Le jour du Seigneur : une mise à l'épreuve de la confiance et de la joie que nous avons en Dieu
17 mai 2020

Cet article est à lire en lien avec le quatrième commandement des tables de la loi, en Exode 20:8-11 : “Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié.


La péricope à la base de cet article est la suivante :

Si tu retiens ton pied pendant le sabbat,
Pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour,
Si tu fais du sabbat tes délices,
Pour sanctifier l’Éternel en le glorifiant,
Et si tu l’honores en ne suivant point tes voies,
En ne te livrant pas à tes penchants et à de vains discours,
Alors tu mettras ton plaisir en l’Éternel,
Et je te ferai monter sur les hauteurs du pays,
Je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père ;
Car la bouche de l’Éternel a parlé.

Ésaïe 58:13-14

Cela fait deux dimanches que nous écrivons sur le quatrième commandement, celui dans lequel Dieu demande à son peuple, Israël, de garder le sabbat en ce jour qu’il a lui-même sanctifié afin que son peuple profite d’une journée entière pour faire une pause dans ses activités du quotidien et adore Dieu, en public et en privé. Nous avons vu qu’il s’agit d’un commandement moral et éternel, fondé sur la création et la rédemption que Dieu a opéré pour son peuple, en Égypte, et ultimement, au mont du calvaire, en la personne de Jésus-Christ. Le dimanche est le sabbat1 chrétien, ce jour glorieux où nous célébrons le salut et l’héritage céleste incorruptible que nous avons en Jésus Christ.

Mais si nous avons désormais bien compris la nature de ce jour particulier que Dieu nous demande de sanctifier, comment devrions-nous justement le sanctifier ? Quelles activités devrions-nous cesser et quelles activités devrions-nous au contraire pratiquer avec zèle tout au long de cette journée ?  

Cet article ne répondra pas en détail à ces questions, qui méritent d’être approfondies2, mais je voudrais attirer notre attention sur un point précis et simple, directement lié à la louange et aux prières que nous adressons à notre Dieu en ce jour : l’Éternel nous demande au jour du Seigneur, de ne plus nous occuper et nous préoccuper de nos affaires de la semaine afin de nous occuper et nous préoccuper exclusivement de l’adorer en public et en privé.

L’Éternel nous demande au jour du Seigneur, de ne plus nous occuper et nous préoccuper de nos affaires de la semaine afin de nous occuper et nous préoccuper exclusivement de l’adorer en public et en privé.

Notre Dieu ne nous demande jamais rien au hasard, et toutes ses instructions sont bonnes pour nous et ont un objectif spirituel. Toutes les instructions de Dieu ont pour objectif de toucher notre cœur, afin que celui-ci soit toujours plus enflammé d’amour, de louanges et de fidélité pour lui. Si nous sommes convaincus que notre Dieu est infiniment bon et sage dans son être et dans toutes ses instructions, alors nous devons être convaincus qu’obéir à ce commandement est bon pour nous et que Dieu nous le demande par amour parce que cela est bon pour notre santé spirituelle. Et donc, nous devrions chercher à suivre très sérieusement cette instruction précise, pour notre propre bien et pour sa gloire.

Les implications de ce commandement sont nombreuses pour nous, mais je voudrais nous en rappeler une, très importante pour la disposition de nos cœurs devant Dieu le dimanche.

Notre obéissance, ou au contraire notre désobéissance, à ce commandement mettent en évidence la confiance et la joie que nous avons, ou que nous n’avons pas, en Dieu.

Ce commandement révèle notre niveau de confiance en Dieu, car il nous demande de ne pas nous occuper et nous préoccuper, j’insiste sur ce terme, de nos affaires du quotidien. Cela a à voir avec nos mains, ce qui occupe nos journées en semaine, ce que nous faisons, mais aussi avec notre esprit, ce qui occupe nos pensées. Quelles pensées occupent nos esprits aujourd’hui ? Sommes-nous présents au culte, concentrés sur l’adoration que nous rendons à Dieu, disposés à adorer notre merveilleux Roi ? Ou alors avons nous l’esprit occupé par les tâches qui sont restées en suspens, ou préoccupés (occupés avant le temps) par celles qui nous attendent demain, autrement dit, inquiets (inquietus, sans paix, agité, troublé), car nous n’avons pas confiance dans la souveraineté de notre Seigneur et dans sa capacité, sa volonté à prendre soin de nous et de nos projets ?

Ce commandement révèle l’intensité de la joie que nous trouvons dans les activités du dimanche, car tout ce que Dieu nous appelle à pratiquer en ce jour devrait profondément réjouir un cœur régénéré ! Nous devrions nous réjouir durant la semaine en pensant au dimanche et à tout ce temps que nous aurons enfin à disposition pour adorer Dieu, profiter de la communion fraternelle, méditer sur la création et la rédemption. Le chrétien devrait trouver sa plus grande joie, son plus grand plaisir, sa plus grande satisfaction dans la lecture et l’écoute de la Parole, dans la prière, les sacrements, le chant des psaumes et cantiques, dans la famille de foi en public et dans son foyer en privé3.

