Quand l’épreuve devient tentation (1/3)
19 mars 2023

Voici la première partie d’un nouveau sermon sur l’épître de Jacques. Ce sermon suivra le plan suivant :

1/3 : N’accusons pas Dieu

2/3 : N’accusons pas les autres

3/3 : Vivons par l’Évangile


Que personne ne dise, lorsqu’il est tenté (ou éprouvé) ; c’est Dieu qui me tente ; car comme Dieu ne peut être tenté par aucun mal, aussi ne tente-t-il personne.

Jacques 1,13

Si vous n’avez pas eu l’occasion de lire les précédents articles de cette série, ou simplement pour vous rafraîchir la mémoire, je reviendrai rapidement sur l’objectif principal que Jacques visait lorsqu’il rédigea cette lettre, ainsi que sur les vérités que nous avons déjà considérées.

Le Jacques qui écrivit cette lettre était le demi-frère de Jésus, qu’il a donc côtoyé de près tout au long de son ministère, sans pour autant être particulièrement positif à son égard, bien au contraire. Ce n’est qu’à la fin du ministère terrestre de Jésus que le Saint-Esprit transforma le cœur de Jacques et qu’il comprit que son demi-frère était le Messie, l’incarnation du Fils de Dieu. Il devint par la suite un des premiers pasteurs de l’Église naissante du Nouveau Testament, et c’est ce cœur pastoral qui s’exprime avec beaucoup d’amour et de zèle dans cette lettre, un amour pour le Christ et son peuple, un zèle pour la sainteté de Dieu et celle de son peuple.

Cette lettre est celle d’un vrai pasteur, celle d’un ministre de l’Évangile qui se soucie des âmes de ses frères, et qui brûle de les voir conformer leur vie à la volonté de leur Père céleste. Pour Jacques, il n’existe pas d’autre Évangile que celui qui anéantit notre chair et qui porte du fruit de l’Esprit, si bien que celui qui prétend connaître et aimer Dieu, mais qui vit comme il l’entend, s’illusionne complètement quant au salut de son âme. La foi salvatrice se manifeste en nous transformant de l’intérieur afin que nos actes extérieurs glorifient Dieu et bénissent les hommes. Notre foi chrétienne est vivante et donc, par définition, ne peut rester invisible, inerte, dans notre quotidien. C’est pour cette raison que Jacques fut poussé par le Saint-Esprit à adresser toutes ces exhortations pratiques très diverses et universelles à ces Églises d’Asie mineure.

La persÉvÉrence dans l’épreuve

Le premier des sujets abordés par Jacques, c’est la persévérance dans l’épreuve. Les chrétiens auxquels Jacques s’adresse sont persécutés, ils ont dû, pour la plupart, quitter leur foyer, une partie de leur famille, de leurs amis, bref, renoncer à une grande partie de leur vie pour en commencer une nouvelle, beaucoup plus difficile et davantage remplie de nouvelles épreuves que la précédente. C’est donc pour les encourager face à cette situation que Jacques leur rappelle, des versets 1 à 4, pourquoi il vaut la peine d’endurer la souffrance, de persévérer dans l’épreuve. Pour le chrétien, l’épreuve a un sens, une utilité, et un but, car elle est un des outils principaux que Dieu utilise pour nous sanctifier en vue de la vie éternelle. Pour nous, l’épreuve n’est ni une option, et encore mois une anomalie ; elle est le passage nécessaire vers notre conformité au Christ. Et comme nous le verrons encore aujourd’hui, la récompense pour celui qui persévère jusqu’au bout est grande.

La prière efficace

Nous avons vu ensuite que le chrétien ne pouvait espérer tenir bon dans ces épreuves, et de manière plus générale, dans son exil sur terre, que s’il priait efficacement. Et pour cela nous avons identifié trois caractéristiques d’une prière efficace, que nous devrions tous travailler à développer dans nos vies, car cela ne s’improvise pas. Une prière chrétienne efficace doit d’abord être adressée au seul vrai Dieu, le Dieu trinitaire. Puis, son sujet doit être en accord et nourri par les intérêts du royaume de Dieu. Enfin, nous devons élever cette prière vers les cieux avec la foi qui émane d’un cœur entier, sincère, consacré à Dieu.

