Dans Luc 3:15, Jean Baptiste compare son baptême à celui de Christ : “Moi, je vous baptise d’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.”
Maxime a montré dans un excellent article la réalité que Jean affirme dans ce verset :
Il leur annonce que lui les baptise dans l’eau, c’est-à-dire symboliquement, mais que vient celui qui est plus puissant que lui et qui fera venir le vrai jugement, non plus symbolique, de l’alliance : le baptême dans le feu et l’Esprit. Il fera place nette, il recueillera son blé, mais il brûlera la paille dans le feu (Mat 3:11,12). En se repentant et en subissant symboliquement le jugement, on échappait à la « colère à venir », c’est-à-dire au véritable jugement qui arrivait sur Israël.
S’il en arrive à cette conclusion, c’est notamment parce que les travaux de Meredith Kline montraient que dans les alliances du Proche-Orient Ancien,
les rites de mise à l’épreuve étaient des rites pratiqués à l’occasion de l’établissement d’une alliance le plus souvent, tenant rôle de serment et représentant de façon symbolique le jugement encouru par celui qui briserait l’alliance. […]
Mais ces rites de mise à l’épreuve comportaient plus que cela, ils signifiaient aussi que la personne s’en remettait à la divinité en question et acceptait son jugement. Par exemple, la personne pouvait se jeter dans l’eau et, si elle en ressortait vivante, c’est que le dieu l’approuvait. Il y a probablement un rite similaire qui est prescrit en Nombres 5:11-31 en cas d’accusation d’infidélité. L’eau et le feu étaient les élément les plus couramment utilisés.
Origène également défend ce double aspect du baptême de Christ, bénédiction pour les saints, jugement pour les pécheurs. Il le fait dans son homélie sur le verset qui suit Luc 3:16 : “Il a son van à la main ; il nettoiera son aire, et il amassera le blé dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point.”
…le baptême de Jésus est aussi un baptême « dans l’Esprit Saint et dans le feu ». […] Si tu es saint, tu seras baptisé dans l’Esprit Saint ; si tu es pécheur, tu seras plongé dans le feu ; le même baptême deviendra condamnation et feu pour les pécheurs indignes ; mais les saints, ceux qui se convertissent au Seigneur avec une foi entière, recevront la grâce du Saint Esprit et le salut. « Celui qui baptise dans l’Esprit-Saint et dans le feu, comme le dit l’Écriture, « a le van à la main et va nettoyer son aire ; il ramassera le blé dans son grenier et brûlera la paille au feu qui ne s’éteint pas 1 ».
- Origène, Homélies sur S. Luc, CROUZEL, Henri, FOURNIER, François et PÉRICHON, Pierre (trad.), Paris : Cerf, 1961, XXVI, 3-5, p. 341.[↩]
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