La persévérance chrétienne (3/3)
21 novembre 2021

Cette mini-série est la première d’un ensemble de méditations suivies dans l’épître de Jacques. Elle est composée des trois parties ci-dessous. :

1/3 : Les diverses épreuves de la vie chrétienne

2/3 : La considération chrétienne des épreuves

3/3 : La joie chrétienne dans l’épreuve

Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous recommande la lecture de l’excellente série de Caleb Abraham sur la souffrance.


Dans le précédent article, nous avons considéré que Jacques nous exhorte à porter un regard positif sur les épreuves de notre vie, parce que nous savons que Dieu les décrète et les utilise pour nous sanctifier et nous guider vers la Jérusalem céleste. Mais sachant cela, il peut être utile de disposer de quelques outils pour y arriver. Car il ne s’agit pas seulement de savoir que le but que Dieu vise en nous formant à travers l’épreuve est vertueux, mais aussi que nous puissions trouver quelques motivations très concrètes à persévérer jusqu’au bout de cet ardu chemin qu’est la vie chrétienne ici-bas.

La joie chrétienne dans l’épreuve

Nous savons maintenant que les épreuves de notre vie sont bénéfiques pour nous parce qu’elles produisent de la persévérance. Mais si l’on s’arrêtait là, cela n’aurait aucun sens. Car la persévérance elle-même n’a d’intérêt, n’a de valeur, que si elle accomplit en nous, chrétien, une œuvre de sanctification. Relisons le verset 4 : Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien. Ce n’est donc pas l’épreuve en elle-même qui est bénéfique, ce n’est pas non plus la persévérance en elle-même, mais bien le résultat que nous obtenons, grâce au Saint-Esprit, lorsque nous patientons dans l’épreuve, et que nous ne la fuyons pas.

Considérons donc dans cette dernière partie quelques précieux bénéfices spirituels que nous retirons de notre persévérance dans l’épreuve. Ces bénéfices, nous devrions les chérir plus que tout, et ils devraient donc, en effet, nous permettre de nous réjouir face à l’épreuve, comme Jacques nous y exhorte.

bénéfices liés à notre union ET intimité avec le Christ

  1. Lorsque nous persévérons dans l’épreuve, nous participons aux souffrances de notre sauveur et seigneur Jésus, et lorsque nous sommes persécutés, il nous accorde le grand privilège d’être associé à son glorieux nom. Lorsque nous voyons dans un livre ou un film, ce personnage qui est honoré de pouvoir souffrir, ou même mourir, par fidélité à son roi ou son pays, c’est une bonne image du privilège que le Christ nous accorde et que nous devrions ressentir lorsque nous souffrons à cause de son nom. C’est un honneur d’être uni à lui dans la persécution.
  2. L’épreuve approfondit notre intimité avec le Christ car elle nous pousse à la prière. Nous sommes obligés de reconnaître que nous ne prions jamais avec autant de zèle qu’au milieu de l’épreuve, car elle nous pousse à dépendre concrètement de la providence de Dieu, alors que les temps de répit ont tendance à nous conforter dans une fausse assurance d’indépendance et de contrôle de notre vie. Il n’y a rien de plus efficace que l’épreuve pour vaincre l’orgueil de notre chair, car elle nous oblige à reconnaître nos limites et à dépendre de la toute puissance de Dieu.
  3. Elle approfondit notre intimité avec le Christ car elle nous fait aspirer après son secours et sa délivrance, qu’elle soit terrestre ou éternelle. Autrement dit la persévérance dans l’épreuve produit en nous de l’espérance, ainsi que le dit Caleb Abraham dans son article sur la souffrance : La souffrance a pour but de nous faire vivre toujours plus en espérance des Cieux, de la gloire et de l’éternité. […] Ayant notre paille brûlée, nos bords polis, et notre faiblesse transformée en la puissance du Seigneur, nous nous retrouvons en train de vivre et respirer l’espérance de la gloire de Dieu. C’est par cette espérance que nous sommes prêts à tout donner, à tout sacrifier, et à tout souffrir pour Christ.
  4. En persévérant dans l’épreuve, nous faisons le bon plaisir de Dieu, et cette seule raison devrait nous suffire à considérer l’épreuve comme un sujet de joie complète. Dieu ne se réjouit pas de notre souffrance, mais il prend plaisir dans le fait que nous suivions les pas de son Fils et que par la puissance de l’Esprit Saint, nous grandissions en sanctification.