Le danger des richesses terrestres

Ce même cœur, sincèrement et entièrement consacré à Dieu, est nécessaire pour nous prémunir des grands dangers que représentent l’argent et les richesses terrestres pour notre âme, comme nous l’avons vu dans le dernier sermon, des versets 9 à 11. Tout simplement car c’est d’un cœur partagé entre les cieux et la terre, entre Dieu et Mammon, que Satan peut se saisir, en le séduisant par les vaines promesses des richesses, en détournant son regard du ciel, pour le ramener et le figer sur terre. Nous avons vu que les dangers liés aux richesses concernent aussi bien le pauvre que le riche, car la racine du problème, ce n’est pas premièrement le niveau de prospérité, mais c’est ce cœur qui est partagé entre le ciel et la terre, à cause de la corruption du péché commune à tous les hommes, et nous avons conclu en considérant qu’il était bon pour nos Églises d’avoir en leur sein cette diversité de niveaux de richesse que Dieu a voulu y maintenir, afin que le plus pauvre et le plus riche puissent, dans leur condition respective, s’enseigner l’un l’autre sur ce qu’ils ont de plus précieux en commun : l’Évangile du Christ.

Transition vers le douzième verset

Voici, en résumé, ce que nous avons déjà pu considérer dans les premiers versets de ce texte, que nous allons donc reprendre au verset 12 avec cette phrase, qui, encore une fois, comme c’est souvent le cas dans cette lettre, nous rappelle beaucoup les écrits de sagesse de l’Ancien Testament, tels que le Psaume 1, ou les enseignements de Jésus, comme dans le sermon sur la montagne : Heureux est l’homme qui endure la tentation.

Souvent lorsque l’on retrouve cette affirmation, cette béatitude dans les Écritures, c’est pour mettre en contraste le vrai bonheur et le vrai malheur. Je mentionnais à l’instant le Psaume 1 qui commence de la même manière : Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, et qui s’oppose à l’homme méchant qui lui sera comme la paille que l’on chasse au loin, qui ne subsistera pas au jour du jugement, et qui périra. Cette opposition, ce contraste, nous le retrouvons ici avec Jacques, dans des termes très similaires : il est dit du riche, qui représente ici en réalité tout homme dont le cœur est attaché à ce monde, à sa vie terrestre, qu’il passera comme la fleur de l’herbe, qu’il se flétrira dans ses entreprises. Même si le sujet est différent entre le Psaume 1 et ces versets de Jacques, le principe est le même : Jacques cherche à mettre en évidence les finalités très différentes des vies très différentes de ces deux personnes très différentes. D’un côté la perdition et la mort du méchant, de l’autre côté, la restauration et la vie du juste.

Et Jacques nous enseigne ici, au verset 12, que le chemin du juste qui vivra est un chemin semé de tentations, ou d’épreuves qu’il nous faut endurer patiemment pour recevoir la couronne de vie. C’est ce terme bien connu de “tentation” qui va particulièrement nous intéresser dans ce sermon, non seulement parce qu’il est central dans ces versets, mais parce qu’il peut avoir plusieurs sens dans les Écritures. Et si nous comprenons mal le sens différent que ce mot a, du verset 12 au verset 15, nous passerons complètement à côté de l’exhortation que Jacques nous adresse, en plus de construire une doctrine bancale de ce mot si central dans notre foi chrétienne.

Alors qu’est ce que Jacques entend par là ? En réalité, il revient ici au premier sujet qu’il aborde dans sa lettre, à savoir : les épreuves de la vie chrétienne, mais il le fait en mettant cette fois ci plus clairement l’emphase sur le but, sur la finalité de ces épreuves que nous endurons patiemment. Si vous vous en rappelez pour ceux qui auraient lu les précédents articles, nous avions vu que seul le chrétien peut vraiment considérer l’épreuve comme un sujet de joie parfaite, non pas par déni ou par masochisme, mais bien car il sait que l’épreuve est décidée, voulue et utilisée par Dieu pour produire en nous de la patience, patience qui elle-même accomplit en nous son œuvre de sanctification, afin que nous soyons prêts pour et ayons part à la vie éternelle.

Eh bien ! c’est exactement la même idée que Jacques reprend ici par cette béatitude : Heureux est l’homme qui persévère dans (la tentation) l’épreuve, car quand il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie (vie éternelle) que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment. Nous pourrions faire une prédication entière sur ce seul verset, mais pour le moment, il nous suffit de comprendre que Jacques réaffirme essentiellement la même vérité que dans ses premiers versets, le mot “tentation”, s’il est traduit ainsi dans vos bibles, étant ici synonyme d’épreuve, et la couronne de vie étant synonyme ailleurs dans la Parole de la vie éternelle.

Jacques veut nous encourager, à nouveau, à tenir bon, à persévérer, à endurer patiemment, car cela en vaut la peine, et si cela n’était pas suffisamment clair au verset 3, il rappelle à ses lecteurs que notre persévérance n’est pas vaine, et que nous devons garder les yeux fixés sur la récompense et la joie parfaite qui nous attend dans les cieux, au retour du Christ.

