Quand l’épreuve devient tentation (3/3)
2 avril 2023

Voici la troisième partie d’un nouveau sermon sur l’épître de Jacques. Ce sermon suivra le plan suivant :

1/3 : N’accusons pas Dieu

2/3 : N’accusons pas les autres

3/3 : Vivons par l’Évangile


Vivons par l’Évangile

Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort. 

Jacques 1,15.

Comment sommes-nous tentés ? Afin de ne laisser aucun doute à ses lecteurs que chacun porte l’entière responsabilité de son péché, Jacques illustre ce mécanisme par deux métaphores très explicites, qui nous montrent, par la même occasion, comment la convoitise mène au péché qui lui-même mène à la mort.

LE POISSON PÉCHEUR SE PÊCHA SANS SON PÊCHEUR

La première métaphore est celle de la pèche, au verset 14 : Chacun est tenté lorsqu’il est attiré et amorcé par sa propre convoitise.

Le premier concept qui nous vient en tête lorsque nous parlons de tentation, c’est généralement les sollicitations extérieures à nous-mêmes qui nous poussent à pécher, n’est-ce-pas ? Nous pensons à Satan, le tentateur par excellence, aux païens qui nous encouragent à ne pas tenir compte de la volonté de Dieu, ou à toutes ces sollicitations dans notre société qui attirent notre chair vers le péché. Et la tentation peut en effet avoir cette signification. Si l’on reste dans le domaine de la pèche, toutes ces choses extérieures à nous-mêmes sont des appâts qui nous attirent vers le mal.

Mais la question est celle-ci : pourquoi sommes-nous attirés ? Car après tout c’est bien cela le problème. C’est bien parce que tous ces appâts nous semblent bons, attirants, séduisants, que nous nous en approchons, comme le poisson s’approche de l’appât du pécheur. Là encore, chers lecteurs, nous ne pouvons nous dédouaner en accusant toutes ces sources extérieures de tentation. Car si elles n’excitaient absolument rien en nous, elles resteraient impuissantes. Ce que cette métaphore de Jacques nous montre, c’est que tout ce que ces appâts font, au final, c’est exciter les mauvais désirs qui sont déjà en nous, à cause de la corruption du péché originel.

Jacques ne dit pas : « chacun est tenté lorsqu’il est attiré et amorcé par Satan, la sirène des eaux, ou la société corrompue », mais bien : « par sa propre convoitise ». Nous marchons vers l’appât, nous jouons avec l’appât, et nous finissons par mordre à l’appât, parce que nous le voulons. Vous savez ce que sont les amorces à la pèche ? Ce sont des appâts secondaires qu’on lance autour de l’hameçon pour attirer le poisson. Cela veut dire que, selon cette métaphore, nous n’avons même pas besoin d’appâts extérieurs à nous mêmes pour nous pousser à pécher : notre propre convoitise à elle seule nous attire et nous amorce vers le péché. Lorsque Tom accuse la providence de Dieu, les chrétiens ou tout autre personne, ce n’est que pour faire diversion ; la réalité, c’est qu’il n’a besoin de rien ni personne pour le pousser à pécher, car il est simplement en train de laisser toute la place à sa propre convoitise. Tout comme son père Adam dans le jardin d’Éden, Tom veut quelque chose quand il veut, et comme il le veut, même si cela le fait agir contre la volonté de Dieu.

Jacques ne dit pas : « chacun est tenté lorsqu’il est attiré et amorcé par Satan, la sirène des eaux, ou la société corrompue », mais bien : « par sa propre convoitise ». Nous marchons vers l’appât, nous jouons avec l’appât, et nous finissons par mordre à l’appât, parce que nous le voulons.

Nous devons nous rendre à l’évidence, et ne jamais l’oublier : nous sommes par nature, dès notre naissance, entièrement inclinés au mal. Nous aimons le mal, nous aimons notre péché, nous aimons l’entretenir et le consommer. Il n’y a que le Saint-Esprit qui peut inverser cette tendance, en nous donnant un cœur nouveau, et en entretenant dans ce nouveau coeur de nouveaux désirs, de nouvelles affections, de nouveaux objectifs. Sans la grâce commune de Dieu qui restreint le péché en l’homme, sans la grâce particulière de Dieu qui produit du bon fruit en l’homme qui est né de nouveau, les désirs de ce dernier ne se portent que vers le mal.

La source de la tentation n’est donc pas extérieure à nous même. C’est la convoitise de notre cœur corrompu qui nous pousse vers le péché que nous désirons. Et la deuxième métaphore de Jacques nous explique la suite et la fin de ce processus en nous au verset 15 : Et après que la convoitise a conçu, elle enfante le péché ; et le péché étant consommé, engendre la mort.

