L’Église est Israël : face aux dispensationalistes, nous l’affirmons
24 juillet 2025

Cet article est extrait d’une conversation Telegram, d’où le style plus direct.

Dispensationalisme

Concernant la discussion sur le dispensationalisme, j’ai plusieurs choses à dire, mais pour ce soir, je vais me limiter au pan sémantique de la discussion, autour de l’emploi du terme Eglise en Actes 7 désignant Israël lors de l’exode d’Egypte comme l’ekklesia du désert.

F. souligne que le mot ekklesia est un mot assez banal qui peut désigner plusieurs choses, y compris des réalités non chrétiennes, comme c’est le cas dans la fin du livre des Actes. Il a tout à fait raison : le mot Eglise, en lui-même, n’a pas un sens technique spécialisé. Le mot désigne simplement une « réunion » ou « un rassemblement » » ou « une assemblée ». Pour cette raison, l’emploi du même mot « ekklesia » pour désigner Israël au désert lors de l’exode, et la réalité nouvelle qui prend corps à partir de la Pentecôte n’identifie pas purement et simplement l’ancienne réalité de l’Israël au désert avec la nouvelle réalité du peuple chrétien composé de Juifs et de non-Juifs qui croient en Jésus-Christ.

1. De l’usage du mot ekklesia

Une fois qu’on a dit ça, il faut néanmoins ajouter quelques éléments. Premièrement, il faut souligner qu’il existe en hébreu des mots équivalent à ekklesia, qui signifient donc rassemblement ou assemblée. Dans l’AT, le mot qahal est utilisé pour désigner différents types de rassemblement : des rassemblements militaires, des rassemblements de peuple païen, des rassemblements même de pécheurs, de ceux qui font le mal. Le mot qahal n’a donc pas le sens technique d’un rassemblement spécifiquement cultuel : le terme qahal désigne tout type de rassemblement, d’assemblée.

Il y a aussi un autre mot, edah, qui veut dire plus ou moins la même chose. Mais si ces termes hébraïques, qahal et edah, peuvent désigner toutes sortes de rassemblement, il apparaît clairement qu’ils peuvent bel et bien être désignés pour employer pour désigner le rassemblement des adorateurs du Seigneur, le rassemblement du peuple de Dieu qui le loue. Cela est parfois fait avec le seul mot qahal ou edah, mais le plus souvent, il est question de la qahal YHWH ou de l’edah YHWH : l’assemblée de l’Eternel.

Le terme qahal désigne bien tout type de rassemblement, d’assemblée. Et parmi ces différentes assemblées, il y a tout particulièrement le rassemblement du peuple d’Israël convoqué par Yahvé au désert pour recevoir sa Loi et pour contracter alliance avec lui. C’est la qahal Yahweh dont il est question à partir d’Ex 19. Israël, en tant que peuple de Dieu, est dès lors régulièrement présenté comme l’edah YHWH ou la qahal YHWH, deux expressions synonymes qui désignent l’assemblée, le rassemblement, la congrégation d’Israël.

Après l’exil, Israël cesse d’exister en tant que nation. La communauté juive devient une communauté définie essentiellement par sa religion. Désormais, comme le dit Ac 15.21, Moïse a dans chaque ville des gens qui le prêchent, puisqu’on le lit tous les jours de sabbat dans les synagogues, des croyants juifs se réunissent le jour du sabbat pour lire la Torah et être instruit par elle. L’activité principale de ses réunions est l’enseignement, comme l’illustre assez bien l’attitude de Jésus qui, lorsqu’il rentre dans une synagogue, enseigne (Mc 1.21 ; 6.2). Les synagogues, qui fonctionnent sans lien officiel avec le temple de Jérusalem, deviennent progressivement le centre de la vie religieuse, de la piété des Juifs dispersés à travers le monde gréco-romain. Le temple est certes toujours honoré comme le lieu de la présence toute spéciale de Dieu, mais les Juifs de la diaspora organisent peu à peu un culte sans lien direct avec le temple et l’autel, la prêtrise et les sacrifices, mais qui est principalement constitué d’enseignements et de prières.

