L’Église chez Calvin : remède à nos faiblesses et mère des croyants, hors de laquelle il n’y a pas de salut !
18 juin 2020

Dans les Églises où est récité le Symbole des Apôtres, les chrétiens récitent d’une traite qu’ils croient « à l’Église […] à la communion des saints, à la rémission des péchés… » Et s’il est vrai que le croyant protestant perçoit assez intuitivement comment le thème de l’Église et celui de la communion des saints peuvent être traités ensemble (puisque la théologie protestante définit précisément l’Église comme la communauté des saints ou des fidèles, c.-à-d. des croyants), il lui est en revanche difficile à première vue de voir un lien immédiat entre l’Église et la communion des saints d’une part, et la rémission des péchés d’autre part.

Ce n’était pas le cas de Jean Calvin. Celui-ci, dans l’un de ses premiers écrits, sa Brève Instruction Chrétienne (1537), à la fin de son explication de ce qu’il faut comprendre par la clause « Je crois à la rémission des péchés », lie ensemble ces trois expressions de la manière suivante : « Aucune rémission des péchés ne nous est donnée d’une autre source ou par d’autres moyens : car hors de cette Église et de cette communion des saints, il n’y a pas de salut. » Calvin énonce ici le caractère ecclésial de la rémission des péchés : c’est dans l’Église seulement que les péchés sont pardonnés. Une telle affirmation peut étonner de la part d’un des pères fondateurs du protestantisme. Comment la comprendre ?

Dans cette série d’articles, nous tâcherons de montrer comment la pensée de Calvin a évolué au fil du temps : alors que dans ses premiers écrits, il avait initialement l’Église invisible en vue lorsqu’il limitait la rémission des péchés au seul giron de l’Église, l’Église visible s’est par la suite imposée à lui comme de plus en plus indispensable pour qu’il soit effectivement possible au croyant de recevoir la rémission des péchés. Cela nous donnera l’occasion de nous arrêter sur cette distinction ecclésiologique essentielle qui structure la théologie réformée : la distinction entre l’aspect visible de l’Église et son aspect invisible.

Nous tracerons donc en premier lieu, brièvement, les grandes lignes de l’ecclésiologie du Réformateur avant d’examiner en quoi la rémission des péchés est, pour Calvin, étroitement liée à l’Église.

Commençons aujourd’hui avec deux qualités que Calvin prête à l’Église : il la présente comme “remède à nos faiblesses” et comme “mère des croyants”.

1. L’Église comme “remède à nos faiblesses” et comme “mère des croyants” selon Calvin

a. L’Église comme remède à nos faiblesses

Certains auteurs, en considérant le titre du livre IV de l’Institution, « qui est des moyens extérieurs, ou aides, dont Dieu se sert pour nous convier à Jésus-Christ, son Fils, et nous retenir en lui », et en constatant que ce quatrième livre traite quasiment uniquement de l’Église et des sacrements en ont conclu que l’Église était quelque chose d’annexe dans la pensée de Calvin : une simple aide extérieure. Ce n’est toutefois pas ainsi qu’il faut voir les choses. Calvin établit en fait un contraste entre notre foi, qui nous est « intérieure », et l’Église qui nous est « extérieure ». Et il se trouve que notre « foi intérieure » a besoin d’être soutenue, fortifiée par une « aide extérieure » – et cette aide, c’est l’Église ! L’Église est donc bien une « aide extérieure », mais ce n’est pas une « simple » aide, reléguée à un rôle second : l’Église est le moyen choisi par Dieu pour nous venir en aide ! Calvin s’exprime ainsi à ce sujet :

Mais parce que notre rudesse et paresse, j’ajoute aussi la vanité de nos esprits, ont besoin d’aides extérieures, par lesquelles la foi soit engendrée en nous, y croisse et s’y avance de degré en degré, Dieu n’a point oublié de nous en pourvoir, pour soutenir à notre faiblesse. […] Car d’autant qu’étant [enfermés] en notre chair comme en une cave, nous ne sommes point arrivés en degré angélique, Dieu, se conformant à notre capacité, selon sa providence admirable a établi cette conduite pour nous faire venir à soi […]. (IRC IV.1.1)

