Ce qui suit est un sermon du pasteur réformé Jean-Henri Merle d’Aubigné (1794-1872), célèbre pour ses livres sur l’histoire de la Réformation, sur le célèbre verset de Josué 24,15 : “Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel”. Comme annoncé dans un précédent article, il est prévu que plusieurs textes sur le culte domestique paraissent sur le site et cette publication relève donc de ce projet.
Le sermon comporte deux parties principales, l’une détaillant les raisons d’établir un culte de famille et l’autre donnant quelques directions simples pour ce culte. J’ai légèrement modernisé l’orthographe1, sans changer la formulation et ajouté quelques titres et sous-titres pour structurer la lecture.
Que je meure de la mort des justes, et que ma fin soit semblable à la leur ! Nous vous l’avons dit, mes frères, dans une autre occasion, si nous voulons mourir de leur mort, il faut aussi vivre de leur vie. Sans doute il est quelques cas où le Seigneur manifeste sa grâce et sa gloire à l’homme déjà couché sur son lit de mort, et lui dit, comme au brigand sur la croix : « Tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis. » Le Seigneur donne encore, de temps en temps, à l’Église de tels exemples, afin de montrer ainsi sa souveraine puissance par laquelle il peut, comme il lui plaît, briser les cœurs les plus endurcis, et convertir les âmes les plus éloignées, afin de faire voir que tout dépend de sa grâce, et qu’il fait miséricorde à qui il fait miséricorde. Mais ce ne sont que des exceptions bien rares, sur lesquelles vous ne pouvez absolument compter ; et, si vous voulez avoir une mort chrétienne, mes chers auditeurs, il vous faut avoir une vie chrétienne, un cœur vraiment converti au Seigneur, vraiment prêt pour le royaume, et qui, se fiant uniquement à la grâce de Christ, désire d’aller auprès de lui. Or, mes frères, il est divers moyens par lesquels vous pouvez vous préparer, pendant la vie, à obtenir un jour une fin bienheureuse. C’est de l’un des plus efficaces que nous voulons vous entretenir aujourd’hui. Ce moyen est le culte domestique, c’est-à-dire cette édification que prend en commun, tous les jours, une famille chrétienne. « Pour moi et ma maison, nous servirons l’Éternel », dit Josué à Israël.
Nous désirons, mes Frères, vous présenter les motifs qui doivent nous porter à prendre cette résolution de Josué, et les directions nécessaires pour l’accomplir.
Motifs
Le culte domestique a accompagné de tout temps le peuple de Dieu
Le culte domestique est la plus antique, aussi bien que la plus sainte des institutions. Ce n’est pas quelqu’une de ces innovations contre lesquelles on se trouve facilement prévenu : il commence avec le monde même.
Il est évident que le premier culte que le premier homme et ses enfants rendaient à Dieu, ne pouvait être que le culte domestique, puisqu’ils étaient alors la seule famille qui existât sur la terre. Alors on commença, dit l’Écriture, à invoquer le nom de l’Éternel. Le culte domestique dut être même plus longtemps encore le seul culte rendu en commun à Dieu ; car la terre devant être alors peuplée, chaque chef de famille allait s’établir à part ; et, sacrificateur de Dieu dans les lieux qui lui étaient échus en partage, il présentait au Seigneur de toute la terre, avec sa femme, ses fils, ses filles, ses serviteurs et ses servantes, l’hommage qui lui appartient. Ce ne fut que peu à peu que les hommes se multipliant infiniment, il arriva que des familles diverses habitèrent près les unes des autres ; alors leur vint l’idée de présenter à Dieu une adoration commune : et le culte public naquit. Mais le culte domestique était devenu trop précieux aux familles des enfants de Dieu pour qu’ils l’abandonnassent ; et s’ils se mirent à adorer Dieu avec des familles étrangères, à combien plus forte raison durent-ils persister à l’adorer avec leurs familles propres ?
