Quand l’épreuve devient tentation (2/3)
26 mars 2023

Voici la seconde partie d’un nouveau sermon sur l’épître de Jacques. Ce sermon suivra le plan suivant :

1/3 : N’accusons pas Dieu

2/3 : N’accusons pas les autres

3/3 : Vivons par l’Évangile


N’accusons pas les autres

Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise.

Jacques 1,14.

Après avoir écarté toute possibilité d’accuser Dieu, Jacques rentre dans le vif du sujet en recentrant de plus en plus la culpabilité de notre péché sur nous et sur personne d’autre. Rappelons notre ami Tom pour voir comment cette étape peut se manifester concrètement. Après avoir accusé la providence de Dieu en lui reprochant les circonstance de sa vie qui le poussent à pécher, Tom poursuit ainsi :

Cette fille au travail est géniale. Elle n’est pas chrétienne et pourtant elle m’apporte tellement plus que ceux que je côtoie à l’Église. J’ai été si souvent déçu par les chrétiens, si souvent rejeté par les chrétiennes vers qui je suis allé. Depuis que je ne vais plus trop à l’Église, aucun ne prend de nouvelles de moi mis à part un ou deux, ils s’en fichent, alors que mes amis au travail, eux, ils se soucient vraiment de moi.

Merci Tom, nous reviendrons vers toi plus tard.

C’EST PAS MOI, C’EST LUI

Ne vous est-il jamais arrivé d’accuser une autre personne pour justifier votre propre péché ? Si vous répondez non, repentez vous de suite, car vous mentez. Ce réflexe est aussi naturel que la respiration pour l’être humain depuis la chute. Faisons un tour en Genèse, au chapitre 3, et voyons la réaction qu’Adam et Ève ont eue lorsque Dieu les mis face à leur péché :

8Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. 9Mais l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ? 10Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. 11Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? 12L’homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. 13Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.

Genèse 3,8-13.

La première chose qu’Adam fait, comme Tom, c’est blâmer les circonstances : « J’ai entendu ta voix, j’ai eu peur, je me suis caché. » Puis, lorsque cette diversion ne marche pas, il se tourne vers sa femme pour l’accuser, mais elle n’est finalement qu’un moyen pour mieux accuser Dieu, qui, dans la bouche d’Adam, est le seul vrai responsable de son péché, car c’est Dieu, n’est-ce-pas, qui a créé la femme et qui lui a donnée. Et pour Ève c’est la même chose ! Elle rejette la faute sur le serpent, qui a été créé par Dieu, qui est donc le vrai responsable.

Depuis la chute d’Adam et Ève, le réflexe inné, que l’on peut facilement observer chez les plus jeunes enfants, c’est d’accuser les autres d’être responsables de notre péché. Mais ce que nous comprenons bien en lisant Genèse, c’est que même si cela semble être un autre argument, finalement, accuser une autre personne revient à accuser la providence de Dieu, ce qui est interdit par le verset 13 comme nous venons de le voir. Chers lecteurs, vous pourriez être dans une Église avec les chrétiens les moins saints et les plus insupportables du Royaume, cela ne justifierait jamais votre péché. Je me dois d’insister là-dessus, car trop souvent, nous pouvons entendre : « Ça ne marche pas entre lui et moi, c’est tout. Oui mais c’est parce qu’elle a dit ça, ça m’a fait mal réagir. Je ne peux pas supporter ses manières, ça me met tout de suite hors de moi. »

Non, chère assemblée, tout comme Tom ne peut pas se justifier en reprochant à ses frères leur manque d’amour et de soin, vous ne pouvez jamais justifier votre péché en reprochant à vos frères leur péché. Voici une autre phrase que vous pouvez noter : Le péché d’un autre ne justifie jamais le nôtre. Chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise.

Nous pourrions faire une courte parenthèse qui me semble pertinente, vu les nombreuses personnes parmi nous qui viennent de milieux charismatiques ou animistes1. Pour ceux-là, vous savez mieux que moi à quel point l’homme est prompt à rejeter la faute sur tel esprit, tel démon, telle malédiction ancestrale, telle oppression, etc. Je ne nie pas l’existence de ces choses, je dis juste que nous devons rester très vigilants pour ne pas nous servir de ces phénomènes comme une autre excuse pour notre péché. Dans certains milieux, on entend par exemple beaucoup parler de la sirène des eaux, qui serait une divinité maléfique poussant les hommes à avoir une sexualité débridée. À d’autres ! ai-je envie de dire. Voici le cas typique d’un homme pécheur qui aime la luxure, la débauche, qui n’a pas envie d’en sortir, et qui se présente comme victime d’un prétendu démon qui le force à vivre ainsi. À cet homme je réponds : Chacun est tenté quand il est tenté et amorcé par sa propre convoitise.