L’Église est donc le remède choisi par Dieu pour pallier nos déficiences – le remède auquel nous devrions donc toujours avoir recours : « Nous voyons que Dieu, bien qu’il puisse élever en un moment les siens à la perfection, les veut néanmoins faire croître petit à petit sous la nourriture de l’Église. » (IRC IV.1.5)

b. L’Église comme mère des croyants

Calvin va encore plus loin lorsqu’il expose le rôle de l’Église dans notre salut : il énonce qu’elle est « la mère de tous les croyants. » C’est là un langage très classique qui provient de Cyprien de Carthage, qui avait énoncé fameusement que « nul n’a Dieu pour Père qui n’a aussi pour mère l’Église » ! Et Calvin ne doute à aucun moment que le titre de « mère des croyants » convienne à l’Église :

[…] apprenons du seul titre de mère, combien la connaissance nous en est utile, voire nécessaire, d’autant qu’il n’y a nulle entrée en la vie permanente, sinon que nous soyons conçus au ventre de cette mère, qu’elle nous enfante, qu’elle nous allaite de ses mamelles, finalement qu’elle nous tienne et garde sous sa conduite et son gouvernement, jusqu’à ce qu’étant dépouillés de cette chair mortelle nous soyons semblables aux Anges (Mt. 22:30). Car notre faiblesse ne souffre pas que nous soyons retirés de l’école, jusqu’à ce que nous ayons été disciples tout le cours de notre vie. (IRC IV.1.4)

La vie chrétienne est ainsi un long apprentissage, durant laquelle nous avons besoin de recevoir de l’aide. Nous ne sommes pas des anges, et nous ne sommes pas encore semblables aux anges. Alors, l’Église est cette école où nous apprenons, jusqu’à notre mort, à vivre la vie de disciples. Sa présence et son rôle nous sont nécessaires, et Calvin va même jusqu’à dire qu’il n’y a nulle entrée en la vie éternelle sans elle. C’est difficile de parler plus hautement de l’Église !

Une solution, pour rendre plus acceptable dans nos milieux évangéliques ce que Calvin dit ici, serait d’expliquer que Calvin a en vue ici uniquement l’Église invisible. Calvin lierait alors le salut à l’Église invisible, ce qui reviendrait à dire que l’on ne peut être sauvé et pardonné que si l’on est un vrai croyant. La reprise du « hors de l’Église point de salut » par Calvin deviendrait d’un coup beaucoup moins controversée si c’était ce qu’il voulait dire par là. Est-ce ainsi qu’il faut comprendre ce que dit Calvin ? Pas sûr ! Mais avant de répondre à cette question, il faut d’abord nous arrêter sur cette distinction entre Église visible et Église invisible, ou plus exactement la distinction entre l’aspect visible de l’Église et son aspect invisible. C’est ce que nous ferons dans le prochain article.

Pierre-Sovann Chauny

Pierre-Sovann est professeur de théologie systématique à la Faculté Jean Calvin, à Aix-en-Provence. Il s'intéresse particulièrement à la doctrine des alliances, à l'interprétation des textes eschatologiques, à la scolastique réformée, aux prolégomènes théologiques et aux bons vins. Il est un époux et un père heureux.

6 Commentaires

  1. Matt Moury

    Article très intéressant qui risque de faire grincer quelques dents dans le camp évangélique … Mais nous souffrons aujourd’hui d’un manque cruel de réflexion sur l’être de l’Eglise d’un côté et d’une relativisation de l’importance de l’Église de l’autre (à ce titre la crise du Covid-19 a mis à jour la tentation évangélique du tout virtuel, on a notamment vu fleurir sur les réseaux sociaux ou dans le « parler populaire » évangélique une sorte de discours de dévalorisation de l’Église). Du coup, si cet article nous choque, nous bouscule, il le fait pour notre bien, pour notre stimuler … En tout cas ce fut le cas sur moi ! Il est grand temps de balayer sous notre porte et de remettre l’Église au premier plan (je précise que je suis d’obédience baptiste) !

    Pour ce qui est de la formule « l’Église, mère des croyants », j’avoue qu’elle me gêne aux entournures … Je préférerais dire que l’Église est la nourrice des croyants, ce qui met en avant le côté d’aide dans la faiblesse sans l’idée de génération. Je dirais avec joie que l’Église est la nourrice dont Dieu se sert pour nourrir ses enfants.

    Ça me fait penser que si nos amis catholiques romains et les orthodoxes ont exploité le côté maternel avec la dévotion mariale (souvent qualifiée, abusivement pour le protestant que je suis, de mère des croyants), les protestants semblent avoir déserté ce terrain … Peut-être que ça serait moins le cas si Calvin avait été plus repris ? Est-ce que la tradition réformée a développé cette idée, ce vocable ? Il me semble que non, mais je m’interroge. Je serai preneur si des textes existent en ce sens, afin de parfaire ma connaissance du sujet et de poursuivre la réflexion.