bénéfices liés à l’assurance de notre salut

  1. Lorsque nous persévérons dans l’épreuve, la force et la qualité de notre foi augmentent, et cela démontre son authenticité. Les épreuves sont un moyen de renforcer notre assurance de salut lorsque nous constatons que dans les pires moments de notre vie, l’Esprit Saint nous permet de ne pas murmurer contre Dieu, mais au contraire, d’en ressortir plus affermit que nous ne l’étions au départ, avec une intimité plus profonde entre Dieu et nous.
  2. Lorsque nous persévérons dans l’épreuve, nous sommes assurés de notre filiation divine, car Dieu nous confirme par là qu’il nous discipline, qu’il nous éduque comme un père. L’épreuve ne détruit pas le chrétien, mais elle le sanctifie, elle le perfectionne. Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par lui ; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée1.

bénéfices liés à la Transformation de notre caractère

La persévérance fait une œuvre en nous afin que nous soyons parfaits et accomplis, sans faillir en rien, et donc notre caractère s’en trouve transformé.

  1. Lorsque nous persévérons dans l’épreuve ; Dieu nous façonne à l’image du Fils, qui a lui même souffert bien des tourments dans le but d’accomplir la justice dans la même chair que nous. Si Jésus a dû porter sa croix, traverser le désert et souffrir à cause de sa fidélité envers son Père, pourquoi en serait-il autrement pour nous ses disciples ? Et n’est ce pas le plus grand des privilèges que d’être façonné par les mains du Père à l’image du Fils par le Saint Esprit ? L’épreuve est l’outil entre les mains du potier pour modeler les vases d’argile que nous sommes à l’image parfaite du Fils Unique.
  2. Lorsque nous persévérons dans l’épreuve, Dieu se glorifie à travers notre faiblesse. Notre orgueil est vaincu et notre Dieu est glorifié, nous diminuons et il est élevé. En cela l’épreuve nous permet d’accomplir le plus grand but de notre existence, à savoir, glorifier Dieu2, tout en grandissant en humilité.

    3.En persévérant dans l’épreuve, nous rendons un beau témoignage, surprenant, parfois incompréhensible, souvent attirant pour le monde, que seul le chrétien peut rendre. L’endurance dans l’épreuve, et non la prospérité, est certainement le moyen d’évangélisation pratique le plus puissant dont le chrétien dispose dans ce monde.

    L’endurance dans l’épreuve, et non la prospérité, est certainement le moyen d’évangélisation pratique le plus puissant dont le chrétien dispose dans ce monde.

    4. Lorsque nous sortons victorieux d’une épreuve, nous sommes mieux préparés à affronter la prochaine. Nous affûtons nos armes spirituelles pour le prochain combat, nous devenons des hommes et des femmes plus mûrs et stables dans notre foi. Nous résistons mieux aux épreuves, et nous sommes plus à même d’aider nos frères et sœurs dans la bataille.

    5. De manière générale, la persévérance dans l’épreuve produit en nous un caractère pieux, équilibré et vertueux. Désirons-nous travailler à notre sanctification3? Alors persévérons dans l’épreuve. Romains 5,3-4 : Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance.

    bénéfices liés à la Communion fraternelle

    Notre persévérance n’a pas que des bénéfices pour nous individuellement, mais pour le corps tout entier.

