La prédestination – Thomas d'Aquin
1 juin 2019

Nous sommes, en un sens, toujours dans l’étude de la volonté de Dieu, mais cette fois-ci du côté de son effet sur nous, et le premier de ses effets est –gasp- la prédestination, cette affreuse invention de calviniste en manque de sensation fortes qui réduisent la liberté de l’homme à néant et mange le sang des petits enfants lors de messes noires. Qu’en dit donc le docteur universel, que l’on peut difficilement imaginer être infecté par la réforme ? Confirme-t-il une vision compatibiliste de la prédestination, ou libertarienne ?

  1. Convient-il d’attribuer à Dieu la prédestination ? Oui
  2. Qu’est-ce que la prédestination, et introduit-elle quelque chose de réel dans le prédestiné ? Non, elle n’est réelle qu’en Dieu.
  3. La réprobation de certains hommes vient-elle de Dieu ? Oui (C’est pas Calvin, c’est Thomas !)
  4. Peut-on dire que les prédestinés sont élus ? Oui
  5. Les mérites sont-ils la cause ou la raison de la prédestination, ou de la réprobation, ainsi que de l’élection ? Non (et vous qui croyiez que les catholiques médiévaux enseignaient le salut par les œuvres…)
  6. Les prédestinés sont-ils infailliblement sauvés ? Oui (Vi vi ! La persévérance des saints précède Calvin !)
  7. Le nombre des prédestinés est-il fixé ? Oui
  8. La prédestination peut-elle être aidée par les prières des saints ? Oui

Comment se peut-ce ? Les médiévaux étaient-ils donc réformés sur la sotériologie ? Calvin et les réformés n’ont donc rien inventé ? Détaillons, et ainsi on pourra comparer les deux.

Article 1 : Convient-il d’attribuer à Dieu la prédestination ?

On lit dans l’épître aux Romains (8, 30) : “ Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés. ” Il convient que Dieu prédestine les hommes. – Ia Q23 a1

La dernière fois, nous disions que toutes choses sont soumises à la providence (=le contrôle) direct de Dieu. Et le contrôle de Dieu se manifeste lorsqu’il définit un but à sa créature. Il y a des buts atteignables par les seuls moyens humains :  par exemple, devenir riche par son travail. Et il y a des buts qui ne sont pas atteignables par la simple nature humaine, qui ont besoin d’être « portés par un autre » comme la flèche doit être lancée par l’archer pour toucher la cible. Le salut est ainsi : Ce n’est pas par sa nature propre que l’homme pourra voir Dieu à la fin des temps, c’est donc par une décision de Dieu. Cette décision suit une connaissance, que l’on appelle « prédestination ».

Article 2 : Est-ce que la prédestination change quelque chose dans le prédestiné ?

On pourrait imaginer que cela signifie que l’humanité est séparée en deux classes : les purs et les impurs, ceux qui sont moraux et saints et ceux qui sont dévoyés et vendus au mal, ceux qui creusent et ceux qui passent par la fenêtre. Après tout, quand Dieu a prévu le cycle des saisons, il a bien prévu des changements dans les créatures. Mais ce n’est pas ce que dit Thomas d’Aquin :

Augustin appelle la prédestination “la prescience des bienfaits de Dieu”. Or la prescience n’est pas dans ceux qui en sont l’objet, mais seulement dans celui qui a la prescience. Donc la prédestination n’est pas non plus dans les prédestinés, mais dans celui qui prédestine. – Ia Q23 a2

Rappelez-vous ce que l’on disait dans l’article précédent, sur la providence de Dieu. On avait dit qu’il fallait distinguer deux providences, et que Dieu faisait directement l’une, mais pas l’autre. Plus précisément, Dieu faisait seul et sans changement dans ses créatures son œuvre d’ordonnancement, mais le travail de gouvernement, c’est-à-dire la réalisation de ce plan était réalisé à travers des causes secondes.

Thomas dit alors que la prédestination – le choix de qui est sauvé ou non- relève de la première providence, celle d’ordonnancement, qui ne suppose aucun changement ni nature particulière de la créature, mais qui est uniquement dans la volonté de Dieu.

En résumé : les prédestinés ne sont pas une élite dans l’humanité, et ils n’ont rien de spécial avant leur conversion.

Article 3 : La réprobation vient-elle de Dieu ?

Il arrive parfois que l’on cherche à échapper à ce point désagréable, en disant par exemple que Dieu choisit qui est sauvé, mais ne fait que laisser dériver à la mort ceux qui ne le sont pas, et qu’il ne s’agit d’un choix que de façon négative, pas un choix « affirmatif ».

Mais Thomas se révèle partisan de la « double prédestination » sur ce point, comme Calvin et une part importante des réformés.