Aussi, quand, quittant le berceau de l’espèce humaine, nous nous transportons sous les tentes des patriarches, nous y retrouvons ce culte des familles. Allons avec les anges dans les plaines de Mamré, lorsqu’Abraham est assis à la porte de sa tente pendant la chaleur du jour entrons-y avec lui, et nous verrons le patriarche rendre avec toute sa maison un culte commun à l’Éternel. « Je sais, dit l’Éternel, parlant de ce père des croyants, je sais qu’il commandera à ses enfants, et à sa maison après lui, de garder la voie de l’Eternel pour faire ce qui est juste et droit. »
Un culte public est établi par Moïse ; il donne des ordonnances multipliées ; un temple magnifique doit être élevé. Le culte domestique ne sera-t-il pas alors aboli ? Non, à côté de ce temple et de toute sa magnificence, la plus chétive maison des fidèles doit être remplie de la parole de Dieu. « Ces paroles que je te commande aujourd’hui, dit l’Éternel par Moïse, seront dans ton cœur : tu les enseigneras soigneusement à tes enfants, et tu t’en entretiendras quand tu demeureras en ta maison, quand tu voyageras, quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras. » Josué, dans notre texte, déclare au peuple qu’il peut, s’il le veut, adorer des idoles, mais qu’il ne se mêlera point à leurs fêtes profanes, et que, seul retiré dans sa maison, il servira avec les siens l’Éternel. Job, se levant de bon matin, sanctifie ses enfants ; il offre des holocaustes selon le nombre de ses enfants, disant : « Peut- être que mes enfants auront péché ! » David, dont toute la vie est une adoration continuelle de Dieu, et pour lequel un jour passé dans les parvis de l’Éternel vaut mieux que mille jours passés ailleurs, ne néglige point l’autel domestique, et s’écrie : « Les choses que nos pères nous ont racontées, nous ne les cèlerons point à nos enfants. »
Nous transportons-nous dans les temps où notre Sauveur parut, nous voyons l’instruction domestique dans toutes les familles pieuses d’Israël. C’est ainsi que saint Paul peut dire à Timothée : « Dès ton enfance tu as la connaissance des saintes lettres qui te peuvent rendre sage à salut. Je me souviens de la foi sincère qui a premièrement habité en Lois, ta grand mère, et en Eunice, ta mère, et je suis persuadé qu’elle habite aussi en toi. »
Jésus, pendant son ministère, jette les fondements du culte domestique des chrétiens, quand il dit : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, j’y suis aussi avec eux. » Saint Paul le recommande en disant : « Conduisez honnêtement vos propres maisons, tenant vos enfants soumis en toute pureté de mœurs ; entretenez-vous par des psaumes, des cantiques et des chansons spirituelles ; chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur ; rendant toujours grâces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ à notre Dieu et Père. »
Oui, mes frères, si nous pénétrons dans ces humbles maisons des premiers chrétiens, après avoir été sous les tentes des patriarches, nous y retrouverons ce même culte de famille offert au Seigneur ; nous entendrons de loin ces chants qui vont peut-être révéler l’existence des disciples du crucifié aux persécuteurs et à leur glaive, mais qu’ils font monter avec joie devant le trône de leur Sauveur, parce qu’il vaut mieux le craindre que de craindre les hommes ; nous les verrons rassemblés autour de ces saints Livres, qu’ils cachent ensuite avec soin, afin de les dérober aux recherches de ceux qui veulent les détruire.
Un illustre docteur de l’Église, Clément d’Alexandrie, vers le commencement du troisième siècle, recommande à des époux chrétiens de faire de prières communes, et, d’une lecture commune de la Bible, leur occupation journalière du matin ; puis il ajoute : « La mère est la gloire des enfants, la femme est la gloire du mari ; ils sont les uns et les autres la gloire de la femme, et Dieu est leur gloire à tous. » Et un autre docteur, non moins célèbre, Tertullien, fait peu auparavant cette admirable description de la vie domestique de deux époux chrétiens. « Quelle union que celle qui existe entre deux fidèles qui ont en commun une même espérance, un même désir, un même ordre de vie, un même service du Seigneur : tous deux, comme frère et sœur, unis et selon l’esprit et selon la chair, se jettent ensemble à genoux ; ils prient et jeûnent ensemble ; ils enseignent, ils exhortent, ils se supportent mutuellement avec douceur ; ils sont ensemble dans l’église de Dieu, à la cène du Seigneur ; ils partagent les peines, les persécutions, les joies ; l’un ne cache rien à l’autre, l’un n’évite point l’autre ; ils visitent les malades, ils secourent les nécessiteux ; l’on entend retentir parmi eux des psaumes et des hymnes ; ils rivalisent à qui chantera le mieux du cœur à son Dieu. Christ a de la joie en voyant et entendant ces choses : il leur envoie sa paix. Là où deux se trouvent ainsi, il s’y trouve aussi lui-même ; là où il est, là n’est pas le malin. »
Quittant les humbles maisons des premiers chrétiens, nous voyons, il est vrai, le culte domestique devenir peu à peu plus rare ; mais comme il reparaît avec éclat à l’époque de la Réformation ; et quelle influence il exerce alors sur la foi, les mœurs, le développement intellectuel de tous les peuples qui reviennent au christianisme primitif ! Il n’est pas loin le temps où il se trouvait encore dans toutes les familles évangéliques. Si nos pères ont été déjà privés de sa lumière, nos aïeux l’ont encore connue. Il fleurissait surtout dans les provinces évangéliques de royaume, et l’on en trouve sans doute encore, nous l’espérons, de nombreux et précieux débris.
