Le livre des Juges détient une place cruciale dans l’Ancien Testament. Il n’est pas seulement un ensemble d’histoires (celles de Déborah, de Gédéon, de Samson) que tous les enfants apprennent à l’Eglise dans leur éducation chrétienne.
Il sert de point de transition entre le Pentateuque et les livres historiques rapportant l’histoire d’Israël sous la monarchie. Il est à la fois la conclusion de la période pré-monarchique d’Israël (avant que le peuple n’ait de roi) et l’introduction de sa période monarchique en présentant le problème fondamental dans le refrain « A cette époque-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon. (Juges 21.15) ».
Cependant il y a de nombreuses histoires qu’il contient dont on n’entend jamais parler (comme une grosse partie de la Bible d’ailleurs). Nous nous intéresserons donc à l’une d’entre elle.
Le livre des Juges est celui qui contient les plus grandes atrocités jamais relatées dans la Bible. Pour ceux qui ont été jusqu’au bout, il n’y a aucun doute qu’ils ont été mal à l’aise face au dernier récit (Juges 19-21). Sans approuver ce crime horrible, Juges relate de manière réaliste les actions horribles que l’homme peut commettre, en particulier lorsqu’il est livré à lui-même et plongé dans l’anarchie (sans roi, sans autorité dominante). Cela est relativement vrai dans la mesure où le peuple n’a plus jamais vécu de telles horreurs dès l’instauration de la monarchie.
On pourrait alors croire que Juges voit en un roi la solution parfaite et idéale. En réalité, je vous propose de remarquer que Juges est plus nuancé que cela. Nous verrons que Juges tout en affirmant la nécessité d’un roi, nuance son propos en anticipant le problème qu’il risque d’y avoir avec un roi. Celui-ci peut être mauvais et commettre des crimes infâmes.
Avant tout, je vous invite à relire le chapitre 9 de Juges pour comprendre la suite. Pour les intéressés, je mets à la fin de l’article un plan détaillé de ce chapitre :
- Particularités du texte & Enseignements théologiques :
- Le peuple d’Israël (ici de Sichem) montre qu’il manque de sagesse en acceptant un roi immoral et assoiffé de sang. En faisant cela, ils s’associent à son méfait. Cet épisode anticipe un point négatif de la monarchie à venir : le roi peut être mauvais.
- Dieu punit son peuple (pour avoir intronisé et approuvé un homme perfide) en le faisant oppresser (ici en le détruisant) non pas cette fois par un peuple étranger mais par un de ses membres i.e. Abimélec.
- Abimélec
- Les souverains israélites ne sont pas meilleurs que les rois païens, voir pires (Abimélec a assassiné 70 de ses frères).
- Le portrait aberrant d’Abimélec contraste fortement avec les Juges, dont l’attitude va d’une piété dévolue à impiété passive qui ne se manifeste pas dans des fratricides et des assassinats.
- Abimélec est un prototype des futurs rois impies d’Israël et de Juda qui commettront aussi des fratricides, seront assoiffés de sang et de pouvoir et périront d’une manière tout aussi hasardeuse (providentielle).
- Dieu accomplit « sa parole » (prononcée par la bouche de Jotham) : la destruction mutuelle des habitants de Sichem et d’Abimélec.
- Dieu ne laisse pas le mal impuni : tous les habitants de Sichem périssent et Abimélec meurt au siège de Thébets.
- Dieu est souverain et contrôle tout jusqu’au moindre détails, en particulier pour exécuter son jugement. En effet, le récit nous rapport des événements inattendus et surprenants :
- L’esprit mauvais (un démon ou un esprit de dispute) entre Abimélec et les habitants de Sichem, qui sème la discorde entre eux
- L’arrivée d’un étranger (Gaal) dans la ville qui gagne la confiance de ses habitants, stimule la révolte et la porte à son point culminant : il ne s’agit plus de simples guérillas mais d’une déclaration de guerre, d’une vraie guerre. Cette guerre permettra à Dieu de punir dûment les habitants de Sichem dans leur défaite et leur destruction.
- La mort étonnante et humiliante d’Abimélec : vaincu par une femme qui a jeté sur lui un morceau meule de moulin. Les détails de cette mort rappellent la mort du général païen Sisera tout aussi humiliante : tué par une femme, Jaël. Dans son jugement Dieu ne fait pas distinction entre Juifs et non-Juifs. Tous deux méritent un jugement radical et humiliant.
- Applications intemporelles pour aujourd’hui
- Dieu déteste le péché, qu’on le commette directement ou que l’on s’associe au méfait d’un autre homme.
- Dieu punit toujours le mal.
- Dieu punira le mal vraiment et définitivement lors du Jugement dernier après le retour de Jésus-Christ.
- Dieu contrôle toute chose.
- Dieu a donné à son peuple, l’Eglise, un roi et juge juste et parfait : Jésus-Christ.
Chaque roi étant un descendant d’Adam né pécheur sous la condamnation de Dieu à cause du péché originel. Chaque roi est donc imparfait, et certains au lieu (ou malgré le fait) d’apporter une stabilité sont tout à fait capable de causer des dégâts non négligeables. Il fallait donc à Israël un roi parfait, qui ne pouvait être personne d’autre que Dieu lui-même. Et c’est exactement ce qu’est Jésus-Christ : le roi pleinement humain et divin. Son règne ne se limite pas à Israël mais s’étend au monde entier.
Le plan commence par F car il est lui-même inclus dans mon plan complet de Juges.
F. Le règne impie d’Abimélec (9.1-57)
1. L’intronisation d’Abimélec (9.1-6)
a. Sichem verse une somme d’argent à Abimélec (9.1-4a)
b. Abimélec tue ses frères (9.4b-5)
c. Les habitants de Sichem proclament roi Abimélec (9.6)
2. Jotham maudit Sichem et Abimélec (9.7-21)
3. Abimélec rencontre de l’opposition (9.22-57)
a. La révolte de Sichem menée par Gaal (9.22-49)
i. Les guérillas contre Abimélec (9.22-25)
ii. La fermentation de la révolte (9.26-29)
iii. Le plan de Zebul (9.30-33)
iv. La bataille entre Abimélec et Sichem (9.34-45)
– L’embuscade de Zebul (9.34-38)
– La défaite et la fuite de Gaal (9.39-41)
– La bataille avec le reste du peuple de Sichem (9.42-45)
– La destruction de Sichem (9.46-49)
b. Abimélec attaque Thébets (9.50-57)
i. La mort d’Abimélec (9.50-55)
– Le siège de Thébets (9.50)
– Abimélec vaincu par une femme (9.51-53)
– Abimélec achevé par son écuyer (9.54)
– La dispersion de la troupe d’Abimélec (9.55)
ii. Conclusion : L’accomplissement de la malédiction de Jotham (9.56-57)
Super !! Merci Laurent
Tu vois Nono, il y a des trucs cools sur Par la foi ^^
Lol! C’est parce que c’est un article de Laurent 😛
Non je plaisante. Même les sujets controversés sont bien abordés 😉
Hum je pense savoir de quel sujet tu parles :-p