Le jugement de Dieu [Q9-10 Heidelberg]
1 février 2019

Nous arrivons au « 4e dimanche » de l’exposition de Heidelberg. Après avoir décrit la profondeur de notre péché, et notre incapacité à nous en sortir par nous-même (vu que notre libre-arbitre est esclave du péché), Zacharias Ursinus en arrive vers la conclusion de cette partie: nous allons avoir besoin d’un sauveur. Mais pour établir cela, il faut déjà établir que nous avons quelque chose dont il faut être sauvé.

Quoi donc? La colère de Dieu, qui doit nécessairement tomber sur nous?

Et là commencent les objections. Maintenant, assez écrit, laissons maître Ursinus vous l’expliquer lui-même…

Question 9

9. Dieu n’est-il donc pas injuste envers l’homme, en exigeant de lui dans Sa loi ce qu’il ne peut accomplir ?

A. Non, car Dieu a fait l’homme de manière à ce qu’il puisse l’accomplir ; mais l’homme, à l’instigation du diable, par désobéissance volontaire, s’est privé lui-même et toute sa postérité de cette puissance.

l y a ici, dans cette partie du Catéchisme, une objection de la part de la raison humaine contre ce qui est dit dans la question précédente : Si l’homme est si corrompu qu’il ne peut rien faire de bien avant sa régénération, alors Dieu semble injustement et en vain exiger de lui, dans sa loi, une obéissance parfaite.

L’objection peut être formulée de la manière suivante : Celui qui exige ou commande ce qui est impossible est injuste. Dieu exige de l’homme dans sa loi une obéissance parfaite, qu’il lui est impossible d’accomplir. Par conséquent, Dieu semble être injuste. Nous répondons à cette objection comme suit : Celui qui exige l’impossible est injuste, à moins qu’il n’ait d’abord donné la capacité d’accomplir ce dont il a besoin ; […]

Mais Dieu, en créant l’homme à son image, lui a donné la capacité de rendre l’obéissance qu’il lui demande justement dans sa loi. C’est pourquoi, si l’homme, par sa faute et son libre arbitre, s’est débarrassé de cette capacité dont il était doté, et s’il s’est mis dans un état dans lequel il ne peut plus rendre pleinement obéissance à la loi divine, Dieu n’a pas pour cette raison perdu son droit à exiger l’obéissance que l’homme est tenu de lui rendre. Dieu nous punit donc avec justice, parce que nous avons rejeté ce bien en transgressant ses commandements, et parce qu’il a menacé de nous punir si sa loi était violée.

Objection 1 : Mais nous n’avons pas apporté ce péché sur nous-mêmes. Réponse : Nos premiers parents, lorsqu’ils sont tombés, ont perdu cette capacité pour eux-mêmes et pour toute leur postérité, tout comme ils l’ont aussi reçue pour eux-mêmes et leur postérité. Si un prince donnait une rétribution à un noble et qu’il se rebellait contre lui, il la perdrait non seulement pour lui-même, mais aussi pour sa postérité ; et le prince ne ferait aucune injustice à ses enfants en ne leur rendant pas ce qui a été perdu par la rébellion de leur père. Et s’il le restaure, c’est par bonté et miséricorde.

Objection 2 : Celui qui commande les impossibilités, commande en vain. Dieu commande ce qu’il est impossible à l’homme d’accomplir depuis la chute. C’est pourquoi il commande en vain. Réponse : Dieu ne commande pas en vain, même si nous n’accomplissons pas ce qu’il nous ordonne, parce que ses commandements ont d’autres fins en vue, tant en ce qui concerne le juste que le méchant.

Les justes sont tenus d’obéir aux commandements de Dieu,

  1. Pour qu’ils reconnaissent leur propre faiblesse et leur incapacité. « Par la loi est la connaissance du péché. »
  2. Pour qu’ils sachent ce qu’ils étaient avant la chute.
  3. Afin qu’ils sachent ce qu’ils doivent surtout demander à Dieu, à savoir le renouvellement de leur nature.
  4. Afin qu’ils comprennent ce que le Christ a fait en notre nom, qu’il nous a satisfaits et qu’il nous régénère.
  5. Pour que nous puissions commencer une nouvelle obéissance à Dieu, parce que la loi nous enseigne comment nous devons agir envers Dieu, en vue des bienfaits de la rédemption ; et ce que Dieu, en retour, exige de nous.