Mes frères, telle a donc été en tout temps la vie de la piété ! Et nous, voulons-nous être chrétiens, ou voulons-nous ne pas l’être ? Voulons-nous inventer un genre nouveau de piété qui s’accorde fort bien avec le monde, ou voulons-nous retenir celle que Dieu a ordonnée ? En voyant ce culte qui, des tentes des patriarches passe dans les maisons des premiers chrétiens, et s’établit enfin dans les demeures de nos pères, ne dirons-nous pas : « Pour moi et ma maison , je servirai aussi l’Éternel ! »
La vie de famille nous offrent de multiples occasions de prier
Mais, mes frères, si l’amour de Dieu est dans votre cœur, si vous sentez qu’étant rachetés à grand prix, vous devez glorifier Dieu dans vos corps et dans vos esprits qui lui appartiennent, où aimerez-vous à le glorifier, si ce n’est dans votre famille et dans votre maison ? Vous aimez à vous joindre à vos frères dans les temples pour lui rendre une adoration publique ; vous aimez à épancher devant lui vos cours dans votre cabinet. Sera-ce seulement quand vous serez avec la personne avec laquelle il a associé votre vie et avec vos enfants, que vous ne sauriez vous occuper de Dieu ? Sera-ce précisément alors que vous n’aurez pas de bénédictions à rendre ? Sera-ce précisément alors que vous n’aurez pas de grâces, pas de protection à demander ? Vous vous occuperez de tout avec eux. La conversation roulera sur mille objets divers ; mais votre langue et votre cœur ne trouveront pas une parole pour Dieu ? Vous ne vous élèverez pas en famille à celui qui est le véritable père de votre famille ; vous ne vous entretiendrez pas avec votre femme et vos enfants de celui qui sera peut-être un jour le seul époux de votre femme, le seul père de vos enfants ?
Dieu étant le créateur de la famille, elle doit être ordonnée à sa gloire
C’est l’Évangile qui a formé la société domestique, elle n’existait pas avant lui ; elle n’existe pas hors de lui : il semblerait donc que cette société devrait, pleine de reconnaissance pour le Dieu de l’Évangile, lui être particulièrement consacrée ; et pourtant, mes frères, que d’unions, que de familles qui se nomment chrétiennes, qui ont même du respect pour la religion, et où il n’est jamais question de Dieu ? Que de cas où des âmes immortelles, qui ont été unies, ne se demandent jamais qui les a rachetées, qui les a unies, quel est leur sort, leur avenir, leur but ? Que de cas où, cherchant à s’entr’aider pour toute autre chose, on ne pense pas à s’entr’aider pour la seule chose nécessaire, à avoir une conversation, à faire une lecture, à prononcer une prière qui ait rapport à des intérêts éternels !
Époux chrétiens ! n’est-ce donc que selon la chair et pour le temps que vous voulez être unis ? N’est-ce pas aussi selon l’esprit et pour l’éternité ? N’êtes-vous donc que des êtres qui vous êtes rencontrés par hasard, et qu’un nouveau hasard, celui de la mort, séparera bientôt ? Ne voulez- vous pas être unis de Dieu, en Dieu et pour Dieu ? La religion veut unir vos âmes de liens immortels ! Mais ne les rejetez pas, resserrez-les au contraire tous les jours davantage par les dévotions du toit domestique. Des voyageurs, qu’un même vaisseau renferme, s’entretiennent du lieu où ils vont : et vous, voyageurs sur un même navire vers un monde éternel, vous ne parleriez pas de ce monde, de la route qui y conduit, de vos craintes, de vos espérances ?…. « Il y en a plusieurs qui marchent d’une telle manière, que je vous ai souvent dit, et maintenant je dis encore en pleurant, qu’ils sont ennemis de la croix de Christ, dit saint Paul ; mais pour nous notre conversation est dans les cieux , d’où aussi nous attendons le Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. »
Les parents doivent avoir soin non seulement du bien physique mais aussi spirituel de leurs enfants
Mais si vous devez pour vous-mêmes vous occuper de Dieu dans vos maisons, ne le devez-vous pas pour ceux de votre maison dont les âmes vous ont été confiées, ne le devez-vous pas surtout pour vos enfants ? Vous vous occupez beaucoup de la prospérité, du bonheur temporel des vôtres : mais tous ces soins ne feraient-ils pas ressortir plus fortement encore votre négligence par rapport à leur prospérité et à leur bonheur éternels ? Vos enfants sont de jeunes arbres qui vous ont été confiés ; votre maison est la pépinière où ils doivent croître, vous en êtes le jardinier. Hélas ! les planterez-vous dans un sable stérile, ces jeunes et précieux arbustes ? Et c’est pourtant là ce qui arrive, s’il n’y a rien dans votre maison qui puisse les faire croître dans la connaissance et l’amour de leur Dieu et Sauveur. Ne leur préparerez-vous pas un terrain favorable et propre à leur donner la sève et la vie ? Que deviendront-ils, vos enfants, au milieu de toutes les séductions qui les entoureront et les entraîneront au mal ? Que deviendront-ils dans ce siècle agité, où il est si nécessaire d’affermir par la crainte de Dieu l’âme du jeune homme, et de donner ainsi à ce frêle navire le lest nécessaire avant de le lancer sur la vaste mer ?
