Le droit des parents d’éduquer leurs enfants — Henri Collin
20 avril 2022

Voici un extrait d’un manuel de philosophie thomiste du XXe siècle sur la place de l’éducation des enfants chez les parents. L’abbé Henri Collin (1888-1979) y défend, sur le fondement de la loi naturelle1, comme Maxime Georgel l’a fait dans un précédent article, que le droit d’éduquer les enfants revient premièrement aux parents, avant l’État. Je publierai d’autres extraits pertinents de ce livre à l’avenir.

Référence : Henri Collin, Manuel de philosophie thomiste, tome 2 (Critériologie2 – Méthodologie3Théologie naturelle4Tables générales), Paris : éd. Pierre Téqui, 1932, pp. 328-329.


C’est là un droit naturel que l’État, postérieur à la famille, chargé de promouvoir, de défendre, les droits naturels des familles qui le composent et non de les usurper, a d’autant le moins le pouvoir de s’arroger que, dans la personne des fonctionnaires qui en fait le représentent, il n’a pas les qualités de dévouement, d’intérêt, d’amour, que la nature a mises au cœur des parents pour chacun de leurs enfants.

Quels sont donc alors les droits de l’État sur cette partie de l’éducation qu’est l’instruction ?

  • Il doit aider les parents dans leur mission, en leur procurant ou en subventionnant des écoles conformes à leurs désirs.
  • Il peut exiger que tous les enfants apprennent chez eux ou d’ailleurs à lire, écrire et compter.
  • Il peut punir les parents négligents ou indignes et faire instruire les enfants qui seraient sans famille.
  • Il a aussi le droit de veiller à ce que les écoles privées n’enseignent pas des doctrines contraires à la morale, subversives de l’ordre public.

Mais son rôle s’arrête là : il n’est pas le maître des enfants. Il n’a pas dans ses attributions celle d’enseigner, quoi que prétendent les étatistes anciens et modernes. Et il outrepasse donc son pouvoir, violant ainsi le droit des familles, quand il crée un enseignement d’État doté du monopole de la collation des grades. Quand il établit des écoles publiques obligatoires, qu’il les subventionne d’une façon exclusive.

À plus forte raison quand il y impose, surtout dans un pays en majorité catholique5, un enseignement neutre sur le terrain religieux, c’est-à-dire en fait athée. D’ailleurs le monopole de l’enseignement d’État engendre le servilisme intellectuel et empêche les progrès que cause l’émulation entre écoles.


  1. Une théorie d’éthique formulée et défendue par de nombreux philosophes traditionnels : Socrate, Platon, Aristote, Augustin, les stoïciens, Thomas d’Aquin et d’autres médiévaux.[]
  2. Synonyme d’épistémologie, la discipline de la philosophie qui étudie la connaissance.[]
  3. Au sens de philosophie des sciences.[]
  4. La discipline de la philosophie qui étudie l’existence de Dieu et ses attributs (par exemple : sa bonté, sa toute-puissance, sa justice, son amour, son immuabilité, etc.).[]
  5. Au XXe siècle, la France était plus catholique qu’aujourd’hui.[]

Laurent Dv

Informaticien, époux et passionné par la théologie biblique (pour la beauté de l'histoire de la Bible), la philosophie analytique (pour son style rigoureux) et la philosophie thomiste (ou classique, plus généralement) pour ses riches apports en apologétique (théisme, Trinité, Incarnation...) et pour la vie de tous les jours (famille, travail, sexualité, politique...).

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2 Commentaires

  1. Erwan

    Voilà un discours idéologique. Toute idéologie est contraire à la loi de l’agape.L’agape ne S’incarnant Pas dans une idéologie,Et plus encore disons le aucun mode d’education ne plaît à Dieu.Les écoles sont des temples antechristiques mêmes les écoles confessionnelles.En effet « la noblesse du métier d’educateur«  de fairefructifier les talents n’est pas compatible avec la réalité de la chute de la race humaine.Les écoles quelles qu’elles soient postulent au moins inconsciemment la dignité morale de l’homme.

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    • Maxime Georgel

      Non, l’école c’est l’application de « instruit l’enfant dans la voie qu’il doit suivre », recommandation des Proverbes qui sont bien conscients de ce qu’est l’homme déchu.

      Réponse

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