TRAGIQUE FILIATION

Lorsque nous sommes attirés vers le péché par notre convoitise, il est encore temps de faire marche arrière. C’est le combat contre la chair que nous menons chaque jour, lorsque poussés par notre orgueil, nous voulons répondre à la provocation, lorsque poussé par notre convoitise, nous sommes jaloux de la réussite de notre frère, etc. Dieu dit à Cain : Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi: mais toi, domine sur lui. (Genèse 4,7) Nous sommes appelés à dominer notre péché, et cela est possible, grâce au Saint-Esprit qui abonde en nous de ce côté-ci de la croix. Mais lorsque malheureusement nous laissons notre propre convoitise faire son chemin en nous, et nous attirer vers l’hameçon, et que finalement nous mordons à cet hameçon, notre convoitise enfante le péché.

Voici une autre phrase que vous pouvez noter : Le péché est l’aboutissement de notre passivité active face à notre propre convoitise.

Le péché est l’aboutissement de notre passivité active face à notre propre convoitise.

Et la Parole est très claire quant au salaire du péché : c’est la mort. Et c’est ce que Jacques nous rappelle ici : Le péché étant consommé, engendre la mort. Pour ceux qui auraient déjà pratiqué la pèche, vous savez qu’il peut souvent arriver que lorsque l’on retire l’hameçon de la bouche du poisson, on arrache une partie de sa bouche, de ses branchies. Désolé pour l’image mentale, mais elle illustre bien ce que le péché consommé produit en nous.

Chers lecteurs, nous ne devrions jamais considérer que nous pouvons pécher sans conséquence. Il y a de gros hameçons qui arracheront une grande partie de la bouche du poisson, et d’autre plus petits, qui ne feront que l’entailler, c’est vrai. Mais de nombreux petits hameçons finiront par faire les mêmes dégâts qu’un gros. Il n’existe pas de petits péchés sans conséquence ; tous les péchés sont passibles de la mort éternelle et y mènent inexorablement. Tout comme il est naturel pour une femme de mettre au monde son enfant, de même c’est la nature du péché que d’enfanter la mort. Si nous laissons la place à nos mauvais désirs, puis au péché, c’est vers la mort éternelle que nous marchons.

Nous ne devrions jamais considérer qu’il existe de petits péchés sans conséquence : tous les péchés sont passibles de la mort éternelle et y mènent inexorablement.

Avant de conclure, j’aimerais revenir rapidement sur Satan, que nous avons évoqué. Nous comprenons mieux, à la lumière de ce que nous venons de méditer, quelle est en réalité la vraie force de Satan. La vraie force du Tentateur réside dans notre propre convoitise, nos mauvais désirs, notre inclination au mal. Si Satan a une telle emprise sur l’humanité, s’il est si puissant aujourd’hui, c’est parce qu’il sait extrêmement bien quel appât utiliser pour séduire au mieux notre chair. Mais nous ne devons pas oublier qu’il serait totalement impuissant si nous n’étions pas corrompus. C’est pour cela qu’il ne pouvait rien contre Dieu le Fils qui s’est fait homme, et qu’il ne peut rien contre les enfants de Dieu qui sont en Christ. Bien sûr, il a encore une certaine emprise sur nous, car il demeure un reste de corruption en nous ; mais nous ne devons pas oublier qu’il ne pourra plus jamais nous accuser, car en Jésus-Christ, nous sommes déclarés justes et parfaits, et que nous le serons réellement au jour de son retour, lorsque nous revêtirons notre nouveau corps incorruptible.

Alors chers lecteurs, en attendant ce jour glorieux, où ces exhortations de Jacques ne seront plus qu’un lointain souvenir, car nous serons alors rendus incapables de pécher, que faire pour éviter de transformer nos épreuves en sources de tentation ?

Conclusion

Pour éviter d’accuser Dieu et sa providence, apprenons à connaître ses attributs, ses intentions envers nous et les promesses qu’il nous a faites. Dieu est bon en tout temps, il aime ceux qu’il éprouve, il les soutiendra jusqu’au jour où il recevront la couronne de vie de ses propres mains. Dieu nous éprouve mais ne nous tente jamais ; il veut fortifier notre foi, jamais la détruire. Apprenons à considérer nos épreuves de cette manière, afin qu’elles ne nous mènent non plus à pécher, mais à soupirer après la vie éternelle.

N’oublions jamais que nous sommes en guerre constante contre le reste de corruption qui demeure en nous. Ne baissons jamais la garde, aiguisons sans cesse les armes spirituelles que Dieu nous a données, restons vigilants et alertes, afin de ne pas être surpris lorsque notre convoitise nous attirera vers le mal. Réagissons rapidement, radicalement et ne pensons jamais que nous sommes assez forts pour jouer avec notre convoitise. Beaucoup se sont crus forts et malins, capables de jouer avec l’appât sans mordre à l’hameçon. Tous ont fini pendus à la canne à pèche.