Parents, que vos enfants ne trouvent pas dans vos maisons l’esprit de la piété ; mettez votre orgueil au contraire à les parer de toutes sortes de dons extérieurs, à les introduire dans toutes les sociétés du monde, à leur accorder toutes leurs fantaisies, à les laisser marcher selon leur propre train, et vous les verrez vains, orgueilleux, paresseux, désobéissants, impudents, extravagants ! Ils vous traiteront avec mépris, et plus vous en aurez été épris, moins ils vous regarderont ! C’est là ce qui ne se voit que trop souvent : mais demandez-vous si vous n’êtes pas responsables de leurs mauvaises habitudes et de leurs méchantes pratiques, et votre conscience vous répondra que vous l’êtes, que vous mangez maintenant le pain d’amertume que vous vous êtes vous-mêmes préparé. Puissiez vous apprendre de là quel a été votre péché envers Dieu, en négligeant les moyens qui étaient en votre pouvoir pour agir sur leur cœur, et puissent d’autres être avertis par votre malheur, et élever leurs enfants selon le Seigneur !
Le culte domestique est particulièrement adapté pour les enfants
Rien de plus salutaire pour cela que l’exemple de la piété domestique. Le culte public est souvent pour des enfants trop vague, trop général et ne les intéresse pas assez : quant au culte particulier, ils ne savent encore comment s’y prendre. Des leçons proprement dites, si elles étaient seules, leur feraient peut-être trop facilement regarder la religion comme une étude semblable à celle des langues étrangères ou de l’histoire. L’exemple, ici comme partout, et bien plus que partout, fera plus que la leçon. Il ne s’agit pas seulement de leur enseigner, au moyen de quelque livre élémentaire, que c’est leur devoir d’aimer Dieu, mais il faut leur montrer qu’on l’aime. S’ils voient qu’on ne rend aucune adoration à ce Dieu dont on leur parle, les meilleures instructions deviendront inutiles ; mais au moyen du culte domestique, ces jeunes plantes croîtront comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux, qui rend son fruit en sa saison, et duquel le feuillage ne flétrit point. Vos enfants pourront quitter le toit paternel ; mais ils se rappelleront dans des contrées lointaines les prières du toit paternel, et les prières du toit paternel les protégeront. « Si quelqu’un a des enfants ou des enfants de ses enfants, qu’il apprenne premièrement à montrer sa piété envers sa propre maison, dit l’Écriture. Que si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle. »
Le culte domestique anticipe le ciel
Et quelle douceur, quelle paix, quelle véritable félicité une famille chrétienne ne trouvera-t-elle pas en établissant au milieu d’elle l’autel domestique et s’y réunissant pour sacrifier au Seigneur ! C’est là l’occupation des anges dans le ciel ; et bienheureux sont ceux qui anticipent sur ces pures et immortelles joies ! « Voici, que c’est une chose bonne, que c’est une chose agréable que les frères s’entretiennent, qu’ils s’entretiennent, dis-je, ensemble ! C’est comme cette huile précieuse répandue sur la tête, laquelle découle sur la barbe d’Aaron, et sur le bord de ses vêtements : car c’est là que ľEternel a ordonné la bénédiction et la vie à toujours. » Ô quelle grâce, quelle vie nouvelles la piété répand dans une famille ! Dans une maison où Dieu est oublié, il y a de la sécheresse, de l’humeur, de l’ennui. Sans la connaissance et l’amour de Dieu, une famille n’est qu’une agrégation d’individus qui peuvent avoir les uns pour les autres plus ou moins d’affection naturelle ; mais le véritable lien, l’amour de Dieu notre Père en Jésus-Christ notre Seigneur, manque.