On trouve dans Malachie (1, 23) : “J’ai aimé Jacob ; mais j’ai haï Esaü.”  Dieu réprouve certains – Ia Q23 a3

On a dit précédemment que la providence de Dieu contrôle toutes choses directement. Elle commande le salut des élus, mais aussi, par voie de conséquence, la mort des réprouvés.

D’où l’on voit que la réprobation ne désigne pas une simple prescience ; elle y ajoute quelque chose selon la considération de la raison, comme on l’a dit plus haut de la providence. Car de même que la prédestination inclut la volonté de conférer la grâce et la gloire, ainsi la réprobation inclut la volonté de permettre que tel homme tombe dans la faute, et d’infliger la peine de damnation pour cette faute. – Ia Q23 a3

Article 4 Peut-on dire que les prédestinés sont élus ?

En gros : sont ils au bénéfice d’un choix ? Dieu les as-t-il choisis ? On répond sans difficulté à cette question :

On lit dans l’épître aux Éphésiens (1, 4) : “ Il nous a choisis en lui avant la création du monde. ”- Ia Q23 a4

Mais Thomas rappelle ceci : Quand nous choisissons quelqu’un à aimer –disons notre épouse- c’est parce qu’elle est aimable –ce qui veut dire : qu’elle a quelque chose à aimer. Le choix de Dieu est l’inverse : il choisit non parce que nous avons quelque chose à aimer qui motiverait son choix, mais parce qu’il veut donner quelque chose d’aimable. Nous sommes élus DONC nous sommes saints et non « parce que ».

Article 5 : Les mérites sont-ils la cause du choix de Dieu ?

Qu’il s’agisse de l’élection, de la réprobation… bref de toute prédestination. Considérant que Thomas d’Aquin est un catholique médiéval, et que nous évangéliques considérons que les catholiques médiévaux enseignaient le salut par les œuvres avant que St Luther ne vienne corriger cela… vous vous attendez à ce que Thomas dise oui n’est ce pas ? Et bien regardez ceci :

L’Apôtre dit à Tite (3, 5) : “ Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous faisions, mais selon sa miséricorde. ” Or, de même qu’il nous a sauvés, il nous a prédestinés à être sauvés. Donc la prévision des mérites n’est pas la raison ou la cause de la prédestination.

[…]Mais si l’effet de la prédestination est envisagé d’une autre manière, en sa totalité, il est impossible que l’effet total de la prédestination ait une cause quelconque de notre part. Car quoi que ce soit qui se trouve dans l’homme et l’ordonne au salut, tout cela est compris sous l’effet de la prédestination, même la préparation à la grâce ; car cela non plus n’a pas lieu autrement que par le secours divin, selon ce mot de l’Écriture (Lm 5, 21) : “ Fais-nous revenir à toi, Seigneur, et nous reviendrons. ” – Ia Q23 a5

Ainsi donc, Thomas d’Aquin est plus réformé encore que les protestants arminiens ! En effet, ils affirment que Dieu a proposé à certains le salut sur la base de sa préconnaissance. En langage plus ordinaire : Dieu sait que Thérésa serait une personne sainte si elle était sauvée, alors il a décidé de sauver Mère Thérésa. Mais Thomas argumente explicitement contre cette idée !

Aussi d’autres ont-ils avancé que la raison de la prédestination est dans les mérites qui suivent l’effet de cette prédestination. Et ils entendent que Dieu donne sa grâce à un être et a préordonné de lui donner cette grâce, parce qu’il a prévu qu’il en userait bien, comme si un prince donnait un cheval à tel soldat dont il sait qu’il en usera bien. Mais ces penseurs semblent avoir distingué entre ce qui vient de la grâce et ce qui vient du libre arbitre, comme si le même effet ne pouvait pas venir des deux. – Ia Q23 a5

Pour Thomas d’Aquin, il n’y a pas lieu de séparer ce qui vient de la grâce et ce qui vient du libre arbitre, parce que la bonne disposition du libre arbitre lui-même est une grâce !

Et pendant que je suis à taquiner les arminiens, je vais aussi les taquiner sur un autre sujet : la persévérance des saints.

Article 6 : Les prédestinés sont-ils infailliblement sauvés ?

Généralement, la difficulté à dire oui relève de notre compréhension du libre arbitre : nous avons quantité d’exemples de personnes qui ont choisi de quitter le christianisme. Comment les prédestinés pourraient-t-ils être infailliblement sauvés alors que leur choix de rester dans le christianisme n’a rien de nécessaire et donc forcé d’arriver ?

