Ce n’est pas la première fois, alors que je lis les pères de l’Église, que je suis étonné de la fierté qu’ils avaient en exposant la pureté des préceptes moraux chrétiens en comparaison à leur culture païenne. Aujourd’hui, dans une société post-chrétienne, les choses sont presque inversées. On a honte de la chasteté, de la vérité, de l’honnêteté. Mais notre société est en route vers le post-post-christianisme. Les jours viennent où notre culture sera rassasiée de son amour de l’argent, de sa sexualité dépravée, du mensonge, de la corruption. N’ayons donc pas peur de proclamer et vivre les valeurs chrétiennes. Ce n’est pas nous qui avons à rougir. Quand des générations d’enfants nés de parents divorcés, qui auront vu le triste rêve de mai 68 se vivre pleinement, seront dégoûtés de ces valeurs, le christianisme pourra à nouveau dire, comme il le faisait dans le monde antique : « Regardez vos familles misérables, sans Dieu, sans ordre, vos valeurs qui ont produit des fruits détestables. Revenez aux préceptes divins. »
Voyez donc maintenant si des hommes instruits à cette école peuvent vivre au hasard, se plonger dans de honteuses débauches, et ce qui est le comble de l’impiété, se nourrir de chair humaine, surtout quand il leur est défendu d’assister aux jeux des gladiateurs, pour ne pas se rendre complices des meurtres qui s’y commettent ? Nous ne devons pas non plus nous trouver aux autres spectacles, dans la crainte de souiller nos yeux et nos oreilles, par tout ce qu’on y voit et tout ce qu’on y entend. Si vous parlez de repas abominables, là, en effet, les enfants de Thyeste et de Térée sont dévorés ; si vous parlez d’adultère, c’est là qu’on représente, sur la scène, non-seulement des hommes, mais même des dieux souillés de ce crime ; et leurs débauches sont célébrées par des voix mélodieuses et mercenaires. Loin de nous, loin de l’esprit des Chrétiens de semblables horreurs ! La tempérance habite parmi eux, ils honorent la continence, ils respectent le mariage, ils gardent la chasteté ; l’injustice est proscrite, le péché détruit, la justice pratiquée, la loi accomplie ; on rend à Dieu le culte qui lui est dû et on célèbre ses louanges ; la vérité domine, la grâce conserve, la paix met en sûreté ; la parole sainte conduit, la sagesse enseigne, la véritable vie est connue, et Dieu règne. Je pourrais m’étendre encore davantage sur nos moeurs, sur les attributs du Dieu que nous adorons. Mais ce que j’en ai dit suffira pour vous inspirer la curiosité de connaître et d’étudier à fond notre doctrine. Et vous le pouvez facilement ; soyez désireux d’apprendre, comme vous l’avez toujours été jusqu’ici.
Théophile D’Antioche, à Autolyque, Livre III
Amen!