Les poètes sont remplis de belles descriptions de la vie domestique ; mais, hélas ! que la réalité est loin souvent de ces peintures ! Quelquefois ce sera le manque de confiance en la providence de Dieu, quelquefois l’amour des richesses, quelquefois une différence dans les caractères, quelquefois une opposition dans les principes… Oh ! que de troubles, que de misères dans le sein des familles ! La piété domestique préviendra tous ces maux : on y puisera une confiance parfaite dans le Dieu qui nourrit les oiseaux du ciel : on y puisera un amour véritable pour tous ceux avec lesquels on est appelé à vivre ; non pas un amour exigeant, susceptible, mais un amour miséricordieux qui excuse et qui pardonne, comme celui de Dieu lui-même ; non pas un amour orgueilleux, mais un amour humble et accompagné du sentiment de ses propres défauts, de sa propre misère ; non pas un amour changeant , mais un amour immuable comme l’éternelle charité. « Une voix de chant de triomphe et de délivrance, retentit dans les tabernacles des justes ! »
Le culte de famille comme préparation à l’épreuve
Et quand l’heure de l’épreuve viendra, cette heure qui sonne tôt ou tard et souvent bien plus d’une fois dans les maisons des hommes ; quelle puissante consolation apportera la piété domestique ! Où se passent les épreuves, si ce n’est dans le sein des familles ? Où doit donc être établi le remède à l’épreuve, si ce n’est au sein des familles ? Qu’une famille est à plaindre quand elle est dans le deuil et qu’elle n’a pas cette consolation-là ! Les diverses personnes qui la composent augmentent mutuellement leur tristesse. Mais si au contraire cette famille aime Dieu, si elle a coutume d’invoquer en commun le saint nom de Dieu, duquel provient toute épreuve, ainsi que toute grâce excellente, comme les âmes abattues seront relevées ! Les restes, les débris de la famille se réunissent autour de la table sur laquelle se trouve le livre de Dieu, ce livre où ils lisent les paroles de la résurrection, de la vie et de l’immortalité, où ils trouvent les gages certains du bonheur de celui qui n’est plus dans leurs rangs et ceux de leur propre espérance. Le Seigneur se plaît à leur envoyer en abondance le Consolateur : l’Esprit de gloire et de Dieu repose sur eux ; un baume ineffable est versé dans leurs plaies, et y répand une grande douceur ; la paix se communique d’un cœur à un autre cœur. Ils goûtent des moments d’une joie toute céleste : « Quand je marcherais
par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent. Éternel ! tu fais remonter mon âme du sépulcre ! Il n’y a qu’un moment en ta colère, mais toute une vie en ta faveur ; la lamentation loge-t- elle le soir chez nous, le chant de triomphe y est le matin . »
Le culte domestique transforme la société
Et qui peut dire, mes frères, quelle influence la piété domestique aurait sur la société tout entière ? Quels encouragements au devoir tous les hommes ne peuvent-ils pas y trouver, depuis le chef de l’État jusqu’au plus humble artisan! Comme tous s’y accoutumeraient à marcher, non pas seulement en vue des hommes, mais en vue de Dieu ! comme chacun y apprendrait à être content de l’état où il se trouve ! De bonnes habitudes seraient prises ; la voix puissante de la conscience serait fortifiée ; la prudence, la décence, les talents, les vertus sociales se développeraient avec une force toute nouvelle. Voilà ce que nous pouvons attendre pour nous-mêmes et pour la société : « la piété a les promesses de la vie présente et de la vie qui est à venir. »
Directions
Un culte vivant et vrai
Si vous voulez profiter de tous les bienfaits du culte domestique, que devez-vous faire ? Quelle direction devez-vous suivre ? Il nous reste, mes frères, à vous en donner quelques-unes. Et d’abord, autant qu’il est en vous, que ces exercices de la piété domestique ne soient pas dépourvus d’esprit, de vérité et de vie ; qu’ils ne consistent pas seulement à faire certaines lectures, à réciter certaines formules où le cœur n’est pour rien. Il vaudrait peut-être mieux une absence totale de dévotion domestique que d’en avoir une semblable. Ces formes mortes se sont encore souvent trouvées dans les familles. Mais, à l’époque présente, où l’Église cherche partout à sortir de ses ruines, et où le vent, dont parle Ézéchiel, souffle partout sur les ossements desséchés pour leur donner la vie, il faut revenir au culte domestique, et le ressusciter, non pas dans son état de dépérissement et de mort, mais dans un état de force et de vie. Que ferons-nous pour y parvenir ? Livrons-nous aux exercices de la piété domestique, non pas tant comme à une œuvre pieuse que nous voulons remplir, car alors nous pourrions tomber ou dans l’écueil que nous venons de signaler, ou dans l’orgueil ; non, livrons-nous-y plutôt comme des créatures pauvres qui veulent avoir quelque chose des meilleures richesses, comme des êtres qui ont faim, et qui veulent avoir aussi quelque nourriture pour ce qu’il y a de plus grand en eux. Faites-le par devoir, si vous voulez, mais beaucoup plus encore par besoin. Le petit enfant sait bien demander ou un morceau de pain, ou même le lait de sa mère ; ne saurons-nous pas aller demander à Dieu son lait spirituel et pur ? « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! »
Un culte selon la diversité des occasions