Le jour du Seigneur est un excellent moyen d’évaluation de notre santé spirituelle, et c’est pourquoi je nous encourage à examiner les pensées de notre esprit et les affections de notre cœur. Y trouvons-nous cette confiance ferme et cette joie profonde en Dieu ? Notre être entier est-il disposé à adorer notre Dieu avec les anges et les saints parvenus à la gloire, lui, “le sujet des chants du ciel” ?

Dieu est très concerné par la disposition de notre esprit et de notre cœur dans l’adoration que nous lui rendons, c’est même sa principale préoccupation. Alors que nous cessons nos activités quotidiennes pour adorer le Seigneur, faisons-le avec un esprit rempli de sérénité fondé sur sa souveraineté, et avec un cœur rempli de zèle, de joie et de plaisir devant l’amour dont il nous a aimé en Jésus-Christ. Examinons nos pensées et nos affections et remettons-les au Saint-Esprit, afin qu’il nous aide et nous soutienne dans notre adoration tout au long de cette journée.

Prière

Saint-Esprit, nous avons conscience de notre entière dépendance de ton œuvre en nous dans l’adoration que nous rendons à notre Dieu. Nous confessons que bien souvent nos pensées, nos discussions, sont remplies de préoccupations et de sujets du quotidien. Nous confessons que nous affectionnons et que nous prenons plus de plaisir en d’autres activités que ton adoration au jour du Seigneur. Et pour cela nous te demandons pardon, Éternel, et nous implorons ton soutien, afin que tu puisses circoncire notre cœur, pour que nous vivions cette journée d’une manière qui t’es agréable et qui est bonne pour notre âme, comme tu l’as voulu.

Saint-Esprit, nous te demandons de nous permettre de sanctifier ce jour pour l’adoration de notre Dieu, et que nous puissions faire toute chose avec sincérité de cœur, avec révérence, diligence et attention, amour et ferveur d’Esprit.

Que ce jour entier soit gardé saint par chacun d’entre nous et, lorsque viendra la nuit et que ce jour béni touchera à sa fin, que nous puissions nous souvenir de notre sabbat céleste en Jésus-Christ qui lui n’aura jamais de fin.


Illustration : August Allebé, The Butterflies (Les Papillons), 1871, huile sur bois, 35 x 50 cm.


  1. Le verbe šâbat signifie littéralement “cesser”.[]
  2. Si vous souhaitez approfondir le sujet nous conseillons la lecture des confessions de foi et catéchismes issus de la réforme, qui contiennent tous des articles ou questions/réponses sur le sujet. Vous trouverez plusieurs de ces documents ici. Voyons par exemple ce que la question 103 du catéchisme de Heidelberg nous donne comme indices :

    Q. 103: Qu’est-ce que Dieu exige dans le quatrième commandement?

    Dieu veut premièrement que le ministère de la Parole et les écoles se maintiennent (Tite 1:5 ; 1 Timothée 3:14-15 ; 4:13; 5:17 ; 1 Corinthiens 9:11, 13 sq. ; 2 Timothée 2:2; 3:15) et que je fréquente assidûment les saintes assemblées (Psaumes 40:10 sq. ; 68:27 ; Actes 2:42, 46), surtout le jour férié, pour y recevoir la Parole de Dieu (1 Corinthiens 14:19, 29-31) et pour participer aux saints sacrements (1 Corinthiens 11:33), pour invoquer publiquement le Seigneur (1 Timothée 2:1-3, 8sq. ; 1 Corinthiens 14:16) et pour faire l’aumône chrétienne (1 Corinthiens 16:2). Dieu veut, secondement, que tous les jours de ma vie je cesse mes mauvaises œuvres, pour laisser le Seigneur œuvrer en moi par son Esprit, et qu’ainsi je commence dans cette vie à vivre le sabbat éternel (Ésaïe 66.23).[]

  3. Voici ce que dit l’article 21:8 de la Confession de foi de Westminster sur la manière dont les croyants devraient sanctifier le jour du Seigneur :

    Ce sabbat est vraiment consacré au Seigneur lorsque les hommes, ayant auparavant préparé leurs cœurs et mis en ordre leurs affaires ordinaires, non seulement observent tout le jour un saint repos de leurs propres œuvres, paroles et pensées se rapportant à leurs travaux et récréations profanes (Exode 20:8 ; 16:23, 25, 26, 29, 30 ; 31:15-17 ; Ésaïe 58:13 ; Néhémie 13:15-19, 21, 22), mais occupent tout leur temps aux exercices publics et privés du culte et à des devoirs d’obligation et de miséricorde (Ésaïe 58:13; Matthieu 12:1-13).

    Nous tenons à préciser que c’est la compréhension presbytérienne qui est exprimée ici et que la vision des Églises réformées continentales (France, Allemagne, Suisse, Italie, etc.) diffère légèrement sur la nécessité des œuvres de charité et l’interdiction de toute forme de récréation au jour du Seigneur.[]

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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