Les grands bienfaits de la souffrance
10 décembre 2018

La souffrance est mauvaise. Elle est commune à tous les hommes, même à l’Homme, Jésus-Christ. La Bible ne nous appelle pas à nier ce constat. Mais elle a mieux qu’une négation à nous offrir. Le Christianisme donne du sens à la souffrance. J’aimerai ici vous partager quelques méditations sur les grands bénéfices qu’apporte la souffrance au croyant. Et, je le répète, cela ne revient pas à dire qu’elle est bonne ni désirable.

Une bénédiction pour les autres

Adolphe Monod, pasteur réformé du XIXème siècle à Lyon, Montauban puis Paris, passa les deux dernières années de sa vie alité, touché d’un cancer le faisant grandement souffrir. Mais au milieu de sa souffrance, il partage à ses proches un réconfort qui était le sien :

Ne sentez-vous pas que tout ce qui m’arrive est propre à répandre un esprit de paix et de sérénité autour de moi, en particulier dans ma famille ? Ne sentez-vous pas que notre maison est, dans une mesure moins imparfaite qu’elle ne l’a été jusqu’ici, une maison de prières, où le nom de Dieu est constamment invoqué, comme il est constamment invoqué sur elle ?

Dit autrement, sa souffrance poussait sa famille à genoux. Et quelle grand bien d’être poussé à la prière ! Qui sait tout ce qui peut se passer dans le coeur d’un chrétien qui prie ?

Oh ! Combien mes souffrance seraient adoucies, combien elles sont adoucies par la pensée qu’elles vous sont utiles, que les paroles que je vous adresse dans mon infirmité ont pénétré dans vos coeurs par le Saint-Esprit !

Sortir de son égoïsme

Pour que notre souffrance soit utile aux autres, il convient aussi de ne pas se centrer sur elle, s’apitoyer comme si elle était tout ce qui compte. Après tout, que désirons-nous au sein de la souffrance ? La conformité au Christ et la gloire de Dieu ou le pauvre repos de la tranquillité sans la ressemblance au Christ ? Dieu pourrait nous débarrasser de la souffrance, mais il a mieux à nous offrir. Oui, il vaut mieux pour nous souffrir pour que l’oeuvre de Dieu se fasse par nous et en nous que de ne pas souffrir du tout, si c’était possible.

Si nous nous appliquons à tourner ces souffrances – celles de l’âme, de l’esprit et du corps ; toutes celles qu’il plaira à Dieu de nous envoyer – vers le bien des hommes, leur bien temporel et, surtout, leur bien spirituel, nous aurons atteint le but pour lequel Dieu nous les a envoyées.

[…]

Eh bien, il faut que notre souffrance soit une souffrance empreinte d’amour et non pas d’égoïsme; une souffrance qui n’attire pas notre attention sur nous-mêmes, mais qui l’attire d’abord sur Dieu pour le glorifier, et ensuite sur notre prochain pour lui faire du bien.

[…]

Que tous ceux qui souffrent s’appliquent à sortir d’eux-mêmes et à rejeter une douleur égoïste, sans foi, sans amour et aussi sans consolation. Qu’ils s’appliquent à entrer dans l’amour de Christ pleinement, afin que leur souffrance soit aussi comme une croix plantée sur la terre. à l’ombre de laquelle se réfugient ceux qui les entourent, non pas pour leur donner la vie éternelle, mais pour leur montrer le chemin qui y conduit, à la gloire de Dieu.

Adolphe Monod, Les Adieux.

Réfléchissons premièrement à comment glorifier Dieu dans ma souffrance et comment être une bénédiction pour ceux qui m’entourent ? Est-ce en se centrant sur sa douleur, en se plaignant de tout ce qu’elle entraine en nous ? Est-ce en se répétant notre misère, à nous et aux autres ? Monod le dit : il s’agit d’une douleur égoïste, sans foi, sans amour et aussi et surtout sans consolation. C’est quand nous cherchons le bien des autres et, par là, la gloire de Dieu, que notre souffrance est déjà en voie de guérison. Non pas parce qu’elle disparait ou diminue, mais parce qu’elle accomplit en nous son oeuvre et qu’elle passe au second plan.

