Le jour du Seigneur : la fin de l'exil du peuple de Dieu
10 mai 2020

Cet article est à lire en lien avec le quatrième commandement des tables de la loi, en Exode 20:8-11 : “Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié.


La péricope à la base de cet article est la suivante :

Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et toute leur armée. Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu’il avait faite: et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu’il avait créée en la faisant.

Genèse 2:1-3

Comme nous l’avons vu dans l’article de la semaine dernière, le dimanche est un jour de repos pour le chrétien, un jour de repos physique et surtout de repos spirituel. Ce jour où nous nous rassemblons avec notre Eglise locale et où nous expérimentons une portion de ce que sera notre vie éternelle parmi le peuple de Dieu dans la Jérusalem céleste. Pour nous chrétiens le jour du Seigneur est le Dimanche, le premier jour de la semaine, ce jour où notre sauveur Jésus-Christ est ressuscité, proclamant sa victoire sur la mort et nous donnant la ferme assurance de notre propre résurrection au  jour de son retour. De ce côté-ci de la croix nous anticipons donc le retour de Christ et l’établissement de son Royaume sur la nouvelle création, dont nous sommes les prémices, nous qui avons été régénérés par le Saint Esprit1. C’est en méditant sur cette réalité et y prenant plaisir que notre âme trouve son repos. Voici ce qu’est le repos du chrétien : nous sommes sauvés par les œuvres parfaites de Jésus Christ et en lui nous avons la vie éternelle. Notre destin est scellé dans notre union avec le Christ.

Voici ce qu’est le repos du chrétien : nous sommes sauvés par les œuvres parfaites de Jésus Christ et en lui nous avons la vie éternelle. Notre destin est scellé dans notre union avec le Christ.

Dans cet article je voudrais revenir sur le fondement créationnel de ce jour du repos. Car il y a un point spécifique du septième jour de la création qui doit particulièrement nourrir notre adoration de Dieu en tant que roi et rédempteur de toute la création.

Lorsque Dieu eut achevé sa création qu’il jugea « bonne » il est dit qu’il se reposa. Cela ne veut pas dire qu’il était fatigué de ses efforts, mais plutôt qu’il profita et pris plaisir en sa création achevée. Il put alors la contempler en s’asseyant sur son trône de gloire : le septième jour est le jour de l’intronisation de Dieu en tant que roi sur toute sa création. Remarquons un détail important : le septième jour n’a ni matin ni soir, contrairement aux six premiers. Autrement dit le septième jour est toujours en cours, jusqu’à aujourd’hui et à jamais, et cela implique que Dieu règne éternellement sur sa création et que toute ses créatures sont appelées à le joindre dans son repos, c’est à dire à prendre plaisir en lui, à l’adorer et à lui obéir en tant que créateur et seigneur de tout l’univers.

Adam et Ève ont été créés à l’image de Dieu et en tant que rois intermédiaires sur la terre2, ils furent appelés à imiter le roi des rois en travaillant six jours et en se reposant le septième jour. Ce septième jour de repos pour l’humanité était d’abord un rappel de l’absolue souveraineté du créateur sur la créature, mais il était aussi porteur d’une grande promesse, que les œuvres du Christ, le nouvel Adam, éclairent pour nous : Si Adam, et toute l’humanité à sa suite, remplissait la mission que Dieu lui avait donné d’étendre son royaume, l’Éden, à toute la terre, lui aussi serait intronisé, glorifié, et régnerait éternellement sur cette terre entièrement conquise et soumise à la seigneurie de Dieu. Mais nous savons ce qui s’est passé et Adam a échoué au début de sa mission et c’est pour cela que Jésus-Christ, le nouvel Adam, est venu sur terre réussir là où le premier avait échoué, en héritant des merveilles de la création par ses œuvres3 et en les offrant en héritage à na nouvelle humanité4.

Qu’est-ce que cela a comme implication pour nous en ce dimanche ?

