Recevez avec douceur la parole de Dieu (3/3)
10 mars 2024

Voici la troisième et dernière partie d’un nouveau sermon sur l’épître de Jacques. Ce sermon suivra le plan suivant :

1/3 : Notre estime de la Parole

2/3 : Notre écoute de la Parole

3/3 : Notre réception de la Parole


Notre réception de la Parole

Péricope

Sachez-le, mes frères bien-aimés. Ainsi, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère; car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de malice, recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous, et qui peut sauver vos âmes.

Jacques 1,19-21

Dans les deux premières parties du sermon, nous avons commencé à répondre à la question suivante : Quelle est la manière la plus appropriée et efficace d’écouter et de recevoir la parole de Dieu pour le salut de mon âme ? Nous avons vu qu’il fallait avant tout considérer avec révérence l’autorité suprême de la Parole, notamment car elle était celle de Dieu, et que nous devions donc l’écouter attentivement. Nous sommes maintenant prêts à voir comment nous devons la recevoir.

Bien entendu, écoute et réception de la Parole sont fortement liées. Généralement, un cœur mal disposé à l’écoute, que ce soit par négligence ou rejet, ne sera pas bien disposé à recevoir cette Parole. Mais il peut aussi arriver que nous tenions en haute estime la parole de Dieu car nous savons qu’elle nous sauve et nous sanctifie, que nous soyons réellement bien disposés à l’écouter, mais que nous ne recevions pas avec douceur ce que nous lisons ou écoutons.

Comment cela se fait-il ?

J’ai volontairement gardé de côté ces mots de Jacques au verset 19 : soyez lents à parler, lents à vous mettre en colère, car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu pour les traiter avec les versets 20 et 21, car tout cela est très lié.

La colère face à l’incompréhension

Si l’on reprend la métaphore de l’élève, nous voulons être comme celui qui écoute en engageant toutes ses facultés parce qu’il a envie de comprendre, d’apprendre, et de progresser. Cet élève-là n’interrompt pas le professeur, il ne le contredit pas. Il prend d’abord le temps de comprendre et d’assimiler réellement ses enseignements avant même de poser des questions pour mieux comprendre.

Car Jacques ne dit pas seulement que nous devons être prompts à écouter, mais aussi lents à parler et lents à nous mettre en colère. nous ne voulons pas être comme l’élève qui écoute, certes, mais pour provoquer ou contredire. Nous ne devrions pas lire la Parole ou écouter la prédication avec un esprit de confrontation, comme si nous étions à égalité avec Dieu, voir au-dessus de lui.

Lorsque vous lisez des passages que vous ne comprenez pas, ou que vous écoutez des enseignements compliqués, voir perturbants pour vous, ce qui peut légitimement arriver, prenez d’abord le temps d’écouter, d’essayer de vraiment comprendre, de creuser davantage, avant de parler et d’argumenter avec la Parole. Vous comprenez de quel état d’esprit je parle ? Celui où dès que nous rencontrons un point de friction entre nous et la Parole, notre réflexe est d’argumenter avec Dieu, de l’interrompre, de parler à sa place, dans nos pensées.

N’oublions jamais, comme nous l’avons vu dans le premier point, que c’est Dieu qui nous parle. Sa Parole est la vérité et nous sommes nés de nouveau par elle. Si nous ne comprenons pas, ou si nous sommes dérangés par ce qu’elle dit, probablement que le problème n’est ni chez Dieu, ni dans sa Parole, mais chez nous. Donc notre premier réflexe, lorsque nous ne sommes pas à l’aise avec ce que dit la Parole de Dieu, ne devrait pas être de remettre en question, critiquer ou rejeter, mais plutôt de continuer à écouter, à méditer, à prier, à poser des questions de manière humble et sincère, et d’être patient, le temps que le Saint-Esprit clarifie les choses pour nous et travaille notre cœur pour que nous puissions recevoir ses enseignements.

Encore une fois cela est paradoxal, et nous voyons cette attitude surtout chez le chrétien jeune dans la foi : tout le monde trouve normal que devenir un spécialiste dans quelque domaine que ce soit prenne des années d’études et de recherches sérieuses. Mais certains chrétiens veulent résoudre et comprendre les mystères les plus profonds que Dieu nous a révélés en quelques minutes. Et parfois ils s’agacent que cela soit si compliqué et reprochent à leur pasteur, ou même à Dieu, de ne pas avoir rendu les choses plus simples.

