Recevez avec douceur la Parole de Dieu (2/3)
3 mars 2024

Voici la deuxième partie d’un nouveau sermon sur l’épître de Jacques. Ce sermon suivra le plan suivant :

1/3 : Notre estime de la Parole

2/3 : Notre écoute de la Parole

3/3 : Notre réception de la Parole


Notre écoute de la Parole

Péricope

Sachez-le, mes frères bien-aimés. Ainsi, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère; car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de malice, recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous, et qui peut sauver vos âmes.

Jacques 1,19-21.

Dans la première partie du sermon, nous avons commencé à répondre à la question suivante : Quelle est la manière la plus appropriée et efficace d’écouter et de recevoir la parole de Dieu pour le salut de mon âme ? Nous avons vu qu’il fallait avant tout considérer avec révérence l’autorité suprême de la Parole, notamment car elle est celle de Dieu. Ayant établi cela, voyons maintenant comment nous devons écouter la Parole.

Car avant de recevoir le contenu de la Parole, eh bien, il faut l’écouter, et l’écouter d’une certaine façon. Car nous savons tous ici que nous pouvons écouter ce que nous dit une personne de bien des manières différentes, et que la manière dont nous écoutons ce qu’on nous dit traduit les dispositions de notre cœur, et détermine aussi le résultat de notre écoute.

Je vous donne un exemple pour illustrer cela. J’imagine que la majorité d’entre nous est allée à l’école. Dans une salle de classe, vous avez à peu près tous les profils d’élèves. Il y a ceux qui dorment et qui ne peuvent donc même pas entendre ce que dit l’enseignant. Il y a ceux qui sont tellement perdus dans leurs pensées ou occupés à faire autre chose qu’ils entendent, mais n’écoutent pas, car il y a bien une grande différence entre entendre le professeur, et l’écouter : entendre c’est une faculté physique passive ; si vos oreilles fonctionnent, vous entendrez. Écouter rajoute au fait d’entendre un minimum d’implication, de concentration, et de volonté de comprendre ce qui est dit.

Et on peut finalement diviser les élèves qui écoutent en deux sous-catégories. Il y a ceux qui écoutent dans le but de provoquer le professeur à la moindre occasion, par une blague, une question déplacée, ou en le contredisant. Et enfin il y a ceux que le professeur préfère : ceux qui écoutent attentivement et calmement dans le but d’apprendre et de progresser.

Vous voyez bien que chacune de ces attitudes traduit assez facilement la disposition et les motivations de l’élève, et détermine aussi ces résultats futurs. L’élève qui dort montre très clairement qu’il n’a que faire de ce que le professeur lui enseigne, qu’il n’a pas de respect pour lui, et ses résultats scolaires seront certainement très mauvais. Il en va de même, dans une moindre mesure, pour l’élève qui ne fait qu’entendre. Il en va de même pour l’élève qui écoute, certes, mais pour provoquer le professeur : Il manifeste un vrai manque d’intérêt pour le contenu, de respect pour l’enseignant, et probablement qu’il ne retiendra pas grand-chose de ce qui est dit, et que ses résultats seront également mauvais.

Finalement, il n’y a que le dernier groupe qui traduit à la fois un vrai intérêt pour le contenu de l’enseignement, pour ses progrès scolaires, un vrai respect pour l’enseignant, et qui très probablement obtiendra de bons résultats.

D’ailleurs, il y a un autre aspect qu’il est intéressant de mentionner : il n’y a que ce dernier groupe qui favorise aussi le bon apprentissage et donc les progrès des autres. Car celui qui dort, ou qui entend, ou qui écoute pour provoquer, va d’une manière ou d’une autre gêner le professeur, soit en le démotivant, soit en l’interrompant. Mais ceux qui écoutent pour progresser encouragent le professeur par leur attitude, installent un climat favorable à l’écoute, posent des questions pertinentes qui font progresser toute la classe. Ce sont également eux qui seront les plus capables d’aider les élèves en difficulté : bref, leur attitude n’est pas bénéfique que pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres. Ces élèves sont prompts à écouter, lents à bavarder et à perturber le cours. Ils ont un intérêt pour la matière, une volonté de progresser, un objectif à atteindre sur le long terme, et un respect pour le professeur car ils savent qu’il est là pour les y aider et qu’il en a la capacité.

Vous l’aurez compris, frères et sœurs, il y a beaucoup de similitudes et de parallèles à faire entre ces élèves et nous, en ce qui concerne notre écoute de la Parole, en particulier le dimanche matin. Notre disposition intérieure qui se manifeste dans notre attitude extérieure traduit très clairement l’intérêt que nous avons pour la prédication, le respect que nous avons pour Dieu à travers le prédicateur, et notre volonté de progresser spirituellement. Et tout comme l’élève, notre attitude est déterminante pour notre progrès spirituel.

Cela peut vous sembler superficiel. Peut-être que vous vous dites comme certains : « Tu ne sais pas ce qu’il y a vraiment dans mon cœur ou mes pensées, alors, ne me juge pas par ce que tu vois à l’extérieur. » Pourtant Jacques, et il n’est pas le seul, est très concerné par ce que notre attitude extérieure traduit de nos dispositions intérieures. Cela n’a rien de superficiel car Dieu nous a créés pour que notre être entier forme un ensemble cohérent. Notre bonne attitude extérieure peut favoriser de bonnes dispositions intérieures et inversement : ces deux aspects de notre être sont intimement liés.

