Le triple office des pères – William Gurnall
5 septembre 2022

Nous partagions récemment quelques réflexions sur le mandat des pères, à la lumière des offices du prêtre, du prophète et du roi. Nous y revenons aujourd’hui avec ce texte du pasteur réformé William Gurnall (1616-1679), ministre de l’Église d’Angleterre et de sensibilité puritaine. Le texte est extrait de The Christian in Complete Armour (Le chrétien en armure complète), un commentaire d’Éphésiens 6,10-18 de près de 900 pages dans lequel il détaille toutes les armes dont dispose le chrétien pour lutter contre les pièges du diable.


Chaque père a le soin des âmes qui reposent entre ses mains. Il est prophète, roi et prêtre dans sa propre maison, et c’est de là que découle son devoir.

Premièrement, il est prophète en ce qu’il enseigne et instruit sa famille. Les épouses sont invitées à apprendre à la maison de leurs maris (1 Co 14,35) ; il va donc de soi que ces derniers doivent les enseigner à la maison. Les parents ont le commandement d’instruire leurs enfants : « Tu les instruiras… quand tu seras assis dans ta maison. » (Deut 11,19) « Élevez-les dans le soin et l’exhortation du Seigneur. » (Éph 6,4) Or, cette éducation et cette admonition se font par la prière à Dieu et la louange de Dieu, ainsi que par la catéchisation des enfants : « Instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres par des psaumes et des hymnes. » (Col 3,16) La prière du père avec sa famille leur apprendra à prier lorsqu’ils sont seuls. Les confessions qu’il fait, les demandes qu’il formule, les miséricordes qu’il reconnaît dans son culte de famille sont un excellent moyen de leur fournir de la matière pour leur dévotion. Comment se fait-il que beaucoup d’enfants, lorsqu’ils deviennent eux-mêmes chefs de famille, soient incapables d’être la bouche de leurs proches pour prier Dieu, si ce n’est parce qu’ils ont vécu dans des familles sans prière et ont été maintenus dans l’ignorance de ce devoir ?

De même, le père est un roi dans sa maison pour gouverner sa famille dans la crainte de Dieu. Il doit dire avec Josué : « Quant à moi et à ma maison, nous servirons l’Éternel » (Josué 24,15). Ne serait-ce pas un péché pour un prince de ne pas établir le culte public de Dieu dans son royaume, bien qu’il serve Dieu lui-même dans son palais ? C’est donc un péché pour le père de famille de ne pas l’établir dans sa maison, bien qu’il prie lui-même dans sa chambre.

Enfin, il est prêtre dans sa propre maison ; et là où il y a un prêtre, il faut un sacrifice. Quel sacrifice y a-t-il chez les chrétiens, sinon les sacrifices spirituels de la prière et de l’action de grâces ? Ainsi, David quitta les cérémonies publiques pour accomplir un devoir privé avec sa famille : « David s’en retourna pour bénir sa maison » (1 Ch 16,43), c’est-à-dire, dit un commentateur sur ce passage, qu’il revint pour adorer Dieu en privé avec eux et implorer la bénédiction de Dieu sur eux.


Illustration en couverture : Jean-Baptiste Greuze, Le culte domestique.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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