10 mai 1527 : Martyre de Jean Heuglin
10 mai 2023

L’hommage suivant est extrait de l’Histoire des martyrs persécutés et mis à mort pour la vérité de l’Évangile, un martyrologe protestant écrit par Jean Crespin en 1572, au cœur des guerres de religion. Jean Heuglin, prêtre bavarois, mourut pour sa foi protestante sur le bûcher en 1527 à Meersburg.

Texte modernisé.


Jean Heuglin, de Lindau, fut appréhendé par les ennemis de la vérité de l’Évangile, puis livré aux mains de l’évêque de Constance à Meersburg où il demeura prisonnier et fut rigoureusement traité. Il était accusé d’hérésie, pour avoir dit entre autres choses qu’il croyait que les bonnes œuvres n’étaient pas cause, mais seulement marques et témoignages de notre salut ; que Jésus-Christ s’était offert une fois à la croix et que depuis on ne le peut offrir ; dont s’ensuit que la Messe n’est point un sacrifice pour les vivants et les morts ; que la Sainte-Cène devait être administrée aux laïcs sous les espèces du pain et du vin ; que le mariage était licite aux prêtres ; qu’il n’y avait point de purgatoire mais seulement deux voies : l’une pour le salut, l’autre pour la perdition. Interrogé sur ce dernier article, il dit : « Puisque l’Écriture ne fait aucune mention de votre purgatoire, qu’en dirai-je moi ? Mon Dieu, je suis assez en purgatoire parmi tant de maux que j’ai endurés en cette prison. Chrétiens, n’est-ce point un suffisant purgatoire ? Je n’ai recours qu’à Dieu. » Il disait cela en larmoyant, et de telle manière que plusieurs là présents soupiraient de détresse ; mais le vicaire de l’évêque se tenait assis et riait ; Heuglin l’apercevant dit : « Hélas, pourquoi vous moquez-vous de moi, pauvre et abandonné de tous, et de qui l’on ne devrait point faire de risées ? Riez vous de vous-mêmes ; cependant, Dieu le vous veuille pardonner car vous ne savez ce que vous faites. »

Le vicaire demeura muet et confus ; car chacun avait pitié des maux que l’on avait fait souffrir à Heuglin, qui, quelques jours après, […] fut livré au bras séculier, lequel le condamna à être brûlé et réduit en cendres. Ayant ouï cette sentence, il leva ses yeux au ciel et dit de grande affection : « Dieu vous pardonne cette faute ; car vous ne savez ce que vous faites. » Puis, louant d’une face joyeuse le Seigneur, ajouta : « Je te rends grâce, ô Dieu éternel, de ce que tu as tant daigné m’honorer, me faire ton témoin et me faire la grâce de mourir pour ton saint Nom. » En chemin vers son supplice, il chantait quelques psaumes et cantiques ; puis, invoquant le nom de Jésus, rendit paisiblement son âme à celui qu’il avait plus aimé que le monde.


Illustration : gravure tirée du Livre des martyrs de John Foxe représentant le poids de la Parole de Dieu face aux vaines traditions humaines.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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