Sur ces paroles de S. Paul (Rm 8, 29) : “ Ceux qu’il a connus d’avance, il les a prédestinés ”, la Glose écrit : “ La prédestination est une prescience et une préparation des bienfaits de Dieu, grâce à laquelle sont très certainement sauvés tous ceux qui sont sauvés. ” – Ia, Q23, a6

La Glose est une sorte de commentaire biblique officiel du moyen-âge. Elle se présente sous la forme d’un verset de l’évangile suivi d’un commentaire plus ou moins long, comme un long récit entrelacé du texte biblique et de son commentaire. Souvent, ces commentaires sont des compilations de citations des pères de l’église.

La prédestination obtient très certainement et infailliblement son effet, sans pour autant qu’elle impose à cet effet une nécessité telle qu’il se produirait d’une façon nécessaire. On a dit en effet plus haut que la prédestination est une part de la providence. Or tous les effets soumis à la providence ne sont pas nécessaires, mais certains sont produits de façon contingente, selon la condition de leurs causes prochaines que la providence divine a ordonnées à les produire. Cependant l’ordre de la providence est infaillible, comme on l’a montré plus haut. Ainsi donc, l’ordre de la prédestination, lui aussi, est certain, et cependant cela ne supprime pas notre libre arbitre, grâce auquel l’effet de la prédestination se produit de façon contingente. – Ia Q23, a6

Quod Erat Demonstrantum. CQFD

Article 7 : Le nombre des prédestinés est-t-il fixé ?

Augustin écrit : “ Le nombre des prédestinés est fixé, et il ne peut être ni augmenté ni diminué. ” – Ia Q23 a7

L’argumentation parle ensuite que Dieu ne fixe pas simplement un chiffre de sauvés à la fin des temps, il fixe nominalement chaque salut. Il ne décide pas simplement que 3 milliards 400 millions d’humains seront sauvés, il décide que Pierre, Paul, Jacques, Luc, Timothée [….] seront sauvés, et cela revient à un certain nombre.

Je finis sur ce commentaire amusant :

Quant au nombre de tous les hommes prédestinés, certains assurent qu’il y aura autant d’hommes sauvés qu’il y a eu d’anges déchus ; d’autres, autant que d’anges demeurés fidèles ; d’autres encore, autant que d’anges déchus et, en outre, que d’anges tout d’abord créés. Mais le mieux est de dire que “ le nombre des élus destinés à être placés dans la félicité éternelle est connu de Dieu seul ”. – Ia Q23 a7

Article 8 : La prédestination est-elle aidée par les prières des saints ?

Cela sert-il à quelque chose de prier pour le salut de votre voisin, de votre fils, de votre chef d’état ? OUI !

On lit dans la Genèse (25, 21) : “ Isaac implora Dieu pour Rébecca, sa femme, et Rébecca conçut. ” Or, de cette conception naquit Jacob, qui fut prédestiné, et cette prédestination ne se fût pas accomplie, si Jacob n’était pas né. Donc la prédestination est aidée par les prières des saints. – Ia Q23 a8

Contre les hyper-calvinistes :

Sur cette question, diverses erreurs se sont fait jour. Quelques-uns, s’attachant à la certitude de la prédestination divine, ont déclaré superflues les prières et pareillement tout ce qu’on peut faire en vue d’obtenir le salut, parce que, qu’on les fasse ou non, les prédestinés l’obtiendront, et les réprouvés ne l’obtiendront pas. Mais contre cette opinion s’élèvent toutes les exhortations de la Sainte Écriture à la prière et aux autres bonnes œuvres. – Ia Q23 a8

Je rappelle : Thomas n’écrit pas au XVIIIe siècle mais au XIIIe ! Cela voulait dire qu’il y avait déjà des cousins d’hypercalvinistes avant !

Contre les « Paroles de Foi » :

D’autres ont prétendu que par des prières on peut changer la prédestination divine. Telle fut, dit-on, l’opinion des Égyptiens, qui croyaient pouvoir conjurer par des sacrifices et par des prières les décrets divins qu’ils appelaient le destin. Mais elle s’oppose à l’autorité de la Sainte Écriture ; car il est dit (1 S 15, 29 Vg) : “ La Gloire d’Israël ne pardonnera pas ; le repentir ne le fléchira pas ”, et encore (Rm 11, 29) : “ Les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance. ” – Ia Q23 a8

Les Théologiens du mouvement parole de foi méritent donc le sobriquet d’Egyptiens.  C’est pas moi qui le dit, c’est Thomas.

Il faut donc s’exprimer autrement et dire que dans la prédestination il y a deux choses : la préordination divine, et son effet. Quant à la première, la prédestination n’est nullement influencée par les prières des saints ; car ce n’est pas grâce aux prières des saints que quelqu’un est prédestiné par Dieu. Mais quant à la seconde, on peut dire que la prédestination est aidée par les prières des saints et par les autres bonnes œuvres ; parce que la providence, dont la prédestination fait partie, ne supprime pas les causes secondes ; elle pourvoit à ses effets de telle manière que même l’ordre des causes secondes est soumis à cette providence – Ia Q23 a8

Autrement dit : Dieu a décidé de sauver votre voisin, donc il a décidé que vous intercédiez pour lui, et à cause de votre intercession Dieu accorde le salut à votre voisin. Il est le début et la fin de toutes choses.

