En 2 Chroniques 28, il est question d’un épisode particulièrement sombre de l’histoire du peuple de Dieu. Non seulement les royaumes du Nord et du Sud sont divisés, mais ils sont en guerre ouverte. Pire encore, c’est le royaume du Nord qui obtient la victoire sur celui du Sud pour que ce dernier soit jugé, signe de sa grande déchéance. Le royaume du Nord, on le sait, a pour capitale Samarie. Ses habitants sont en quelque sorte des proto-samaritains. Or, parmi eux, des hommes se montrent particulièrement bons envers les Judéens en interpellant le peuple et en l’empêchant d’en faire des captifs et d’ajouter ainsi au péché du peuple celui de faire violence à son frère Juda. Ces hommes sont mentionnés nommément, puis l’on peut lire ceci au verset 15 :
Et les hommes dont les noms viennent d’être mentionnés se levèrent et prirent les captifs ; ils employèrent le butin à vêtir tous ceux qui étaient nus, ils leur donnèrent des habits et des chaussures, ils les firent manger et boire, ils les oignirent, ils conduisirent sur des ânes tous ceux qui étaient fatigués, et ils les menèrent à Jéricho, la ville des palmiers, auprès de leurs frères. Puis ils retournèrent à Samarie.
2 Chroniques 28,15.
Difficile de ne pas songer à cette histoire bien connue :
Un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus, pour l’éprouver : Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? Jésus lui dit : Qu’est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ? Il répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même. Tu as bien répondu, lui dit Jésus; fais cela, et tu vivras. Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ? Jésus reprit la parole, et dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à demi mort. Un sacrificateur, qui par hasard descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre. Un Lévite, qui arriva aussi dans ce lieu, l’ayant vu, passa outre. Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit. Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l’hôte, et dit : Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit : Va, et toi, fais de même.
Luc 10,25-37.
Dans les deux histoires, nous avons :
- Un ou plusieurs personnages juifs blessés, vaincus, dépouillés.
- Un samaritain (ou plusieurs) venant à son secours.
- Les blessés sont oints.
- Ils se rendent à Jéricho depuis Jérusalem (ou du moins, depuis le royaume de Juda).
- Ils sont conduits sur des ânes.
J’ai une petite idée de la raison pour laquelle Jésus établit ce parallèle. En effet, le contexte est polémique : le docteur veut se justifier. Jésus lui montre que même s’il est scribe ou lévite, il a peut-être moins bien compris le commandement de Dieu qu’un samaritain ou que le royaume du Nord à son plus bas. Mais je ne développe pas plus, je vous laisse explorer les raisons de ce parallèle et m’en faire part si vous le souhaitez en commentaire !
Illustration en couverture : Pieter Lastman, Le bon samaritain.
Bonjour
Merci pour ce parallèle intéressant. Il est bon de remettre dans son contexte les paroles de Jésus même si ces dernières sont encore vivantes pour nous aujourd’hui.
Certainement Jésus fait allusion à ce passage des écritures surtout qu’il s’adresse à un expert de la loi…
Sinon une autre piste de réflexion que j’ai trouvée intéressante c’est que « le prochain » selon le judaïsme ancien n’était pas tout le monde… Dans l’Eglise, nous le comprenons comme étant tout autre que nous.
Ce prochain pour le décalogue est plutôt frère et non étranger.
Ce qui fait que le décalogue étant donné il n’a pas paru étonnant au peuple de saisir les villes, les vignes les maisons du peuple de Canaan et de tuer même les bébés…
Tout cela sans pensé viole la loi de Moïse ne pas convoité ni tuer. Bien sûr c’était la guerre mais les bébés ne sont pas des soldats.
Ce qui expliquerait la question de l’expert : « qui est mon prochain? »
Et la réponse de Jésus qui cite un étranger se comportant comme « le prochain »…