La vie pour laquelle Dieu nous avait créés – Petrus Van Maastricht
23 juillet 2024

Voici une brève et splendide description, par Petrus van Maastricht (1630–1706), théologien scolastique réformé hollandais, de ce que devait être la vie de l’homme au paradis édénique1. Il y explique que l’homme devait vivre une vie religieuse, faite de foi (avec l’espérance et l’amour) et d’obéissance et une vie civile dans le mariage, vécue dans la contemplation, l’action et la production.


Et ainsi l’homme, placé en un lieu comblé de toutes ces choses, vivait premièrement une vie religieuse, c’est-à-dire une vie où il ne vivait pas seulement pour lui et les autres créatures, mais aussi spécialement pour le Créateur, dans la foi et l’obéissance. Car la foi, premier acte de toute vie religieuse, était nourrie par Dieu pour donner la vie, et confirmée par le sacrement de l’arbre de vie. En effet, c’est à cette fin qu’étaient ordonnées ces choses, la promesse et le sacrement : que l’homme par la foi puisse plus sûrement se reposer sur la parole et la fidélité de Dieu. Après la foi venait l’espérance, par laquelle l’homme attendait avec confiance la fin qui lui avait été promise s’il était obéissant, et tout ce qui en découlait. Après ces choses venait l’amour, non seulement en raison de la vie promise, mais aussi de celle déjà accordée, dans son corps, son âme et son état. De plus, Dieu avait prescrit explicitement l’obéissance, premièrement aux lois naturelles inscrites dans son cœur (Romains 2,15), mais aussi au commandement positif de s’abstenir de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Dieu ordonna cette obéissance à cette époque comme condition de l’alliance des œuvres, pour mériter par son moyen la vie éternelle. Il fut encore ajouté à ce culte naturel un certain culte institué, qui devait être exercé par la sanctification du septième jour (Genèse 2,2), en s’abstenant des préoccupations quotidiennes et en consacrant plus expressément ce jour aux exercices religieux. Voilà ce qu’aurait été la vie religieuse de l’homme au paradis.

L’homme vivait encore, deuxièmement, une vie civile, dans la mesure où il n’était pas célibataire mais marié, et son mariage est ainsi décrit (Genèse 2,22-24). Dans ce mariage, l’homme menait : (1) une vie contemplative et philosophique, totalement occupée à la contemplation de Dieu et de ses œuvres ; (2) une vie active, occupée en partie des exercices de la foi et de l’obéissance, du culte institué et en partie par la conduite des créatures qui lui étaient sujettes ; (3) une vie productive, dévouée à cultiver et soumettre le jardin, et cela jusqu’à ce que, après qu’une certaine période fut accomplie, il fût conduit à des choses plus excellentes, c’est-à-dire à un paradis céleste.


Illustration en couverture : Thomas Cole, le jardin d’Éden, 1828.

  1. Petrus van Mastricht, Theoretical-Practical Theology, vol. 3: The Works of God and the Fall of Man, Reformation Heritage Books, 2021, pp. 290-291.[]

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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