Mais nous parlons des vérités les plus vertigineuses de l’univers. Les attributs de Dieu, la Trinité, sa souveraineté absolue, sa puissance infinie, l’enfer, la vie éternelle. Et nous aimerions comprendre exhaustivement ces choses en quelques minutes ou que le pasteur y réponde en une phrase simple. Nous nous agaçons lorsque nous ne comprenons pas assez vite, nous nous emportons facilement dans nos discussions avec un frère qui a un point de vue différent du nôtre, parfois même nous nous énervons contre Dieu dans nos lectures ou dans nos prières de ce que nous ne comprenons pas ce qu’il dit dans sa Parole. Le diable et notre chair peuvent même dans ces moments-là nous tenter d’aller chercher des réponses plus simples et plus rapides vers des sources que Dieu n’a pas du tout prévues pour cela, et nous nous mettons à dénigrer la suffisance des Écritures.

Et lorsque nous sommes ainsi prompts à parler, plutôt que d’écouter Dieu nous parler, prompts à notre mettre en colère plutôt que de rester humbles et patients, alors nous empêchons la justice de Dieu de s’accomplir, comme le dit Jacques au verset 20.

Car la justice de Dieu qui s’accomplit en nous, c’est la sanctification. C’est la régénération instantanée au moment de la conversion, et progressive par la sanctification, que le Saint-Esprit opère en nous par la parole de vérité. Et si nous empêchons cette Parole de nous parler en l’interrompant, en rétorquant, en fermant nos oreilles ; alors nous nous coupons nous même de la seule source qui, comme le dit Jacques à la fin du verset 21, peut sauver nos âmes.

Nous voyons à quel point notre orgueil et notre impatience peuvent s’élever entre nous et la parole de Dieu et nuire à notre progrès spirituel.

C’est Dieu qui s’est révélé à nous. Nous n’en avions rien à faire de Dieu, nous ne vivions que pour nous et nos idoles. Il s’est révélé à l’humanité par sa création, par les patriarches, les prophètes, Israël, la loi, les rois, et ultimement Jésus-Christ, qui a achevé son œuvre de révélation en clôturant les Saintes Écritures à travers ses apôtres et leurs disciples directs. Il arrivait que Pierre lui-même comprenait difficilement ce que Paul écrivait dans ses lettres, et nous voudrions arriver, fraîchement converti, ou même après des années de vie chrétienne, à lire ces passages et en comprendre toutes les subtilités les plus complexes en quelques minutes ? Dans ces moments-là, nous voyons à quel point notre orgueil et notre impatience peuvent s’élever entre nous et la parole de Dieu et nuire à notre progrès spirituel.

la colère face à notre péché

Au-delà de ces incompréhensions qui peuvent nous agacer, il arrive souvent que la Parole, comme un miroir, nous renvoie une image de nous même que nous n’aimons pas. Nous disons souvent que nous lisons la Parole, mais c’est en réalité plus elle qui nous lit, qui nous scanne. Et lorsqu’elle expose clairement nos manquements, nos failles et nos péchés, comme sur une radiographie, le réflexe de notre chair, c’est de nous défendre et d’argumenter contre la Parole, disant en nous-mêmes : « Oh ce n’est pas si grave, je n’en suis pas là. J’en fais déjà assez ailleurs je n’ai pas besoin de travailler en plus dans ce domaine-là. Je ne suis pas concerné par cette exhortation. »

Mais lorsque le Saint-Esprit a décidé de travailler nos cœurs sur un péché en particulier, que nous faisons mine de ne pas voir, et que nous nous sentons repris à chaque page comme si la Bible entière s’était mise tout à coup à ne parler que de cela, que le pasteur a l’air de nous reprendre personnellement à chaque prédication, que nos frères semblent prier sans le savoir pour nous à chaque réunion ; alors notre chair s’agace, et se met en colère. Il arrive souvent que nous passions par ce stade avant de nous repentir, car nous sommes orgueilleux, nous avons honte, et nous ne voulons pas avouer que nous sommes bien pire que l’image que nous aimerions renvoyer aux autres. Et si nous en restons à ce stade de colère, nous empêchons aussi la justice de Dieu de s’accomplir en nous, car nous résistons volontairement au travail évident que le Saint-Esprit veut opérer dans notre cœur.

