La dignité du nom de Dieu
19 avril 2020

Cet article est une adaptation de l’invitation à l’adoration que nous faisons à chaque début de nos cultes à l’Église Bonne Nouvelle. Ce format court, dévotionnel, et porté sur l’adoration de notre Dieu, nous semble pouvoir être une lecture édifiante pour nos âmes au jour du Seigneur. Cet article est à lire en lien avec le troisième commandement des tables de la loi, en Exode 20,7 : « Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain ; car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain. »


Le verset à la base de cette méditation est le suivant :

Je célébrerai le nom de Dieu par des cantiques,
Je l’exalterai par des louanges.

Psaume 69,30.

Si nous, chrétiens, nous réunissons le dimanche pour ensemble adorer le même Dieu, c’est parce qu’il s’est révélé à nous afin que nous puissions le connaître. Il s’est fait connaître à nous en tant qu’êtres humains à travers la révélation générale dans sa création1, et en tant que membres de son peuple à travers la révélation spéciale dans sa Parole2.

Tout acte de révélation de la part de Dieu envers ses créatures est un don de grâce. C’est sur ce point spécifique, déterminant pour les temps d’adoration que nous rendons à Dieu, en particulier le dimanche, que je voudrais attirer votre attention dans cet article. Dieu s’est progressivement révélé tout au long de l’Histoire, de plus en plus précisément, jusqu’à venir lui-même sur terre, vivre au milieu des hommes en la personne de Jésus-Christ, Dieu fait homme, la Parole faite chair. C’est pour nous un privilège immense de nous trouver de ce côté-ci de la croix, à ce moment de l’histoire de la rédemption, avec une révélation si claire, parfaite, de la part de Dieu, de sa personne3.

Le simple fait que Dieu veuille se révéler aux hommes est une preuve de son amour infini, de son infinie générosité. Lorsque l’on comprend que Dieu est la source même de toutes les bénédictions les plus excellentes, qu’elles résident en lui, qu’il est lui-même le plus grand trésor qu’un homme puisse contempler, si immense, immensurable en réalité, qu’il peut le contempler mais ne peut pas le posséder, nous comprenons alors que connaître ce Dieu merveilleux de manière personnelle, intime et profonde, est le plus grand don qu’il puisse nous faire à nous ses créatures.

Connaître ce Dieu merveilleux de manière personnelle, intime et profonde, est le plus grand don qu’il puisse nous faire à nous ses créatures.

Ce Dieu transcendant est aussi immanent ; bien qu’il soit distinct et séparé de sa création, infiniment élevé au dessus de ses créatures, il a dans son immense bénévolence choisi de se révéler à son peuple par son propre nom. Ce nom qui deviendra au fil des siècles le marqueur de sa fidélité envers son alliance, jusqu’à nous aujourd’hui, son Eglise.

C’est ce grand nom, « Je suis », que Dieu donne à Moïse devant le buisson ardent4 afin que les Israélites se rappellent du Dieu dont leurs pères, Abraham, Isaac et Jacob invoquaient le nom. Ce Dieu qui scella une alliance inébranlable avec Abraham5 en engageant la seule réputation de son nom dans laquelle la captivité et la libération d’Égypte de sa descendance étaient annoncées, comme preuve que les promesses de Dieu envers Abraham et sa descendance allaient s’accomplir6. Voici de quel Dieu fidèle, tout puissant, bon, juste et miséricordieux, les Israélites esclaves en Égypte devaient se souvenir lorsqu’ils entendraient le nom de Dieu.

Ce précieux nom qui sera des années plus tard protégé par le troisième commandement, ce nom dont la profanation sera sanctionnée par la peine capitale7, tant ce qu’il renferme est saint, digne, et précieux.

C’est pour que ce nom soit connu et proclamé à travers toute la terre que Dieu a élevé Pharaon afin de le juger à travers ses prodiges8, c’est pour ce nom que le temple a été construit9 et c’est ce nom qui est devenu le sujet des chants d’Israël10. C’est dans ce nom par lequel Aaron bénissait le peuple entier lors des cérémonies, que réside la révélation de l’immanence de Dieu et de sa fidélité envers le peuple de son alliance.

Autrement dit, le privilège que nous avons d’appeler Dieu par son nom, doit nous amener à l’adorer avec révérence car il nous révèle l’infinie dignité de son être, et avec confiance et intimité, car c’est le nom par lequel notre Dieu a engagé sa réputation dans cette alliance de grâce à laquelle nous participons, et qu’il a scellée par le sang de Jésus-Christ.

Notre sauveur Jésus-Christ lui-même durant sa vie sur cette terre n’a jamais manqué d’honorer le nom de son Père. C’est en son nom qu’il est venu11, c’est pour le glorifier12 et le faire connaître13 qu’il a vécu, c’est par ce nom que ces élus sont gardés pour l’éternité 14, qu’ils sont baptisés15, que le Saint-Esprit vient habiter en eux16 et qu’ils ont la vie éternelle17.

Chers lecteurs, j’ai pris le temps de nous rappeler ces choses pour que nous puissions comprendre tout ce qui se trouve derrière nos mots lorsque nous disons que nous adorons le nom du Seigneur, que nous lui adressons nos prières en son nom, que nous écoutons sa Parole adressée en son nom. Tout ce que nous venons d’évoquer a été fait par ce nom et pour la réputation de ce grand nom, qui est infiniment digne de notre respect, de notre vénération, de notre confiance et de notre amour.

Je voudrais conclure avec ces mots de Jean Calvin qui expriment si bien la manière dont la dignité de Dieu devrait nous amener à honorer son nom dans nos pensées, notre langage, et nos actes :

« Que tout ce que notre esprit conçoit de Dieu, ou tout ce qu’en dit notre langue, soit adapté à l’excellence et à la sainteté de son nom et tende à exalter sa grandeur18. »


Illustration : Nicolaes de Bruyn, Dieu s’adresse à Moïse sur le mont Horeb, 1633, gravure sur papier, 41 x 53 cm.

  1. Romains 1:19-20[]
  2. Hébreux 1,1-4, Jean 1,14-18[]
  3. Hébreux 1,1-4[]
  4. Exode 3,14.[]
  5. Genèse 15,12-19.[]
  6. Genèse 15,13-14.[]
  7. Lévitique 24,16[]
  8. Exode 9,11.[]
  9. 1 Rois 3,2.[]
  10. Psaume 69,30.[]
  11. Jean 5,43, 10,25.[]
  12. Jean 12,28, 17,14.[]
  13. Jean 17,6.[]
  14. Jean 17,11-12.[]
  15. Matthieu 28,19.[]
  16. Jean 14,26, 16,23.[]
  17. Jean 20,31.[]
  18. Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, édition de Paul Wells et Marie de Védrines, Aix en Provence : Kerygma & Charols : Excelsis, 2009, 1515 pp.[]

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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