La persévérance chrétienne (2/3)
7 novembre 2021

Cette mini-série est la première d’un ensemble de méditations suivies dans l’épître de Jacques. Elle est composée des trois parties ci-dessous. :

1/3 : Les diverses épreuves de la vie chrétienne

2/3 : La considération chrétienne des épreuves

3/3 : La joie chrétienne dans l’épreuve

Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous recommande la lecture de l’excellente série de Caleb Abraham sur la souffrance.


Dans le précédent article, nous avons considéré de quelles différentes manières le chrétien peut être éprouvé dans ce monde. Voyons maintenant ce que Jacques nous exhorte à faire face à ces épreuves, en commençant par ce qu’il ne dit pas.

Ne pas nier l’Épreuve

Tout d’abord Jacques ne nous invite pas à être dans le déni, à détourner le regard des épreuves en faisant comme si elles n’existaient pas, ou comme si elles n’impliquaient pas une réelle souffrance dans notre vie. Il ne nous encourage pas à la pensée positive, à nous auto-convaincre à grand coup de proclamations que tout va bien lorsque nous souffrons. Le chemin de la vraie joie n’est pas le déni. Il nous suffit de lire les Psaumes de David pour comprendre que Dieu n’exige pas de ses enfants qu’ils nient la souffrance, qui est une réalité de ce monde et de notre vie. Le chrétien, comme tout être humain, fait face à la souffrance, à la tristesse, à la détresse, au désespoir, au découragement, parfois même à la dépression, et il ne s’agit en aucun cas de nier cet état de fait.

Ne pas désirer l’épreuve

Jacques ne nous invite pas non plus à désirer l’épreuve pour elle même. Nous ne sommes pas appelés à chercher par tous les moyens la persécution. C’est déjà bien assez de la supporter lorsqu’elle vient à nous naturellement. Le chrétien n’est pas un sadique qui aime souffrir, il ne pratique pas l’auto flagellation. Le chemin de la vraie joie n’est pas la souffrance, qu’elle soit physique ou morale. Même mourir en martyr n’a aucun sens et ne sert à rien si cela n’est pas lié à notre amour et notre fidélité au Christ. C’est ce que dit Paul en 1 Corinthiens 13:3 au sujet de l’amour : quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien. Ce que cela veut dire, c’est que la souffrance en elle même ne sert à rien si elle n’éprouve pas notre foi en nous sanctifiant. La souffrance déconnecté de notre sanctification n’a aucune utilité.

ne pas fuir l’épreuve

À l’inverse Jacques ne nous invite évidemment pas à fuir l’épreuve à tout prix, comme si elle n’avait aucune raison d’être dans la vie chrétienne, comme si plus un chrétien était mature et béni par Dieu, moins il souffrait. C’est pourtant ce que l’on entend souvent dans la bouche des faux prophètes du faux évangile de prospérité. Le chemin de la vraie joie n’est pas une vie sans aucune épreuve. À partir du moment où vous considérez que la souffrance est une anomalie dans la vie chrétienne, vous posez le pied sur la pente extrêmement glissante du murmure contre Dieu, de l’instabilité et de la superficialité spirituelle. La souffrance a toute sa place dans notre vie chrétienne. L’anomalie ce n’est pas une vie avec des épreuves, mais bien une vie facile, calme et sans vagues. Une vie sans épreuves, dans l’immense majorité des cas, ce n’est pas une bénédiction mais plutôt un jugement de la part de Dieu, car c’est au travail du Saint Esprit dans notre être intérieur à travers les épreuves que nous reconnaissons la discipline paternelle salvatrice de notre Père céleste. C’est ainsi que le Psalmiste peut dire :

Peuples, bénissez notre Dieu, Faites retentir sa louange ! Il a conservé la vie à notre âme, et il n’a pas permis que notre pied chancelât. Car tu nous as éprouvés, ô Dieu! Tu nous as fait passer au creuset comme l’argent. Tu nous as amenés dans le filet, tu as mis sur nos reins un pesant fardeau, tu as fait monter des hommes sur nos têtes ; nous avons passé par le feu et par l’eau. Mais tu nous en as tirés pour nous donner l’abondance.

Psaume 66:8-12

C’est ainsi que l’auteur de l’épître aux Hébreux nous adresse cette magnifique exhortation face à la persécution :

Vous avez oublié l’exhortation qui s’adresse à vous comme à des fils “Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par lui ; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée”. Vous endurez des peines comme discipline : Dieu agit envers vous comme envers des fils, car qui est le fils que le père ne discipline pas ? Mais si vous êtes sans la discipline à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards et non pas des fils. De plus, nous avons eu les pères de notre chair pour nous discipliner, et nous les avons respectés ; ne serons-nous pas beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons ? Car ceux-là disciplinaient pendant peu de jours, selon qu’ils le trouvaient bon ; mais celui-ci nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté. Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse ; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle.

Hébreux 12:5-11

La souffrance a toute sa place dans la vie chrétienne car c’est par elle que Dieu accomplit en nous l’objectif le plus noble qui soit, celui de nous rendre conforme à l’image de son Fils unique Jésus-Christ.

Et donc, finalement, ce que Jacques nous appelle à faire face aux épreuves réelles de notre vie, ce n’est pas de les nier, ni de les rechercher, ni de les fuir, mais c’est de les affronter avec courage en posant un certain regard sur elles, de les considérer, de les regarder, de les voir comme quelque chose de positif, en raison de ce qu’elles produisent en nous et du but que Dieu a lorsqu’il nous éprouve. Voyez-vous la différence ? Une épreuve reste une épreuve, la souffrance reste la souffrance, nous ne changeons pas les définitions ; mais en tant que chrétiens, nous disposons d’un cadre bien précis qui nous permet, réellement et sincèrement, de porter un regard positif sur ces épreuves, parce que nous savons que Dieu les décrète et les utilise pour nous sanctifier et nous guider vers la Jérusalem céleste. Et cela ne donne pas seulement “un sens” aux épreuves de notre vie, mais bien plus ; cela leur donne un sens positif et désirable pour le chrétien.

Ce qui fait notre joie et que nous désirons, ce n’est pas l’épreuve en elle-même, mais bien le fruit spirituel de la persévérance que Dieu cultive en nous afin de nous guider vers la glorieuse destination de la vie éternelle.

Et c’est ce que nous considérerons dans le prochain article, pour que nous aussi nous puissions, non de manière hypocrite et éphémère, mais en toute sincérité, nous réjouir de ce fruit de persévérance que produit l’épreuve dans nos vies.


Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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