C’est notre impatience et notre orgueil qui sont à l’origine de cette colère qui empêche la justice de Dieu de s’accomplir.

Jacques rend cela encore plus clair au verset 21, en faisant une nouvelle transition : C’est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de malice, recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous, et qui peut sauver vos âmes.

Nous pourrions paraphraser ce qu’il dit ici de cette manière : Comme votre colère empêche la justice de Dieu de s’accomplir, rejetez toute souillure et tout excès de malice. Rejetez le péché qui vous empêche de recevoir avec douceur la parole de vérité.

L’excès de malice, comme nous l’avons vu, c’est le fait d’aborder la parole de Dieu avec suffisance, comme si nous étions égaux avec Dieu. Nous manquons de patience face aux passages compliqués, nous nous autorisons à mettre de côté ce qui ne nous plaît pas, nous argumentons facilement avec la Parole et le pasteur, nous nous emportons rapidement dans les débats et discussions théologiques ; bref, nous nous croyons bien plus intelligents et sages que nous le sommes en réalité, et nous péchons par excès de malice.

Et la souillure dont parle Jacquesn c’est bien entendu le reste de corruption que nous avons en nous, et comme nous venons de le voir, qui cherche à éviter les exhortations de la Parole qui nous concerne, et lorsqu’elle ne peut plus les éviter, se met en colère, avant d’être vaincue par le Saint-Esprit qui nous pousse à la repentance et à la sanctification.

Frères et sœurs, nous devons rejeter cette souillure et cet excès de malice, car ils entravent notre croissance spirituelle. Même si nous tenons la parole de Dieu en haute estime et que nous sommes bien disposés à l’écouter, si nous ne faisons pas réellement tous nos efforts pour rejeter notre souillure et notre excès de malice, alors nous écouterons certes, mais nous serons incapables de recevoir avec douceur la parole qui peut sauver nos âmes. C’est pourquoi, une nouvelle fois, nous devons tout faire pour être dans les meilleurs dispositions pour écouter, et prier pour que le Saint-Esprit prenne le dessus sur notre orgueil et notre impatience.

La Parabole des terrains

Finalement, lorsque nous avons fait tout cela, nous sommes prêts à recevoir avec douceur la parole qui a été plantée en nous, et qui peut sauver notre âme.

Nous recevons avec douceur la Parole lorsque nous faisons tout l’inverse de ce que nous venons de considérer. Christ nous appelle à lui ressembler en étant doux et humbles de cœur. Cela est vrai de manière générale, mais en particulier face à la parole de Dieu. Tout comme l’élève humble, patient et travailleur, nous devons recevoir l’enseignement de Dieu avec humilité et douceur.

Cela ne veut pas dire ne jamais faire part de nos incompréhensions, même de nos frustrations, notamment dans la prière. Les Psaumes sont remplis d’exemples de cela. Cela ne veut pas dire non plus que nous ne devons jamais poser de questions, ou contredire un frère sur un sujet théologique. Mais vous aurez compris, je l’espère, qu’il s’agit de faire tout cela avec humilité, douceur, patience, et amour les uns pour les autres.

Si nous appliquons sérieusement ces principes, alors nous devrions parvenir à faire fructifier la Parole qui a été plantée en nous, et qui peut sauver nos âmes.

Pourquoi Jacques dit-il : qui peut sauver nos âmes ? Pourquoi évoque-t-il ici une potentialité, une éventualité, et non une certitude ? Les mots qu’il a choisis ici font directement référence à la parabole de Jésus sur les différents types de terrains. Dans cette parabole, le semeur est le prédicateur, la graine la Parole, et les terrains nos cœurs. Il y a des cœurs si durs que la Parole s’y heurte et ne peut même pas y germer. Il y a des cœurs où la Parole est plantée, mais dont l’attachement à ce monde, au péché, et la crainte des hommes sont trop grands et finissent par étouffer la Parole et la rendre inefficace pour leur salut. Et enfin il y a les cœurs où la Parole est plantée, où elle peut germer, grandir et finir par devenir un arbre qui donne de bons fruits.

