La grâce de porter le nom de Dieu
26 avril 2020

Cet article est à lire en lien avec le troisième commandement des tables de la loi, en Exode 20,7 : « Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain ; car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain. »


La péricope à la base de cet article est la suivante :

Pour l’amour de Sion je ne me tairai point,
Pour l’amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos,
Jusqu’à ce que son salut paraisse, comme l’aurore,
Et sa délivrance, comme un flambeau qui s’allume.
Alors les nations verront ton salut,
Et tous les rois ta gloire ;
Et l’on t’appellera d’un nom nouveau,
Que la bouche de l’Éternel déterminera.
Tu seras une couronne éclatante dans la main de l’Éternel,
Un turban royal dans la main de ton Dieu.
On ne te nommera plus délaissée,
On ne nommera plus ta terre désolation ;
Mais on t’appellera mon plaisir en elle,
Et l’on appellera ta terre épouse ;
Car l’Éternel met son plaisir en toi,
Et ta terre aura un époux.
Comme un jeune homme s’unit à une vierge,
Ainsi tes fils s’uniront à toi ;
Et comme la fiancée fait la joie de son fiancé,
Ainsi tu feras la joie de ton Dieu.
Sur tes murs, Jérusalem, j’ai placé des gardes ;
Ils ne se tairont ni jour ni nuit.
Vous qui la rappelez au souvenir de l’Éternel,
Point de repos pour vous ! Et ne lui laissez aucun relâche,
Jusqu’à ce qu’il rétablisse Jérusalem
Et la rende glorieuse sur la terre.
L’Éternel l’a juré par sa droite et par son bras puissant :
Je ne donnerai plus ton blé pour nourriture à tes ennemis,
Et les fils de l’étranger ne boiront plus ton vin,
Produit de tes labeurs.

Ésaïe 62,1-8

Le troisième des dix commandements des tables de la loi a pour but de protéger le nom de Dieu, et tout ce qu’il renferme de glorieux, de notre irrévérence, de notre manque de considération, de la légèreté dont nous pouvons malheureusement faire preuve si facilement, ou pire encore, du blasphème.

Lorsque l’on étudie ces dix commandements, nous comprenons rapidement que les quatre premiers ont beaucoup d’implications concrètes pour notre adoration de Dieu. Le fait que Dieu soit le seul et unique vrai Dieu vivant, qui nous a créés, nous et tout ce qui nous entoure, pour l’adorer, implique que nous ne l’adorions que lui-seul et nous interdit toute forme d’idolâtrie. Le fait que Dieu soit transcendant, trois fois saint, séparé et infiniment élevé, aussi bien ontologiquement que moralement, au-dessus de toute ses créatures, implique que nous devons l’adorer avec toute la révérence, la crainte et le respect qui lui sont dus, en suivant ses prescriptions afin de lui adresser un culte qui, tant dans le fond que dans la forme, rend témoignage, autant que possible, avec les moyens qu’il nous donne, de l’infinie dignité de son être et de la perfection de ses œuvres. Dieu seul mérite que nous lui adressions toute notre adoration, de la manière qui lui est agréable, c’est-à-dire pour nous pécheurs graciés et imparfaits, que nous lui rendions un culte en esprit et en vérité au nom de Jésus-Christ et à Jésus-Christ, notre sauveur et seigneur, qui nous a purifié et couvert d’un manteau de justice en nous baptisant dans son sang versé à la croix.  

Mais lorsque nous nous approchons du troisième commandement, nous touchons à une dimension encore plus intime et personnelle de notre relation avec Dieu, dans le cadre de son alliance. Comme nous l’avons vu dans notre précédent article, lorsque l’on évoque le nom d’une personne, cela fait appel à un certain nombre de souvenirs, d’émotions. Plus encore, dans le contexte d’Israël à cette époque, un nom sert vraiment à caractériser une personne, voir même à « forger sa destinée ». Donc si Dieu rappelle son propre nom, Yahvé, le plus souvent traduit par « Éternel » en français, à chaque étape clé de l’histoire de la rédemption, c’est pour que nous, son peuple, « sur qui est invoqué son nom1 », nous nous rappelions de tout ce qu’il est et de tout ce qu’il a fait pour nous. Lorsque nous évoquons le nom de l’Éternel, ce sont tous ses attributs, ses promesses et les prodiges qu’il a accompli, en passant par la création de ce monde, le déluge, les dix plaies d’Égypte, l’Exode, le mont Sinaï, la nation d’Israël, la croix de Jésus-Christ, les apôtres et l’Église, qui doivent nous venir à l’esprit.