L’obéissance est exigée des méchants,

  1. afin que la justice de Dieu se manifeste dans leur condamnation, car s’ils savent ce qu’ils doivent faire, mais ne le font pas, ils sont condamnés avec justice. « Le serviteur qui a connu la volonté de son Seigneur, et qui ne l’a pas fait selon cette volonté, sera battu de mille coups. » (Luc 12:47)
  2. Que la bienséance et la discipline extérieures soient préservées.
  3. Pour que ceux que Dieu veut sauver se convertissent.

Nous répondons, en second lieu, à la proposition majeure de ce syllogisme en faisant la distinction suivante : Celui qui commande les impossibilités, commande en vain, à moins qu’en même temps il n’en donne la capacité. Mais Dieu, en commandant les élus, leur donne aussi le pouvoir d’obéir, et commence l’obéissance en eux par l’évangile, et finalement le perfectionne. Augustin dit : « Seigneur, donne ce que tu commandes, et commande ce que tu veux, et tu ne commanderas pas en vain. » (Le don de persévérance, chapitre 10) […]

Question 10

10. Dieu permettra-t-il qu’une telle désobéissance et une telle apostasie restent impunies ?

A. Certainement pas, mais Il est terriblement mécontent de nos péchés innés aussi bien que de nos péchés actuels, et il les punira dans un juste jugement dans le temps et l’éternité, comme Il l’a déclaré : « Maudit soit quiconque ne persiste pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi, pour les mettre en pratique (Deut. 27:26).

Dans l’exposé de cette question, nous devons considérer le mal de la punition, qui est l’autre partie de la misère de l’homme. Sur ce sujet, on nous enseigne que Dieu punit le péché le plus sévèrement, avec justice et certainement.

  • Il le punit le plus sévèrement, c’est-à-dire avec un châtiment immédiat et éternel, à cause de son énormité et de sa grandeur, parce que c’est une offense contre le bien infini.
  • Très justement, parce que tout péché, même la plus petite transgression, est une violation de la loi de Dieu ; et, par conséquent, selon l’ordre de la justice divine, mérite le châtiment éternel et le bannissement de Dieu.
  • Certainement, parce que Dieu est vrai, et ne change pas la sentence que la loi dénonce : « Maudit est celui qui ne continue pas à faire tout ce qui est écrit dans le livre de la loi. » (Gal. 3:6)

Objection 1 : Mais les méchants prospèrent souvent dans cette vie, et font beaucoup de choses en toute impunité. Par conséquent, tous les péchés ne sont pas punis. Réponse : Il les punira longuement ; et ils sont même punis dans cette vie, 1. dans la conscience, par les piqûres desquelles les méchants sont torturés. 2. Aussi, dans les choses qu’ils utilisent avec le plus grand empressement et le plus grand plaisir ; et moins ils en savent, et se reconnaissent punis, plus c’est lourd. 3. Ils sont aussi souvent affligés d’autres châtiments graves. Et pourtant, leur châtiment sera encore plus terrible dans la vie à venir, où il sera la mort éternelle.[…]

Objection 3 : Si Dieu punit le péché par une punition présente et une autre éternelle, il punit la même offense deux fois, et il est injuste. Mais il n’est pas injuste, et il ne punit pas deux fois la même infraction. C’est pourquoi il ne punira pas avec une punition présente et une autre éternelle. Réponse : Nous nions la proposition majeure, car le châtiment que Dieu inflige aux méchants dans cette affaire et dans la vie à venir n’est qu’un seul châtiment, bien qu’il soit composé de plusieurs parties. La punition actuelle n’est que le début d’une punition éternelle. Elle n’est pas non plus séparée, ni complète en soi, parce qu’elle ne suffit pas à satisfaire la justice de Dieu.[…]

Objection 5 : Mais si Dieu punit le péché par un châtiment éternel, alors nous devons tous soit périr, ou sinon la justice de Dieu ne sera pas satisfaite. Réponse : Il est vrai, en effet, que si Dieu punissait le péché en nous, nous péririons tous nécessairement pour toujours. Mais il ne punit pas le péché en nous avec un châtiment éternel ; et pourtant sa justice ne souffre pas à cause de cela, parce qu’il a fait une satisfaction pour nos péchés en Christ, en lui infligeant un châtiment équivalent à ce qui est éternel. C’est ainsi que l’Evangile satisfait aux exigences de la loi.

Objection 6 : Mais si Dieu a puni nos péchés en Christ, il ne doit pas, s’il est juste, nous infliger d’autres châtiments, et ainsi les épreuves des justes dans cette vie sont injustes. Réponse : Les afflictions des justes ne doivent pas être considérées comme une punition ou une satisfaction pour le péché ; mais elles sont simplement le châtiment d’un père, envoyé dans le but de les humilier. Il devient donc nécessaire pour nous, après avoir exposé la question suivante du catéchisme, de parler des afflictions.


Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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