Parmi les attitudes qui traduisent une mauvaise disposition et qui ne favorisent pas une bonne écoute, il y a par exemple le fait d’arriver en retard au culte, ou en cours de prédication. Sortir de la salle une ou plusieurs fois pour boire, manger ou même discuter en pleine prédication, somnoler devant le prédicateur. Dans tout autre contexte, ce genre d’attitude serait pris comme un manque de respect vis-à-vis de l’orateur et un manque d’intérêt pour ce qu’il dit. Mais paradoxalement, alors que nous savons que c’est Dieu qui nous parle, pour le salut de notre âme, à travers le prédicateur, nous nous autorisons bien plus de choses que nous le ferions à l’école, au travail, au cinéma, ou dans n’importe quelle conférence.

Encore une fois cela peut vous paraître superficiel mais, si vous avez du mal à vous lever le dimanche matin, que vous êtes trop fatigués durant la prédication pour garder les yeux ouverts, autant que cela est possible pour vous, vous devriez peut-être revoir votre planning pour avoir une bonne nuit de sommeil le samedi soir et être ainsi plus en forme le dimanche. Si vous avez faim au point de devoir sortir de la salle, mangez bien avant de venir ou prenez à boire et à manger avec vous dans la salle pour ne pas avoir besoin de sortir, au risque de manquer des points importants de la prédication. Si vos pensées s’évadent trop souvent, peut-être que prendre des notes pourrait vous aider à rester concentrés.

Ce n’est pas une question de capacité, car nous savons très bien que nous pouvons rester devant un film de deux heures et demie sans bouger, écouter de la musique, lire ou jouer aux jeux vidéo pendant des heures sans que notre attention ne se relâche. Ce n’est pas une question de capacité intellectuelle ou physique, mais bien de priorités, d’affections, de volonté, et d’intérêt. Notre attitude traduit l’importance que nous accordons à la Parole de Dieu et l’intérêt que nous avons pour notre croissance spirituelle.

Mais l’enjeu principal, vous l’aurez bien compris, je l’espère, ce n’est pas que tout le monde arrive à l’heure et reste bien assis, les yeux rivés sur le prédicateur. Bien sûr, comme nous venons de le voir, une bonne attitude extérieure favorisera une bonne écoute de la prédication, pour vous et pour les autres. Mais l’enjeu de ce passage, c’est l’écoute de notre cœur. Nous voulons être comme l’élève qui écoute en engageant toutes les facultés de son être parce qu’il a envie de comprendre, d’apprendre, et de progresser.

Notre attitude traduit l’importance que nous accordons à la Parole de Dieu et l’intérêt que nous avons pour notre croissance spirituelle.

Et tout ce que je dis là ne concerne pas que la prédication du dimanche, mais aussi vos temps personnels de lecture et vos cultes familiaux. Lorsque vous lisez la Bible, avez-vous un esprit et un cœur prompts à écouter Dieu et lents à parler, prompts à comprendre et lents à rétorquer ? Pouvez-vous dire que vous avez une écoute active de la Parole de Dieu, qui démontre votre soif réelle d’apprendre, de comprendre et de progresser dans votre foi ?

La mauvaise nouvelle c’est que, à cause de notre péché, nous sommes tous naturellement mal disposés, comme les trois premières catégories d’élèves qui dorment, entendent, ou écoutent pour critiquer. L’homme naturel ressent soit de l’indifférence, soit de la haine vis-à-vis de la parole de vérité. Cela change le jour où le Saint-Esprit transforme et adoucit notre cœur de pierre, ouvre nos yeux pour qu’ils voient, nos oreilles pour qu’elles entendent. À partir de ce jour-là, le Saint-Esprit qui vit en nous nous rend capables d’écouter avec envie, concentration et joie la parole de Dieu. Mais le reste de corruption qui demeure en nous peut toujours refaire surface si nous n’y prenons pas garde, car c’est un combat de chaque jour, et il est toujours possible de retomber dans nos travers d’indifférence, voir d’un certain rejet de la parole de vérité.

C’est justement pour nous préserver au maximum de cela que nous devons nous préparer, non pas seulement physiquement, mais aussi et surtout spirituellement avant, pendant et après les cultes personnels, familiaux ou publics, en priant le Saint-Esprit qu’il nous donne une bonne disposition de cœur, qu’il renouvelle notre intérêt pour la Parole, et notre zèle pour notre progrès spirituel. Une bonne écoute de la Parole de vérité est toujours le point de départ et d’arrivée d’une vie de croissance spirituelle régulière.

Mais une fois que nous avons avons fait tous nos efforts pour être dans de bonnes dispositions afin d’écouter attentivement la parole de Dieu, qui est la seule à pouvoir sauver nos âmes, il y a encore une étape à franchir, avant de mettre en pratique cette Parole : Nous devons la recevoir avec douceur.


Illustration : Edouard Dubufe (1855), La lecture de la Bible.

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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