Prières réformées (48) : Prière pour le premier jour de l’année – Bénédict Pictet
1 janvier 2022

Pour encourager nos lecteurs dans leur dévotion et culte privé et leur faire découvrir la piété réformée, nous publierons régulièrement des prières d’auteurs réformés. Nous poursuivons avec une prière de Bénédict Pictet, tirée de son livre Prières pour tous les jours de l’année. Nous remercions Philippe Lacombe de Pensées 365 pour la mise en forme des textes.


Ô Dieu, qui est l’ancien des jours et le Père d’Éternité, le premier et le dernier, tu nous vois abattus en ta présence pour te consacrer les prémices de ce jour et de cette année, et pour te demander ta bénédiction. Nous te rendons nos actions de grâces, de ce que pendant l’année que nous avons achevé hier, tu nous as garantis de mille accidents qui pouvaient nous être funestes, et qui l’ont été à une infinité de nos frères, et nous venons te prier de nous accorder la continuation de tes grâces.

Nous bénissons ton nom de ce que tu as couvert de ton ombre et de ta protection ce pays et cette Église, pendant que la guerre a désolé tant de royaumes et de pays, et de ce que non seulement tu ne nous as pas affligés par ces terribles fléaux dont tu châties quelquefois l’ingratitude et la rébellion des peuples, mais encore de ce que tu as fait régner dans cette petite Sion l’abondance et la paix. Nous venons aussi reconnaître devant toi combien nous nous sommes rendus indignes de ton soutien, par des péchés sans nombre, que nous avons commis contre toi, et dans l’année passée et dans les autres qui l’ont précédée. Et nous venons te supplier de ne nous point faire porter la peine que nous avons justement méritée.

Regarde-nous plutôt dans tes compassions infinies, et fais-nous grâce pour l’amour de ton Bien-aimé, en qui tu prends tout ton plaisir. Souviens-toi, qu’il a satisfait ta justice pour nous ; et à cause de ce cher Fils, conserve-nous la vie, quoique nous ne méritions que la mort, et continue à répandre sur nous tes faveurs. Dans cette année nouvelle, que nous commençons aujourd’hui par un effet de ta miséricorde infinie, fais luire de nouveau sur nous la clarté de ta face ; sans toi nous ne pouvons rien ; mais avec toi nous pouvons toutes choses.

Enseigne-nous à faire ta volonté, afin que nous commencions aujourd’hui une nouvelle vie. Éclaire tellement nos esprits qui sont naturellement aveugles, que nous puissions comprendre ce que tu es, et ce que nous sommes ; ce que tu as fait pour nous, et ce que tu veux que nous fassions pour toi ; l’espérance de ta vocation, les richesses de ton héritage, la profondeur et la hauteur de ta charité, et l’obéissance que nous te devons. Sanctifie aussi nos âmes, viens-y retracer ton image, et soumets toutes nos passions à ton empire. Donne-nous une vraie foi dans tes promesses, une vive espérance, et enflamme nos coeurs d’un véritable amour pour toi, et pour notre prochain. Ne permets pas que nous occupions nos esprits à des connaissances vaines et même criminelles, comme nous ne l’avons que trop fait jusqu’à présent ; mais fais plutôt que nous travaillions à acquérir la science du salut que tu nous as révélé dans tes Écritures, et que dans cette année nous y fassions de grands progrès.

Affermis-nous dans ta vérité, afin que rien n’ébranle notre foi ; et donne-nous une si grande horreur du péché, que non seulement nous détestions tout ce qui est contraire à ta volonté, mais que nous nous abstenions de toutes les apparences du mal, et que nous vivions dans ce présent siècle sobrement, justement et religieusement. Si Satan, le monde et notre chair, nous tentent et nous sollicitent à quelque péché, quelque léger qu’il paraisse, que le respect de ta Majesté et la crainte de tes jugements nous retiennent, et fais que nous nous souvenions sans cesse que nous ne faisons rien que sous tes yeux, que tu entends tous nos discours, que tu sondes même nos coeurs, et que tu nous jugeras un jour.

Soumets toutes nos volontés à la tienne, afin que nous ne murmurions jamais contre ta Providence, de quelque manière que tu en uses avec nous. Et si notre chair orgueilleuse combat contre notre esprit, fais que notre esprit triomphe de notre chair, que la loi de notre entendement l’emporte sur la loi de nos membres, et que la loi de ton Esprit de vie nous affranchisse de la loi du péché et de la mort. Fais que dans cette année tout soit renouvelé en nous, et que nous ayons de nouveaux désirs et de nouvelles inclinations. Donne-nous un nouveau coeur et mets en nous un esprit nouveau. Fais que nous renoncions à notre avarice, à notre ambition, à notre luxe, à notre libertinage, à notre usure, et à toutes nos passions criminelles, que notre vieil homme meure, et que nous soyons revêtus du nouveau, qui est créé en justice et en sainteté ; et que laissant les choses qui sont en arrière, nous nous avancions vers celles qui sont en avant, tendant au but de notre céleste vocation.

