Cette question est des plus importantes pour comprendre le baptême. Qu’est-ce qui donne le droit à quelqu’un d’être baptisé ? Parmi les évangéliques, plusieurs diraient que l’on baptise sur la base de la régénération et de la foi de la personne. Ce n’est pas ce que pensent les réformés, ni même les premiers baptistes.
En effet, nous ne pouvons pas savoir avec certitude si une personne a la foi. On ne peut que le présumer et Dieu ne nous demande pas de baptiser sur la base d’une présomption. Les apôtres n’ont pas analysé la vie des 3000 convertis à la Pentecôte pour voir s’ils manifestaient qu’ils étaient régénérés.
Dieu nous a donné un critère objectif pour baptiser : ses promesses. Les baptistes considèrent que les promesses de Dieu sont faites à ceux qui professent la foi et que sur la base, non pas d’une régénération que Dieu seul peut connaître, mais sur la base d’une profession de foi, il faut baptiser ceux qui confessent. Les pédobaptistes sont d’accord avec cela mais vont plus loin : les promesses sont aussi faites à la descendance des croyants aussi, comme je l’ai montré plus haut.
Il est normal de ressentir une tension ici : nous sommes dans une période de « déjà et de pas encore » comme on dit en théologie. C’est-à-dire que Dieu a déjà commencé à établir son peuple sur la terre et à le sanctifier, mais que ce peuple n’est pas encore 100% pur. Il y a un décalage entre la grâce de Dieu et l’administration de l’alliance. Ou, pour dire les choses plus simplement, il y a un décalage entre l’église visible et l’église invisible.
Ultimement, uniquement les élus de Dieu devraient avoir le droit au baptême. Mais Dieu ne nous a pas donné une connaissance parfaite pour reconnaître les élus. Comme disait Charles Spurgeon, il ne leur a pas peint une barre jaune sur le dos ! Alors nous ne pouvons administrer l’alliance, c’est-à-dire ici administrer le baptême, que sur la base des promesses de Dieu. Et c’est Dieu qui l’a voulu ainsi. Nous pouvons avoir confiance dans le fait que si nous prêchons fidèlement sa Parole et administrons le baptême et pratiquons la discipline comme il le dit, il répandra sa grâce, amènera à la foi les enfants, convertira les pécheurs et aussi, parfois, purifiera son église en ôtant un membre irrégénéré par la discipline.
Mais, encore une fois, nous ne pouvons agir que sur la base de critères objectifs : la profession de foi suffit pour baptiser la personne et ses enfants et un péché manifeste sans repentance suffit pour mettre sous discipline. Cela ne veut pas dire que tous les baptisés sont régénérés, ni que tous ceux qui sont sous discipline ne le sont pas. Cela signifie simplement qu’en agissant ainsi avec foi, Dieu s’engage à lui aussi agir.
2 Timothée 2 :19 est remarquable à ce sujet : on voit ces deux vérités l’une à côté de l’autre. D’un côté seul « Dieu connait les siens », de l’autre notre travail est de rappeler à c »eux qui se réclament de son Nom » de se « détourner du mal ».
Les catholiques romains et les baptistes, chacun à leur manière, ont tendance à confondre ces deux aspects de l’Église, visible et invisible. Les premiers en croyant que baptiser fait rentrer dans l’Église invisible (c’est-à-dire que le baptême régénère), les seconds en croyant qu’il ne faut baptiser que ceux qui sont dans l’Église invisible, c’est-à-dire les régénérés.
Ainsi, je pense que si nous comprenons bien sur quelle base nous baptisons, il est beaucoup plus facile de comprendre le pédobaptême. Il est en effet clair dans la Bible que les promesses de Dieu s’adressent aux croyants et à leurs enfants. Toute l’Écriture le proclame. Et toute l’Écriture, y compris l’Ancien Testament, est notre autorité pour aujourd’hui. Souvenons que l’Ancien Testament est en quelque sorte la Bible des premiers chrétiens, l’arrière-plan avec lequel les premiers convertis abordaient ce que les apôtres enseignaient.
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