    1. Lorsque nous persévérons dans l’épreuve, cela nous rend capable de soutenir et d’encourager d’autres frères et sœurs lorsqu’ils seront éprouvés à leur tour. Nous pouvons bien sûr comprendre, compatir et encourager ceux qui souffrent sans être passés par les mêmes épreuves, mais s’il est dit du Seigneur Jésus en Hébreux 4 :15 « Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. », à combien plus forte raison ceci vaut pour nous aussi, que nous serons davantage capables de soutenir un frère ou une sœur dans l’épreuve en en ayant nous même traversé une par la grâce de Dieu.
    2. Les épreuves resserrent nos liens fraternels et affermissent, fortifient le corps du Christ. Plus le corps du Christ participe à ses souffrances et persévère dans l’épreuve, plus il resplendit de son éclat aux yeux du monde.

    La délivrance éternelle

    Et finalement, une des caractéristiques de l’épreuve, que paradoxalement nous avons tendance à oublier, c’est qu’elle prendra fin ! Que ce soit dans cette vie ou dans l’éternité, ne perdez pas courage lorsque vous êtes dans l’épreuve, car Dieu a déjà prévu le moyen pour vous d’en sortir. Parfois nous pouvons avoir l’impression que nous n’en sortirons jamais, mais cela ne nous fait qu’espérer et chérir d’avantage notre libération et consolation éternelle auprès de Jésus-Christ.

    Voici donc quelques précieux bénéfices que nous recevons lorsque, fortifiés par le Saint-Esprit, nous tenons bon dans l’épreuve et nous en sortons victorieux. Est-ce que cette liste non exhaustive vous attire ? Est-ce que vous considérez ces fruits produits par la persévérance comme de véritables bénéfices, non seulement désirables, chérissables, mais aussi nécessaires pour votre sanctification ? Est-ce que ces bénéfices, s’ils en sont pour vous, pèsent plus lourd dans la balance que les sacrifices et la souffrance que vous devez traverser pour les obtenir ? Est-ce que vous êtes dans la joie lorsque vous méditez dessus, même si vous êtes éprouvés dans votre vie ? Je ne parle pas d’une joie extérieure exubérante, ou pire, de façade, mais d’une paix, d’une sérénité, d’une joie intérieure profonde, fondées sur les promesses divines liées à la persévérance dans la souffrance. Si ces bénéfices ne vous attirent pas, examinez les priorités de votre cœur, car le désir suprême d’un cœur régénéré, c’est de grandir à la ressemblance du Christ et en intimité avec lui et son Église. Le cœur qui préfère le confort à l’épreuve, même si cela implique de renoncer au Christ, est un cœur idolâtre.

    Se réjouir dans l’épreuve est une des marques les plus fortes et évidentes de la maturité spirituelle.

    Mais nous devons reconnaître que malgré tout, même en comprenant tous les précieux bénéfices de la persévérance dans l’épreuve, la plupart du temps nous n’arrivons pas à considérer la souffrance comme un sujet de joie complète. C’est un processus qui prend du temps. Se réjouir dans l’épreuve est une des marques les plus fortes et évidentes de la maturité spirituelle. Et cette maturité se développe progressivement, épreuve après épreuve. Alors prions pour que le Saint-Esprit nous soutienne tout au long du chemin, qu’il nous fasse chérir plus que tout le fait d’être modelés à l’image de notre Sauveur qui a lui-même tant souffert pour que nous soyons à jamais délivrés de notre péché.

    Conclusion

    Je voudrais conclure avec une note d’encouragement. Comme l’a écrit l’auteur de la lettre aux Hébreux, aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse ; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle4. Notre Dieu est honnête et sincère avec nous ; il nous éprouvera. Vous passerez par des moments difficiles, parfois vous aurez l’impression que rien de ce que vous vivez n’a d’utilité ou même de sens. Vous vous direz “c’est vraiment ça la vie chrétienne ? A quoi cela sert-il que je passe par tant de souffrance ?” Mais dans ces moments là, rappelez-vous l’œuvre glorieuse que notre Dieu sage, bon et patient, opère en vous par l’épreuve. Comme le sportif qui ne supporte plus de répéter encore et encore les mêmes exercices, ne perdez jamais de vue l’objectif : la vie éternelle dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, là où plus aucune larme ne coulera car Jésus-Christ les aura définitivement essuyé de votre visage. Jacques parle beaucoup du jour du retour du Seigneur dans sa lettre, non pour en débattre théologiquement, mais parce qu’il sait que c’est pour nous la plus grande source de motivation pour travailler à notre sanctification, dans la joie et l’espérance.