Jacques nous encourage en faisant le lien entre notre persévérance dans l’épreuve ici-bas, et la vie éternelle auprès du Christ. Dans cette perspective-là, nos épreuves deviennent des fenêtres ouvertes sur les cieux où notre joie sera parfaite, car alors même les épreuves les plus dures ont un sens, une utilité, un but et nous sommes encouragés et fortifiés par le Saint-Esprit à tenir bon, car nous savons que Dieu éprouve ceux qu’il aime, car c’est précisément en nous éprouvant qu’il nous émonde, qu’il nous perfectionne, qu’il nous purifie, comme l’argent dans le creuset, et qu’il nous rend aptes à courir la course jusqu’au bout, ce qui est l’objectif de tout chrétien.
Dieu discipline et éprouve ceux qu’il aime, car épreuve après épreuve, nous gagnons en maturité, en sagesse, et en patience pour celles qui suivrons, jusqu’au retour du Christ. C’est le sentier étroit que le chrétien doit arpenter ici-bas ; il n’y a pas d’autre solution, car seul ce chemin mène aux portes du paradis.

Dieu discipline et éprouve ceux qu’il aime, car épreuve après épreuve, nous gagnons en maturité, en sagesse, et en patience pour celles qui suivrons, jusqu’au retour du Christ.

Jacques insiste donc sur son encouragement du verset 3, car il sait que la plus grande motivation que nous puissions avoir pour endurer les épreuves en gardant un bon témoignage, c’est de garder les yeux fixés sur la finalité de nos efforts. C’est cette même image que prend Paul dans sa lettre aux Corinthiens lorsqu’il dit que nous courons non pas pour une couronne de lauriers corruptible, mais pour une couronne incorruptible. Aujourd’hui nous souffrons, nous transpirons, tout comme un athlète transpire jour après jour dans ses entraînement pour gagner la compétition, mais nous le faisons car nous savons que la récompense sera grande et surtout, parce que nous savons que Jésus-Christ l’a déjà remportée pour nous, en écrasant tous nos adversaires et nos ennemis sous ses pieds. Cette couronne de vie, c’est la vie éternelle, c’est Jésus-Christ, et c’est pour avoir part à la gloire de son règne lorsqu’il reviendra l’instaurer sur terre que nous persévèrerons dans l’épreuve. Ce que Jacques nous dit, c’est que si nous marchons jour après jour avec cette perspective en tête, alors, nous ne baisserons pas les bras lorsque l’épreuve viendra. Nous serons prêts, et nous serons déterminés, car nos souffrances nous plongent dans la perspective du glorieux retour du Christ.

Oui mais seulement voilà ; force est de constater que lorsque l’épreuve arrive, nous ne sommes pas toujours à la hauteur. Même si nous sommes d’accord avec ce que dit Jacques au verset 12, il peut nous arriver de manquer de patience, de maîtrise de nous même, de force et de volonté. Jacques le sait très bien, c’est un pasteur après tout, et chacun d’entre nous le sait très bien aussi : pour nous, pauvres pécheurs, l’épreuve est souvent une occasion de chute. Bien qu’elle soit voulue et utilisée par Dieu pour notre bien à la base, à cause du reste de corruption que demeure en nous, à cause de la faiblesse de notre chair, à cause de nos mauvais désirs, l’épreuve peut se transformer en occasion de chute, en tentation pour nous. Et lorsque cela arrive, le reste du vieil homme en nous, notre ancienne nature rebelle contre Dieu, cherche des excuses pour justifier son péché et ne pas faire face à sa seule responsabilité. Et c’est parce que Jacques a le vif désir que nous recevions tous la couronne de vie, mais qu’il sait bien aussi que nous sommes faibles et qu’il pourra nous arriver de baisser les bras dans l’épreuve, qu’il anticipe dans les versets 13 à 15 les excuses que nous pourrions nous trouver dans ces moments pour justifier notre péché.

Qui n’a jamais tenu, ou au moins entendu ce genre de discours : “C’est beaucoup trop dur. Même si je sais que cela en vaut la peine, même si je sais que Dieu a promis de me soutenir, je n’y arrive pas. C’est trop difficile. L’épreuve dure trop longtemps, je n’ai plus la patience. Pourquoi Dieu m’inflige-t-il cela ? C’est parce qu’il m’a mis dans cette situation que je pèche, il ne me laisse pas le choix. C’est à cause du caractère insupportable de telle personne que j’ai été poussé à mal agir, ce n’est pas ma faute.” Ou encore : “Je suis comme ça, on ne se refait pas, c’est mon éducation, ma manière d’être, je n’y peux rien.”