Synthèse :

  1. Convient-il d’attribuer à Dieu la prédestination ? Oui, car Dieu contrôle toutes choses.
  2. Qu’est-ce que la prédestination, et introduit-elle quelque chose de réel dans le prédestiné ? Non, elle n’est réelle qu’en Dieu, les élus ne sont pas de nature différente du reste de l’humanité.
  3. La réprobation de certains hommes vient-elle de Dieu ? Oui, car la réprobation n’est pas seulement un « non-choix » de la part de Dieu, mais une « assignation à justice ».
  4. Peut-on dire que les prédestinés sont élus ? Oui, ils sont l’objet d’un choix de Dieu
  5. Les mérites sont-ils la cause ou la raison de la prédestination, ou de la réprobation, ainsi que de l’élection ? Non, car les mérites eux-même sont décidés par Dieu.
  6. Les prédestinés sont-ils infailliblement sauvés ? Oui, car la volonté de Dieu est tellement puissante qu’elle peut rendre infaillible l’arrivée d’un évènement contingent comme le libre choix.
  7. Le nombre des prédestinés est-il fixé ? Oui, pas seulement le nombre, mais aussi les noms.
  8. La prédestination peut-elle être aidée par les prières des saints ? Oui, non du côté du choix initial, mais de l’accomplissement de ce choix.

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

4 Commentaires

  1. Julien

    Article intéressant, mais je ne vois pas à quel moment intervient le libre arbitre s’il y a prédestination. Qu’elle soit première ou seconde. De toute manière, la science d’aujourd’hui t’émet sérieusement en cause le libre arbitre, mais c’est un autre sujet.

    Ce qui me dérange, c’est que la communauté catholique croit au libre arbitre alors que si tout est décidé depuis toujours alors ils n’échapperont pas à leur destin et n’ont donc pas de libre arbitre.

    Réponse
    • Etienne Omnès

      Thomas utilise la définition pré-moderne du libre arbitre qui est différente de la nôtre. Pour faire simple, notre définition moderne du libre-arbitre c’est la capacité d’auto-détermination. Avec cette définition, il y a un conflit évident avec la prédestination.

      Mais la définition classique du libre-arbitre, c’est la capacité de choix délibéré (c’est à dire, qui suit la raison plutôt que l’instinct). Nous pouvons très bien choisir délibérement quelque chose de déterminé par Dieu à l’avance, et c’est compatible avec la prédestination.

      Cela répond-il à votre question?

      Réponse
  2. Walid

    Bonjour,

    Vôtre réponse est très satisfaisante. Je constate que vous êtes compatibiliste, comme moi. J’ai une autre question, connexe : lorsque nous disons que même l’agir volontaire de l’homme est prédéterminé par Dieu (autrement dit décidé d’avance), êtes-vous d’accord que cette décision/predetermination ne nécessite pas la survenance de tel et tel agir humain mais le rend possible (en réunissant les conditions nécessaires à sa survenance) tout en sachant qu’en le rendant possible il se produira irrémédiablement ?

    Réponse
    • Maxime Georgel

      Vous suggérez que Dieu fasse survenir l’agir non par un déterminisme direct sur la volonté et indépendamment des circonstances mais par un déterminisme dit « naturel », c’est-à-dire suivant nécessairement les circonstances. Je ne suis pas d’accord. Premièrement, je pense que la façon dont Dieu détermine est un mystère et que nous ne pouvons pas savoir précisément comment Dieu fait advenir les choses qu’il a déterminé. Donc je ne m’aventurerai pas dans une explication précise. Deuxièmement, je pense que le déterminisme naturel abolit en fait le libre arbitre (au sens métaphysique du terme et non au sens de indétermination morale, auquel cas je ne m’offusquerai pas que cette position l’abolisse) : si tout ce que nous faisons est déterminé par les circonstances, même si celles si sont orchestrées par Dieu, cela ôte toute capacité d’être un agent moral mais uniquement celle d’être le produit de notre environnement. Le déterminisme divin ne se situe pas dans la chaîne des causalités naturelles, il se situe en amont. Dès lors, il peut très bien utiliser les circonstances, mais je pense qu’il dispose de manière d’agir directement sur notre volonté, sans qu’elle soit contrainte par les circonstances, d’une manière mystérieuse (et je conçois donc que mon explication laisse plus de questionnements que de lumières). Les mystères nous laissent souvent avec la seule perspective d’une théologie apophatique : nous pouvons dire ce que la prédestination n’est pas, plus difficilement ce qu’elle est.

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