    Alors, dans l’attente de son retour, appliquons les exhortations de Jacques ! Ne cherchons pas la persécution et l’épreuve pour nous prouver quoi que ce soit : Mettons plutôt tous nos efforts pour vivre une vie de fidélité aux commandements du Christ dans notre quotidien, pour nous fortifier spirituellement afin d’être prêts lorsque la persécution viendra à nous.

    1. Ne voyons pas la souffrance comme un jugement ou une anomalie : Christ l’a subie et Dieu l’a établie comme un outil nécessaire de sanctification dans nos vies. Rappelez-vous que l’épreuve n’est jamais séparée de l’amour de Dieu pour vous. Si vous êtes unis au Christ par la foi, Dieu ne cesse jamais de vous aimer, il ne peut vous aimer plus ou moins : en tout temps et en toutes circonstances, il vous aime de l’amour éternel et parfait qu’il a pour son Fils unique. Au milieu de l’épreuve, ne doutez jamais de l’amour de Dieu à votre égard.
    2. Pour ceux d’entre nous qui traversent une oasis dans leur vie : n’oubliez pas que l’oasis est l’anomalie et le désert la norme. Profitez du temps de répit non pour vous assoupir et vous ramollir spirituellement, mais pour aiguiser vos armes et réparer votre armure en vue du prochain combat, par la prière et l’étude de la parole de Dieu.
    3. Pour ceux d’entre nous qui ont peur et qui sont fragiles : Sachez que Dieu ne nous tente pas au dessus de nos forces, il a prévu la solution pour sortir de l’épreuve, il ne fait pas cela pour vous accabler ou vous détruire mais pour vous faire grandir et vous fortifier.
    4. Pour ceux d’entre nous qui ont échoué par le passé, qui ont baissé les bras face à la difficulté et laissé l’épreuve se transformer en tentation puis en péché : sachez que Dieu est fidèle et juste pour vous pardonner. Ne laissez pas Satan vous faire croire que vous n’êtes pas digne du pardon de Dieu, mais confessez votre péché devant Dieu, revenez de vos mauvaises voies, et reprenez la course. Jésus-Christ est sorti victorieux de toutes les épreuves afin de vous justifier devant Dieu, par le moyen de la foi. Tant qu’il vous accorde la vie, il n’est pas trop tard, repentez-vous, prenez courage, et revenez vers Christ, il vous soutiendra.
    5. Pour ceux d’entre nous qui sont au beau milieu de l’épreuve : N’oubliez pas qu’elle s’arrêtera. Ce n’est pas votre destinée éternelle, au contraire. Portez le regard sur l’objectif : vous sanctifier, vous préparer à la vie éternelle. Ces épreuves sont de courte durée face à l’éternité et Dieu vous consolera infiniment au-delà de vos souffrances actuelles. Patienter et persévérer en vaut la peine ! Pour supporter cela nous avons absolument besoin de la prière et de nos frères et sœurs, et c’est ce que nous verrons dans la prochaine prédication.

    Ainsi donc, nous répondons à notre question initiale :
    Comment le chrétien peut-il se réjouir face aux épreuves même les plus dures de sa vie ?
    En mettant en face de la souffrance tous les bénéfices présents et éternels que sa persévérance produira, grâce au Saint Esprit, au nom du Christ et à la gloire du Père.


    1. Hébreux 12:5-11[]
    2. Voir le petit catéchisme de Westminster, question 1 :

    Quelle est la principale fin de l’homme?
    → La principale fin de l’homme est de glorifier Dieu et de prendre plaisir en lui éternellement.[]

  3. Philippiens 2,12 : Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent.[]
  4. Hébreux 12,11.[]

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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