Ressembler à Christ

La Parole nous parle souvent de participer aux souffrances du Christ. Cette expression est restée un certain temps enveloppée de mystère pour moi. Je pensais que seuls les martyrs, les persécutés avaient l’immense privilège de pouvoir participer aux souffrances du Christ. Mais moi, mes pauvres souffrances que je partage même avec les incroyants – ma maladie, ma déprime, mon deuil – comment pourraient-elles être revêtues de la dignité de ce titre « participation aux souffrances du Christ » ?

Mais même si nous n’avons pas à endurer des souffrances comme celles de Paul, directement endurées pour le service de Dieu et pour le bien des hommes, il n’y a aucune de nos souffrances à laquelle nous ne puissions communiquer ce caractère par l’esprit que nous y portons. « Que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu remettent leur âme au fidèle Créateur en faisant le bien » (1 Pierre 4:19).

Adolphe Monod, Les Adieux.

Et ici, ce que j’ai dit plus tôt marche avec cette vérité. Toutes nos souffrances participent à celles du Christ dans la mesure où elles nous poussent à accomplir son oeuvre – glorifier Dieu et bénir les hommes – et à ce que son oeuvre se fasse en nous, en nous conformant à l’homme de douleurs.

Voilà ce qui soutient le chrétien dans la souffrance. Jésus-Christ a souffert : plus je souffre, plus j’ai le privilège de lui ressembler un peu. […] Enfin Jésus-Christ a souffert pour sauver : moi, je fois souffrir pour faire du bien aux hommes et amener les âmes captives à l’obéissance de la croix.

Monod

Sentir la gravité du péché

Jésus-Christ a souffert pour le péché : la souffrance est un fruit nécessaire et à salut à cause du péché.

Monod

Est-ce à dire que toutes nos souffrances sont comme des punitions pour notre péché ? Pas du tout. Mais nous pouvons être certain d’une chose : quelque soit la souffrance que nous traversions, notre péché aurait mérité bien plus. Ainsi la souffrance, surtout lorsqu’elle est grande, peut nous faire sentir la grandeur de notre péché car nous savons qu’il est encore plus grand qu’elle.

C’est pour cela que dans les Psaumes, David met côte à côte ses grandes souffrances et son grand péché (Cf. Ps 38). C’est comme s’il avait compris le lien mystérieux entre les deux. Nous n’expions pas nos péchés par notre souffrance, mais sans le péché, la souffrance ne serait pas. Et sans la grâce, notre souffrance serait bien plus grande.

Préparer à la vie éternelle

Pierre nous dit que la souffrance ne devrait pas nous étonner. Le Christ lui-même nous dit que le disciple ne peut pas espérer mieux que le maître. Autrement dit, n’espérons pas autre chose que la croix. Quelle folie nous avons parfois à fuir la souffrance ! En ce faisant, nous oublions de qui nous sommes les disciples. Nous voudrions la couronne sans la lutte. En fait, sans nous en rendre compte, nous voulons la gloire sans la grâce. Car la souffrance, j’espère que vous en êtes maintenant convaincu, est une vraie grâce quand Dieu l’utilise pour notre salut. Et la grâce est la préparation à la gloire.

Ce qui serait étrange, c’est que nous puissions être mûris pour la vie éternelle, et plus particulièrement qu’un serviteur de Dieu puisse se voir béni dans son oeuvre, je ne dis pas seulement sans afflictions, mais sans une grande mesure d’afflictions. « C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. » (Actes 14:22).

Monod

Conclusion

Nous savons que tout concourt à notre bien, nous devons le croire même pour la souffrance, surtout pour la souffrance. Si nous sommes certains de l’amour de Dieu, nous pouvons embrasser la souffrance, non pas parce qu’elle serait bonne, mais parce que Dieu ne permet pas un mal dans notre vie sans grande raison. S’il ne retire pas la souffrance lorsque nous le lui demandions, c’est qu’il est mieux pour nous qu’elle demeure jusqu’à ce qu’elle ait fait son oeuvre. Et désirons qu’elle fasse son oeuvre plus encore que de sortir de la souffrance.

Ô mes amis, ayons toujours cet amour devant les yeux, et tout nous sera expliqué, jusqu’aux souffrances les plus cruelles, puisqu’elles ne sont que les suites, dans les siens, de ce qu’il a souffert. En même temps, tout nous sera doux et facile. La foi rend tout possible ; l’amour rend tout facile. « Ses commandements ne sont pas pénibles » (1 Jn 5:13).

Monod

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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