Ce sont ces assemblées qui serviront, du moins au niveau de leur fonctionnement, de modèles aux assemblées chrétiennes nouvellement constituées. D’ailleurs, on peut signaler que, comme edah et qahal en hébreux, synagoge et ekklesia sont au départ des synonymes qui servent à désigner dans le monde grec les assemblées religieuses juives. La LXX a plutôt traduit edah par synagoge et qahal par ekklesia, mais tous ces mots sont pour l’essentiel équivalents. Il semble toutefois qu’à l’approche de l’époque du NT, les Juifs avaient graduellement fini par spécialiser le sens de synagogue pour désigner l’institution que nous connaissons aujourd’hui encore sous le nom de synagogue. Dès lors, puisque synagogue était pris, il restait le terme Eglise.

Cet arrière-plan explique sans doute pourquoi le mot synagogue est employé dans le NT pour désigner les réunions des Juifs (comme en Ac 13.43) et leurs bâtiments (comme en Mt 4.23), alors que le mot ekklesia, s’il est parfois, mais rarement, employé pour désigner une assemblée non chrétienne (comme en Ac 19.32, 39, 40 dans l’épisode de l’émeute d’Ephese), est l’immense majorité des occurrences employés dans le NT pour désigner l’assemblée des chrétiens.

Il n’y a là rien d’étonnant, puisque c’est Jésus lui-même qui emploie certainement l’équivalent araméen du mot qahal et ekklesia pour désigner la communauté ecclésiale qu’il rassemble autour de lui. « Je bâtirai mon ekklesia » annonce Jésus en Mt 16.18. Et, afin de régler les problèmes qui ne manqueront pas de surgir, Jésus institue une discipline dans laquelle il ordonne : « S’il refuse de les écouter, dis-le à l’ekklesia; et s’il refuse aussi d’écouter l’ekklesia, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. » (Mt 18.17).

Ce qu’il faut enfin ajouter, c’est qu’alors que l’expression consacrée dans l’AT était la qahal YHWH, on trouve dans le NT l’expression ekklesia tou theou : l’Eglise de Dieu, et Jésus parle de « son Eglise » (et puisque Jésus est YHWH, son Eglise, c’est l’Eglise de YHWH).

L’argument est le suivant : il ne faut pas simplement constater l’emploi de ekklesia aussi bien pour Israël que pour l’Eglise chrétienne. Le mot veut simplement dire assemblée, et il est très possible qu’Israël au désert et l’Eglise après la Pentecôte soient des assemblées substantiellement différentes.

MAIS : lorsqu’on prend conscience qu’Israël n’est pas une simple assemblée, mais « l’assemblée de YHWH », et que l’Eglise chrétienne n’est pas une simple assemblée, mais « l’assemblée de Dieu » et « l’assemblée de Jésus », il s’ensuit que la seule comparaison entre les deux réalités ne consiste pas seulement dans le fait que ce sont des assemblées, mais bien des assemblées qui appartiennent au Seigneur.

  • Israël, dans l’AT, est l’assemblée de l’Eternel.
  • L’Eglise chrétienne, dans le NT, est l’assemblée de Dieu (qui est l’Eternel), et l’assemblée de Jésus (qui est l’Eternel).

A ce stade, sans que l’identification soit nécessaire (après tout, il est possible qu’Israël est tout simplement cessé d’être l’assemblée de l’Eternel, et que l’Eglise l’ait remplacé dans cette fonction), il commence à devenir plausible que les deux réalités soient plus proches l’une de l’autre que ce que l’on pense parfois dans les cercles dispensationalistes : dans les deux cas, il est question d’une assemblée de l’Eternel.

2. La continuité de fonction.

Un deuxième aspect à considérer, en plus de la réflexion autour de la fonction identique d’être l’assemblée du Seigneur, porte sur les changements de nom du peuple de Dieu qu’on peut voir dans l’Ecriture.

  1. Au départ, la lignée choisie (celle de Seth) est appelée : « ceux qui invoquaient le Seigneur ». Leur nom était donc, plus ou moins, les Yavistes.
  2. A partir de la fin de la Genèse, on voit apparaître le terme « Hébreux » (i.e. les descendants d’Heber) pour désigner la famille d’Abraham. Autrement dit, après le déluge, alors qu’une nouvelle époque de l’histoire du salut commence, le peuple de Dieu n’est plus appelé « sethites » ou « yahviste », mais « enfants d’Heber » ou « Hébreux ». On retrouve ensuite le terme tout au long du livre de l’Exode, et ensuite surtout en 1 Samuel.
  3. Dans le même temps, le terme « Israélites » monte en puissance. Ils se trouvent que les descendants d’Heber fidèles au Dieu de l’alliance sont, en fait, tous des enfants de Jacob : on les appelle donc des Israélites. Et le mot est employé des dizaines et des centaines de fois dans l’AT, jusqu’à l’exil.
  4. Mais au retour de l’exil, le terme « Judéen » (ou Juif) apparaît en Esdras, Néhémie et Esther (même si le terme Israélites ne disparaît pas complètement) où il devient prédominant dans le contexte post-exilique.
  5. Enfin, nous voyons apparaître le terme « chrétien » dans la Bible elle-même en Actes 11.26, où c’est à Antioche que les disciples de Jésus furent pour la première fois appelés chrétiens.