C’EST PAS MOI, C’EST… MOI

Vous pensiez que nous en avions fini avec toutes les options ? C’est se tromper lourdement sur la capacité qu’à le cœur humain à se trouver des excuses. Lorsque Dieu, sa Providence, et les autres, et les démons ne sont pas en cause, il reste un dernier rempart, une autre personne, à laquelle nous ne pensons pas forcément mais que nous accusons pourtant très souvent à notre place : nous-mêmes.

Alors là, normalement, vous vous dites ; Nathanaël, il débloque complètement. On comprend bien qu’il veut nous dire que nous sommes responsables de notre péché, et maintenant il nous reproche de nous accuser nous-mêmes de notre péché ; ça n’a aucun sens. Eh bien ! vous devriez comprendre avec ces quelques phrases d’exemple : « Ah bah ça c’est moi, j’ai toujours été comme ça. C’est mon éducation, les exemples que j’ai eus, ça m’a forgé de cette manière. Je n’y peux rien, c’est comme ça. Je le sais, ce n’est pas bien, mais qu’est ce que j’y peux ? Je suis comme ça. »

Chers lecteurs, je ne sais pas si vous réalisez que ces phrases sont peut-être les plus graves et les plus offensantes qu’un chrétien puisse prononcer envers son Dieu. Et pourtant, beaucoup de chrétiens disent cela, se pensant très spirituels, pensant faire preuve d’un grand discernement et d’une grande honnêteté envers eux mêmes, d’une grande humilité face à leur péché, alors qu’en réalité, ils ne font que l’excuser une fois de plus, en accusant leur chair, le vieil homme, le reste de corruption qui demeure en eux.

Mais ne confondez pas un instant cela avec une vraie confession, une vraie repentance, une vraie contrition et humilité biblique : ne vous leurrez pas vous-mêmes si vous avez l’habitude de prononcer ces phrases ; vous ne faites que vous déresponsabiliser une fois de plus, et, pardonnez-moi, de la plus misérable des manières, car non content de ne pas assumer votre péché, vous insultez par la même occasion le Saint-Esprit. Lorsque vous faites face à votre péché et que vous dites « je suis comme ça, je sais que c’est mal, mais c’est ma personnalité », ce que vous dites en réalité c’est « ma chair est plus forte que le Saint-Esprit. Mon péché est plus fort que le sang du Christ. » Il n’y a pas plus orgueilleux, il n’y a pas plus insultant envers Dieu que ce type de pensées et de phrases en apparence remplies d’humilité.

Un chrétien n’a tout simplement pas le droit de dire cela. Vous pouvez avoir des traits de personnalité qui ne changeront pas et qui ne représentent aucun problème, car ils ne vous conduisent pas à pécher. Mais tous les aspects de votre personnalité qui sont des péchés, ou qui vous conduisent à pécher, vous devez les combattre férocement et ne leur trouver aucune excuse. Le sang de Jésus-Christ a coulé pour que votre péché soit anéanti, le Saint-Esprit œuvre en vous pour que votre chair soit neutralisée ; alors, pour votre bien et celui de vos frères et sœurs, ne laissez jamais entendre que votre chair et votre péché sont plus forts que l’œuvre du Dieu trinitaire dans votre vie.

Lorsque vous faites face à votre péché et que vous dites « Je suis comme ça, je sais que c’est mal, mais c’est ma personnalité », ce que vous dites en réalité c’est « ma chair est plus forte que le Saint-Esprit. Mon péché est plus fort que le sang du Christ. » Il n’y a pas plus orgueilleux, il n’y a pas plus insultant envers Dieu que ce type de pensées et de phrases en apparence remplies d’humilité.

Alors si ce n’est ni à cause de Dieu, ni à cause de sa Providence, ni à cause des autres, ni même à cause de ma chair soit-disant inaltérable ; qui est responsable de mon péché ? Vous l’avez bien compris, le seul et unique responsable de notre péché, c’est nous-mêmes. Nous portons l’entière responsabilité de notre péché devant Dieu et devant les hommes. Mais sachant cela, comment le péché se fraye-t-il un chemin jusqu’en nous ? Si nous avons bien compris le mécanisme d’auto-argumentation et d’auto-justification que nous mettons en place pour nous justifier lorsque nous chutons dans l’épreuve, quel est le mécanisme du péché en nous ?

Pour le dire plus simplement : Comment sommes-nous tentés, finalement ? C’est très important pour nous de comprendre ce qu’est vraiment la tentation et comment elle agit en nous afin que nous soyons plus à même de l’identifier, de la combattre et de la vaincre dans notre vie. C’est ce que nous verrons dans le prochain article, à partir du verset 14.


Illustration : Gösta von Hennigs, Athlète, huile sur toile, 1932 (Stockholm, musée national).

  1. Propre au contexte de l’Église Bonne nouvelle où ce sermon fut prêché.[]

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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