13. Pouvons-nous nous-mêmes faire cette satisfaction ?
A. Certainement pas ; au contraire, nous augmentons chaque jour notre culpabilité.
EXPOSITION :
Après avoir donné une explication sur la manière dont notre délivrance est accomplie, nous devons nous demander par qui cette satisfaction, et l’abolition du péché peut être effectuée : soit par nous-mêmes, soit par quelqu’un d’autre ? Et si par quelqu’un d’autre, sera-t-elle par une simple créature ? Et si ce n’est pas par une simple créature, par qui, donc, et par quel type de médiateur ? La première de ces questions trouve sa réponse dans cette 13ème Question du Catéchisme. Les deux autres réponses se trouvent dans les 14ème et 15ème Questions du Catéchisme.
Nous ne pouvons pas faire cette satisfaction par nous-mêmes et de nous-mêmes, ni par obéissance ni par punition.
Nous ne pouvons le faire par obéissance, parce que tout ce que nous faisons de bien, nous le devons à Dieu par obligation présente. Il nous est donc impossible de satisfaire nos offenses passées par toute obéissance présente que nous pourrions rendre à la loi de Dieu, car nous ne pouvons rien mériter de la part de Dieu pour le présent, et encore moins pour le temps à venir ; et un double mérite, c’est-à-dire un mérite pour le présent et l’avenir, ne peut procéder à une satisfaction.
Une raison plus commune et plus populaire est donnée dans le Catéchisme : parce que nous augmentons chaque jour notre dette. Nous péchons continuellement, et en péchant nous augmentons notre culpabilité et le déplaisir de Dieu envers nous. Or, celui qui ne cesse d’offenser ne peut jamais apaiser la partie offensée, tout comme un débiteur qui ajoute continuellement de nouveaux crédits aux créances antérieures ne peut jamais se libérer de ses dettes.
Nous ne pouvons pas non plus donner satisfaction à Dieu pour nos péchés par la punition, parce que notre culpabilité étant infinie, il faut une punition infinie – qui est éternelle, ou qui équivaut à une punition éternelle. Le péché étant une offense contre le bien suprême, il mérite la condamnation éternelle, ou au moins un châtiment temporel équivalent à celui qui est éternel. Mais nous ne pouvons pas satisfaire par un châtiment qui est éternel, parce qu’alors nous ne serions jamais libérés d’elle. Nous ferions toujours satisfaction à la justice de Dieu, et pourtant elle ne serait jamais pleinement satisfaite. Notre satisfaction ne serait jamais parfaite – elle ne serait jamais une victoire complète sur le péché et la mort, mais continuerait imparfaite pour toute l’éternité, comme la satisfaction des démons et des esprits méchants. Nous ne pouvons pas non plus nous satisfaire en endurant un châtiment temporel équivalent à ce qui est éternel, qui est nécessaire pour que la mort soit vaincue. Une telle punition ne peut être endurée par une simple créature, à cause de nombreuses imperfections, comme nous allons le montrer.
Comme nous ne pouvons donc pas nous satisfaire par nous-mêmes, il est nécessaire que cette satisfaction soit faite par un autre, si nous voulons obtenir la délivrance de notre misère. A partir de là, nous pouvons facilement répondre à l‘objection suivante, qui est parfois formulée : Nous ne pouvons jamais satisfaire la loi, ni par la punition ni par l’obéissance. Par conséquent, la méthode de délivrance par la satisfaction n’a pas d’importance.
Réponse : Ce n’est pas de peu d’importance, car bien que nous ne soyons pas capables de satisfaire par l’obéissance, nous sommes néanmoins en mesure de le faire en endurant un châtiment suffisant, non en nous, mais en Christ, qui a accompli la loi par obéissance et châtiment.
Les objections suivantes ont été formulées à l’encontre de cette proposition:
Objection 1 : La loi exige notre propre obéissance ou punition ; car elle est écrite : « Celui qui fait ces choses en vivra. » « Maudit soit celui qui ne confirme pas toutes les paroles, » etc.
Réponse : La loi exige en effet notre obéissance ou notre punition, mais pas exclusivement, car elle n’exclut ou ne condamne jamais la satisfaction d’autrui en notre nom, bien qu’elle ne l’enseigne pas et en ignore l’existence. Mais l’Evangile nous le révèle et nous le montre en Christ.
Objection 2 : Il est injuste de punir une autre personne à la place du coupable. C’est pourquoi Christ ne pouvait pas être puni à notre place. Réponse : Il n’est pas incompatible avec la justice de Dieu qu’un autre soit puni à la place de ceux qui sont coupables, si ces conditions sont présentes.
- Si celui qui est puni est innocent.
- S’il est de même nature que ceux pour qui il fait satisfaction.
- S’il s’offre de son plein gré comme une satisfaction.
- S’il est lui-même capable de supporter et de sortir de ce châtiment. C’est la raison pour laquelle les hommes ne peuvent pas punir une personne à la place d’une autre, parce qu’ils ne peuvent pas faire en sorte que celle qui souffre ne périsse pas sous le châtiment.
- S’il regarde et obtient la fin que le Christ avait en vue, à savoir : la gloire de Dieu et le salut de l’homme.
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