Commentaires sur : La conversion sincère de Constantin https://parlafoi.fr/2021/05/27/la-conversion-sincere-de-constantin/ Blog de théologie réformée Sat, 12 Jun 2021 05:00:08 +0000 hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.2 Par : Constantin l'empereur chrétien – Par la foi https://parlafoi.fr/2021/05/27/la-conversion-sincere-de-constantin/#comment-9707 Sat, 12 Jun 2021 05:00:08 +0000 https://parlafoi.fr/?p=23683#comment-9707 […] pouvez aussi lire les articles précédents : La conversion sincère de Constantin,  La politique religieuse de Constantin, et Constantin et le concile de […]

]]>
Par : Constantin et le concile de Nicée – Par la foi https://parlafoi.fr/2021/05/27/la-conversion-sincere-de-constantin/#comment-9683 Tue, 08 Jun 2021 05:00:08 +0000 https://parlafoi.fr/?p=23683#comment-9683 […] pouvez aussi lire les articles précédents : La conversion sincère de Constantin et La politique religieuse de […]

]]>
Par : La politique religieuse de Constantin – Par la foi https://parlafoi.fr/2021/05/27/la-conversion-sincere-de-constantin/#comment-9666 Wed, 02 Jun 2021 05:00:16 +0000 https://parlafoi.fr/?p=23683#comment-9666 […] Vous pouvez déjà consulter le premier article de cette série : La conversion sincère de Constantin. […]

]]>
Par : Tribonien Bracton https://parlafoi.fr/2021/05/27/la-conversion-sincere-de-constantin/#comment-9665 Wed, 02 Jun 2021 04:52:30 +0000 https://parlafoi.fr/?p=23683#comment-9665 Prima facie, les récits d’Eusèbe et de Lactance ne sont pas mutuellement incompatibles. Constantin le Grand peut très bien avoir eu une vision d’une croix lumineuse accompagnée de la devise “par ce signe tu vaincras”, puis la nuit suivante avoir fait un rêve dont le contenu l’aurait amené à faire peinturer un chrisme sur son casque, son étendard et sur les boucliers de ses soldats. Tant Eusèbe que Lactance étaient des proches de l’Empereur ; la version d’Eusèbe (croix céleste) est crédible puisqu’il est généralement fiable comme historiographe ; la version de Lactance (rêve nocturne) est crédible parce qu’il n’y a rien d’invraisemblable dans le fait d’avoir un rêve relatif à une confrontation guerrière imminente, et aussi parce que la production numismatique subséquente arbore explicitement ces chrismes dessinés sur divers équipements militaires.

Ce vidéo présente brièvement la thèse d’un halo solaire causé par des cristaux de glace dans l’atmosphère (un tel phénomène naturel, toutefois, ne pourrait pas expliquer l’apparition de la célèbre devise “in hoc signo vinces”) : https://youtu.be/rKZAuKGGo0M

En faisant intervenir une source supplémentaire venant d’Eusèbe (sa “Vie de Constantin”, pas juste son “Histoire ecclésiastique”), l’historien latiniste Paul Veyne, propose l’harmonisation suivante entre les récits de Lactance et d’Eusèbe (Veyne est agnostique mais a le mérite de ne pas avoir de présupposé défavorable envers Constantin Ier) :

« C’est pour prendre l’Italie à Maxence que Constantin entra en guerre contre celui-ci et c’est au cours de cette campagne qu’il se convertit, mettant sa confiance dans le dieu des chrétiens pour avoir la victoire. Cette conversion aboutit à un rêve qu’il fit pendant la nuit qui précédait la bataille et où le dieu des chrétiens lui promit la victoire s’il affichait publiquement sa nouvelle religion.
En effet, le lendemain, en la journée mémorable du 28 octobre 312, Dieu lui procura dans les faubourg de Rome, le long du Tibre, la célèbre victoire du Pont Milvius ; Maxence fut écrasé et tué par les troupes de Constantin, qui affichaient la religion personnelle du chef dont elles étaient l’instrument : leurs boucliers étaient marqués d’un symbole tout nouveau [Constantin est l’inventeur du chrisme selon Veyne & cie] qui, la veille de la bataille, avait été révélé à l’empereur pendant son sommeil et que lui-même portait sur son casque ; c’était ce qu’on allait appeler le ‹ chrisme ›, formé des deux premières lettres du nom du Christ, à savoir les lettres grecques X et P, superposées et croisées. »
— Paul Veyne. “Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)”, p. 13-14.

