Cet article est issu d’une discussion sur notre groupe Telegram « PLF Lectures Bibliques » associé à notre plan de lecture, d’où le style plus léger.
Deutéronome 19,21 (NEG1979) : ²¹Tu ne jetteras aucun regard de pitié : œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied.
Ce verset (et ses deux autres occurrences) sont souvent employés pour dénigrer la loi de Moïse comme quelque chose d’archaïque qui inciterait à la violence de tous contre tous. Il faut toutefois noter qu’ici (comme à chaque fois), ce langage est employé dans un langage juridique. Ce n’est pas à moi de prendre l’oeil pour l’oeil et la dent pour la dent : il est question, au v. 18, de juges, Il est donc question ici d’une sentence judiciaire.
Les modernes caricaturent cette formule comme si elle était l’expression d’un système qui encourage les vendettas personnelles. En réalité, ce que cette disposition indique, c’est la nécessité d’une réponse pénale adaptée à la gravité des crimes et délits.
Et ce qui est à craindre, c’est que, si nos sociétés occidentales modernes ont beau soupçonner la barbarie et l’archaïsme derrière ce genre de langage, c’est en fait leur propre système judiciaire qui manque trop souvent au devoir de proportionnalité des peines, avec une tendance à privilégier les droits des délinquants et criminels plutôt que ceux des victimes et de leurs proches.
Objection : Ce que je lisais quand j’étais chez les libéraux, cela dit, c’était que c’était une loi plus clémente que les pratiques des voisins, qui suivaient plutôt la logique de la vendetta.
→ Certes, des évangéliques disent la même chose, dans le but de dire que dent pour dent est un progrès pour l’époque… même si bien sûr ça reste en deçà de ce qui est souhaitable selon eux. Mais si on comprend que la formule vise le caractère parfaitement proportionné des peines, alors comment dire que cela reste en deçà de ce qui est souhaitable ?
Au demeurant, sur la question de la peine de mort (le texte dit vie pour vie), on fait souvent valoir en faveur de l’abolition que la mort du coupable n’ôte pas la douleur des familles endeuillées. Cela est tout à fait vrai : rien ne soulage la douleur de la perte violente d’un être cher. Mais le fait de ne même pas chercher à rétablir un semblant d’ordre, d’harmonie, dans la société troublée par un crime odieux ajoute à la douleur incommensurable de la perte de l’être cher, le sentiment d’injustice relatif à l’impunité du coupable, ou au moins au caractère insuffisant de la peine prononcé par le juge.





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