    Hâte de lire la suite en tout cas, bel art du teasing ! Merci Pierre-Sovann !

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    • Jean-Mikhaël Bargy

      Turretin dans IEC, XVIII.1.iii (p. 1 du vol. 3) :

      “Second, since there is no salvation out of the church (no more than out of the ark; nor does anyone have God as his Father in heaven whose church is not his mother on earth), nothing ought to be dearer to our hearts than that this mother may be known (in whose bosom God has willed us to be educated and to be nourished). It behooves us to be directed by her care until we grow up and arrive at the goal of faith. Also it behooves us to know what assembly is that true church with which (according to the command of God) we are bound to connect ourselves that we may obtain salvation (Acts 2:47).”

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  2. Pierre-Sovann Chauny

    Bonsoir Matt,
    Merci pour ton commentaire bienveillant et tes remarques dans ce contexte pandémique exceptionnel qui révèle aussi certaines tendances de fond de nos assemblées évangéliques.
    Pour l’expression “mère des croyants”, il faut comprendre qu’une “nourrice”, c’est un peu une mère de substitution au plan fonctionnel – donc remplacer “mère” par “nourrice” n’apporte pas grand-chose sur le fond, même si cela à l’avantage d’enlever quelque chose de la gêne que nous pouvons ressentir en trouvant l’expression chez Calvin. Cette gêne, justement, d’où vient-elle ? Probablement de ce que la métaphore a été usée, jusqu’à la corde, par la théologie catholique romaine. La conséquence en est, par un anti-catholicisme parfois un peu primaire, un rejet, ou du moins une mise sous le boisseau de l’image.
    Concernant l’emploi après Calvin de cette image, tu me poses une colle ! J’ai cherché un peu ce soir, et je n’ai pas trouvé quoi que ce soit chez les grands auteurs protestants des siècles passés. J’ai demandé à des amis érudits ce qu’il en était, je te dirais s’ils ont connaissance d’un ré-emploi ultérieur de l’image. Il est possible que la métaphore ait été négligée notamment à cause de l’usage qu’en faisait les apologistes catholiques romains.
    Je suis tombé sur cet article que j’ai trouvé stimulant, qui plaide pour un approfondissement des métaphores ecclésiales de la mère et de l’épouse. Il ne s’agit pas, selon son auteur, de métaphores “mineures” (même s’il ne note que trois textes bibliques qui peuvent lui servir de fondement) et elles doivent reprendre leur place dans le contexte ecclésiologique actuel :
    https://www.sbts.edu/family/2012/10/01/the-church-as-bride-and-mother-two-neglected-theological-metaphors/
    Concernant la métaphore elle-même, je trouve moi aussi que l’image vaut la peine d’être approfondie. Celui qui vient à la foi est au bénéfice d’un miracle qui, après tout, n’est pas sans analogie avec le miracle de la conception virginale : l’Église dans le rôle de la Vierge, celui qui va venir à la foi dans le rôle de l’enfant à naître, et le Saint-Esprit… dans son propre rôle ! De même qu’il est miraculeux que l’enfant Jésus ait été conçu par la Vierge Marie sous l’action du Saint-Esprit pour être porté par elle, de même il est miraculeux qu’une personne vienne à la foi dans l’Église à laquelle il a été confié d’annoncer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre, avec la puissance du Saint-Esprit.