« Lactance écrit que le chrisme fut révélé à Constantin in quiete, pendant son repos nocturne ; quies veut dire ‹ rêve › chez Tacite. Eusèbe ne parle ni d’un rêve ni du chrisme dans son “Histoire ecclésiastique”, publiée peu après l’événement. Bien plus tard, dans sa “Vie de Constantin” (28-31), il affirmera deux choses :
• Primo, Constantin avait prié le dieu chrétien d’être son allié et de lui révéler qui il était ; alors lui apparut en plein midi un ‹ signe › (sêmeion) qui n’était autre que ‹ la Croix, ce trophée ›, ce symbole du triomphe du Christ (tropaion staurou) sur la Mort ; elle brillait dans le ciel ensoleillé et portait cette inscription : ‹ Sois vainqueur par ceci ›, toute l’armée la vit de ses yeux.
• Secundo, la nuit, durant son sommeil, le Christ lui apparut et lui ordonna de faire de ce ‹ signe › son enseigne personnelle pour la bataille imminente. Constantin obéit. Eusèbe nous apprend alors que ce ‹ signe ›, qu’il venait de désigner comme la Croix du Christ, n’était autre que le même chrisme dont parle Lactance, car on y voyait, écrit Eusèbe, les deux lettres qui servent à écrire le début du nom du Christ ‹ et qui se croisaient › (comme dans le récit de Lactance).
Le plus simple est de supposer que la mémoire d’Eusèbe était confuse […] ou, mieux encore, qu’on a chez Eusèbe, dont l’œuvre a eu plusieurs éditions augmentées, deux couches de rédaction successives : il ne savait d’abord que peu de choses sur le rêve et avait vaguement entendu parler de ce qu’il appelle rédactionnellement une croix ; plus tard Constantin lui-même lui a décrit avec précision le chrisme sous serment. »
— Paul Veyne. “Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)”, p. 273-274.

« [L]e rêve fameux qui, dans la nuit précédant la bataille, avait ordonné à Constantin d’arborer un symbole chrétien avait été, à coup sûr, envoyé par Dieu ; Constantin fut le premier à le croire. Maintenant qu’il nous faut passer à l’étude de sa conversion, qui nous retiendra longtemps, commençons par la moindre des choses et la plus amusante : ce fameux songe. […]
Oserai-je insinuer que ce chrisme vu en rêve se réduit à la plus simplette des curiosités psychologiques ? Comme il nous arrive à nous-mêmes plus d’une fois au cours de notre vie, Constantin n’a fait que voir en rêve, sous la forme allégorique et imagée qui est celle du langage onirique, sa propre décision de se convertir au dieu des chrétiens pour remporter la victoire, décision soudaine, prise dans la vie nocturne de sa pensée. Ou encore, si sa conversion est plus ancienne (ce que nous ignorons), il a vu en songe, dans les pensées de son sommeil, sa propre conviction que Dieu lui donnerait la victoire, qui serait celle du Christ, vrai chef de ses armées. […]
Le chrisme, produit de la symbolisation onirique, et les mots ‹ tu vaincras par ce signe ›, étaient la forme imagée sous laquelle cette décision ou cette conviction se sont peintes sur l’écran du rêve. […]
« C’est ainsi que Constantin a inventé en rêve un symbole chrétien transparent, mais jusqu’alors inconnu et qu’on appellera le chrisme. De même, six siècles avant lui, un roi grec d’Égypte avait inventé en rêve un dieu égyptien promis à un grand avenir, ainsi que le nom de ce dieu, ‹ Sérapis ›, qui n’avait aucun sens en langue égyptienne, mais sonnait comme un mot égyptien pour des oreilles grecques. […]
Ramené à son contenu latent, le songe de 312 n’a pas déterminé la conversion de Constantin, mais prouve au contraire qu’il venait de décider lui-même de se convertir ou, s’il s’était déjà converti depuis quelques mois, d’arborer publiquement les signes de sa conversion. »
— Paul Veyne. “Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)”, p. 91-94.

]]>