Ce qui est intéressant, c’est que le peuple de Dieu, au fur et à mesure de son existence, ajoutent des noms pour se désigner lui-même. Ces noms ne sont pas exclusifs d’une époque (ainsi Hébreu est employé par Paul pour parler de lui-même), mais il semble tout de même que, lorsque la situation du peuple de Dieu change suffisamment, il soit approprié d’ajouter un nouveau nom pour désigner proprement la nouvelle réalité. D’un autre côté, la nouvelle réalité n’efface généralement pas entièrement l’ancienne, de sorte que plusieurs noms peuvent coexister, comme Israélites et Judéens au retour de l’exil.

L’argument consiste à dire qu’il y a, tout au long de l’histoire du salut, une tendance à l’évolution qui consiste dans l’introduction d’une certaine forme de nouveauté, mais sur l’arrière-plan d’une continuité fondamentale.

Et donc, la nouvelle alliance, et son peuple l’Eglise chrétienne, se comprend mieux comme s’inscrivant dans ce même processus : « Eglise » et « chrétiens » sont le nouveau nom du même peuple de Dieu qui pouvait s’appeler autrefois aussi bien « Juifs » que « Israélites », ou « Israélites » qu’ « Hébreux ». C’est toujours le même peuple, mais qui a connu une évolution.

3. Jésus fondateur du nouvel Israël

Troisième type de remarque dans cette discussion : la discussion doit avoir lieu en ayant bien en tête ce que fait Jésus lorsqu’il entre en scène.

Jésus s’est fait connaître en annonçant la venue du royaume des cieux, mais dès le départ, il le présentait d’une manière suffisamment différente de la conception que s’en faisaient ses contemporains pour qu’on ne s’y méprenne pas : Jésus n’a jamais laissé croire que la nation tout entière se repentirait – il s’est plutôt présenté comme celui qui opèrerait le tri messianique annoncé par les prophètes jusqu’à Jean.

La prédication de Jean-Baptiste est l’annonce de l’imminence du tri. Quand Jean-Baptiste fait son apparition, il annonce que le Messie vient son van à la main faire l’opération de vannage, la bale sera emportée dans le feu, mais il rassemblera son grain (Mt 3.12). Jean-Baptiste en s’exprimant ainsi reprend le langage d’Amos 9.9 : « Et je secouerai la maison d’Israël parmi toutes les nations, comme on secoue avec le crible ». Le baptême de Jean annonce le jugement de Dieu que le Messie va apporter sur son peuple pour faire le tri : être baptisé, c’est recevoir symboliquement le jugement divin pour ne pas le recevoir réellement, être baptisé, c’est aussi être purifié, lavé de ses fautes, être baptisé, enfin, c’est se joindre à ceux qui font la même démarche, c’est se joindre au reste croyant d’Israël.

Mais pour ceux qui ne croient ni ne se repentent, le baptême de feu les attend. Ceux qui se disent fils d’Abraham et que ne le sont pas ne pourront se sauvés, ceux qui se disent Juifs mais qui ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan ne pourront échapper à la colère qui vient. Le messie vient pour faire le tri, et l’Église chrétienne est la communauté qui résulte de ce tri.

Jésus, en annonçant le royaume, avait donc bien en tête l’Église, qui est le peuple du royaume, la communauté rassemblée par le roi. Un roi qui choisit certains de ses disciples et les envoie faire le tour des cités d’Israël pour prêcher l’Évangile du royaume et gagner de nouveaux disciples à Jésus. Un roi qui nomme 12 apôtres qui correspondent aux 12 tribus d’Israël, manière de dire qu’il va reconstruire le peuple sur de nouvelles bases. Un roi qui donne à ses disciples des lois différentes de celles qui étaient en vogue dans les cercles juifs et qui le fait avec une autorité suprême. Un roi qui de cette manière rassemble un peuple de personnes qui s’attachent à lui et qui se distinguent peu à peu du reste de la communauté d’Israël.