Arrêtons définitivement de chercher des excuses pour justifier notre péché, et assumons notre seule et entière responsabilité. Si nous péchons, c’est parce que nous le voulons, car notre cœur est mauvais. Il n’y a pas d’autres raisons. Chers lecteurs, j’ai gardé pour la fin la phrase la plus importante de ce sermon. Si on vous demandait quelle est la plus grande œuvre que le Saint-Esprit peut produire dans une vie, que répondriez-vous ? Serait-ce le don d’enseigner ? Le don de prophétie, de guérison, de parler en langues ?

Je crois que la plus grande œuvre du Saint-Esprit dans la vie d’un homme est malheureusement trop peu prêchée, trop peu encouragée, et trop peu appréciée à sa juste valeur. Notez bien cela : la plus grande œuvre du Saint-Esprit en nous, c’est la capacité qu’il nous donne d’assumer la totale responsabilité de notre péché devant Dieu et devant les hommes. Alors que la chair nous pousse à pécher puis à accuser les autres d’être responsables de notre péché, le Saint-Esprit nous pousse à reconnaître notre seule et unique responsabilité, à nous en repentir, et à nous saisir de la justice parfaite du Christ afin de pratiquer le bien, par sa grâce et pour sa gloire.

Nous naissons tous avec la corruption du péché originel gravée dans nos gènes. Nous sommes tous inclinés au mal, soumis à Satan, et justement condamnés à cause de notre péché. Il n’y a que l’œuvre salvatrice du Dieu trinitaire qui puisse changer cela.

Alors, lorsqu’il nous arrive de transformer les épreuves de nos vies en pierre d’achoppement, à cause de notre corruption, ne laissons pas Satan nous faire croire que notre chair est plus forte que le Saint-Esprit. Dieu ne rejette jamais un de ses enfants qui se repend sincèrement de son péché et qui revient à lui. Dans ces moments-là, ne rejetons pas la faute sur autrui, mais confessons que nous avons péché parce que l’avons voulu. Supplions continuellement le Saint-Esprit de nous donner de nouveaux désirs et de nouvelles affections. Faisons tous nos efforts pour nous entourer de bonnes influences qui nous aideront à croître en sainteté. Faisons cela avant que notre péché n’engendre la mort.

Je souhaiterais terminer par la lecture d’un texte des Écritures, Éphésiens 2,1-10, qui conclura à merveille ce sermon en nous rappelant très bien qui nous étions et comment nous agissions, qui nous sommes aujourd’hui en Christ et comment nous devons agir en tant qu’enfants de Dieu, citoyens des cieux.

Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres. Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ c’est par grâce que vous êtes sauvés ; il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à venir l’infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ. Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions.

Éphésiens 2,1-10

Prions afin de rendre grâce à Dieu pour sa miséricorde qui nous a arrachés à la mort, en Jésus-Christ. Prions le Saint-Esprit pour qu’il nous sanctifie en nous délivrant des convoitises de notre chair.

Prière

Seigneur, ta Parole dit : qu’aucun de vous ne dise qu’il est sans péché (1 Jean 1,8). En tant que chrétiens, nous proclamons qu’un seul est juste devant toi : Jésus-Christ, l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Lui seul, étant vraiment Dieu et vraiment homme, a pu mener une vie d’obéissance parfaite devant toi, se rendant obéissant jusqu’à la mort de la croix. Cette croix est notre étendard, celui que nous brandissons lorsque l’ennemi nous accuse d’être encore corrompus et condamnés devant le Dieu des armées. Car sans cet étendard, trempé dans le sang pur du Christ, Satan a raison de nous accuser. Tout autre étendard ne vaut rien devant toi Seigneur, car il n’y a qu’un seul nom par lequel un homme puisse être sauvé : le nom glorieux de Jésus-Christ. C’est lui seul qui a mené une vie de justice à notre place, lui seul qui a offert son corps en sacrifice parfait pour nous purifier, lui seul qui a mérité la resurrection, la vie éternelle, et l’entrée au paradis, en tant qu’homme.

Et la merveille de l’Évangile, c’est que tout ce que le Fils de Dieu a accompli est vrai pour nous par ta grâce, et par le moyen de la foi. Chaque jour, nous nous confions en l’œuvre parfaite et achevée de Jésus-Christ. C’est à elle que nous retournons lorsqu’il nous arrive encore de pécher contre toi notre Père, en cédant à nos mauvais désirs.

Saint-Esprit, aide-nous à vivre des vies qui honorent notre Père qui a offert son propre Fils en sacrifice pour que nous fussions réconciliés avec lui. Garde-nous dans la sainteté, en pensées, en mots et en actes, afin que nos corps ne souillent par la présence du Christ en nous par notre péché. Soutiens-nous au milieu de l’épreuve, afin que nous ne la transformions pas en occasion de chute, mais que par la force que tu nous donneras, elle soit pour nous l’occasion de démontrer l’amour que nous avons pour Jésus-Christ, par notre obéissance fidèle. Amen.


Illustration : Gösta von Hennigs, Athlète, huile sur toile, 1932 (Stockholm, musée national).

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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