Quand nous faisons des distinctions en théologie, pour savoir si elle sont valides, il faut d’abord bien définir les termes, puis se demander si ce qu’ils désignent existe réellement. C’est ce que nous nous proposons de faire avec les termes administration et substance afin de montrer que le baptisme conduit à une incohérence logique.
Définitions
La substance de l’alliance de grâce désigne les promesses qui sont faites à celui qui croit en Jésus-Christ, qui est uni à ce Médiateur. Il est clair que de telles promesses existent.
L’administration de l’alliance désigne les moyens extérieurs par lesquels Dieu nous fait parvenir son alliance. Pour la nouvelle alliance, il y a, entre autre, les sacrements (baptême et cène) et l’écoute de la Parole. Il est aussi incontestable qu’il existe des sacrements et une parole prêchée. Il y a donc des moyens externes par lesquels Dieu nous fait parvenir son alliance.
La nouvelle alliance a donc une substance et une administration, telles que définies ci-dessus.
Des irrégénérés dans l’alliance ?
Il y a-t-il donc des irrégénérés dans l’alliance ? Si l’on considère la substance, il est très clair qu’il faut être régénéré pour croire en Christ et avoir par aux promesses. Sous cet angle donc, non.
Si l’on considère l’administration, il est indéniable que certains ont part aux moyens extérieurs par lesquels Dieu nous fait parvenir son alliance sans être régénérés. Dit autrement, il est indéniable que certains, comme Simon le Magicien, entendent la Parole, reçoivent le baptême voire la cène sans être régénérés.
C’est aussi simple que cela. Quand un presbytérien dit que des irrégénérés sont dans l’alliance, il dit quelque chose aussi simple qu’indéniable : il y a des irrégénérés qui sont baptisés. Ainsi, nier cela est incohérent avec l’expérience et l’Écriture.
Comment échapper à ce raisonnement ?
Les baptistes ont alors plusieurs manières d’échapper à cela, puisqu’ils veulent nier qu’il y a des irrégénérés qui ont part à l’administration.
Nier l’évidence
On peut être aveugle, et dire que tous les baptisés sont régénérés. Mais c’est une option qu’ils ne prennent généralement pas ne serait-ce qu’en raison de l’expérience.
Redéfinir administration
On peut redéfinir administration, mais cela n’est pas tout-à-fait honnête dans un débat de ne pas utiliser les termes de l’opposant tels qu’il les définit. Par ailleurs, les distinctions proposées sont justes car leur définition est exacte et désigne des choses qui existent réellement. Ce n’est donc pas honnête envers l’interlocuteur réformé, mais ça ne l’est pas non plus envers leur propre théologie car les baptistes appellent administration les moyens extérieurs dont Dieu se sert pour nous faire parvenir son alliance dans l’Ancien Testament mais changeraient la définition quand nous arrivons au Nouveau Testament !
Nier que la nouvelle alliance ait une administration
Je pense que c’est la solution qui est choisie le plus souvent. Elle consiste à dire que la nouvelle alliance est tellement nouvelle qu’elle n’a plus d’administration. Tous ceux qui sont dans l’alliance auraient donc part à sa substance.
Mais cela mène à plusieurs conséquences que les baptistes rejettent pourtant et qui me font dire que le baptisme est une incohérence logique, qui doit donc être rejetée :
- Cela implique que le baptême, la cène et la prédication de la Parole ne sont pas des moyens par lesquels Dieu nous fait parvenir son alliance. Car, s’ils le sont, (1) alors il s’agit d’une administration selon la définition proposée et (2) des irrégénérés ont part à cette administration.
- Cela implique que Dieu n’utilise plus de moyens extérieurs pour nous faire parvenir son alliance. La doctrine des moyens de grâce doit donc être rejetée. Mais s’il y a des moyens extérieurs de grâce, alors (1) il y a administration et (2) des irrégénérés ont part à cette administration.
- Cela implique que l’Église visible n’est pas le peuple d’alliance de Dieu. Définissons d’abord l’Église visible par l’ensemble des personnes qui ont part à l’écoute de la Parole et, à minima, au baptême. Si l’écoute de la Parole et le baptême ne sont pas des moyens d’administrer la nouvelle alliance, alors l’Eglise visible n’est pas un peuple qui a part à l’administration de l’alliance de Dieu. On peut échapper à ce raisonnement en disant que l’Église visible n’est composée que de régénérés, mais dans ce cas cette Église devient invisible puisque nous ne savons pas qui est régénéré. Il faut donc reconnaître qu’il y a un peuple composé en partie d’irrégénérés et qui est visible. Ce peuple, donc, ne serait pas le peuple de la nouvelle alliance mais serait un accident de l’histoire. Et les baptistes seraient donc coupables de créer 2 Églises, ce dont ils nous accusent très injustement : une Église visible qui n’est pas un peuple lié par voie d’alliance à Dieu et une Église invisible, qui a part à l’alliance.
- Pour soutenir leur thèse, les baptistes doivent aussi montrer que notre définition d’administration ne correspond pas à la réalité de la nouvelle alliance ou que désormais on ne peut plus distinguer participation à ces moyens externes et participation à la substance.
Deux autres voies
Il reste donc 2 seules possibilités pour quelqu’un qui veut rester intellectuellement cohérent :
- Devenir presbytérien ou, du moins, pédobaptiste.
- Rester baptiste en admettant que la nouvelle alliance a une substance et une administration et que des irrégénérés ont part à l’administration. Cela impliquerait donc de dire que les règles d’administration de l’alliance ont changé et que, bien que les enfants de croyants soient dans l’alliance, l’administration du baptême doit être différée pour eux jusqu’à une profession de foi. Ou alors il faudrait dire que les enfants ne sont pas dans l’alliance et le prouver d’une autre manière qu’en disant que des irrégénérés ne peuvent avoir part à l’administration de l’alliance, puisque c’est évidemment faux.
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