Une seconde règle que nous vous donnerons, mes frères, c’est de ne pas vous attacher trop exclusivement, trop servilement à quelque forme particulière. Établissez d’abord un tel culte d’après vos besoins et d’après ceux de votre maison : entière liberté ; peut-être un jour de telle manière, et peut-être un autre jour de telle autre ; une fois long, une autre fois court. Peut-être vaudra-t-il mieux d’abord que cet exercice n’embrasse pas tous les individus de la maison, mais ait lieu dans un cercle plus resserré, plus intime ; vous en aurez ainsi plus de facilité et d’édification. Suivez ces diverses inspirations ; l’important est que Dieu ne soit pas oublié sous votre toit domestique : « Tenez-vous fermes dans la liberté à l’égard de laquelle Christ vous a affranchis, et ne vous soumettez plus au joug de la servitude. »
La lecture de la Parole, premier élément du culte domestique
Mais qu’est-ce qui devra donc remplir ces moments donnés à Dieu ? En premier lieu, et comme cela est bien naturel, la lecture de la parole de Dieu ; quelques fois peut-être celle d’autres ouvrages chrétiens. Combien de familles, dont ce livre admirable, ce livre des nations, a été, dans tous les siècles, et est encore le plus précieux trésor ! Combien de maisons où la sainte Bible a répandu la justice, la paix, la joie par le Saint-Esprit, la soumission à toute autorité instituée de Dieu. Les divers livres qui composent la Bible sont presque chacun d’un genre différent : il serait difficile de renfermer une plus grande diversité dans un même volume, quoiqu’il y ait partout le même esprit de Dieu. Cette circonstance la rend singulièrement propre à faire la nourriture des familles, et de là vient qu’il est tant de familles pauvres et obscures, parmi les nations protestantes, qui, avec ce livre-là, se passent aisément de tous les autres, sont amenées par lui, non seulement à la possession de la vie éternelle, mais encore à un développement remarquable d’intelligence. L’enfant, le vieillard, la femme, l’homme fait y trouvent également ce qui les intéresse et les élève à Dieu. Il y a là les situations de la vie. Quelles abondantes consolations, toutes les âmes agitées, affligées, mais fidèles, n’ont-elles pas puisées sans cesse dans les psaumes du Roi-Prophète ! Il est convenable de lire de suite un livre tout entier, mais il n’est pas nécessaire de suivre l’ordre dans lequel les divers livres se trouvent rangés dans le volume sacré. Au contraire, il sera bon peut-être de passer du Nouveau Testament à l’Ancien, de l’Ancien au Nouveau ; de l’un des Évangiles, par exemple, à l’un des Prophètes (qu’il est magnifique cet Ésaïe, et comme il pénètre jusqu’au fond de l’âme !), de l’un des Prophètes à l’une des Épîtres des Apôtres, et puis à l’un des livres historiques de l’Ancien Testament. Il est désirable que celui qui lit en fasse quelque application. Vous savez parler sur toute lecture que vous avez faite ; ici seulement les sentiments et les paroles vous manqueront-ils ? Ne trouvez-vous rien là-dedans qui soit applicable à l’état de votre cœur, à la situation de votre famille, au caractère de l’un de vos enfants ? Lisez toujours ce livre, non pas comme une histoire des temps passés, mais comme une parole écrite pour vous, adressée maintenant à vous ; vous trouverez bien de quoi y répondre. Cependant, si rien ne vous est donné, contentez-vous de demander à l’Esprit saint de faire porter à sa Parole dans les cœurs les fruits qu’il lui a promis. « Comme la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent plus, mais arrosent la terre, et la font produire et germer, tellement qu’elle donne la semence au semeur, et le pain à celui qui mange, ainsi sera ma parole qui sera sortie de ma bouche ; elle ne retournera point vers moi sans effet, mais fera tout ce en quoi j’aurai pris plaisir, et prospérera dans les choses pour lesquelles je l’aurai envoyée. »
La prière, deuxième élément du culte domestique
Un second acte du culte sera la prière commune. Il y a sans doute de bonnes prières écrites, mais ne sauriez-vous donc prier vous-même à haute voix ? Vous savez bien parler à un ami, pourquoi ne sauriez-vous parler à Dieu ? N’est-il pas votre premier et plus intime ami ? Il est si facile de s’approcher de lui quand c’est au nom de Christ crucifié qu’on s’avance : « Tu es un Dieu extrêmement facile à trouver, dit David. Il nous entend, dit-il, avant que nous ayons parlé. » Si vous priez bas, ne pouvez-vous pas prier haut ? Ne vous inquiétez pas tant de vos paroles : « La prière demande plus de cœur que de langue, plus de foi que de raisonnement. » Combien ne pourra-t-il pas être salutaire, par exemple, qu’un père ou une mère de famille prient à haute voix pour leurs enfants présents, et entrent devant Dieu dans le détail de leurs fautes, lui demandant son aide et sa grâce. Et que de fois une famille ne se trouve-t-elle pas dans une position qui l’appelle à faire monter sa prière devant Dieu, pour une délivrance, pour des secours, pour des consolations. « Vous me chercherez et vous me trouverez après que vous m’aurez cherch” de tout votre cœur, dit l’Éternel. »
Le chant, troisième élément du culte domestique
Un troisième acte de culte qui, s’il est possible, devrait faire partie des dévotions domestiques, ce sont les chants. L’homme a maintenant associé le chant à ses occupations, et surtout à tous ses plaisirs ; mais louer Dieu a été certainement sa destination première. C’est à cela que le Roi-Prophète le consacra, ne le consacrerons nous pas de même ? Si l’on chante dans les maisons tant de choses profanes, pourquoi n’y chanterait-on pas à l’honneur du Dieu qui nous a créés et qui nous a sauvés ? Il y a plus, si l’on y chante souvent des choses sacrées pour la beauté des accords, pourquoi ne les chanterait-on pas avec humilité et ferveur pour célébrer l’Éternel ? « Exhortez- vous l’un l’autre par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels avec grâce, chantant de votre cœur au Seigneur. »
Quand rendre le culte domestique à Dieu ?