Dieu, les autres, et finalement nous même : voilà ceux que nous sommes prêts à accuser pour ne pas faire face à notre responsabilité lorsque nous chutons et péchons dans l’épreuve. Comment ne pas transformer l’épreuve en tentation ? C’est la question centrale que nous allons nous poser dans les trois prochains articles, et nous y répondrons en trois points : D’abord en ne rejetant pas la faute sur Dieu, puis en ne rejetant pas la faute sur les autres, et finalement, en vivant par l’Évangile.

L’objectif est qu’à la fin de ce sermon, nous comprenions mieux les mécanismes que notre chair met en place pour justifier notre péché, et que nous soyons plus équipés et déterminés à déjouer ces mécanismes pour le salut de notre âme.

N’accusons pas Dieu

Comme nous l’avons vu dans les premiers versets, Dieu nous éprouve pour notre bien, parce qu’il nous aime, et qu’il veut produire en nous cette patience qui nous conduira jusqu’au paradis. Donc nous l’affirmons, en bons calvinistes : l’épreuve, c’est certain, vient bien de Dieu et son objectif est vertueux. Lorsque le Saint-Esprit nous soutient et que nous endurons l’épreuve, elle produit son fruit vertueux dans notre vie, et nous en ressortons grandis spirituellement. Par le Saint-Esprit, l’épreuve est bonne et salutaire, pour nous. Mais lorsque nous écoutons davantage notre chair que le Saint-Esprit, et que nous nous la laissons nous conduire, alors l’épreuve se transforme en tentation, le péché est enfanté, et nous en ressortons fortement diminués spirituellement.

Lorsque nous écoutons davantage notre chair que le Saint-Esprit, et que nous la laissons nous conduire, alors l’épreuve se transforme en tentation, le péché est enfanté, et nous en ressortons fortement diminués spirituellement.

Ce n’est donc jamais Dieu qui est méchant lorsqu’il nous éprouve, et l’épreuve n’est jamais intrinsèquement mauvaise pour nous, mais c’est notre cœur mauvais et notre chair corrompue qui transforment l’épreuve en pierre d’achoppement, en occasion de chute.

Chers lecteurs, parmi tout ce que j’écrirai dans ce sermon, il y a quelques phrases que vous devez absolument noter et ne jamais oublier, et la suivante en fait partie : Dieu ne cherchera jamais à détruire votre foi, mais toujours à la fortifier. Dieu nous éprouve pour notre bien, et non pour notre malheur. Dieu nous éprouve pour nous mener à la vie et non à la mort, pour nous sanctifier et non nous tenter.

N’oubliez jamais, comme nous l’avons dit, que Dieu éprouve ceux qu’il aime, car l’épreuve nous discipline, et que cette discipline paternelle et aimante, bienveillante de Dieu est la seule qui nous mènera au paradis. Les épreuves que vous endurez patiemment ne sont jamais envoyées par Dieu pour vous décourager, vous blesser, vous nuire, bien au contraire ; Dieu les utilise pour vous faire grandir spirituellement, en vous faisant abandonner les mauvais réflexes de votre chair et en développant le fruit de l’Esprit en vous, sans lequel personne ne franchira les portes du paradis.

Jacques nous interdit très clairement de penser, ne serait-ce qu’une microseconde, que lorsque Dieu nous éprouve, il nous pousse à pécher. Vous pouvez aussi noter cette phrase. Jacques nous interdit absolument de faire porter la responsabilité de notre péché sur la souveraineté, la providence de Dieu. Et pourtant, combien de fois avons-nous pu reprocher à Dieu de nous avoir placé dans telle ou telle situation qui, selon nous en tout cas, nous a inévitablement poussés à pécher ?

Je vais prendre un exemple et le garder pour la suite de cette prédication, car il est à la fois très parlant et malheureusement récurrent dans nos Églises. N’avez-vous jamais entendu un frère ou une sœur qui attend avec hâte le mariage dire la même chose que cet homme, que nous appellerons Tom, pour l’exemple ?

J’attends depuis trop longtemps. Le temps passe, mon âge avance, et je ne peux plus me permettre d’attendre plus. Tous mes amis sont déjà en couple et moi, Dieu ne répond pas à mes prières, je suis toujours célibataire après toutes ces années. En plus la vie seul dans cette grande ville est trop dure, je suis loin de ma famille et j’ai besoin de réconfort. Et puis je n’ai aucune opportunité dans l’Église, par contre au travail il y a cette fille avec qui le courant passe super bien.