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  3. Matt Moury

    Cher Pierre-Sovann,
    Merci d’avoir pris le temps de me répondre et pour tes recherches. Effectivement, j’avoue que cette gêne vient sans doute du rapport compliqué entretenu avec l’ECR … L’image mérite d’être creusée car elle a plus d’échos que je ne pensais dans l’Écriture. C’est vrai qu’à la réflexion, dans un sens typologique, on peut parler, sous un certain rapport d’une sorte d’ « enfantement » des croyants par l’Église, en tout cas le texte d’Apocalypse 12 cité dans l’article que tu mets en avant semble autoriser à percevoir l’Église comme celle par qui, à travers les membres qui portent la Parole au nom du Christ, met au monde les croyants par la puissance de l’Esprit. Pour ce qui est des autres textes, outre Eph 5 et Ap 12, on pourrait peut-être penser à la femme stérile d’Esaïe 54 et aux échos avec Anne, Sarah et Eve ? Le thème de la stérilité/fécondité dans le cadre rédempteur (et de la semence) est en tout cas attesté. Et effectivement tu me stimules en parlant du rôle de l’Église à rapprocher de la Vierge Marie. Peut-être est-ce une piste à explorer dans le dialogue avec l’ECR ? Et aussi dans notre redéfinition de l’Église d’un point de vue protestant ? Un champ à creuser visiblement puisque l’image a été peu reprise selon tes amis bien informés.
    D’une manière générale, je me rends compte que ton article et ta réponse me font encore plus réaliser que la théologie protestante a du mal avec la notion de médiation (à cause des abus de l’ECR encore une fois). J’avais lu quelques trucs dessus de la plume de Colin Gunton, qui était assez critique en son temps sur cette allergie toute protestante. En gros, j’ai l’impression que les réactions anti-Église lors de la crise du Covid viennent de là, les croyants veulent un accès direct à Dieu sans devoir « passer par l’Église ». Pour être méchant, je dirais que cette attitude reprend les paroles de la fameuse chanson « My own personal Jesus » d’un groupe des années 80 … Pourtant, il semble bien exister une certaine forme de médiation de l’Église, nous ne sommes pas un amas d’individualités connectées individuellement à Christ, mais simultanément unis en Christ (le fameux « en Christ » de Paul) comme un peuple constitué.
    Cela me rappelle qu’Alain Nisus disait que la « louange » était perçue comme ayant une vertu de médiation de la présence de Dieu dans les milieux charismatiques (et je dirais même non charismatiques de nos jours).
    Merci encore pour la stimulation que m’apporte tes articles !

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  4. Pierre-Sovann Chauny

    Bonsoir Matt,
    1. Le texte le plus important est Galates 4.26 qui dit que la Jérusalem céleste est notre mère. C’est là que vient se greffer au niveau de l’intertextualité Esaïe 54, car l’allégorie des deux femmes est sans doute construite en partie à travers la lentille interprétative de ce passage du prophète.
    2. Dans le dialogue avec l’Église romaine, il s’agit de montrer que l’Église, loin d’être co-rédemptrice (comme ne l’est pas non plus la Vierge), est dans un rôle passif de matrice qui reçoit miraculeusement en elle une vie qui est donnée d’en haut. Le thème de la conception virginale revient à l’exclusion de l’homme, du mari (cf. Jn 1.13 “non de la volonté de l’homme (ἀνδρὸς)”), donc de Joseph dans la création de l’humanité de Jésus. Ce thème de la conception virginale devient alors le symbole même de la grâce, parce qu’elle permet de montrer que tout vient de Dieu et que ce n’est pas l’homme qui agit dans cette histoire. Marie symbolise la réceptivité, i.e. la foi. Tandis que l’exclusion de Joseph symbolise l’exclusion des œuvres. Le sens fondamental du signe de la conception virginale est l’exclusion de l’homme dans le salut. C’est un débat intéressant à avoir avec les catholiques romains, qui ont tendance à voir dans Marie le symbole de la coopération de l’être humain avec Dieu. Mais c’est exactement l’inverse : il faut voir au contraire que l’homme est exclu, puisque Jésus n’est pas le fruit de l’’œuvre de Joseph, et que Marie ne symbolise pas la contribution de l’homme mais symbolise au contraire la réceptivité, la foi. Et c’est pareil pour le thème de l’Église comme mère : l’Église est une vierge qui est fécondée d’en-haut, miraculeusement – elle n’est pour rien dans le miracle qu’elle constate et qu’elle expérimente que des enfants lui sont données.
    En même temps qu’on dit cela face aux catholiques romains, il faut aussi souligner face aux évangéliques, que l’Église comme mère subvient à des besoins réels, et que pour cette raison elle est indispensable au salut – en tant qu’instrument choisi par Dieu, parce que grâce lui a été faite d’être l’instrument de la grâce.
    Il faut réussir à dire l’un et l’autre, et la chose n’est pas aisée : une réceptivité active de l’Église, qui agit pour faire prospérer la foi, mais dont l’action n’est pas une coopération méritoire…
    3. Oui, il y a une aspiration qu’on pense protestante, mais qui est en réalité évangélique (i.e. issu de la spiritualité des Réveils), qui vise à une relation directe avec le Seigneur de l’alliance, et qui conçoit l’Église seulement comme le rassemblement de ceux qui sont déjà en relations avec le Seigneur. C’est la fameuse formule de Schleiermacher pour distinguer l’ecclésiologie protestante de l’ecclésiologie catholique. Mais en fait, Schleiermacher ne distingue que le protestantisme “volontariste” qui fait de l’Église une réalité principalement associative. L’ecclésiologie protestante classique, celle des Réformateurs, est beaucoup plus “haute”, et même si l’expression “mère des croyants” se trouve rarement chez les scolastiques protestants après Calvin, l’idée de l’indispensabilité de l’Église est elle prégnante. Ils n’auraient certainement pas aimé la chanson de Depeche Mode…
    4. La louange est devenu dans nos Églises le moyen de grâce principal (avant même la prédication) : c’est le moment où Dieu se rend présent. La louange joue un rôle sacramentel ! D’ailleurs, on peut aujourd’hui faire un culte sans sainte-cène, et même sans prédication – mais y a-t-il des cultes sans louange ? Cela ne montre-t-il pas que cela est devenu, pour beaucoup, l’essence même du culte ?