Mais, dira-t-on peut-être, à quel temps penserons-nous ainsi à Dieu, et nous approcherons-nous ensemble de lui ? Je répondrai au temps que vous voudrez, au temps qui vous conviendra le mieux, qui vous dérangera le moins dans vos autres occupations. D’ordinaire c’est le soir ; peut-être à cause de la fatigue de la journée, vaudrait-il mieux que ce fût le matin, ou plutôt et le matin et le soir. Après que vous avez pris votre nourriture du matin, ou même pendant que vous la prenez, ce temps qu’on emploie d’ordinaire, ou à ne rien dire, ou à dire des riens, ne pourriez vous pas le consacrer à lire ou entendre lire quelques paroles qui vous élèvent à Dieu ? Je vais commencer la journée par la première fonction de l’être animal ; mais toi, mon âme, être spirituel et immortel, ne feras-tu rien, ne recevras-tu rien maintenant ? Je vais nourrir mon corps de ce que Dieu a créé ; mais toi, mon âme, réveille-toi, et nourris-toi maintenant du Créateur ! Ô Éternel, tu es mon partage à toujours ! Ô Dieu, tu es mon Dieu fort ! je te cherche dès le matin ! Quelle bénédiction, mes frères, un tel commencement apportera sur toute la journée, et dans quelles heureuses dispositions ne nous mettra-t-il pas !
Et vous, parents chrétiens, que le soir du jour du Seigneur, ce moment où les enfants de parents irreligieux courent, se livrent à la dissipation, vous soit surtout précieux et sacré ! Instruisez alors les vôtres dans la voie du Seigneur, et votre instruction en ce moment sera plus particulièrement bénie, pourvu que vos enfants vous voient vraiment sérieux dans l’œuvre que vous faites.
L’essentiel : une vie qui soit un culte
À tout cela, mes frères, ajoutez l’essentiel, une vie en accord avec la sainteté du culte que vous rendez à Dieu. Que vous ne soyez pas deux hommes différents, devant l’autel de Dieu et dans le monde, mais soyez vraiment un seul homme. Que votre conduite, durant toute la journée, soit un commentaire vivant de ce que vous aurez lu, entendu ou dit à l’heure du recueillement. Mettez en exécution la Parole et ne l’écoutez pas seulement, en vous décevant vous-mêmes par de vains discours ; car le sacrifice des méchants est en abomination à l’Éternel, mais la requête des hommes droits lui est agréable.
Conclusion
Voilà le culte domestique. Nous vous rappelons, mes chers auditeurs, tous les motifs qui doivent en hâter l’établissement dans vos familles, et nous vous sollicitons tous, mais particulièrement les époux, les pères et les mères de famille, de mettre la main à la charrue.
Direz-vous : « Mais ce serait une chose si étrange ! » Quoi donc, mes frères ! n’est-ce pas une chose bien plus étrange, qu’une famille qui fait profession d’être chrétienne, qui fait profession d’avoir une espérance ferme pour l’éternité, s’avance vers cette éternité sans qu’il y ait au milieu d’elle aucun signe de cette espérance, aucune préparation, aucune conversation, peut-être, hélas ! aucune pensée ?… Oh ! que cela est étrange !
Direz -vous : « Mais c’est une chose peu réputée, peu glorieuse, à laquelle serait attachée je ne sais quelle honte ! » Et qui est donc le plus grand, ce père de famille des temps meilleurs qui était aussi sacrificateur de Dieu dans sa maison, et qui relevait sa propre autorité paternelle, et lui donnait une onction divine, en fléchissant lui-même le genou, avec ses enfants, devant son Père et leur Père à tous, ou cet homme du monde de nos jours, dont l’esprit n’est occupé que de poursuites vaines, qui oublie les destinées éternelles de ses enfants et sa propre destinée, et dont la maison est vide de Dieu ?… Oh ! quelle honte !
Mais dites-vous encore : « D’autres temps, d’autres mœurs : ces choses étaient bonnes alors ; mais maintenant tout a changé ! » C’est précisément parce que tout a changé, qu’il faut se hâter de relever, au sein des familles, l’autel domestique, de peur que les faibles liens qui retiennent encore ces familles ne se dissolvent, et qu’elles n’entraînent dans leur ruine et l’Église et l’État. Ce n’est pas quand la maladie s’est répandue avec une grande violence que les remèdes deviennent inutiles ; et, avant de désespérer de la vie d’un homme, on lui donne au moins les plus puissants préservatifs.