Aie pitié de cette partie de ton Église, qui gémit sous la pesanteur de ta main. Il est temps que tu en aies compassion. Entends les cris de ton peuple, et les sanglots de l’épouse de ton bien-aimé. Regarde les masures de tes sanctuaires, et relève-les par ta puissance ; rappelle tant de troupeaux dispersés et tant de pasteurs fugitifs ! et fais que cette année soit une année de grâce, de bienveillance, de salut et de joie pour ta chère Sion. Ouvre les prisons où tes enfants sont enfermés, et rompt les chaînes dont ils sont liés. Conserve toutes les Églises qui subsistent par un effet de ta bonté ; mais surtout continue à être le protecteur de celle dont nous sommes les membres. Sois toujours son Soleil et son Bouclier, sa lumière et sa force ; que ta gloire habite au milieu d’elle, et que ta main la couvre. Dissipe tous les complots qu’on pourrait faire contre elle. Garantis-la des horreurs de la guerre, de la famine et de la peste. Inspire à toutes les puissances du monde des sentiments favorables pour cet État. Fais que la divine semence de ta parole y produise des fruits en abondance, et répands sur elle les plus douces influences de ton ciel.

Roi des rois ! bénis nos magistrats, comble-les de tes plus rares et de tes plus précieuses faveurs. Revêts-les de ton Esprit de lumière, de conseil et de force ; préside dans tous leurs conseils. Donne un heureux succès à leurs justes desseins ; et fais qu’ils n’aient point d’autre but que ta gloire, l’avancement du règne de ton Fils, le bien de cette Église et le bonheur de cet État, afin qu’un jour ils soient couronnés dans ton ciel. Fais que toutes les puissances de la terre te rendent leurs hommages, et qu’elles se soumettent à l’empire de ton Fils, afin que tes enfants vivent heureux sous leur domination.

Souverain Pasteur de nos âmes, bénis tous ceux que tu as appelés pour nous conduire dans la voie du salut, et pour nous découvrir les vérités de ton royaume. Donne-leur dans cette nouvelle année, une nouvelle mesure de ton Esprit, qui leur enseigne ce qu’ils doivent enseigner à ton peuple, qui leur inspire ce qu’ils doivent dire de ta part, qui les embrase d’un saint zèle, afin qu’ils fassent ton oeuvre avec une ardeur, une activité et une vigilance qui ne se relâche jamais. Accompagne leur ministère de ta bénédiction, afin qu’ils puissent confondre tous les ennemis de la vérité, corriger les pécheurs, ramener tous ceux qui s’égarent, consoler les affligés, abattre aux pied de la croix de ton Fils les âmes les plus orgueilleuses, et ranger tous les coeurs sous son obéissance, et qu’ayant amené plusieurs à la justice, ils soient introduits dans le séjour éternel de ta gloire, où ton Agneau sera leur Pasteur. Répands aussi tes bénédictions sur ceux qui se consacrent au saint ministère, et sois toi-même leur docteur et leur maître.

Bénis toutes les familles qui composent cette Église, de tout âge, de tout sexe et de toute condition ; vieillards, hommes faits, jeunes gens et enfants, citoyens et bourgeois, habitants, étrangers, et ceux que les malheurs du temps ont contraint de chercher ici un asile, pour te servir selon les lumières de leur conscience, tous en particulier, chacun selon la vocation dont tu l’as honoré, et selon l’état où il se trouve. Conserve ceux qui sont en santé ; rétablis ceux qui sont malades, si tu le juges à propos, pour ta gloire et pour leur salut.

Sois le Protecteur des innocents, le mari des veuves, et le père des orphelins. Sois le trésor des pauvres, et fais que ceux à qui tu as donné des biens en fassent un bon usage. Console tous les affligés, et réjouis-les par les assurances de ta grâce. Bénis ceux qui s’attachent aux belles-lettres, et ceux qui portent les armes. Bénis ceux qui veillent pour notre garde, ceux qui défendent la juste cause des personnes à qui l’on fait tort, et ceux qui s’emploient à la guérison des malades. Bénis le commerce de ceux qui négocient et les travaux des artisans. Dans ce jour, répands sur nous toutes les bénédictions les plus rares. Voici, nous ne te laisserons point aller que tu ne nous aies bénis.

Fais qu’aujourd’hui et pendant tout le cours de cette année, nous pensions sérieusement à la fragilité de notre vie, qui s’en va comme une ombre, et que nous nous disposions à la mort, en vivant toujours comme devant mourir, et en pratiquant les vertus chrétiennes que tu nous ordonnes. Si tu veux que nous achevions l’année que nous commençons par ta grâce, fais que nous l’employions toute à ta gloire, et à nous avancer tellement dans notre sanctification, que nous nous trouvions l’année suivante, plus saints que nous ne sommes aujourd’hui, plus zélés pour ta gloire, plus détachés du monde et plus attachés à ton service. Qu’aucun jour ne se passe sans que nous ayons fait plusieurs actes de piété envers toi, et des oeuvres de charité envers nos frères.

Mais si tu veux que cette année soit la dernière de notre vie, ne permets pas, ô Dieu ! que la mort nous surprenne dans un mauvais état, et fais-nous connaître notre fin, afin que nous nous y préparions et que nous l’attendions comme un bon serviteur attend la venue de son maître, et qu’ainsi nous puissions espérer d’entrer dans ces nouveaux cieux, où la justice habite, et où nous ne compterons plus nos années et nos jours, mais où nous commencerons une année nouvelle, qui ne finira point, où nous ne serons plus exposés à la rigueur des saisons et aux injures de l’air, où ton Fils sera notre soleil, qui ne se couchera jamais, et où nous serons rendus semblables à lui.

Amen.


Illustration en couverture : Eastman Johnson (1824-1906), Child at prayer, 1873.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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