Où reposer notre âme ? — Elisabeth Elliot
12 mai 2022

Elisabeth Elliot, l’épouse du missionnaire et martyr Philip James Elliot, écrivit plusieurs lettres pour conseiller sa fille Valérie qui allait se marier. Nous reproduisons ici un extrait où celle-ci témoigne de la façon dont la liturgie l’aide à ne pas disperser ses pensées sous l’effet de ses émotions variables mais à trouver un point d’accroche pour son âme.


Tous les dimanches matins à l’église, nous redisons un credo. Tu connais le texte : « Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, Créateur de toutes choses, les visibles et les invisibles1». Cette affirmation n’a rien à voir avec mes opinions ou mes émotions : c’est l’affirmation d’un fait objectif, accepté par la foi. Et quand debout parmi d’autres chrétiens, je redis cette affirmation, je ne parle pas du tout de moi. Ce que je dis, en ce qui me concerne, c’est simplement que je me soumets à ces vérités. C’est là que je me tiens, c’est la réalité.

Quand je vais à l’église, très souvent (presque toujours, j’en ai peur !), mes sentiments prédominent en moi. C’est naturel. Nous sommes humains, nous sommes « nous », éprouver un sentiment ne nous demande nul effort. Mais l’adoration de Dieu n’est pas un sentiment. Ce n’est pas quelque chose que nous éprouvons : c’est une action qui exige une discipline. Nous avons à adorer « en esprit et en vérité ». Ne nous inquiétons pas de nos sentiments : c’est en dépit d’eux que nous avons à adorer.

M’apercevant que mes pensées se dispersent dans toutes les directions et qu’il me faut les ramener au bercail comme des brebis capricieuses, je m’agenouille avant que commence le service divin et je prie pour être libérée de la vague de préoccupation de moi même, de mes intérêts personnels, et pour me tourner vers Dieu pendant cette courte durée d’une heure. […]

Quand debout, je dis le credo, je m’élève aux vérités éternelles, bien au delà de tout ce qui n’a pas grande importance c’est à dire, ce que je ressens, ce que j’ai à faire en sortant de l’église, ce qu’un tel m’a dit ou m’a fait. J’accroche mon âme à ces crampons fermes, à ces « je crois ». Et je suis fortifiée. […]

Si je crois vraiment ces grandes choses que nous disons et chantons ensemble, alors il sera pris soin de ces petites choses (et qu’est ce qui n’est pas petit en comparaison ?). Je me situe. Je m’oriente. J’ai besoin de le faire souvent, plus souvent, me semble t-il, à l’heure actuelle où tant de gens ne savent plus où ils en sont. »

Elisabeth Elliot, Je veux vivre ma féminité, Telos, 1977.

Elisabeth Elliot et sa fille (à gauche) dans un reportage après le martyre de son mari en mission en Équateur.

Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre. Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la vierge Marie. Il a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour, il est ressuscité des morts. Il est monté au ciel, il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant, d’où il viendra pour juger les vivants et les morts. Je crois en l’Esprit saint, je crois la sainte Église catholique2, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle. Amen.

Le symbole des apôtres.

Nous croyons en un seul Dieu Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ; engendré et non fait, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait ; qui pour nous hommes et pour notre salut est descendu des cieux, s’est incarné par le Saint-Esprit, de la Vierge Marie et s’est fait homme ; qui en outre a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert, a été enseveli et est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures ; qui est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père, d’où il viendra avec gloire juger les vivants et les morts ; dont le règne n’aura pas de fin. Nous croyons au Saint-Esprit, Seigneur et vivifiant, qui procède du Père et du Fils, doit être adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les saints prophètes. Et l’Église, une, sainte, catholique2 et apostolique. Nous confessons un seul baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Ainsi-soit-il.

Le symbole de Nicée-Constantinople, version latine.

Illustration de couverture : Jules Breton, Un Repos dans les champs, huile sur toile, 1866 (collection privée).

  1. Il semble s’agir du symbole de Nicée, sans les modifications apportées par le concile de Constantinople.[]
  2. C’est-à-dire universelle, le terme n’étant pas réservé pour la communion romaine.[][]

Vanessa Georgel

Épouse et maman, juriste en droit du travail et actuellement mère au foyer, passionnée par Christ, Vanessa s'intéresse à l'art, la littérature et aux découvertes théologiques que lui partage son mari.

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