Enfant de Dieu, passionné par la théologie et la philosophie. S’il est enfant de Dieu, c’est exclusivement en vertu des mérites de Jésus-Christ et de la grâce de Dieu. Si Dieu le veut, il se fiancera bientôt !
Matt Massicotte
Matt est marié, père de famille et diplômé en ingénierie. Élevé dans les milieux pentecôtistes, il a découvert la foi réformée en tant que jeune adulte. Depuis, il s’intéresse à la théologie systématique, biblique et historique. Il a aussi un intérêt particulier pour la liturgie.
Étienne Omnès
Mari, père, appartenant à Christ. Les marques de son salut sont sa confession de foi et les sacrements qu’il reçoit.
Josué Isaac
Sauvé, mari, père, historien et passionné de théologie.
Pierre-Sovann Chauny
Les auteurs de ce site américain, qui peinent à se satisfaire de ce que leur proposent les Églises évangéliques, invitent à redécouvrir la tradition réformée dans toute sa richesse et ses développements historiques. Un des axes importants de leur politique éditoriale est d’aborder la politique, la philosophie, l’éducation et les arts au prisme des ἀρχαί, principes fondateurs du christianisme.
Foi et vie réformées
Foi et vie réformées est une association loi 1901, dont l’objet est le suivant : la promotion et la diffusion, en priorité en France et dans le monde francophone, de la foi, la pensée et la vision du monde réformées comprises dans le cadre historique et confessionnel des textes symboliques de la Réforme du XVIe siècle, tels que la Confession de foi dite de “La Rochelle”.