James Schall est un des rares philosophes catholiques thomistes récents qui ont écrit abondamment sur la philosophie politique. Voici la traduction d’un extrait où il résume les principales thèses de la philosophie politique classique (celle des Anciens comme Platon, Aristote, Augustin, Thomas d’Aquin) qu’il donne dans son livre Reason, Revelation and the Foundations of Political Philosophy (un survol de la philosophie politique en gros de Platon à Feuerbach).
La philosophie politique classique présente clairement neuf problématiques ou thèses :
- L’obligation pour le philosophe de poursuivre la vérité malgré les commandements d’un gouvernement particulier qui le lui interdirait (Antigone, Socrates)
- Le besoin de construire au moins dans sa tête une ébauche de la cité juste et parfaite, ses conditions et son lien avec le bon fonctionnement de l’être humain pensant lui-même, et la relation de cette pensée à son bonheur (La République de Platon).
- Le problème de la solitude du premier moteur ou Dieu, selon lequel la pensée pensant à soi soit privée du bien le plus grand de la création dans l’expérience humaine (Aristote).
- Le désir au moins d’un bonheur propre à chaque individu en tant qu’individu, pas seulement d’un membre d’une collectivité qui perdure à travers les âges, comme Socrates, Platon ou Marie (Aristote).
- La question de l’amitié possible avec Dieu, étant donné que l’amitié mutuelle est la plus grande des réalités de l’homme (Platon, Aristote, Cicéron).
- L’immortalité de l’âme humaine, à la fois comme le lieu où la justice et l’amitié s’accomplissent entièrement, et comme la faculté qui peut saisir ce qui est, ce qui est présent, la vérité elle-même (Platon, Aristote, Cicéron).
- Nous ne voulons pas accomplir les choses les plus nobles si nous venons à perdre notre identité (Aristote).
- La faculté suprême de l’homme est sa raison par laquelle il reste ouvert à tout être comme une chose qu’il peut faire sienne dans sa connaissance et qu’il peut posséder sans se détruire ni faire absorber dans quelque chose d’autre que lui (Aristote).
- L’homme doit encore choisir de rester raisonnable et ouvert à la vérité, de sorte que même la connaissance la plus noble reste accessible à nos risques et périls. La cité de l’homme ou la folie en philosophie reste ainsi toujours chose possible dans la recherche des choses les plus nobles, à la fois pour le philosophe et pour l’homme ordinaire (Paul, Augustin).
Schall James, Reason, Revelation and the Foundations of Political Philosophy, pp. 219-220.
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