Comment sera-t-on parfaitement heureux sur la nouvelle terre si certains ont de plus grandes récompenses ? – Jonathan Edwards
23 avril 2018

Voici un extrait d’un sermon de Jonathan Edwards sur le bonheur des chrétiens dans l’éternité, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre :

Le Christ nous dit que celui qui donne une coupe d’eau froide à un disciple au titre de disciple, ne perdra pas sa récompense. Mais cela ne pourrait pas être vrai, si une personne n’avait pas de plus grande récompense pour avoir fait beaucoup de bonnes œuvres que si elle n’en avait fait que peu. Il n’y aura pas d’ombre au bonheur de ceux qui ont des degrés inférieurs de bonheur et de gloire, d’autres étant plus avancés dans la gloire qu’eux ; parce que tous seront parfaitement heureux, chacun sera parfaitement satisfait. Tout vase jeté dans cet océan de bonheur est rempli, bien qu’il y ait des vases beaucoup plus grands que d’autres ; et il n’y aura pas d’envie dans le ciel, mais l’amour parfait régnera dans toute la société.

Ceux qui ne seront pas aussi glorieux que les autres, n’envieront pas ceux qui sont plus élevés, mais ils auront un amour si grand, fort et pur pour eux, qu’ils se réjouiront de leur bonheur supérieur ; leur amour pour eux sera tel qu’ils se réjouiront d’être plus heureux qu’eux-mêmes ; de sorte qu’au lieu d’avoir une ombre à leur propre bonheur, cela s’ajoutera à leur propre bonheur. Ils verront qu’il est convenable que ceux qui ont été les plus éminents dans les œuvres de justice soient les plus élevés dans la gloire ; et ils se réjouiront de voir cela se faire, car c’est ce qu’il y a de mieux à faire.

Il y aura une harmonie parfaite dans cette société ; ceux qui sont les plus heureux seront aussi les plus saints, et tous seront à la fois parfaitement saints et parfaitement heureux. Mais il y aura différents degrés de sainteté et de bonheur selon la mesure de la capacité de chacun, et donc ceux qui sont les plus bas dans la gloire auront le plus grand amour pour ceux qui sont les plus hauts dans le bonheur, parce qu’ils verront une plus grande partie de l’image de Dieu en eux ; et ayant le plus grand amour pour eux, ils se réjouiront de les voir les plus heureux et les plus hauts dans la gloire.

Et ainsi, d’autre part, ceux qui sont les plus hauts dans la gloire, comme ils seront les plus aimables, ils seront aussi pleins d’amour : tout comme ils excelleront dans le bonheur, ils excelleront proportionnellement dans la bienveillance divine et l’amour pour les autres, et auront plus d’amour pour Dieu et pour les saints que ceux qui sont plus bas dans la sainteté et le bonheur. Et d’ailleurs, ceux qui excelleront dans la gloire excelleront aussi dans l’humilité.

Ici, dans ce monde, ceux qui sont au-dessus des autres sont des objets d’envie, parce que les autres les conçoivent comme étant élevés par cela ; mais au ciel il n’en sera pas ainsi, et les saints du ciel qui excellent dans le bonheur le feront aussi dans la sainteté, et par conséquent dans l’humilité. Les saints du ciel sont plus humbles que les saints de la terre, et plus nous allons parmi eux, plus grande est l’humilité ; les ordres les plus élevés des saints, qui connaissent le mieux Dieu, voient le mieux la distinction entre Dieu et eux, et par conséquent sont comparativement les plus petits à leurs propres yeux, et sont donc les plus humbles.

L’exaltation de certains dans le ciel au-dessus des autres sera si loin de diminuer le bonheur parfait et la joie des autres qui sont inférieurs, qu’ils en seront même plus heureux ; l’union dans leur société sera telle qu’ils participeront au bonheur de l’autre. Alors s’accomplira dans sa perfection ce qui est déclaré dans 1 Cor. 12:22. « Si l’un des membres est honoré, tous les membres s’en réjouissent. »

L’analogie des vases de différentes tailles est particulièrement pertinente pour éclairer comment quelque chose peut-être parfait tout en étant inférieur à quelque chose d’autre. Le vase qui a reçu moins d’eau que l’autre ne se sent pas « vide », il est tout simplement plus petit et est donc rempli selon sa capacité. Le bonheur des saints sur la nouvelle terre, après la résurrection, consistera à être rempli de Dieu, à le voir face-à-face. Il est évident que nous ne pourrons jamais contenir tout l’être de Dieu qui nous dépasse de beaucoup. Ainsi, chacun sera « plein de Dieu » en fonction de ses capacités, de la « taille » du vase. Mais tout le monde sera « plein ».

L’analogie du miroir dans lequel nous contemplons l’image de Dieu chez les saints les plus glorieux permet aussi de comprendre comment nous pouvons participer au bonheur de l’autre.

Et l’analogie du corps, déjà présente chez Paul, permet de comprendre comment le bonheur de l’un enrichi le bonheur de l’autre, au lieu de le diminuer. Il est tout aussi fou d’imaginer de l’envie entre des croyants parvenus à la perfection que d’imaginer un pied jaloux d’une main : ils ne forment qu’un corps.

Ce monde à venir est si parfait qu’il est impossible à concevoir pour nous sans utiliser des analogies. Mais nous pouvons être confiant en Dieu et savoir qu’il récompensera nos oeuvres bonnes, non pas pour nous encourager à une compétition malsaine, mais pour que nous puissions, comme un corps, nous réjouir d’autant plus que les autres membres seront glorifiés.

Maxime Georgel

Maxime est interne en médecine générale à Lille. Fondateur du site Parlafoi.fr, il se passionne pour la théologie systématique, l'histoire du dogme et la philosophie réaliste. Il affirme être marié à la meilleure épouse du monde. Ils vivent ensemble sur Lille avec leurs trois enfants, sont membres de l'Église de la Trinité (trinitelille.fr) et sont moniteurs de la méthode Billings.

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