La création de l'Homme [Q6.1 Heidelberg]
18 avril 2020

Troisième dimanche

QUESTION 6

Dieu a-t-il donc créé l’homme si méchant et si pervers?

Non; au contraire,
Dieu a créé l’homme bon et à son image,
c’est-à-dire vraiment juste et saint,
afin qu’il ait de Dieu son Créateur une droite connaissance,
qu’il l’aime de tout son coeur
et qu’il vive avec lui dans un éternel bonheur
pour le louer et le bénir.

EXPOSITION

Ayant établi la proposition : « La Nature humaine est soumise au péché », nous devons maintenant rechercher si Dieu a créé l’homme ainsi. Si ce n’est pas le cas, en quoi consiste et d’où vient le péché en l’homme ?

Le sujet de la création de l’homme et de l’image de Dieu en l’homme vient ici.

Il faut aussi contraster la misère actuelle de l’homme et son état originel, dans lequel il fut créé :

  1. Pour que soient apprises la cause et l’origine de la misère et qu’elle ne soit pas imputée à Dieu.
  2. Pour qu’apparaisse clairement l’ampleur de notre misère.

En effet, cette ampleur est d’autant plus remarquable quand on prend connaissance de notre excellence originelle. De la même façon, plus grands sont les maux dont nous sommes libérés, plus évident sont les bienfaits de notre libération.

LA CREATION DE L’HOMME

Nous cherchons surtout ceci au sujet de la création de l’homme :

  1. Quel était sa nature initiale ?
  2. Pour quelle fin, ou pour quoi l’homme fut créé par Dieu

1. DANS QUEL ETAT L’HOMME FUT-IL CREE PAR DIEU?

Cette question est posée pour les mêmes raisons que celles du sujet tout entier, à savoir :

  1. Pour qu’il apparaisse que l’homme est créé par Dieu sans péché, et pour cette raison, que Dieu n’est pas l’auteur du péché, ni de notre dépravation et misère.
  2. Pour que nous comprenions de quel sommet de dignité jusqu’à quel profond gouffre de misère nous sommes précipités par le péché, et que nous percevions la miséricorde de Dieu, qui nous a jugé digne de nous en retirer et de nous libérer.
  3. Pour que nous reconnaissions notre ingratitude passée en acceptant ses bienfaits, et notre indignité de les recevoir.
  4. Pour que nous attendions plus ardemment la restitution de notre dignité et notre joie perdue et la demandions à Christ.
  5. Ensuite pour que je sois reconnaissant pour cette restitution par Dieu.

Cette question nous enseigne comment l’homme fut crée par Dieu au départ, selon ce qu’il est écrit : « Faisons-le à notre image » qui est largement proclamé.

L’homme est créé par Dieu au sixième jour de la création du monde.

  1. Son corps fut créé à partir de la terre, immortel s’il était resté dans la justice : mortel, s’il en chutait. En effet, la mortalité est venue après le péché en tant que punition.
  2. L’âme fut inspirée par Dieu de façon immédiate à partir de rien. Elle est rationnelle, spirituelle et immortelle. « Le SEIGNEUR Dieu façonna l’homme de la poussière de la terre ; il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. » (Genèse 2:27) Il créa et unit l’âme au corps, et il en fit un être vivant, exerçant des actions internes et externes propres à la nature humaine dans le corps et avec le corps, organiques et inorganiques, justes saintes et plaisantes à Dieu.
  3. A l’image de Dieu, c’est-à-dire, parfaitement bon, sage, juste, saint, bienheureux, et maître des autres créatures. Nous en parlerons un peu plus tard de l’image de Dieu en l’homme.

2. POUR QUOI DIEU A-T-IL CREE L’HOMME?

Le catéchisme répond : « Afin qu’il ait de Dieu son Créateur une droite connaissance, qu’il l’aime de tout son cœur et qu’il vive avec lui dans un éternel bonheur pour le louer et le bénir. »

  1. La fin dernière et principale de l’homme est donc la culte de Dieu. C’est pour cette raison en effet que Dieu a créé les natures rationnelles, anges et hommes, pour être reconnu d’eux et célébré pour l’éternité. L’homme est donc créé principalement pour la célébration de Dieu, c’est-à-dire, pour la profession et l’invocation du nom divin, pour la louange et l’action de grâce, l’amour et l’obéissance, dont consiste les devoirs que nous rendons à Dieu et aux hommes.  En effet le culte de Dieu contient tout cela.