Le chiffre 12 est important ici : Jésus est en train de dire qu’il procède à la refondation de l’Israël post-exilique.

L’époque change. Quelque chose de nouveau advient en Jésus-Christ. Le royaume des cieux est parmi eux. Un programme de reconquête spirituel est lancé : Israël va revenir à son maître. Non pas « tout Israël », car « tout Israël n’est pas Israël », mais ceux qui vont s’agréger aux 12 apôtres qui forment le nouvel Israël.

Ce nouvel Israël n’est pas une entité entièrement distincte de l’ancien Israël selon la chair, une réalité radicalement nouvelle. Les 12 sont eux-mêmes des Juifs, des Israélites qui appartiennent à l’Israël selon la chair. Le nouvel Israël est donc constitué à partir d’un noyau de vrais Israélites (« les vrais circoncis »). Et c’est ce groupe de personne qu’il a constitué que Jésus appelle sa qahal, son ekklesia. Ils sont la vraie Église, le véritable peuple de Dieu, l’Israël de Dieu, le peuple que tous les autres Israélites auraient dû être avec eux, mais qu’ils ont prouvé ne pas être par leur acte-même de rejeter le messie-roi.

L’Église du NT n’est ainsi pas une réalité nouvelle. Jésus en établissant l’Église ne créé pas quelque chose de nouveau. Il ne recommence pas quelque chose. Il ne remplace pas l’ancien Israël par un nouvel Israël. Non, l’ekklesia, c’est le reste croyant d’Israël, c’est le verus Israel. Jésus n’est pas venu pour abolir Israël, mais pour l’accomplir. Il est venu pour restaurer la véritable, la réelle qahal YHWH. L’Église, c’est cela. L’Église, c’est finalement Israël élargi. Ce n’est pas le remplacement d’Israël, mais c’est Israël purifié et élargi. L’Église, c’est Israël auquel le Seigneur a retranché les branches sèches (pour reprendre la métaphore de Rm 11) et a greffé à la place les païens. Il ne s’agit pas d’un rejet ni d’un remplacement pur et simple. Israël n’a pas été délogé, remplacé par l’Église mais a été agrandi. L’Église ne supplante donc pas Israël, ne le remplace pas : l’Église est Israël renouvelé. Le cœur de l’Église, en tout cas à l’origine, est constitué par le reste d’Israël, c.-à-d. les Juifs qui confessent en Jésus le Messie, et à ce reste a été greffé, selon l’image de l’olivier que l’Apôtre Paul développe en Rm 11, les païens.

4. L’Eglise a les mêmes caractéristiques qu’Israël

Une quatrième chose que je voudrais dire : Il y a plusieurs caractéristiques de l’Eglise du NT qui sont directement reprises de ce qu’était Israël dans l’AT. Les chrétiens sont ainsi appelés les « élus de Dieu ».

Romains 8:33 (NEG1979) ³³Qui accusera les élus de Dieu? C’est Dieu qui justifie!

Les chrétiens sont appelés la propriété de Dieu.

Éphésiens 1:14 (NEG1979) ¹⁴lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, pour célébrer sa gloire.

L’Eglise est appelé un peuple choisi, une prêtrise royale, une nation sainte, un peuple acquis.

1 Pierre 2:9 (NEG1979) ⁹Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière,

Le langage renvoie à Esaïe 43 :

Ésaïe 43:20-21 (NEG1979) ²⁰Les bêtes des champs me glorifieront,
Les chacals et les autruches,
Parce que j’aurai mis des eaux dans le désert,
Des fleuves dans la solitude,
Pour abreuver mon peuple, mon élu.
²¹Le peuple que je me suis formé
Publiera mes louanges.

Il est question ici du peuple d’Israël à Babylone que Dieu va ramener de son exil. Et le langage renvoie surtout à Exode 19 où il est question des Israélites constituées en tant que nation au Sinaï. :

Exode 19:6 (NEG1979) ⁶vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. Voilà les paroles que tu diras aux enfants d’Israël

Bref, non seulement l’Eglise chrétienne est, comme l’ancien Israël, l’assemblée du Seigneur, mais elle aussi, comme l’ancien Israël, un peuple choisi, une prêtrise royale, une nation sainte et un peuple acquis.