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  5. Matt Moury

    Merci d’avoir pris le temps d’écrire cette réponse aussi détaillée et argumentée.

    1. Très intéressant ! J’ai l’impression que la gêne envers l’ “allégorie” que constitue le passage nous empêche parfois de creuser l’idée derrière le passage et de filer la métaphore. Je sais que Jacques Buchhold a donné un cours à la FLTE sur ce passage controversé mais malheureusement je n’y ai pas assisté. Merci ça donne envie de creuser ! 

    2. Excellente proposition. Je souscris totalement et j’applaudis des deux mains ! J’aimerais vraiment lire plus sur ce sujet pour aller plus loin. Effectivement pas simple de maintenir un équilibre face aux excès des Catholiques romains d’un côté et des évangéliques de l’autre. D’un point de vue général, je suis surpris du manque de mention et de réflexions sur la conception virginale dans les milieux évangéliques. En 10 ans de vie chrétienne, le seul sermon que j’ai entendu sur la question était … le mien, il y a trois ans pour un dimanche de l’Avent. A l’époque, je m’étais servi de cet ouvrage de grande qualité : https://www.amazon.com/Virgin-Birth-Christ-Richard-Shenk/dp/1842279084  Mis à part cela, je n’ai jamais fait d’étude biblique sur la question et le sujet a été survolé très vite dans mes cours de fac. Je pense que cet état de fait est dû au fait que a) cela “fait Catholique” (pourtant c’est aussi biblique et un aspect important du Crédo) b) beaucoup d’assemblées ne font pas l’année liturgique et négligent donc les récits de la Nativité c) l’aspect surnaturel et incongru peut gêner certains notamment dans la perspective de l’évangélisation d)  on ne sait pas trop quoi faire cet événement, on ne comprend pas le sens profond que tu analyses très bien … J’en conclus qu’il faut analyser plus à ce thème notamment en lien avec notre Ecclésiologie comme tu le soulignes bien. 

    3. Spot on! Effectivement, tu pointes parfaitement le danger du spiritualisme anti-ecclésial, ce “péché évangélique”. Tu as raison, les Réformateurs avaient une toute autre conception, ils seraient horrifiés par de telles attitudes. Pour lutter contre ce phénomène (très postmoderne pour le coup) de relation directe avec le Seigneur de l’alliance et d’une conception de l’Église comme un supermarché spirituel, j’espère qu’il y aura un renouveau des travaux ecclésiologiques qui débouchera sur un enseignement valorisant sur la question au sein même des Églises. Pour ma part, à mon faible niveau et dans un contexte baptiste, outre un enseignement qui valorise la nécessité de l’Église, j’insiste avec mes collègues sur la notion de membriété avec l’idée d’alliance, de redevabilité et de discipline mutuelle. C’est un travail exigeant mais porteur et fécond, Dieu merci … Ah, tiens le vilain Schleiermacher. En parlant du père du libéralisme, il y a quelques semaines, j’ai justement participé à une session du European Leadership Forum en ligne consacrée à Schleiermacher. En une heure, le théologien Michael Reeves a brossé un portrait théologique du bonhomme, j’ai été frappé par les parallèles entre les enseignements de Schleiermacher et certaines tendances de fond du mouvement évangélique. Disons que le romantisme est souvent le premier pas vers le libéralisme … 

    4. 100% d’accord avec toi sur la dimension sacramentelle de la louange et de la louange comme LE moyen de grâce évangélique contemporain.  A nouveau, je crois qu’il faut lutter contre cette tendance de fond en remettant la prédication de la Parole au centre du culte et en débusquant les faux raisonnements. Il y a du boulot, la vague de fond est forte mais l’enjeu est important.

    Encore merci Pierre-Sovann pour tes articles et tes réponses, c’est génial pour de pouvoir échanger avec un théologien comme toi !

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  1. L’Église chez Calvin : Église visible et Église invisible – Par la foi - […] nous sommes demandés à la fin de l’article précédent – dans lequel nous avions vu comment Calvin présentait l’Eglise…

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