Cinq leçons de la naissance virginale
11 décembre 2021

“Il est né de la Vierge Marie”, dit le Symbole des apôtres. Ce miracle, qui nous est rapporté plus en détail dans l’Évangile de Luc, est-il une simple anecdote étonnante sur le Christ ? Depuis longtemps, les chrétiens ont compris qu’il y avait là beaucoup plus et qu’une richesse théologique particulière s’attachait à cet évènement, d’où son inclusion dans les 12 articles fondamentaux de la foi, résumés dans le Symbole des apôtres. Sans prétendre épuiser le sujet, je vous propose 5 leçons théologiques tirées de la naissance du Christ par une vierge1.

Né d’une mère, c’est un vrai homme

Christ s’est uni à notre humanité. Il en a partagé la chair et l’âme, les souffrances et les limites, les joies et les contingences. Il en a partagé la naissance, aussi2. Son union à l’humanité est d’autant plus manifeste qu’il est né d’une femme, comme nous tous. Si Christ était apparu descendant du ciel et d’âge mûr, nous aurions vu en lui un ange peut-être, un demi-dieu ou un homme d’une autre substance que la nôtre. Mais par sa naissance similaire à la nôtre sous ce rapport, son humanité est plus clairement manifestée.

Né sans père terrestre, il est vrai Dieu

Si toutefois Christ était né d’un père terrestre, il eut été difficile de croire qu’il était autre chose qu’un simple homme. La sagesse et la pédagogie divines nous font lever les yeux vers le premier mystère de la naissance virginale pour nous aider à les lever plus haut encore vers le grand mystère de l’incarnation. Notre foi est ainsi aidée par cette glorieuse condescendance3. L’Évangile fait le lien entre ces deux mystères :

Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? L’ange lui répondit : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. 

Luc 1.34, 35.

Né sans Père terrestre, il est saint

“Le saint enfant qui naîtra de toi”, dit le passage que nous évoquions. Les fils d’Adam sont sous la malédiction d’Adam. Par l’intervention nouvelle et créatrice de Dieu, la perfection morale du Christ est mise en lumière : la lignée maudite est brisée. La nuée de l’Esprit vient couvrir le saint enfant comme elle couvrait le lieu saint du tabernacle : Dieu vient tabernacler parmi nous4.

Rien de moins qu’un miracle pour nous sauver

Ce miracle nous invite à considérer le mystère de l’incarnation mais aussi celui de la grâce divine. Si le salut de l’homme était un dû, une telle intervention miraculeuse eut été superflue. Pensons aux dix plaies d’Égypte et à la traversée de la Mer : si de tels miracles étaient nécessaires, c’est que la situation du peuple était désespérée. Tout comme eux, nous étions esclaves du péché et du dieu de ce siècle. Il ne fallait rien de moins qu’un miracle pour nous sauver. Notre péché était grand, mais la grâce de Dieu plus grande encore.

Sans Toi quelle est ma vie ?

Reviens, je t’en supplie

Et calme mon effroi.

Combien grande est ma faute !

Mais ta grâce est plus haute,

Ô mon Dieu, sauve-moi.

Psaume 6.5, Psautier de Genève, Marc-François Gonin.

Le début d’une nouvelle création

L’Esprit planait au-dessus des eaux et de la terre primitives. La colombe portant le rameau annonce la nouvelle création post-diluvienne. Ici encore, la présence de l’Esprit couvrant le sein maternel, souvent comparé à une terre dans l’Écriture5, nous annonce le début d’une nouvelle création.

“Mais cette nouveauté tout entière, comme les autres événements, a été figurée par la loi ancienne, la sagesse éternelle nous préparant d’avance au mystère d’un Dieu naissant d’une Vierge. La terre était vierge encore ; la main de l’homme ne s’y était point fait sentir ; nulle semence n’avait été jetée dans son sein : c’est de cette terre que Dieu forma l’homme, ainsi que nous le lisons, en lui donnant une âme vivante. Que si le premier Adam a été formé de terre, il suit que le second, ou le nouvel Adam, comme parle l’Apôtre, a dû être produit par Dieu d’une terre, c’est-à-dire d’une chair de qui la pureté n’avait reçu nulle atteinte, et recevoir de lui l’Esprit qui vivifie6.”

TERTULLIEN, De la Chair du Christ, XVII.

Dieu, le tout-puissant Créateur,
S’abaisse au rang d’un serviteur
Et, pour sauver le genre humain,
Il naît et souffre dans son sein.

.

Quelle étonnante charité,
Quel tendre amour, quelle bonté !
Les hommes pourront-ils jamais
Reconnaître tant de bienfaits ?

.

Va donc au-devant de ton Roi,
Pauvre pécheur ; il vient à toi,
Doux, patient, humble de cœur ;
Il vient pour être ton Sauveur.

Recueil de la Confession d’Ausbourg – Sur les Ailes de la foi numéro 546.

Illustration en couverture : Antonio Balestra (1666-1740), Le prophète Ésaïe. Ésaïe est le premier prophète à parler si clairement de la conception d’une vierge.

  1. Quatre de ces leçons ont été entendues lors d’une prédication à la Chapelle de Nesle sur l’Annonciation et s’inspirent des réflexions de Wayne Grudem. La cinquième provient de Tertullien dans De la chair de Christ, XVII.[]
  2. IRÉNÉE, Contre les Hérésies, II, XXII, 4 ; TERTULLIEN, De la chair de Christ, IV. La seule fois que l’apôtre Paul mentionne la vierge Marie, c’est pour rappeler ce fait : “né d’une femme” (Galates 4.4).[]
  3. Tertullien l’exprime ainsi dans De la chair du Christ (XVIII) : “Maintenant, pour répondre avec plus de simplicité, il ne convenait pas que le Fils de Dieu naquît d’une semence humaine, de peur qu’étant tout entier fils de l’homme il ne fût point Fils de Dieu ; qu’il n’eût rien de plus excellent que Salomon, de plus excellent que Jonas, et qu’il ne fallût le croire tel que le dit Ébion. Ainsi, pour que celui qui était Fils de Dieu par la semence du Père, c’est-à-dire par son Esprit, fût également fils de l’homme, de la chair de l’homme, il ne devait prendre que la chair, et cela sans le concours de l’homme.” Ébion faisait de Jésus un simple prophète habité d’un ange.[]
  4. C’est ainsi que l’on pourrait traduire “la Parole a habité parmi nous” dans le prologue de l’Évangile de Jean.[]
  5. “Mon corps n’était point caché devant toi, Lorsque j’ai été fait dans un lieu secret, Tissé dans les profondeurs de la terre.” (Psaume 139.15).[]
  6. Je me souviens qu’Anselme disait pareillement dans son Cur Deus Homo que nous naissons d’un père et d’une mère, que Adam est né sans père et sans mère (humains, car Dieu est son Père et la terre sa mère), que Ève est une femme issue d’un homme et qu’il convenait ainsi pour la nouvelle création que Christ soit un homme issu d’une femme uniquement.[]

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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