Il y a donc beaucoup de points de convergence entre ces deux réalités. Cela est normal, si l’on considère l’allégorie de l’olivier : l’Eglise n’est rien d’autre que l’ancienne réalité du vieil olivier de l’Israël de l’AT dont le Christ a retranché les branches mortes et greffés à la place des branches qui étaient en dehors de cet olivier.

5. L’Israël de Dieu en Galates

Dernière chose, concernant l’expression « Israël de Dieu ». La querelle sur l’expression est interminable si on en reste à l’expression elle-même. Elle est susceptible de dire des choses différentes, et donc chacun y lira ce qu’il veut y lire.

MAIS : il faut remarquer que cette formule en Galates 6.16 suit d’assez prêt la fameuse allégorie de Sara et Agar. Et ce qui est étonnant, c’est que dans cette allégorie, Paul explique que ce sont les chrétiens qui sont les enfants de Sara et de la Jérusalem céleste. Les juifs selon la chair sont la Jérusalem actuelle (celle qui allait être détruite en 70) et les enfants d’Agar. Cela est très étonnant. En effet, dans l’histoire biblique, les enfants d’Agar sont les Ismaélites, tandis que les enfants de Sara (après la disjonction entre Jacob et Esaü) sont les Israélites.

Et donc, dans l’allégorie de Galates 4, Paul semble dire que les Israélites selon la chair sont en fait des Ismaélites selon Dieu, tandis que ceux qui ont la foi d’Abraham (i.e. qui croient en Jésus, qu’ils soient Juifs ou non-Juifs) sont les vrais Israélites selon Dieu.

Et donc, dans le contexte de Galates 4, il semble que l’Israël selon Dieu, c’est la Jérusalem céleste qui descend (spirituellement) de Sara : les Juifs et les non-Juifs chrétiens, tandis que l’Israël selon la chair, du moins ceux qui ne reconnaissent pas le Messie, sont la Jérusalem actuelle vouée à la destruction qui descend (spirituellement) d’Agar. Les juifs apostats sont des Ismaélites selon Dieu.

6. Un seul troupeau.

Ah, et j’ai tout de même oublié quelque chose. Il faut tenir compte dans cette discussion de deux textes importants : Jn 11 et Eph 2.

En Jean 10, Jésus explique en quoi va consister l’inclusion des païens dans son Eglise à l’aide d’une métaphore :

Jean 10:16 (NEG1979) ¹⁶J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là, il faut que je les amène; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger.

Les païens formeront un seul troupeau (= un seul peuple) avec les Juifs dans son Eglise. Et en Eph, l’apôtre explique que le mur de séparation est désormais tombé :

Éphésiens 2:11-22 (NEG1979) ¹¹C’est pourquoi, vous autrefois païens dans la chair, appelés incirconcis par ceux qu’on appelle circoncis et qui le sont en la chair par la main de l’homme, ¹²souvenez-vous que vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. ¹³Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ. ¹⁴Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié, ¹⁵ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions; il a voulu créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix, ¹⁶et les réconcilier avec Dieu l’un et l’autre en un seul corps, par la croix, en détruisant par elle l’inimitié. ¹⁷Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient près; ¹⁸car par lui les uns et les autres nous avons accès auprès du Père, dans un même Esprit. ¹⁹Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. ²⁰Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. ²¹En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. ²²En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit.


Pour des ressources complémentaires et moins exégétiques, nous vous renvoyons vers nos articles :

Pierre-Sovann Chauny

Pierre-Sovann est professeur de théologie systématique à la Faculté Jean Calvin, à Aix-en-Provence. Il s'intéresse particulièrement à la doctrine des alliances, à l'interprétation des textes eschatologiques, à la scolastique réformée, aux prolégomènes théologiques et aux bons vins. Il est un époux et un père heureux.

1 Commentaire

  1. Bruno

    Bonjour Pierre,

    Merci pour votre article. Je suis plutôt d’accord avec vous avec l’élargissement d’Israel. Quel est votre interprétation de Romains 11.12 :

    « Or, si leur chute a été la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des païens, combien plus en sera-t-il ainsi quand ils se convertiront tous. » (LS).

    Dans sa Bible d’étude de la Foi Réformée, Sproul dit que peu avant le retour de Jésus-Christ les Juifs se convertiront en masse.

    Cordialement,
    .

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