Au Moyen-Âge, copier un livre est quelque chose de long et couteux. Alors quand il s’agit d’avoir une collection entière d’écrits des pères de l’Église, n’en parlons pas. Ainsi, pour des raisons évidentes, les théologiens du Moyen-Âge ont commencé à compiler de façon thématique des sentences des pères. C’est ce qu’on appelle les florilèges. Cette pratique s’est amplifiée tout au long du Moyen-Âge.
Il ne s’agit pas de dire que les théologiens du Moyen-Âge ne lisaient jamais des livres entiers des pères, mais qu’il est devenu de plus en plus courant de penser aux pères via des citations clés, bien classées. Certains sont devenus experts de cette discipline. C’est le cas de Pierre Lombard (1100-1160), que l’on appelle Maître des sentences, et que Jean Calvin critique beaucoup dans son Institution de la Religion Chrétienne. Son oeuvre Quatre Livres de Sentences compile textes bibliques et passages correspondant des pères (une traduction française des Sentences a été achevée en 2015). Ce recueil a servi de base à l’éducation théologique jusqu’à la fin du Moyen-Âge.
Le fait de penser aux pères ainsi concorde avec l’émergence des premiers débats théologiques au cours desquels chacun se réclame d’un père ou des pères. C’est à partir de là que l’on se pose la question : À qui appartiennent les pères ? C’est le cas par exemple lors de la controverse entre Ratramne de Corbie (?-868) et Paschase Radbert (790-865) autour de l’Eucharistie. Bien qu’il semble de moins en moins sûr que ceux-ci se soient opposés ouvertement (leurs deux positions semblant co-éxister dans l’Église de cette époque), on constate que Ratramne s’appuie surtout sur Augustin tandis que Paschase en appelle surtout à Ambroise.
Ainsi, il semble important de considérer cette nouvelle façon d’aborder les pères pour comprendre les différents débats qui ont eu lieu au Moyen-Âge.
P.S. : Soyons reconnaissants d’avoir accès si facilement aux pères.
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