Je m’arrête là pour le moment, nous recroiserons Tom plus tard, mais voici comment cette première étape qui consiste à accuser la Providence peut être illustrée.

S’il est rare qu’un chrétien accuse directement Dieu de le pousser à pécher, il est par contre malheureusement très courant d’entendre un chrétien se plaindre des circonstances de sa vie qui le poussent soi-disant à pécher, autrement dit, d’entendre un chrétien accuser la providence de Dieu qui ne lui donne pas ce qu’il faut pour rester dans le droit chemin. Combien de fois avons nous pu nous-même tomber dans ce terrible syllogisme : Dieu m’éprouve, hors, cette épreuve me pousse à pécher, donc, c’est Dieu qui me pousse à pécher ?

C’est ce raisonnement abject que Jacques nous interdit formellement de présenter pour faire porter à Dieu la responsabilité de notre péché. Oui, Dieu met à l’épreuve notre foi, il nous teste, comme il a testé Abraham, Moïse, et Jésus-Christ lui-même dans le désert, mais jamais, pas une seule fois, Dieu n’a poussé une de ses créatures à pécher.

Cela est impossible, dit Jacques ! Car Dieu ne peut être tenté par aucun mal, aussi, ne tente-t-il personne. Alors, plusieurs questions peuvent être soulevées face à cet argument théologique que Jacques présente.

Premièrement, il y a plusieurs passages dans les Écritures où il nous est dit que Dieu est tenté. Prenons par exemple Exode 17,7 : Il (Moïse) donna à ce lieu le nom de Massa et Meriba, parce que les enfants d’Israël avaient contesté, et parce qu’ils avaient tenté l’Eternel, en disant: L’Eternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ?

Ce verset ne dit-il pas que Dieu peut être tenté ? C’est ce qui est dit en effet, mais encore une fois, nous faisons face à l’importance d’attribuer le bon sens au mot selon son contexte. Le peuple d’Israël a en effet, de par son comportement, éprouvé Dieu, ils ont en quelque sorte “tenté de le tenter” en contestant sa volonté. Ils ont mis à l’épreuve Dieu. Mais c’est tout ce qu’ils pouvaient faire. Jamais, à un seul moment, Dieu n’a expérimenté une once d’inclination vers le mal à cause du comportement d’Israël, car il est le Père des lumières et il n’y a en lui aucune ombre de variation, comme Jacques le dit quelques versets plus loin.

Si Dieu peut en effet être mis à l’épreuve, il ne peut jamais être incliné au mal, et voici une troisième phrase que je vous encourage à noter et à retenir : Dans ce passage et dans beaucoup d’autres, la tentation est l’inclination naturelle et puissante du cœur humain à chérir et pratiquer le mal. La tentation est l’inclination naturelle de notre cœur au mal. Dans ce sens-là évidemment, Dieu ne peut être tenté, et nous pourrions parler dans un autre article des tentations de Jésus-Christ, car cela pose encore d’autres questions, mais notez que Dieu, qui est l’essence même du bien, du beau, du vrai, et impassible dans tous ses parfaits attributs, ne peut en aucun cas être incliné au mal, et il s’ensuit donc qu’il ne peut pas non plus pousser un autre au mal, puisque évidemment, encourager quelqu’un à pécher est déjà un péché.

Dieu, qui est l’essence même du bien, du beau, du vrai, et impassible dans tous ses parfaits attributs, ne peut en aucun cas être incliné au mal, et il s’ensuit donc qu’il ne peut pas non plus pousser un autre au mal, puisque évidemment, encourager quelqu’un à pécher est déjà un péché.

Voilà donc pourquoi l’affirmation de Jacques est tout à fait vraie et pertinente, et qu’elle confirme ce que nous avons dit plus haut, à savoir qu’aucune des épreuves que Dieu ne vous envoie ne peut être un encouragement à pécher. Cela est tout simplement impossible au vu de l’être même de Dieu et de ses attributs. Nous ne devrions jamais oser imaginer que Dieu soit mauvais. Dieu est bon, pur et parfait en toute chose, à toute occasion, et si l’épreuve se transforme en tentation pour nous, si nous nous sentons poussés à pécher lorsque nous sommes éprouvés, la responsabilité doit donc être cherchée ailleurs qu’en Dieu et en sa Providence.

Nous en viendrons donc, dans le prochain article, au deuxième argument que nous pourrions avancer pour nous déresponsabiliser de notre péché dans l’épreuve : Si ce n’est pas à cause de Dieu et de sa Providence, alors c’est à cause des personnes qui m’entourent.


Illustration : Gösta von Hennigs, Athlète, huile sur toile, 1932 (Stockholm, musée national).

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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