Premièrement, par ce commandement créationnel, tout homme est appelé à adorer et servir Dieu en tant que roi de toute la création car nous sommes toujours dans « le septième jour » : nous devons donc chaque jour adorer Dieu et le servir et sanctifier un jour dans notre semaine afin de reposer nos corps et nos âmes en méditant sur notre Dieu et toutes ses œuvres glorieuses.

Deuxièmement en Adam nous avons tous échoué à entrer nous même dans le repos éternel par nos œuvres : les portes du paradis, du royaume de Dieu nous sont fermées5 à nous qui sommes morts spirituellement6. Dans ce sens-là, le septième jour est un rappel de notre exil loin de l’Éden, loin de la présence favorable de Dieu ; la promesse de notre repos éternel comme récompense de nos œuvres n’est plus valable. Mais à travers ce quatrième commandement établissant le sabbat, au rappel du règne éternel de Dieu s’ajoute le rappel de la délivrance de son peuple d’Égypte : Dieu est le roi des rois et le rédempteur de son peuple. Mais bien que remplit de joie et d’espoir, ce jour du sabbat porte encore les marques de ce paradis éternel à jamais perdu, et l’histoire d’Israël ne fera que confirmer cette malédiction : nos œuvres ne pourront jamais rouvrir les portes du paradis.

C’est ainsi que nous pouvons comprendre en quoi le troisième point est la pièce manquante du puzzle, cette pièce essentielle qui donne tout son sens à l’image et sans laquelle rien ne serait achevé. Nous chrétiens qui affirmons en ce dimanche la seigneurie de notre Dieu, qui confessons le jugement que méritent les œuvres de notre chair, nous proclamons aussi et surtout, qu’en Jésus-Christ, nous franchirons à nouveau les portes du paradis comme lui-même l’a fait par ses œuvres, en tant que nouvel Adam  : Le jour du Seigneur, le jour de sa résurrection, devient la proclamation de la nouvelle création qui a déjà commencé et qui arrive, la fin de notre exil hors de la cité de Dieu, la promesse de la manifestation du royaume de Christ sur la nouvelle terre et dans les nouveaux cieux. Quelle grâce !

Voilà ce que nous proclamons tous ensemble en ce jour du Seigneur : notre Dieu règne à jamais sur sa création et il est venu mettre fin à notre exil en la personne de Jésus-Christ qui a tout accompli pour que nous puissions à nouveau entrer dans son repos pour l’éternité.

La rébellion que nous avons hérité d’Adam nous a jeté hors d’Éden, nous privant du repos de l’Éternel ; L’obéissance de Christ, le nouvel Adam, nous a accordé par la foi, l’entrée dans la Jérusalem céleste en nous offrant à nouveau le repos de l’Éternel pour l’éternité.

Le septième jour de la semaine célébrait l’intronisation de Dieu en tant que roi sur sa création et annonçait à Adam la vie éternelle qu’il recevrait comme récompense de ses œuvres. Pour Israël, le sabbat ajoutait à ce rappel celui que leur Dieu les avait délivré de l’esclavage d’Égypte et avait fait d’eux son peuple aux yeux des nations. Pour l’Église du Nouveau Testament le dimanche ajoute à cela la célébration de l’intronisation du Fils de l’Homme, le Christ, en tant que roi de la nouvelle création, et l’annonce de la vie éternelle comme récompense acquise, par ses œuvres, en héritage à ceux qui placent leur confiance en lui seul.


Illustration : Jan Luyken, La Caravane des Israélites se rend à Jérusalem sous Esdras, 1712, gravure sur papier, 112 x 149 mm.


  1. Romains 8:23[]
  2. Genèse 1:26[]
  3. Ephésiens 1:20-21[]
  4. Ephésiens 1:14-18, Colossiens 3:24, Hébreux 9:15[]
  5. Genèse 3:24[]
  6. Jean 3:3[]

Nathanaël Fis

Nathanaël est ancien en formation à l'Eglise Bonne Nouvelle à Paris. Il est l'heureux époux de Nadia et père de Louis. Il étudie la théologie à Thirdmill Institute ainsi qu'au Birmingham Theological Seminary.

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