Ainsi donc, vous qui, par la grâce de Dieu, avez de bonnes dispositions, de bonnes résolutions, faites un essai ; ne vous découragez pas ; faites-en un autre ; ayez votre recours dans la prière ; demandez à Dieu de vous guider lui-même, de vous soutenir, de vous faire réussir ; demandez à Jésus-Christ d’être avec vous, puisque là où il y en a deux ou trois en son nom, il y est.
Mais, mes frères, pour qu’un autel puisse être élevé à Dieu dans votre maison, il faut, avant tout, qu’un autel lui soit élevé dans votre cœur ! Et cet autel s’y trouve-t-il ? je vous le demande, mes frères, s’y trouve-t-il ? Ah ! si je pouvais tirer le voile, si je pouvais voir et pénétrer maintenant dans les cœurs de ceux qui m’écoutent ! Qu’y verrais-je ? Ou plutôt, Seigneur ! que vois-tu dans nos cœurs, toi pour qui il n’existe aucun voile et pour qui tout est nu et à découvert ! Vous, mon cher auditeur, je découvre en votre cœur un autel élevé aux plaisirs et à la mondanité ; c’est là que vous sacrifiez le matin ; c’est là que vous sacrifiez surtout le soir ; et la fumée qui s’en élève vous remplit, même pendant la nuit, d’ivresse et d’étourdissement. Vous, mon cher auditeur, je découvre dans votre cœur un autel élevé aux biens de la terre, aux richesses, à Mammon. Vous, mon cher auditeur, j’y trouve un autel élevé à vous-même… Vous êtes l’idole que vous adorez, que vous exaltez par-dessus tout, pour laquelle vous désirez toutes choses, et aux pieds de laquelle vous voudriez voir tout le monde se prosterner ! Mes frères y a-t-il un autel élevé au seul Dieu véritable et vivant dans votre cœur ? Êtes-vous le temple de Dieu, et l’esprit de Dieu habite-t-il en vous ? Tant qu’il n’y a point d’autel érigé à Dieu dans votre âme, il ne peut point y en avoir dans vos maisons, car « quelle participation y a-t-il de la justice avec l’iniquité ? et quelle communication y a-t-il de la lumière avec les ténèbres ? et quel accord y a-t-il de Christ avec Bélial ? et quelle convenance y a-t-il du temple de Dieu avec les idoles ?…”
Convertissez-vous donc en vos cœurs ! mourez au monde, au péché, à vous-mêmes surtout, et vivrez à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Christ vous a rachetés à grand prix, âmes immortelles ! Il a donné pour vous toute sa vie sur la croix : et sachez que « si un est mort pour tous, c’est afin que tous ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais afin qu’ils vivent en nouveauté de vie pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » « C’est pourquoi sortez du milieu des idoles, dit le Seigneur, et ne touchez à aucune chose souillée, et je vous recevrai, et je vous serai pour père, et vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, Dieu tout-puissant. »
Ô heureuse famille, mes frères, que celle qui a embrassé ce Dieu qui a dit : « J’habiterai au milieu de vous et j’y marcherai, et vous me serez pour fils et pour filles. » Heureuse pour le temps, heureuse pour l’éternité ! Comment pouvez-vous espérer de vous rencontrer avec les vôtres auprès de Christ dans le Ciel, si vous n’avez pas cherché avec eux Christ sur la terre ? Comment vous retrouver en famille là-haut, si vous ne vous êtes pas occupés en famille ici-bas des choses de là-haut ? Mais quant à la famille chrétienne qui aura été unie en Jésus, sans doute, elle se retrouvera auprès du trône de la gloire de Celui qu’elle aura aimé sans l’avoir vu. Elle n’aura fait qu’échanger sa maison chétive et périssable, contre la maison immense et éternelle de Dieu. Au lieu d’une humble famille de la terre, unie à toute la famille des cieux par les mêmes liens, elle sera devenue une famille innombrable et glorieuse. Elle entourera avec les cent quarante-quatre mille le trône de Dieu, et dira, comme elle disait sur la terre, mais avec joie et avec gloire : « Seigneur, tu es digne de recevoir gloire, honneur et puissance ! »
Ô mes frères, s’il était seulement un seul père ou une seule mère de famille qui prissent maintenant la résolution de se rassembler autour du Seigneur ! s’il était seulement une seule personne qui, ne se trouvant pas encore dans des liens domestiques, prît la résolution d’élever un autel à Dieu dans sa maison, quand elle aura formé de tels liens, et fît, en effet, dans quelques années, en sorte que sur elle et les siens descendissent d’abondantes bénédictions, je rendrais grâces à Dieu d’avoir parlé ! Ô mon cher auditeur ! puisse le Seigneur avoir tellement touché votre âme, que vous vous écriiez maintenant : « Pour moi et ma maison, nous servirons l’Éternel ! Amen. »
Illustration en couverture : Jan Steen, La prière avant le repas, 1660.
- Il s’agit exclusivement de l’ajout de la lettre finale t dans des mots au pluriel comme enfants, parents, etc.[↩]
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