Cet article est à lire en lien avec la parabole du fils prodigue dans l’Évangile de Luc 15:11-32
La péricope à la base de cet article est la suivante :
De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.
Luc 15:10
Au cours d’une de mes lectures, une citation attira mon attention. L’auteur rapportait cette affirmation faite par une tierce personne : « les chrétiens ne valent pas mieux que les autres ; il y a autant de pécheurs dans les églises qu’en dehors ». Ce à quoi l’auteur répondait qu’en effet les églises étaient remplies de pécheurs qui ne valaient pas mieux que les autres, mais que ce qui différenciait ces pécheurs des autres, c’est qu’ils étaient dans l’Église car ils avaient justement conscience de leur péché, qu’ils le confessaient et qu’ils s’en repentaient.
Ce qui réunit l’Église le dimanche, c’est l’Évangile de Jésus-Christ. Cette bonne nouvelle de la main tendue de Dieu aux pécheurs du monde entier1. C’est cette main tendue que nous avons saisie et à laquelle nous continuons de nous accrocher chaque jour, fermement soutenus par le Saint Esprit. Dieu nous a permis de comprendre que nous étions pécheurs, que nous méritions sa colère et son jugement, mais que dans sa grâce, nous pouvions être pardonnés et justifiés par son Fils Jésus-Christ. L’Évangile nous a d’abord accusés et poussés à la repentance devant Dieu, le juste juge de tout homme. Mais il nous a ensuite fait vivre une joie que seul le pécheur gracié par Jésus Christ peut connaître. C’est sur cette joie qui suit la repentance que je voudrais attirer votre attention ce matin.
Tous ceux qui ont vécu une vraie conversion savent de quelle joie il est question ici. Cette paix, cette sérénité et cette joie immense qui nous submergent lorsque nous réalisons pour la première fois que l’étendue de la grâce de Dieu est plus grande encore que l’étendue de notre péché2. Parfois nous pouvons penser que cette joie ne se ressent qu’une fois dans la vie, au moment de notre conversion. C’est vrai que certaines personnes vivent des émotions uniques à travers ce moment, mais nous devons comprendre que la repentance et la joie que produit l’Évangile ne sont pas qu’un point de départ dans la vie chrétienne comme on peut parfois l’entendre, mais une caractéristique de la vie chrétienne.
La repentance et la joie que produit l’Évangile ne sont pas qu’un point de départ dans la vie chrétienne comme on peut parfois l’entendre, mais une caractéristique de la vie chrétienne.
Après tout, la repentance est un don de Dieu à ses enfants, qu’ils doivent pratiquer au même titre que tout autre don spirituel. Nous devons apprendre, surtout ceux d’entre nous qui viennent des milieux évangéliques, à considérer la conversion sur le long terme, non pas comme un événement unique absolument mémorable et intense en émotions, mais comme un long chemin d’apprentissage, parsemé d’événements uniques dont certains sont en effet mémorables et parfois riches en émotions.
Le point important sur lequel je souhaite insister est que nous devons considérer la repentance comme un don précieux de la part de Dieu, pour toute notre vie chrétienne3. Ce n’est pas seulement le païen étranger à la maison qui a besoin de la repentance, mais aussi l’enfant légitime dans la maison du Père4.
A chaque fois que nous chutons, le Saint Esprit nous permet de nous repentir dans les larmes et d’expérimenter la reconnaissance et la joie envers le pardon que Dieu nous accorde par sa miséricorde en Jésus Christ.
Mais cette joie que nous ressentons face à la grâce que notre Père nous accorde n’est pas seulement quelque chose d’individuel, qui ne nous concerne que nous. Cette joie est partagée par nos frères et sœurs dans la foi ici-bas, par les anges dans les cieux qui contemplent avec émerveillement l’Évangile à l’œuvre parmi les êtres humains et, plus étonnant encore, cette joie est partagée par Dieu lui-même5. La repentance d’une âme perdue est une source de joie pour elle-même, pour tout le corps de Christ sur terre, pour l’Église dans les cieux et pour Dieu lui-même. C’est un sujet de réjouissance et de fête, car il n’y a rien de plus merveilleux qu’une âme qui est arrachée de l’enfer et qui progresse vers la Jérusalem céleste6.
La repentance du pécheur est un sujet de réjouissance et de fête, car il n’y a rien de plus merveilleux qu’une âme qui est arrachée de l’enfer et qui progresse vers la Jérusalem céleste.
Oui notre joie doit transparaître dans nos cultes. Mais pas n’importe quelle joie. Comme toute émotion dans la vie chrétienne, elle doit être motivée par le bon motif. Nous ne voulons pas manifester de la joie simplement pour paraître joyeux ou pour attirer du monde. Nous voulons exprimer notre joie car nous comprenons l’étendue de la grâce que Dieu manifeste au quotidien envers chacun d’entre nous, et nous voulons partager cette joie avec les anges, l’Église dans les cieux et l’Éternel lui-même.
Alors que nos cultes soient une célébration, marquée par cette joie sincère qui suit la repentance, que ce soit la nôtre ou celle de notre frère, de notre sœur, car comme le dit ce verset : « il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. »
Illustration : Rembrandt van Rijn, The return of the prodigal son (Le retour du fils prodigue), 1636, hachures sur papier, 156 x 136 mm.
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