Mais la vérité la plus incroyable et la plus touchante qui fait le lien entre tous ces événements à travers l’Histoire, et sur laquelle je veux attirer vos pensées et vos affections ici, c’est que ce Dieu transcendant, si saint et majestueux a décidé de s’attacher à un peuple en associant la réputation de ce peuple à celle de son propre nom2.

ce Dieu transcendant, si saint et majestueux a décidé de s’attacher à un peuple en associant la réputation de ce peuple à celle de son propre nom.

Ce Dieu si élevé s’est progressivement abaissé au niveau de son peuple, jusqu’à marcher au milieu des Hommes, discutant, mangeant, avec eux, en la personne de Jésus-Christ3. Si Jésus-Christ est venu accomplir sur terre tout ce qui était nécessaire à notre salut, c’est parce que des siècles auparavant, Dieu l’avait promis à Adam et Ève après leur rébellion contre lui4. C’est parce que Dieu avait scellé une alliance avec Abraham et sa descendance en engageant la réputation de son nom5. Autrement dit la fidélité de Dieu a outrepassé l’infidélité de son peuple et Dieu lui-même a purifié les péchés de son peuple en Jésus-Christ afin que la réputation de son grand nom ne soit point entachée aux yeux des nations6.

Pourquoi dis-je qu’il s’agit de la vérité la plus touchante à propos de notre relation avec Dieu ? Pourquoi cette vérité peut-elle et doit-elle nourrir notre adoration ? Car c’est cette vérité qui met vraiment en lumière l’attachement réel et l’amour véritable que Dieu a pour nous7.

c’est cette vérité, à savoir que nous sommes l’épouse de Dieu sur qui est invoquée son nom, qui met vraiment en lumière l’attachement réel et l’amour véritable que Dieu a pour nous.

C’est incroyable lorsque l’on pense à ce que nous sommes, devant Dieu. C’est incroyable de penser que Dieu a tant fait pour nous, qu’il a tant sacrifié pour nous alors que nous ne manifestions que de la haine et de la rébellion contre lui. C’est incroyable lorsque l’on lit des passages comme celui-ci8 de réaliser que Dieu a voulu s’attacher à nous comme un mari s’attache à son épouse9, alors que nous étions l’épouse la plus indésirable au monde, et que nous sommes encore très loin de la perfection10de la glorification. Pourtant Dieu nous a donné son nom, tel un mari qui donne son nom à son épouse. Dieu nous a donné l’univers tout entier en héritage en Jésus-Christ11, tout comme un mari comble son épouse de tous ses biens. Jésus-Christ a donné sa vie pour que son épouse morte reçoive la vie éternelle12, tel un mari qui se sacrifie pour le bien de son épouse. Jésus-Christ prend soin de nous et veille sur nous au quotidien tel un mari sur son épouse et ses enfants13. Et notre Dieu nous appelle à jouir de cette intimité et de cet amour dans le cadre de cette alliance qu’il a scellé par le sang de son Fils unique14, tout comme un mari désire que sa femme s’épanouisse à tous les niveaux dans le cadre de l’alliance du mariage.

Lorsque nous disons « notre Dieu », nous évoquons une intimité et un amour qui dépassent de très loin ce que l’on peut observer dans le plus beau des mariages, qui a justement été créé pour nous aider à saisir la réalité de la relation entre Dieu et son peuple. En ce dimanche, adorons notre Dieu, le plus merveilleux des époux, qui n’a point eu honte de faire de nous son épouse en nous donnant son propre nom9, car il savait qu’il accomplirait des prodiges afin que la gloire de son nom resplendît à jamais sur son peuple aux yeux de toute sa création15


Illustration : Jozeph Israels, Jewish Wedding (Mariage israélite), 1903, huile sur toile, 137 x 148 cm.


  1. 2 Chroniques 7:14[]
  2. Ésaïe 48,11[]
  3. Hébreux 4,15[]
  4. Genèse 3,15[]
  5. Genèse 15,7-21[]
  6. Ésaïe 53,11[]
  7. Ésaïe 62:1[]
  8. Ésaïe 62,1-8[]
  9. Ésaïe 62,4[][]
  10. Ézéchiel 16,6-14[]
  11. Romains 8,17[]
  12. 1 Pierre 2,24[]
  13. Philippiens 4,19[]
  14. Habacuc 3,18[]
  15. Psaume 79, Exode 9,11, Jérémie 14,7, Psaume 25,11, Psaume 109,21[]

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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