Objection : Le ciel, la terre et les créatures irrationnelles « célèbrent Dieu » elles aussi (Esaïe 55:12). Donc ce n’était pas l’œuvre pour laquelle furent créés les hommes. Réponse : On dit que les choses sans raisonnement célèbrent Dieu, non parce qu’elles reconnaissent ou célèbrent elles-même Dieu, mais parce qu’elles sont la matière de la célébration, qui vient des créatures rationnelles. En effet, à partir de leur contemplation, les anges et les hommes reconnaissent la sagesse, la bonté et la puissance de Dieu, et ils ont l’occasion de le célébrer. Cette œuvre était pour les créatures intelligentes et comprenant l’ordre de la nature. Si en effet cet ordre n’était reconnu de personne et qu’il n’était pas compris, de telle sorte que la cause serait recherchée à partir des effets, alors il est évident qu’ils ne célèbreraient pas plus Dieu que s’ils n’existaient pas. Par conséquent, ce sont des prosopopées1 quand David dit : « Louez Dieu, vous le ciel, la terre, la mer etc. » Leurs fins principales sont subordonnées à plusieurs autres. 

  • La reconnaissance de Dieu est soumise à la célébration de Dieu, parce qu’un Dieu qui n’est pas reconnu n’est pas célébré. D’autre part, l’action propre de l’homme est de reconnaître et célébrer Dieu, ce qui compose la vie éternelle. « Or la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus–Christ » (Jean 17:3)
  • La félicité et la béatitude de l’homme est soumise à la reconnaissance de Dieu, qui est la communication de Dieu et la jouissance des biens célestes. En effet, à partir de cela nous reconnaissons la bonté, la miséricorde et la puissance de Dieu.

Objection : Et pourtant la félicité, la confession et la célébration sont des caractères propres ou des conditions avec lesquelles et dans lesquelles Dieu a créé l’homme, c’est-à-dire, qu’elles sont des parties de l’image de Dieu, et la forme des hommes.  Donc ce ne sont pas des fins : et il faudrait la référer à la seconde question plutôt que la première. Réponse : Elles appartiennent à la forme ou à la fin selon différents aspects. Car tel que Dieu crée l’homme, il est bienheureux et joyeux par une juste connaissance et célébration de Dieu.  Et il l’a créé pour cette fin : qu’il le connaisse et le célèbre ensuite pour l’éternité, et que Dieu se communique à lui à perpétuité. L’homme est créé en état de félicité, ayant une juste connaissance de Dieu et le célébrant. Cela était sa forme même qu’il reçut à la création. Et en même temps il est créé pour demeurer dans cet état pour toujours. Il est donc juste de dire à la fois qu’il fut créé dans cet état et pour cet état. Premièrement la question porte sur le quoi selon les principes. Ensuite vient la question qui porte sur le pour quoi, selon la persévérance. Ainsi quand Ephésiens 4:24 décrit notre fin dans la justice et la sainteté qui sont la forme de l’homme nouveau. Il n’est pas non plus absurde, qu’une même chose soit dite de la forme et de la fin. Ce qui est en effet de la forme par rapport à la créature et dit de la fin par rapport à l’intention du créateur.

  • La quatrième fin est la révélation de Dieu, ou la déclaration de la miséricorde de Dieu dans l’élection des sauvés, et la justice dans la punition des réprouvés. Ceci est subordonné à la confession et à la félicité. En effet, pour que Dieu soit connu et se communique à nous, il est nécessaire qu’il se révèle
  • La préservation de la société du genre humain, qui est subordonnée à la révélation. En effet, s’il n’y avait pas des hommes Dieu n’aurait personne à qui se révéler. « Je parlerai de ton nom à mes frères, au milieu de l’assemblée, je te louerai. » (Psaumes 22:22)
  • La communion des devoirs et bénéfices mutuels entre humains qu’exige la préservation de la société humaine. Car pour conserver le genre humain, il est nécessaire qu’il y ait la paix et des services mutuels entre hommes.

Nous allons comparer avec soin cette première création de l’homme avec la misère du genre humain et le détournement de la fin pour laquelle il fut créé, pour que par ce moyen nous connaissions l’ampleur de notre misère. Car autant nous savons la grandeur du bien que nous avons perdu, autant nous connaîtrons la profondeur du mal dans lequel nous sommes tombés.


  1. Figure de style consistant à faire parler un objet. Proche de la personnification.[]

Étienne Omnès

Mari, père, appartient à Christ. Les marques de mon salut sont ma confession de foi et les sacrements que je reçois.

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