Ce que Jacques nous enseigne c’est que si nous n’y prenons pas garde, nous pouvons être comme les terrains où le soleil brûle et où les ronces étouffent la graine qui a été plantée. C’est une réalité, que la Parole peut être plantée en nous, mais que par notre attitude, nous pouvons l’empêcher de croître. Et si nous faisons cela, elle ne pourra, en effet, sauver notre âme.

C’est pourquoi tout ce que nous venons de considérer, frères et sœurs, est loin d’être superficiel, même lorsqu’il s’agit de se coucher tôt, de manger avant le culte, de ne pas sortir de la salle, de prier pour que nous ayons un cœur doux et soyons humbles face à la Parole. Car c’est en faisant tout cela que nous entretenons un terrain propice à la croissance de la Parole qui a été plantée en nous.

Je n’ai pas le temps de rentrer dans les détails et ce n’est pas le but ici. Mais sachez que cette parabole ne suppose pas la perte du salut. Les élus de Dieu appartiennent tous à la dernière catégorie de terrain où la Parole se développe et dont l’âme sera sauvée. Mais notre responsabilité face à cette exhortation, c’est de nous demander si nous faisons tout notre possible, en tant qu’enfant de Dieu, pour entretenir un terrain propice à la croissance de cette graine qui est semée en nous, dévotion après dévotion, prédication après prédication.

Car il ne s’agit pas que du début, mais bien de toute notre vie chrétienne. Nous sommes quotidiennement appelés à combattre le péché, à entretenir un cœur doux et humble face à Dieu et sa Parole, afin de coopérer avec le Saint-Esprit dont l’objectif est de faire fructifier la parole de vérité en nous, pour notre salut.

La parole de Dieu est parfaitement et éternellement efficace. Si elle est plantée et si elle croît dans notre cœur, elle accomplira son œuvre de salut en nous, il n’y a aucun doute. Mais c’est une réalité que notre attitude peut favoriser ou entraver cette œuvre de restauration. Alors si le salut de notre âme compte pour nous, sachons faire tous nos efforts pour favoriser le travail de la Parole en nous.

Conclusion

Quelle est la manière la plus appropriée et efficace d’écouter et de recevoir la Parole de Dieu pour le Salut de notre âme ?

Prenons tout d’abord le temps de nous rappeler ce que nous tenons entre nos mains. Ceci est la Parole de Dieu. La Parole de Dieu a créé l’univers. Christ est la Parole de Dieu. Ce livre n’est comparable à aucun autre, et il mérite toute notre considération, car il n’est pas seulement admirable de manière impersonnelle, mais c’est par lui que Dieu nous a fait naître de nouveau. Si vous êtes une nouvelle créature, justifiée en Christ et éternellement unie à lui, adoptée dans la famille de Dieu, c’est grâce à cette parole de vérité qui a été semée en vous. Prenons le temps de méditer régulièrement sur ce qu’est la Bible et l’héritage qui est le nôtre aujourd’hui grâce à elle. Cela devrait nous aider à avoir une attitude appropriée lorsque nous la lisons ou l’écoutons prêchée.

Ensuite, faisons réellement tous nos efforts pour être dans les meilleurs dispositions d’esprit, de cœur et de corps lorsque nous la lisons, et en particulier lorsque nous participons au culte le dimanche. Car de mauvaises dispositions peuvent au mieux ralentir, et au pire stopper notre croissance spirituelle. Ayons une attitude qui favorise notre écoute efficace, et celle des autres, dans nos réunions publiques.

Et enfin prions, prions et prions encore, pour que le Saint-Esprit adoucisse continuellement nos cœurs, afin que notre orgueil et notre impatience n’entravent pas notre croissance spirituelle. Souvenons-nous de la grâce et de l’amour immenses que Dieu nous a manifestés en nous faisant naître de nouveau, et qu’il a accomplit cela par sa Parole. C’est pour notre bien qu’il nous y a révélé des choses parfois dures à comprendre. C’est pour notre bien qu’il nous reprend, qu’il nous corrige par elle. Toutes ces choses sont des manifestations d’amour de Dieu à notre égard, alors apprenons à les recevoir ainsi, humblement, et avec gratitude.

Car c’est en apprenant à écouter et à recevoir humblement la Parole de vérité que notre âme sera sauvée.


Illustration : Edouard Dubufe (1855), La lecture de la Bible.

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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