Pour encourager nos lecteurs dans leur dévotion et culte privé et leur faire découvrir la piété réformée, nous publierons régulièrement des prières d’auteurs réformés. Nous poursuivons avec une prière de Jean-Ami Martin, tirée de son livre Recueil de prières, de psaumes et d’instructions tirées de l’Ecriture sainte (1805), p 54-55.
Grand Dieu ! Source des consolations, ne me cache plus ta face, n’oublie pas mon affliction, mon âme est penchée vers la poudre, délivre-la de cette angoisse. Quand ta main me frappe, que ta grâce me soutienne afin que je puisse me soumettre à ta volonté, adorer tes voies, entrer dans tes vues sur moi ! Oui, tout vient de toi, c’est de toi que je tenais le bonheur dont je jouissais, c’est Toi qui m’as envoyé cette affliction. Mais tu es toujours le même Dieu, le même Père tendre et compatissant : tu te tiens près des cœurs désolés, tu adoucis l’amertume de leurs douleurs par des consolations secrètes, tu aimes encore tes enfants alors même que tu les affliges, tu es touché de leur soumission, tu reçois dans ton sein leurs gémissements.
Trop souvent un bonheur constant laisse affaiblir dans notre âme les sentiments de la reconnaissance, l’éloigne de Toi en l’attachant trop à la terre. C’est par des épreuves que tu nous tires d’une sécurité dangereuse, que tu nous fais penser à la fin de toutes choses, que tu nous rends la religion plus chère, que tu nous rappelles à Toi. Ah ! Puissent du moins les afflictions produire sur moi ces effets salutaires ! Hélas ! J’ai trop livré mon cœur à la cupidité, à l’ambition. Tu m’as frappé par des revers pour me faire sentir la vanité des biens de la terre.
Elève mes vues, mes désirs, là où est le véritable trésor d’une âme chrétienne. J’ai trop aimé peut-être les objets auxquels j’étais lié par les plus tendres affections, je les aimais trop pour moi-même. Mais, ô mon Dieu, c’est toi qui les as réservées pour l’homme, ces affections qui sont le charme de notre existence. Elles étaient mortelles ces personnes que je pleure, elles étaient faites pour une meilleure vie, elles ont rempli leur destinée, elles reposent en paix, mon amour les suit dans le sein de ton amour.
Ô mon Dieu ! Tu ne condamnes pas les larmes que je répands, tu t’intéresses à ma douleur. Mais donne-moi de m’élever ainsi aux grandes vues de la foi, fais succéder la sérénité aux ténèbres de mon âme. Je ne suis pas seul, tu es avec moi. Le monde a perdu pour moi son illusion, mon âme s’attache à Toi : grand Dieu ! Je ne peux plus trouver qu’en Toi mon repos et mon bonheur. Prends toi-même possession de mon cœur. Entends, exauce mes supplications au nom de Jésus-Christ mon Sauveur.
Amen !
Illustration en couverture : Camille Corot (1796-1875), Agar dans le désert, 1835.
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